Par Fabrice Arfi, Yann Philippin, Antton Rouget, Ellen Salvi
À l'été 2022, Bernard Arnault panique à l'idée qu'un député LFI arrive à la tête de la commission des finances de l'Assemblée nationale. Des représentants du patron de LVMH demandent alors à faire classifier son dossier fiscal personnel. L'administration a résisté à cette demande extraordinaire.
"Reclassifié en « secret-défense » – classification censée n’être attribuée qu’aux dossiers qui relèvent de la sécurité nationale -, le dossier personnel du milliardaire n’aurait été accessible qu’à une poignée de fonctionnaires, habilités pour de telles consultations. Une telle évolution aurait ainsi court-circuité le pouvoir parlementaire pour satisfaire les désirs d’un milliardaire. La tentative de Bernard Arnault a cependant échoué, annonce Mediapart. Si le cabinet du ministre d’alors, Bruno Le Maire, a bien étudié la requête du patron de LVMH – des échanges ont notamment eu lieu sur les justifications qui pourraient servir à un tel classement -, la procédure a été déboutée par la Direction générale des finances publiques (DGFIP).
« Sollicitée par la voie hiérarchique, la DGFIP a en effet rappelé que les demandes de classification ne peuvent pas concerner des personnes physiques. Même pour Bernard Arnault », résume Mediapart. Contacté par le média d’investigation, l’entourage de Bernard Arnault a démenti « formellement avoir engagé une quelconque démarche en ce sens ». Lui aussi contacté dans le cadre de cette enquête, Éric Coquerel estime, de son côté, que « cela montre que M. Arnault a peut-être quelque chose à cacher et cela renseigne sur la façon dont quelqu’un comme lui se pense au-dessus des lois ».
Cette affaire s’ajoute au tableau des scandales qui compose le parcours du milliardaire, par ailleurs magnat des médias. Il a été interrogé, le 28 novembre dernier, sur ses liens avec Bernard Squarcini, ex-dirigeant du Renseignement intérieur, soupçonné d’avoir profité de ses réseaux pour espionner le député François Ruffin, alors en plein tournage du documentaire Merci patron !, qui épingle les pratiques de LVMH.
Deux mois plus tôt, le 18 septembre, la plus grande fortune de France s’était déjà retrouvée au centre d’un scandale, lorsqu’un mail interne au groupe de luxe a été dévoilé par le média spécialisé la Lettre. Bernard Arnault y intimait aux membres du comité exécutif du groupe – dont sa fille Delphine Arnault, PDG de Christian Dior Couture, Chantal Gaemperle, DRH de LVMH, Jean-Jacques Guiony, directeur financier du groupe, ou encore Pietro Beccari, PDG de la maison Louis Vuitton – de ne plus répondre aux demandes de sept médias : Mediapart, le Canard Enchaîné, l’Informé, Puck (US), Miss Tweed, Glitz Paris et la Lettre. Surtout, cette tentative désespérée de Bernard Arnault interroge sur les informations qu’il souhaite garder secrètes. Peut-être l’objet de futures révélations."
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"Reclassifié en « secret-défense » – classification censée n’être attribuée qu’aux dossiers qui relèvent de la sécurité nationale -, le dossier personnel du milliardaire n’aurait été accessible qu’à une poignée de fonctionnaires, habilités pour de telles consultations. Une telle évolution aurait ainsi court-circuité le pouvoir parlementaire pour satisfaire les désirs d’un milliardaire. La tentative de Bernard Arnault a cependant échoué, annonce Mediapart. Si le cabinet du ministre d’alors, Bruno Le Maire, a bien étudié la requête du patron de LVMH – des échanges ont notamment eu lieu sur les justifications qui pourraient servir à un tel classement -, la procédure a été déboutée par la Direction générale des finances publiques (DGFIP).
« Sollicitée par la voie hiérarchique, la DGFIP a en effet rappelé que les demandes de classification ne peuvent pas concerner des personnes physiques. Même pour Bernard Arnault », résume Mediapart. Contacté par le média d’investigation, l’entourage de Bernard Arnault a démenti « formellement avoir engagé une quelconque démarche en ce sens ». Lui aussi contacté dans le cadre de cette enquête, Éric Coquerel estime, de son côté, que « cela montre que M. Arnault a peut-être quelque chose à cacher et cela renseigne sur la façon dont quelqu’un comme lui se pense au-dessus des lois ».
Cette affaire s’ajoute au tableau des scandales qui compose le parcours du milliardaire, par ailleurs magnat des médias. Il a été interrogé, le 28 novembre dernier, sur ses liens avec Bernard Squarcini, ex-dirigeant du Renseignement intérieur, soupçonné d’avoir profité de ses réseaux pour espionner le député François Ruffin, alors en plein tournage du documentaire Merci patron !, qui épingle les pratiques de LVMH.
Deux mois plus tôt, le 18 septembre, la plus grande fortune de France s’était déjà retrouvée au centre d’un scandale, lorsqu’un mail interne au groupe de luxe a été dévoilé par le média spécialisé la Lettre. Bernard Arnault y intimait aux membres du comité exécutif du groupe – dont sa fille Delphine Arnault, PDG de Christian Dior Couture, Chantal Gaemperle, DRH de LVMH, Jean-Jacques Guiony, directeur financier du groupe, ou encore Pietro Beccari, PDG de la maison Louis Vuitton – de ne plus répondre aux demandes de sept médias : Mediapart, le Canard Enchaîné, l’Informé, Puck (US), Miss Tweed, Glitz Paris et la Lettre. Surtout, cette tentative désespérée de Bernard Arnault interroge sur les informations qu’il souhaite garder secrètes. Peut-être l’objet de futures révélations."
https://www.humanite.fr/politique/assemblee-nationale/effraye-par-larrivee-deric-coquerel-a-la-commission-des-finances-bernard-arnault-aurait-pousse-pour-que-son-dossier-fiscal-soit-classifie-secret-defense
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