"Il fallait être noctambule ou matinal, c’est au choix, pour arriver au bout de cette séance des plus spéciales. Tard dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 juillet, les députés ont élu le bureau de l’Assemblée nationale, composé de six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires. Une instance peu connue du grand public mais qui a la main sur de nombreux leviers stratégiques de la chambre basse du Parlement.
En l’emportant à la surprise générale (avec 12 sièges au bureau sur 22), le Nouveau Front populaire impose, selon les mots du député écologiste Benjamin Lucas, « une cohabitation » à la présidente Yaël Braun-Pivet.
Car de fait, il est extrêmement rare que la personne qui occupe le perchoir soit ainsi mise en minorité au bureau. La faute au Rassemblement national, qui a déserté les lieux aux alentours de minuit, et au bloc macroniste qui s’est lui aussi clairsemé au fil de la nuit, laissant tout pouvoir à la gauche de rafler la mise. La macronie s’est réveillée un peu groggy, encore stupéfaite de s’être fait passer devant par l’alliance des socialistes, écologistes, communistes et insoumis. La question se pose maintenant de savoir ce que le NFP va pouvoir faire de cette majorité au bureau de l’Assemblée." (…)
"La dernière des trois journées d’installation de la nouvelle Assemblée nationale fut moins mouvementée que les deux premières, mais pas totalement sans surprise. L’entente sur les postes-clés entre l’ex-majorité et le groupe de la Droite républicaine (DR, ex-Les Républicains) a plutôt porté ses fruits car il a permis aux macronistes de se maintenir à la tête de six des huit commissions permanentes, une de moins que lors de la précédente législature. En revanche, le groupe DR a échoué à obtenir la présidence de la stratégique commission des finances qui lui était destinée. Une demi-surprise tant, en l’espèce, la coalition présidentielle avait promis une chose qu’il ne détenait pas vraiment.
Le président sortant, Eric Coquerel (La France insoumise, LFI, Seine-Saint-Denis), l’a finalement emporté au troisième tour, où la majorité relative suffit. Il a obtenu 29 voix : les 25 voix du Nouveau Front populaire (NFP), trois du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT), après le retrait de son candidat Charles de Courson (Marne) et, semble-t-il, une défection du côté de l’entente entre macronistes et la droite. En face, la candidate DR, Véronique Louwagie (Orne), a obtenu 26 voix, une de moins qu’aux deux premiers tours. Jean-Philippe Tanguy (Rassemblement national, Somme) a glané les 18 voix de son groupe et de ses alliés ciottistes.
La plus grosse surprise est clairement venue de la défaite du rapporteur général du budget sortant, Jean-René Cazeneuve (Ensemble pour la République, EPR, ex-Renaissance). Le député du Gers a été battu par Charles de Courson, qui s’était illustré par son opposition frontale à la réforme des retraites au printemps 2023. Les deux hommes sont arrivés à égalité au troisième tour avec 27 voix chacun. Mais le député de la Marne a finalement été élu au bénéfice de l’âge. « La commission des finances de l’Assemblée nationale est désormais dirigée par deux “insoumis” », a jugé Mathieu Lefèvre (EPR, Val-de-Marne) sur X, samedi 20 juillet. M. de Courson n’appartient pourtant pas à LFI et est plus connu pour sa rigueur budgétaire.
Colère à l’issue du vote
Le coup est dur pour le camp Macron, tant le rapporteur général du budget est une sorte de « ministre du budget bis », figure incontournable dans la préparation des textes financiers avec Bercy. Faisant part de sa colère à l’issue du vote, Jean-René Cazeneuve a accusé son successeur d’avoir « bafoué l’esprit de nos institutions » en se faisant élire à un poste traditionnellement dévolu à la majorité. « C’est extrêmement grave pour la construction de notre budget. Vous allez avoir un dialogue entre l’opposition et l’opposition avec aucune possibilité d’un dialogue constructif vis-à-vis de Bercy », a asséné M. Cazeneuve." (…)
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"Il fallait être noctambule ou matinal, c’est au choix, pour arriver au bout de cette séance des plus spéciales. Tard dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 juillet, les députés ont élu le bureau de l’Assemblée nationale, composé de six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires. Une instance peu connue du grand public mais qui a la main sur de nombreux leviers stratégiques de la chambre basse du Parlement.
En l’emportant à la surprise générale (avec 12 sièges au bureau sur 22), le Nouveau Front populaire impose, selon les mots du député écologiste Benjamin Lucas, « une cohabitation » à la présidente Yaël Braun-Pivet.
Car de fait, il est extrêmement rare que la personne qui occupe le perchoir soit ainsi mise en minorité au bureau. La faute au Rassemblement national, qui a déserté les lieux aux alentours de minuit, et au bloc macroniste qui s’est lui aussi clairsemé au fil de la nuit, laissant tout pouvoir à la gauche de rafler la mise. La macronie s’est réveillée un peu groggy, encore stupéfaite de s’être fait passer devant par l’alliance des socialistes, écologistes, communistes et insoumis. La question se pose maintenant de savoir ce que le NFP va pouvoir faire de cette majorité au bureau de l’Assemblée."
(…)
https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/a-l-assemblee-nationale-le-nfp-obtient-la-majorite-absolue-au-sein-du-bureau_237198.html
"La dernière des trois journées d’installation de la nouvelle Assemblée nationale fut moins mouvementée que les deux premières, mais pas totalement sans surprise. L’entente sur les postes-clés entre l’ex-majorité et le groupe de la Droite républicaine (DR, ex-Les Républicains) a plutôt porté ses fruits car il a permis aux macronistes de se maintenir à la tête de six des huit commissions permanentes, une de moins que lors de la précédente législature. En revanche, le groupe DR a échoué à obtenir la présidence de la stratégique commission des finances qui lui était destinée. Une demi-surprise tant, en l’espèce, la coalition présidentielle avait promis une chose qu’il ne détenait pas vraiment.
Le président sortant, Eric Coquerel (La France insoumise, LFI, Seine-Saint-Denis), l’a finalement emporté au troisième tour, où la majorité relative suffit. Il a obtenu 29 voix : les 25 voix du Nouveau Front populaire (NFP), trois du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT), après le retrait de son candidat Charles de Courson (Marne) et, semble-t-il, une défection du côté de l’entente entre macronistes et la droite. En face, la candidate DR, Véronique Louwagie (Orne), a obtenu 26 voix, une de moins qu’aux deux premiers tours. Jean-Philippe Tanguy (Rassemblement national, Somme) a glané les 18 voix de son groupe et de ses alliés ciottistes.
La plus grosse surprise est clairement venue de la défaite du rapporteur général du budget sortant, Jean-René Cazeneuve (Ensemble pour la République, EPR, ex-Renaissance). Le député du Gers a été battu par Charles de Courson, qui s’était illustré par son opposition frontale à la réforme des retraites au printemps 2023. Les deux hommes sont arrivés à égalité au troisième tour avec 27 voix chacun. Mais le député de la Marne a finalement été élu au bénéfice de l’âge. « La commission des finances de l’Assemblée nationale est désormais dirigée par deux “insoumis” », a jugé Mathieu Lefèvre (EPR, Val-de-Marne) sur X, samedi 20 juillet. M. de Courson n’appartient pourtant pas à LFI et est plus connu pour sa rigueur budgétaire.
Colère à l’issue du vote
Le coup est dur pour le camp Macron, tant le rapporteur général du budget est une sorte de « ministre du budget bis », figure incontournable dans la préparation des textes financiers avec Bercy. Faisant part de sa colère à l’issue du vote, Jean-René Cazeneuve a accusé son successeur d’avoir « bafoué l’esprit de nos institutions » en se faisant élire à un poste traditionnellement dévolu à la majorité. « C’est extrêmement grave pour la construction de notre budget. Vous allez avoir un dialogue entre l’opposition et l’opposition avec aucune possibilité d’un dialogue constructif vis-à-vis de Bercy », a asséné M. Cazeneuve."
(…)
https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/07/20/assemblee-nationale-le-camp-macron-ne-detient-plus-aucun-des-postes-cles-sur-le-budget_6253935_823448.html
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