"Après l’échec de la dissolution des Soulèvement de la Terre, c’est une maigre consolation pour Gérald Darmanin. Le Conseil d'État a validé la dissolution de trois autres associations ce jeudi 9 novembre : la Coordination contre le racisme et l'islamophobie (CRI) ; l'Alvarium, un groupuscule d'ultradroite basé à Angers ; et le GALE (Groupe antifasciste Lyon et environs), dont le gouvernement avait prononcé respectivement la dissolution le 20 octobre 2021, le 17 novembre 2021, et le 30 mars 2022. Ces dissolutions sont «justifiées», a estimé la plus haute juridiction administrative de France dans un communiqué." (…)
C’est passé crème, sans conséquences politiques, pour le ministre de l’Intérieur...
"A l’évidence, le décret de dissolution, au moment où il a été pris, ne respectait pas les règles qui permettent au gouvernement de dissoudre une association, mesure d’exception en droit français. Mais Gérald Darmanin avait fait de cette dissolution une question d’autorité et d’affirmation personnelle. Il avait insisté fortement pour que le Conseil des Ministres interdise ce collectif d’écologistes radicaux. La Première ministre, comme tout le monde, savait que la légalité de ce décret était plus que douteuse. Visiblement, elle n’a pas eu le courage, ou l’autorisation du président, pour s’opposer à cet acte d’autoritarisme vain et illégal." (…)
" Nous empêcher de dormir nous a poussés à tenir. "
"Depuis le jeudi 9 novembre, plusieurs grimpeurs se sont accrochés dans des chênes centenaires pour tenter de les sauver. Sur ce terrain d'1,6 hectares de la commune tarnaise, il ne reste plus grand-chose. Les autres végétaux ont été coupés, broyés, déchiquetés. Perchés dans les hauteurs, les écureuils voient les arbres tomber autour, fragilisant encore plus leur position. "Ils ont tout abattu autour de nous. On a sifflé pour alerter mais ils ne se sont pas arrêtés. La prise au vent n’est pas la même car la canopée ne nous protège plus. Plusieurs arbres ont été coupés après notre montée, ce qui nous a mis en danger", clame Reva l'un des trois grimpeurs.
Le vent souffle fort et la pluie est bien tombée depuis le début de l'occupation. Au lieu-dit "La Ferrière", c'est le sommet d'une colline, difficile d'accès, escarpée. Si les forces de l'ordre ont réussi à en déloger certains, trois résistent encore car impossible d'amener une nacelle pour pouvoir atteindre ces militants par le haut.
Depuis, les forces de l'ordre nassent le camp pour tenter de décourager les occupants. "Nos représentants politiques ont la charge de faire respecter les accords de Paris. Mais ici, on ne respecte même pas le droit basique de dormir, poursuit Reva, l'un des trois "écureuils". Toute la nuit à taper sur les troncs d’arbres, à crier nos noms, à utiliser le portable très fort, avec des lampes braquées sur nous en mode stroboscope pour nous fatiguer. Ce n'est pas humain." Et Camille, un deuxième écureuil placé encore plus haut de poursuivre : "Trois jours que je n’ai pas dormi. Ça me fait très très mal mais je vais aller jusqu'au bout. Je crois que de nous empêcher de dormir nous a poussés à tenir bon."
Selon un communiqué des opposants, les gendarmes du PSIG (Pelotons de Surveillance et d'Intervention de la Gendarmerie Nationale) quadrillent le lieu et ont empêché pendant un certain temps le ravitaillement en eau, nourriture et vêtements chauds. "Les forces de l'ordre ont disparu tout d'un coup dimanche puis elles sont revenues ce matin vers 7H. Il semblerait que le préfet ait un peu lâché la bride", déclare Thomas Digard porte-parole de La voie est Libre." (…)
LE LABORATOIRE PIERRE FABRE ET LA COSMÉTIQUE DES HUILES...
La poursuite de l'A69 se joue au plus haut niveau
"Car au-delà de son poids économique, c’est aussi la connivence de Pierre Fabre avec les politiques qui est dénoncée. "Partout dans le département il y a une proximité entre des élus et Pierre Fabre, poursuit Bernard Cottaz-Cordier. Le député de la 3ème circonscription Jean Terlier, dont la femme est directrice du marketing au sein du groupe, est un fervent défenseur du projet. De même, Bernard Carayon, le maire de Lavaur, prend régulièrement la parole en faveur de l’A69. Or, c'est le député à l’origine de ‘l’amendement Pierre Fabre, qui a permis la structure financière originale du groupe (le groupe Pierre Fabre est majoritairement contrôlé par une Fondation reconnue d’utilité publique, la Fondation Pierre Fabre, ndr)."
Les liens entre le projet d'A69 et la sphère publique ne s’arrêtent pas là. Selon une enquête publiée par le média indépendant Off investigation, deux des actionnaires du projet A69 ont directement ou indirectement contribué à financer la carrière politique d'Emmanuel Macron et son accession à l'Élysée. Parmi eux, Emmanuel Miquel, dirigeant du fonds Ardian, qui a été trésorier de la campagne présidentielle puis conseiller économique, en charge de l’attractivité.
Les pressions semblent donc s'exercer jusqu'à Paris. Selon des informations de France 3 Occitanie, les laboratoires Pierre Fabre ont adressé un courrier au gouvernement fin septembre, alors que le ministre des Transports, Clément Beaune, évoque un moratoire au sujet des projets autoroutiers. "Une lettre très claire et très ferme indiquant que si c'est la fin du projet, il n'y aura plus d'investissement dans le Sud du Tarn", indique une source qui a eu le document entre les mains. Bien que les travaux aient commencé, les opposants ne lâchent rien. Ils viennent de déposer une pétition auprès de l’Assemblée nationale pour stopper le projet."
"Les Soulèvements fonctionnent bien sur le mode de l’anarchie, au sens politique d’acratie (sans état ou pouvoir), impliquant la responsabilité individuelle, l’autogestion collective et le fédéralisme des comités locaux qui se manifeste par une participation volontariste aux événements et combats locaux (mégabassines, A69, Lafarge…). Le contraire d’un système pyramidal. Des rencontres fédératives, régionales, nationales, permettent de définir les objectifs des « saisons » d’action. Mais dans les territoires, des centaines d’événements et de mobilisations locales éclosent, éveillent les résistances en nombre aussi important que les irruptions brutales de projets écocides.
Car les transitions énergétique et écologique ont aiguisé les appétits du capitalisme, transformant une nécessité vitale en opportunités bassement mercantiles. L’agrivoltaïsme en est un exemple (mais pas le seul). Grands groupes internationaux ou start-ups aux dents longues tournent, comme un vol de vautours, autour des terres agricoles ou de sites naturels et forestiers. L’objectif faussement affiché du gouvernement de couvrir toits, parkings et autres friches industrielles ne fait pas le poids face aux coûts bien moindres d’installations au sol identifiés par ces entreprises focalisées sur leurs seuls bénéfices au détriment de l'intérêt commun. Et elles n’ont en face d’elles que des agriculteurs financièrement aux abois qui ne peuvent offrir que peu de résistance et des collectivités locales appâtées par des rentrées financières. Nos terroirs et paysages agrestes se couvrent donc à vitesse frénétique de marées de panneaux réfléchissants, aux éclats métalliques, cernées de hautes clôtures. Ces entreprises, auxquelles l’État a déroulé tapis rouge, prennent toute la place d’intermédiaires, privatisent la production d’énergie, là où il faudrait des initiatives citoyennes et locales, où les collectivités devraient favoriser l’autonomie des citoyens et les projets collectifs et concertés." (…)
"Impossible pour quiconque de citer une ou un leader des Soulèvements. Chacun de ses membres ou soutiens se reconnaît dans un combat, un projet commun, un avenir désirable, pas dans un chef ou un pouvoir. Et les Soulèvements restent attentifs à la vindicte d’un Darmanin convoitant ce même pouvoir. Ils sont aussi vigilants vis-à-vis des menaces de violences prononcées par le syndicat patronal de la FNSEA qui vient d’accuser une défaite commune avec ses partenaires du gouvernement. Ce sera une lutte de longue haleine.
Les Soulèvements de la Terre ont lancé un Appel international à des journées d'action contre Lafarge et le monde du béton du 9 au 12 décembre. N’hésitez pas à rejoindre un comité local : https://lessoulevementsdelaterre.org/comites/la-carte-des-comites.
5 commentaires:
"Après l’échec de la dissolution des Soulèvement de la Terre, c’est une maigre consolation pour Gérald Darmanin. Le Conseil d'État a validé la dissolution de trois autres associations ce jeudi 9 novembre : la Coordination contre le racisme et l'islamophobie (CRI) ; l'Alvarium, un groupuscule d'ultradroite basé à Angers ; et le GALE (Groupe antifasciste Lyon et environs), dont le gouvernement avait prononcé respectivement la dissolution le 20 octobre 2021, le 17 novembre 2021, et le 30 mars 2022. Ces dissolutions sont «justifiées», a estimé la plus haute juridiction administrative de France dans un communiqué."
(…)
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/trois-associations-dissoutes-par-le-conseil-d-etat-20231109
C’est passé crème, sans conséquences politiques, pour le ministre de l’Intérieur...
"A l’évidence, le décret de dissolution, au moment où il a été pris, ne respectait pas les règles qui permettent au gouvernement de dissoudre une association, mesure d’exception en droit français. Mais Gérald Darmanin avait fait de cette dissolution une question d’autorité et d’affirmation personnelle. Il avait insisté fortement pour que le Conseil des Ministres interdise ce collectif d’écologistes radicaux. La Première ministre, comme tout le monde, savait que la légalité de ce décret était plus que douteuse. Visiblement, elle n’a pas eu le courage, ou l’autorisation du président, pour s’opposer à cet acte d’autoritarisme vain et illégal."
(…)
https://www.liberation.fr/politique/darmanin-joue-avec-le-droit-borne-et-macron-se-taisent-20231113_7H4FVH7WHFAALE76Q255UBJF6Q/
" Nous empêcher de dormir nous a poussés à tenir. "
"Depuis le jeudi 9 novembre, plusieurs grimpeurs se sont accrochés dans des chênes centenaires pour tenter de les sauver. Sur ce terrain d'1,6 hectares de la commune tarnaise, il ne reste plus grand-chose. Les autres végétaux ont été coupés, broyés, déchiquetés. Perchés dans les hauteurs, les écureuils voient les arbres tomber autour, fragilisant encore plus leur position. "Ils ont tout abattu autour de nous. On a sifflé pour alerter mais ils ne se sont pas arrêtés. La prise au vent n’est pas la même car la canopée ne nous protège plus. Plusieurs arbres ont été coupés après notre montée, ce qui nous a mis en danger", clame Reva l'un des trois grimpeurs.
Le vent souffle fort et la pluie est bien tombée depuis le début de l'occupation. Au lieu-dit "La Ferrière", c'est le sommet d'une colline, difficile d'accès, escarpée. Si les forces de l'ordre ont réussi à en déloger certains, trois résistent encore car impossible d'amener une nacelle pour pouvoir atteindre ces militants par le haut.
Depuis, les forces de l'ordre nassent le camp pour tenter de décourager les occupants. "Nos représentants politiques ont la charge de faire respecter les accords de Paris. Mais ici, on ne respecte même pas le droit basique de dormir, poursuit Reva, l'un des trois "écureuils". Toute la nuit à taper sur les troncs d’arbres, à crier nos noms, à utiliser le portable très fort, avec des lampes braquées sur nous en mode stroboscope pour nous fatiguer. Ce n'est pas humain." Et Camille, un deuxième écureuil placé encore plus haut de poursuivre : "Trois jours que je n’ai pas dormi. Ça me fait très très mal mais je vais aller jusqu'au bout. Je crois que de nous empêcher de dormir nous a poussés à tenir bon."
Selon un communiqué des opposants, les gendarmes du PSIG (Pelotons de Surveillance et d'Intervention de la Gendarmerie Nationale) quadrillent le lieu et ont empêché pendant un certain temps le ravitaillement en eau, nourriture et vêtements chauds. "Les forces de l'ordre ont disparu tout d'un coup dimanche puis elles sont revenues ce matin vers 7H. Il semblerait que le préfet ait un peu lâché la bride", déclare Thomas Digard porte-parole de La voie est Libre."
(…)
https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/tarn/castres/harcele-j-ai-pas-dormi-depuis-trois-jours-c-est-pas-humain-perches-dans-les-arbres-les-opposants-a-l-a69-continuent-de-resister-2871836.html
LE LABORATOIRE PIERRE FABRE ET LA COSMÉTIQUE DES HUILES...
La poursuite de l'A69 se joue au plus haut niveau
"Car au-delà de son poids économique, c’est aussi la connivence de Pierre Fabre avec les politiques qui est dénoncée. "Partout dans le département il y a une proximité entre des élus et Pierre Fabre, poursuit Bernard Cottaz-Cordier. Le député de la 3ème circonscription Jean Terlier, dont la femme est directrice du marketing au sein du groupe, est un fervent défenseur du projet. De même, Bernard Carayon, le maire de Lavaur, prend régulièrement la parole en faveur de l’A69. Or, c'est le député à l’origine de ‘l’amendement Pierre Fabre, qui a permis la structure financière originale du groupe (le groupe Pierre Fabre est majoritairement contrôlé par une Fondation reconnue d’utilité publique, la Fondation Pierre Fabre, ndr)."
Les liens entre le projet d'A69 et la sphère publique ne s’arrêtent pas là. Selon une enquête publiée par le média indépendant Off investigation, deux des actionnaires du projet A69 ont directement ou indirectement contribué à financer la carrière politique d'Emmanuel Macron et son accession à l'Élysée. Parmi eux, Emmanuel Miquel, dirigeant du fonds Ardian, qui a été trésorier de la campagne présidentielle puis conseiller économique, en charge de l’attractivité.
Les pressions semblent donc s'exercer jusqu'à Paris. Selon des informations de France 3 Occitanie, les laboratoires Pierre Fabre ont adressé un courrier au gouvernement fin septembre, alors que le ministre des Transports, Clément Beaune, évoque un moratoire au sujet des projets autoroutiers. "Une lettre très claire et très ferme indiquant que si c'est la fin du projet, il n'y aura plus d'investissement dans le Sud du Tarn", indique une source qui a eu le document entre les mains. Bien que les travaux aient commencé, les opposants ne lâchent rien. Ils viennent de déposer une pétition auprès de l’Assemblée nationale pour stopper le projet."
https://www.novethic.fr/actualite/gouvernance-dentreprise/entreprises-controversees/isr-rse/derriere-le-projet-d-a69-l-influence-determinante-de-l-entreprise-castraise-pierre-fabre-151880.html
"Les Soulèvements fonctionnent bien sur le mode de l’anarchie, au sens politique d’acratie (sans état ou pouvoir), impliquant la responsabilité individuelle, l’autogestion collective et le fédéralisme des comités locaux qui se manifeste par une participation volontariste aux événements et combats locaux (mégabassines, A69, Lafarge…). Le contraire d’un système pyramidal. Des rencontres fédératives, régionales, nationales, permettent de définir les objectifs des « saisons » d’action. Mais dans les territoires, des centaines d’événements et de mobilisations locales éclosent, éveillent les résistances en nombre aussi important que les irruptions brutales de projets écocides.
Car les transitions énergétique et écologique ont aiguisé les appétits du capitalisme, transformant une nécessité vitale en opportunités bassement mercantiles. L’agrivoltaïsme en est un exemple (mais pas le seul). Grands groupes internationaux ou start-ups aux dents longues tournent, comme un vol de vautours, autour des terres agricoles ou de sites naturels et forestiers. L’objectif faussement affiché du gouvernement de couvrir toits, parkings et autres friches industrielles ne fait pas le poids face aux coûts bien moindres d’installations au sol identifiés par ces entreprises focalisées sur leurs seuls bénéfices au détriment de l'intérêt commun. Et elles n’ont en face d’elles que des agriculteurs financièrement aux abois qui ne peuvent offrir que peu de résistance et des collectivités locales appâtées par des rentrées financières. Nos terroirs et paysages agrestes se couvrent donc à vitesse frénétique de marées de panneaux réfléchissants, aux éclats métalliques, cernées de hautes clôtures. Ces entreprises, auxquelles l’État a déroulé tapis rouge, prennent toute la place d’intermédiaires, privatisent la production d’énergie, là où il faudrait des initiatives citoyennes et locales, où les collectivités devraient favoriser l’autonomie des citoyens et les projets collectifs et concertés."
(…)
"Impossible pour quiconque de citer une ou un leader des Soulèvements. Chacun de ses membres ou soutiens se reconnaît dans un combat, un projet commun, un avenir désirable, pas dans un chef ou un pouvoir. Et les Soulèvements restent attentifs à la vindicte d’un Darmanin convoitant ce même pouvoir. Ils sont aussi vigilants vis-à-vis des menaces de violences prononcées par le syndicat patronal de la FNSEA qui vient d’accuser une défaite commune avec ses partenaires du gouvernement. Ce sera une lutte de longue haleine.
Les Soulèvements de la Terre ont lancé un Appel international à des journées d'action contre Lafarge et le monde du béton du 9 au 12 décembre.
N’hésitez pas à rejoindre un comité local : https://lessoulevementsdelaterre.org/comites/la-carte-des-comites.
1. https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/mega-bassine/annulation-de-la-dissolution-des-soulevements-de-la-terre-ca-n-est-absolument-pas-un-camouflet-pour-le-gouvernement-reagit-christophe-bechu_6175308.html.
2. https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/appel-a-la-saison-6-des-soulevements-de-la-terre."
https://blogs.mediapart.fr/yves-guillerault/blog/121123/les-rhizomes-des-soulevements-irriguent-la-societe
Enregistrer un commentaire