DÉFAITE DE MACRON ET MULTINATIONALES, ISLAMOPHOBIE À MULHOUSE… L’ACTU DU JOUR | Contre-Matinale #55
https://youtu.be/UjBetIK8sBk
Au programme de cette 55ème édition de la Contre-Matinale du Média, présentée ce mardi 14 décembre par Cemil Şanlı :
00:00 · Au programme ce matin : [...]
23:34 · L’eau courante devient une marchandise : Le 7 décembre 2020 entrait en Bourse l’eau, la ressource, à Chicago (USA). Déjà privatisée et exploitée par ci par là sous forme de bouteille en plastique, voici l’eau dite courante qui devient une marchandise, une valeur financière pour la spéculation. Notre journaliste Cemil Şanlı reçoit Jean-Claude Oliva (élu conseiller municipal écologiste à Bagnolet (93) et directeur de l’association “Coordination Eau Île-de-France”) et Alexander Abdelilah (journaliste et co-auteur du documentaire ARTE : “A sec : La grande soif des multinationales”) pour aborder la question et comprendre les enjeux présents et futurs.
L’eau et les marchés : des contrats plus que juteux
"Pour certains économistes, sensibilisés à l’idée de la rareté, l’ouverture du marché privé de l’eau est un signe positif : il permettra de réguler la consommation de ce bien tout en assurant l’aspect concurrentiel du marché. Malheureusement, les marchés autour de l’eau ne sont que très rarement concurrentiels. En effet, l’exemple même est celui du marché de l’eau en bouteille.
Comme l’explique le Hors-Série de Courrier International, l’Atlas de l’eau, c’est un marché en plein essor. En mars 2020, The Guardian révélait que les ventes en bouteilles avaient augmenté de 57% aux États-Unis, dû notamment à la crise du Covid-19 qui touche le monde entier.
Aux États-Unis, l’eau en bouteille représente une consommation moyenne de 159 litres en 2018, contre 54 litres en 1998. Cette évolution du marché entraîne des conséquences, notamment sur les monopoles. En effet, quatre grandes sociétés dominent le secteur : Nestlé, Danone, Coca-Cola et PepsiCo. Pour toutes ces entreprises, le mode de fonctionnement est le même : il s’agit d’acheter, de traiter et de conditionner de l’eau municipale, qui se vend à très bas prix, pour revendre de l’eau en bouteille parfois 133 fois plus cher. Ce marché aussi rentable pousse les entreprises à augmenter leurs monopoles.
En France, le marché de l’eau en bouteille est aussi très concentré : c’est un marché de monopoles, qui a laissé la place à trois grands groupes : Neptune, Nestlé Water et Danone. Ces groupes concentrent 76% d’un marché juteux car quatre verres d’eau consommés sur dix proviennent d’une eau en bouteille.
Il est clair que les marchés autour de l’eau ne sont que très rarement concurrentiels. De surcroît, la privatisation de l’eau ne va pas entraîner une concurrence pure et parfaite ; en effet, seuls les grands géants de l’agriculture, par exemple, vont trouver les moyens de payer l’eau nécessaire à leurs cultures. L’entreprise australienne Webster l’a bien compris ; première productrice d’amande du pays, elle est propriétaire de l’eau avec un stock d’une valeur de 200 millions d’euros. Plus l’eau sera rare, plus il sera difficile de s’en procurer, plus les entreprises auront du mal à rentrer sur un marché où des monopoles ont déjà été créés. L’aspect concurrentiel est donc biaisé. Le nouveau conflit entre Veolia et Suez nous montre que la privatisation de l’eau est un enjeu essentiel. La fusion que Veolia envisage avec Suez, dont Engie est la maison mère, souligne que les monopoles sont de plus en plus courants dans ces nouveaux marchés.
L’introduction en bourse de contrats à court terme sur l’eau est un premier voyant d’un futur basé sur la privatisation de l’eau. Les économistes néoclassiques, en spéculant sur les conditions climatiques et sur l’augmentation de la population, ont compris l’importance de cette ressource, vitale à la vie de chaque individu sur Terre. L’eau est en passe de devenir le nouvel or noir du 21ème siècle. Tout de même, certains économistes se battent pour la gratuité et contre la marchandisation de bien comme l’eau. Il s’agit des partisans du modèle de la décroissance. Le principal argument est de montrer que les ressources planétaires sont limitées et donc que la croissance, telle qu’elle est mise en avant aujourd’hui, est menacée.
Cette privatisation de l’eau pourrait entraîner des conséquences dramatiques sur la vie de milliards d’êtres humains. Défendre ce droit d’accès à l’eau semble plus vital que jamais."
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DÉFAITE DE MACRON ET MULTINATIONALES, ISLAMOPHOBIE À MULHOUSE… L’ACTU DU JOUR | Contre-Matinale #55
https://youtu.be/UjBetIK8sBk
Au programme de cette 55ème édition de la Contre-Matinale du Média, présentée ce mardi 14 décembre par Cemil Şanlı :
00:00 · Au programme ce matin :
[...]
23:34 · L’eau courante devient une marchandise :
Le 7 décembre 2020 entrait en Bourse l’eau, la ressource, à Chicago (USA). Déjà privatisée et exploitée par ci par là sous forme de bouteille en plastique, voici l’eau dite courante qui devient une marchandise, une valeur financière pour la spéculation. Notre journaliste Cemil Şanlı reçoit Jean-Claude Oliva (élu conseiller municipal écologiste à Bagnolet (93) et directeur de l’association “Coordination Eau Île-de-France”) et Alexander Abdelilah (journaliste et co-auteur du documentaire ARTE : “A sec : La grande soif des multinationales”) pour aborder la question et comprendre les enjeux présents et futurs.
L’eau et les marchés : des contrats plus que juteux
"Pour certains économistes, sensibilisés à l’idée de la rareté, l’ouverture du marché privé de l’eau est un signe positif : il permettra de réguler la consommation de ce bien tout en assurant l’aspect concurrentiel du marché. Malheureusement, les marchés autour de l’eau ne sont que très rarement concurrentiels. En effet, l’exemple même est celui du marché de l’eau en bouteille.
Comme l’explique le Hors-Série de Courrier International, l’Atlas de l’eau, c’est un marché en plein essor. En mars 2020, The Guardian révélait que les ventes en bouteilles avaient augmenté de 57% aux États-Unis, dû notamment à la crise du Covid-19 qui touche le monde entier.
Aux États-Unis, l’eau en bouteille représente une consommation moyenne de 159 litres en 2018, contre 54 litres en 1998. Cette évolution du marché entraîne des conséquences, notamment sur les monopoles. En effet, quatre grandes sociétés dominent le secteur : Nestlé, Danone, Coca-Cola et PepsiCo. Pour toutes ces entreprises, le mode de fonctionnement est le même : il s’agit d’acheter, de traiter et de conditionner de l’eau municipale, qui se vend à très bas prix, pour revendre de l’eau en bouteille parfois 133 fois plus cher. Ce marché aussi rentable pousse les entreprises à augmenter leurs monopoles.
En France, le marché de l’eau en bouteille est aussi très concentré : c’est un marché de monopoles, qui a laissé la place à trois grands groupes : Neptune, Nestlé Water et Danone. Ces groupes concentrent 76% d’un marché juteux car quatre verres d’eau consommés sur dix proviennent d’une eau en bouteille.
Il est clair que les marchés autour de l’eau ne sont que très rarement concurrentiels. De surcroît, la privatisation de l’eau ne va pas entraîner une concurrence pure et parfaite ; en effet, seuls les grands géants de l’agriculture, par exemple, vont trouver les moyens de payer l’eau nécessaire à leurs cultures. L’entreprise australienne Webster l’a bien compris ; première productrice d’amande du pays, elle est propriétaire de l’eau avec un stock d’une valeur de 200 millions d’euros. Plus l’eau sera rare, plus il sera difficile de s’en procurer, plus les entreprises auront du mal à rentrer sur un marché où des monopoles ont déjà été créés. L’aspect concurrentiel est donc biaisé. Le nouveau conflit entre Veolia et Suez nous montre que la privatisation de l’eau est un enjeu essentiel. La fusion que Veolia envisage avec Suez, dont Engie est la maison mère, souligne que les monopoles sont de plus en plus courants dans ces nouveaux marchés.
L’introduction en bourse de contrats à court terme sur l’eau est un premier voyant d’un futur basé sur la privatisation de l’eau. Les économistes néoclassiques, en spéculant sur les conditions climatiques et sur l’augmentation de la population, ont compris l’importance de cette ressource, vitale à la vie de chaque individu sur Terre. L’eau est en passe de devenir le nouvel or noir du 21ème siècle. Tout de même, certains économistes se battent pour la gratuité et contre la marchandisation de bien comme l’eau. Il s’agit des partisans du modèle de la décroissance. Le principal argument est de montrer que les ressources planétaires sont limitées et donc que la croissance, telle qu’elle est mise en avant aujourd’hui, est menacée.
Cette privatisation de l’eau pourrait entraîner des conséquences dramatiques sur la vie de milliards d’êtres humains. Défendre ce droit d’accès à l’eau semble plus vital que jamais."
https://easynomics.fr/2020/10/30/la-privatisation-de-leau-une-trajectoire-historique-et-un-marche-davenir/
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