SFR confirme l'extension de sa couverture Haut Débit Mobile dans le Gard. Au total, ce sont désormais 74 communes Gardoises de plus de 500 habitants qui bénéficie d'un réseau en 4G+.
A début mai 2018, 17 nouvelles communes ont été ouvertes en 4G+ : Boisset-et-Gaujac, Carsan, Castillon-du-Gard, Connaux, Cornillon, Deaux, Goudargues, Meyrannes, Monteils, Robiac-Rochessadoule, Saint-Alexandre, Saint-André-de-Roquepertuis, Saint-Gervais, Saint-Nazaire, Tresques, Uzès et Saint-Paul-les-Fonts.
L'extension rapide de la couverture Très Haut Débit mobile permet de couvrir désormais 96% de la population en 4G au 1er trimestre 2018, et 97,4% de la population dans le Gard.
Au-delà de l'extension de la couverture en 4G/4G+, les déploiements massifs réalisés par SFR permettent l'amélioration de la qualité de service du réseau comme le souligne l'ARCEP* dans son enquête annuelle publiée en juin 2017. Les résultats de cette étude viennent confirmer la dynamique 4G/4G+ de SFR et sa détermination à fournir la meilleure qualité de service au plus grand nombre d'usagers sur le territoire.
En matière de qualité de service des usages voix et SMS, SFR revient au meilleur niveau sur l'ensemble du territoire. Dans les zones rurales, qui représentent plus de 50% du territoire national, la stratégie déployée par SFR lui permet de s'imposer comme numéro 1 pour les débits et les usages internet mobile.
Fibre : déjà 61 000 foyers éligibles dans le Gard
A ce jour, les services fibre de SFR sont disponibles dans plus de 1 800 communes françaises. Déjà doté de la première infrastructure fibre (FTTH/FTTB) en France avec plus de 11 millions de prises éligibles (au 31 mars 2017) - dont 61 000 foyers éligibles dans le Gard à ce jour, principalement sur Nîmes et Villeneuve-lez-Avignon - SFR confirme son leadership et continuera d'animer le marché grâce à sa dynamique de déploiements qui permettra d'apporter la fibre optique au coeur des territoires
« SFR commence à récolter les fruits des process mis en place pour améliorer la satisfaction de ses clients et de ses trois années d'investissements ininterrompus. Au 1er trimestre 2018, nous avons gagné 239 000 clients Mobile et 71 000 clients Fixe,. Nous ouvrons aujourd'hui la 4G+ dans 17 nouvelles Communes du Gard, dont Uzès. Avec 97% de la population gardoise desservie en Très Haut Débit mobile par SFR, je me réjouis de constater que le Département est désormais en avance sur la moyenne Française. D'ici fin 2018, nous continuerons d'améliorer la performance de nos réseaux 4G et contribuerons, aux côtés des Collectivités Locales et de l'Etat, au programme de couverture des zones blanches pour étendre et parfaire cette couverture mobile, essentielle à tous » déclare Isabelle SIMON, Directrice des Relations Régionales SFR en Méditerranée.
La 4G+ est accessible sans surcoût aux clients SFR bénéficiant d'un forfait 4G et d'un terminal compatible. L'éligibilité à la fibre, la couverture mobile ainsi que le contenu détaillé des offres sont disponibles sur sfr.fr.
Energies renouvelables : la Cour des comptes montre que c'est le bazar !
Par Michel Gay.
Le rapport de la Cour des comptes publié en mars 2018 s'alarme en termes feutrés des dépenses publiques incontrôlées versées en soutien aux énergies renouvelables (EnR), et notamment aux éoliennes et panneaux photovoltaïques.
Elle dénonce l'incohérence (l'incompétence ? l'aveuglement idéologique ?) des promoteurs de cette politique énergétique dispendieuse.
A la lecture de ce rapport, le citoyen est en droit de se demander qui a bien pu décider et laisser se développer cette dérive financière extravagante et ruineuse à long terme pour la majorité des Français.
En substance, la Cour des comptes écrit que la politique de soutien aux EnR s'est parfois écartée ces dernières années de la rationalité économique et du bon usage des deniers publics.
Elle montre que les subventions aux EnR, notamment électriques, coûtent très chères (plusieurs milliards d'euros chaque année), qu'elles vont coûter de plus en plus chères mais qu'il est difficile d'en avoir une idée précise tant les organismes étatiques impliqués sont épars et ne semblent pas eux même le savoir.
En somme, c'est « table ouverte » aux frais de tous les contribuables.
La Cour des comptes écrit notamment :
Page 7 (P7) : « Malgré les efforts entrepris dans le déploiement des énergies renouvelables, la Cour constate, comme en 20131, un décalage persistant au regard des objectifs affichés. Elle note également que, faute d'avoir établi une stratégie claire et des dispositifs de soutien stables et cohérents, le tissu industriel français a peu profité du développement des EnR.
Une clarification des ambitions industrielles françaises en matière d'EnR s'impose donc.
P8 : Ce bilan industriel décevant doit être mis en regard des moyens considérables qui sont consacrés au développement des énergies renouvelables, en particulier aux EnR électriques.
En France, la somme des dépenses publiques de soutien aux EnR est estimée pour 2016 à 5,3 milliards d'euros (Md€). Cette mobilisation financière va connaître une progression forte : si la France réalise la trajectoire qu'elle s'est fixée, les dépenses relatives aux EnR électriques pourraient ainsi atteindre 7,5 Md€ en 2023.Les EnR électriques bénéficient de l'essentiel de ces dépenses publiques avec, en 2016, 4,4 Md€ contre 567 M€ pour les EnR thermiques.
Les soutiens octroyés par l'État se sont aussi avérés disproportionnés par rapport à la contribution de certaines filières aux objectifs de développement des EnR : pour le photovoltaïque par exemple, les garanties accordées avant 2011 représenteront 2 Md€ par an jusqu'en 2030 (soit 38,4 Md€ en cumulé) pour un volume de production équivalent à 0,7 % du mix électrique.
Ainsi, la pleine réalisation des appels d'offres de 2011 et 2013 sur l'éolien offshore coûterait aux finances publiques 2 Md€ par an pendant 20 ans (soit 40,7 Md€ en cumulé) pour un volume équivalent à 2 % de la production électrique.
Afin d'éclairer les décisions publiques prises à l'avenir, la Cour considère désormais indispensable de calculer et révéler le coût complet du mix énergétique programmé et les soutiens publics induits, et d'asseoir les décisions de programmation énergétique sur ces informations.
P21 : Les objectifs français en matière d'EnR électriques sont d'autant plus ambitieux que la France se distingue parmi ses voisins européens par la place qu'occupent déjà les sources d'énergies non carbonées dans son mix énergétique. La prépondérance de l'énergie de source nucléaire conduit en effet à ce que l'électricité française produite soit décarbonée à 98 % et que les émissions de gaz à effet de serre françaises du fait de la production d'énergie soient donc limitées comparativement aux autres pays de l'UE.
P22 : Telle qu'elle a été construite en 2016, la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) n'a pas permis de rendre compatibles l'objectif de réduire la part du nucléaire à 50 % du mix électrique à horizon 2025 et la montée en puissance simultanée des énergies renouvelables électriques.
P24 : Faute de cohérence, la crédibilité de l'intégration des EnR à la politique de l'énergie française s'est trouvée remise en cause par cet exercice de programmation conduit en 2016. Les acteurs du monde de l'énergie – même au sein des administrations intéressées – sont nombreux à ne pas avoir cru dans les objectifs et la trajectoire définis par la PPE. Ce faisant, cet outil a failli à l'objectif qu'il s'était donné, celui d'offrir un cadre prévisible et consolidé de l'évolution de la politique énergétique jusqu'en 2023.
La PPE doit également être objectivée par des considérations économiques et reposer sur une analyse des coûts des différentes filières de production d'énergie, pour pouvoir mieux objectiver les choix de politique de soutien mis en œuvre au regard des objectifs à atteindre.
P43 : Les soutiens publics sont nécessaires en raison de l'absence, à ce jour, de compétitivité des EnR. Les montants concernés sont très importants, en particulier s'agissant des EnR électriques, et sont appelés à croître significativement du fait des ambitions françaises.
Les engagements pris jusque fin 2017 représenteront 121 Md€ – en euros courants – entre 2018 et l'échéance des contrats (la plus tardive intervenant en 2046).
P47 : le poids des engagements antérieurs à 2011 aura encore pendant de longues années un impact majeur sur les dépenses de soutien. Selon la Commission de régulation de l'énergie (CRE), les arrêtés antérieurs au moratoire de 2010 auront engendré un coût pour les finances publiques de 38,4 Md€, pour un productible annuel de 4 térawattheures (TWh), soit environ 0,7 % de la production électrique française. Cela représente un coût du soutien de l'ordre de 480 €/MWh2. Ces arrêtés pèseront encore à hauteur de 2 Md€ par an jusqu'en 2030, soit 30 % de l'ensemble des charges liées aux énergies renouvelables en 2018.
P50 : L'analyse du poids des décisions passées dans les charges futures conduit à s'interroger sur la place de l'évaluation préalable de l'impact sur les volumes de soutien des différents mix de production envisagés à court, moyen et long termes. Jusqu'à présent cette démarche n'a pas été au cœur de l'exercice de planification du mix énergique : la PPE se limite ainsi, pour l'évolution des dépenses, à un horizon relativement rapproché (2018-2023), alors que les soutiens engagés auront des répercussions sur les finances publiques pendant au moins 20 ans.
Le poids des dispositifs de soutien à la production d'électricité renouvelable ne cesse de croître. Ce montant est passé de 1,5 Md€ au titre des charges de 2011, à 4,4 Md€ au titre des charges de 2016, soit une multiplication par trois en l'espace de cinq ans.
D'après les estimations initiales réalisées dans le cadre de la PPE, ces charges devaient atteindre en 2023 entre 9,7 Md€ et 10,4 Md€ (fourchettes basse et haute).
P52 : Les impacts du mix retenu par la PPE en termes de besoin de soutien ne se limiteront pas aux cinq prochaines années : les soutiens engagés aujourd'hui auront des répercussions sur les finances publiques pendant au moins 20 ans. Il semble dès lors nécessaire d'étendre l'exercice de projection financière à des horizons beaucoup plus lointains que celui de la PPE (2023). Ces projections permettraient de réaliser des arbitrages énergétiques qui tiennent véritablement compte de la contrainte durable de moyens pesant sur les finances publiques.
P69 : La politique de soutien à la filière du solaire intégré au bâti (IAB), qui se voulait être une stratégie d'excellence technologique et d'innovation française, n'a quant à elle pas connu les résultats escomptés.
Dès sa mise en œuvre, la prime IAB a créé un fort appel d'air chez les producteurs qui a essentiellement profité aux entreprises existantes, la plupart allemandes. L'effet d'aubaine subi par le dispositif de soutien au bâti a eu pour conséquence une explosion des volumes financiers supportés par l'État.
L'IAB a ainsi créé des obligations d'achat pour l'État pour vingt ans, dont le montant total a été estimé par la Cour à 8,6 Md€ (dont 7,4 Md€ pour les engagements pris avant 2011). De nombreuses fraudes ont également été constatées dans l'attribution de la prime IAB et aucune évaluation de son efficacité économique ou énergétique n'a été établie.
Ces principes ne pourront être pleinement appliqués sans un cadre de gouvernance repensé. Le Parlement doit être mieux associé à la définition des objectifs de développement des énergies renouvelables (EnR) et des volumes financiers de soutien aux EnR. La définition de la programmation énergétique ne peut se faire que dans un cadre interministériel renforcé sous l'égide du Premier ministre, apportant ainsi la légitimité nécessaire à la prise de décisions stratégiques et garantissant l'alignement des ministères dans leur mise en œuvre. Ce cadre renouvelé permettra également de mieux asseoir les critères de succès de la politique conduite et de clarifier les ambitions associées à sa mise en œuvre.
Les recommandations de la cour des comptes
La Cour formule les recommandations suivantes :
– créer, à l'image du Conseil d'orientation des retraites (COR) et en remplacement d'autres instances existantes, un comité chargé d'éclairer les choix gouvernementaux relatifs à l'avenir de la politique de l'énergie ;
– mettre en place une instance de pilotage interministériel de la politique énergétique placée auprès du Premier ministre ».
Il reste à espérer que ce rapport circonstancié, précis et constructif qui dénonce les dysfonctionnements ruineux des soutiens aux EnR, notamment à l'éolien et au photovoltaïque, ne finira pas simplement au fond d'un placard comme son prédécesseur en 2013 qui n'a pas été suivi d'effet (ou peu).
Post-scriptum : Pour ceux qui n'ont pas le temps ou ne souhaitent pas lire les 117 pages du rapport mais qui veulent cependant en savoir davantage, une compilation plus complète d'extraits essentiellement centrés sur les EnR électriques est fournie dans l'annexe de 7 pages à cet article ici (les références et les sources figurent dans le rapport. Les caractères gras sont de l'auteur).
Cour des comptes, rapport public thématique, la politique de développement des énergies renouvelables, juillet 2013.
Pour mémoire, le prix de vente moyen de l'électricité sur le marché est d'environ 40€/MWh (Remarque de Michel Gay)
RGPD : on vous explique ce que la nouvelle législation européenne sur les données va changer pour vous
Destiné à remplacer la loi informatique et libertés, le règlement général sur la protection des données personnelles – ou RGPD pour les intimes – encadrera la manière dont les géants du numérique gèrent les informations dont ils disposent sur leurs utilisateurs.
Après quarante ans de bons et loyaux services, la loi informatique et libertés va prendre sa retraite. A compter du vendredi 25 mai, ce texte adopté en janvier 1978 pour protéger les Français des potentielles dérives du fichage, qui s'est développé en même temps que l'informatique, va disparaître. Son remplaçant est un texte européen qui uniformise les règles en vigueur dans les 28 pays membres de l'UE. Son nom : le règlement général sur la protection des données personnelles, ou RGPD pour les intimes.
Ce règlement va entrer en vigueur dans un contexte devenu électrique, avec l'utilisation indue des données personnelles de millions d'utilisateurs de Facebook par Cambridge Analytica, une société liée à la campagne de Donald Trump. Et il a été construit autour d'un principe majeur : son contenu s'appliquera à toute entreprise qui manipule des informations concernant des résidents européens, y compris si celle-ci est basée hors de l'UE.
Le RGPD pourra-t-il pour autant mieux protéger les données du demi-milliard d'habitants que compte l'Union européenne ? Voici en tout cas ce qu'il devrait changer pour vous.
Les entreprises pourront plus facilement collecter vos données…
C'est sans doute la modification législative que les chefs d'entreprise français attendent le plus. À partir de la fin du mois, les personnes morales qui récoltent des données pourront dans la plupart des cas se passer de déclarer leurs fichiers auprès de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), l'autorité administrative indépendante qui veille au respect de la loi dans ce domaine.
Auparavant, les associations, administrations et entreprises devaient prévenir la Cnil à chaque fois qu'elles créaient un fichier contenant des renseignements sur leurs membres, clients, employés ou administrés. "Selon le niveau de sensibilité des informations récoltées, les entreprises devaient effectuer soit une simple déclaration, soit demander une autorisation", explique à franceinfo Guillaume Desgens-Pasanau, maître de conférences au Conservatoire national des arts et métiers, qui dirige un cours en ligne sur le RGPD.
En contrepartie, ces organisations devront constituer une documentation précise concernant leur utilisation des données personnelles. On devra y retrouver le nom et l'objet des fichiers récoltés, le registre des personnes qui y ont accès, et les mesures prises pour protéger les données d'éventuelles attaques malveillantes.
Les administrations ainsi que les entreprises dont "les activités de base (...) consistent en un traitement à grande échelle" des données devront même obligatoirement désigner un délégué à la protection de ces fichiers, qui devra présenter toute la documentation à la Cnil en cas de contrôle, indique le règlement.
Un exemple ? Une marque de chaussures vient de se créer et souhaite vendre ses produits en ligne. Elle pourra désormais se passer de déclarer à la Cnil l'existence de son fichier client avant de se lancer, ce qui lui épargne une étape qui était parfois fastidieuse. Elle devra en revanche en documenter le fonctionnement et la sécurisation de manière détaillée.
Si son activité croît au point d'obtenir plusieurs dizaines de milliers de clients, ou que ceux-ci sont moins nombreux mais très fidèles, le règlement considérera que la marque traite des fichiers à "grande échelle", selon l'interprétation donnée par le G29(PDF), qui regroupe les différentes "Cnil européennes". Elle devra alors désigner un délégué à la protection de ses fichiers.
… mais elles ne pourront pas vous demander tout et n'importe quoi
Rassurez-vous : ce n'est pas parce que les entreprises ne devront plus montrer préalablement patte blanche à la Cnil qu'elles pourront se permettre de faire n'importe quoi avec vos informations personnelles. Le RGPD consacre en effet le "principe de proportionnalité" déjà prévu par le droit français. "Il faut que la récolte des données soit en adéquation avec l'objectif recherché par l'entreprise", résume Jérémie Courtois, avocat au barreau de Lille, spécialiste des nouvelles technologies.
Si je collecte vos données dans un but publicitaire, je n'aurai par exemple pas le droit de vous demander votre numéro de carte bleue ou le prénom de vos enfants.Jérémie Courtoisà franceinfo
Un exemple ? Une entreprise organise des cours de soutien scolaire à domicile. A la fin de chaque intervention, les enseignants remplissent un fichier sur leurs clients avec plusieurs paramètres évaluant le déroulé du cours, et dans lequel se trouve une zone de commentaire libre.
La jurisprudence de la Cnil considère qu'il est légitime que cette case contienne des données en adéquation avec l'activité de l'entreprise, comme par exemple la présence d'un chien agressif au domicile d'un client. La direction doit en revanche veiller à ce que les enseignants n'utilisent pas le fichier pour y insérer des commentaires injurieux. En 2010, l'entreprise Acadomia avait été épinglée par la Cnil pour cette raison, rapportait à l'époque Le Monde.
Vous serez moins embrouillé(e) par d'obscures conditions générales d'utilisation
Autre principe consacré par le RGPD : la collecte dite "loyale" des données. Concrètement, les services en ligne sont tenus de vous informer de la manière la plus limpide possible de la manière dont sont récoltées et utilisées vos informations personnelles, et devront recueillir de votre part un consentement clair avant de le faire. Plusieurs géants du web ont ainsi revu leurs conditions générales d'utilisation et autres textes présentant leur politique de confidentialité pour les rendre plus compréhensibles par le commun des mortels.
Des exemples ? Dans un message publié sur le blog de l'entreprise, le délégué à la protection des données de Twitter a ainsi annoncé le 24 avril dernier une révision de la politique de confidentialité du service pour "la rendre visuellement plus claire et facile à utiliser" dans le cadre de l'application du RGPD. Fini les paragraphes austères et interminables, place à des phrases plus courtes et à des listes utilisant des puces. Facebook a opéré une démarche similaire début avril.
"Ces mentions existaient déjà la plupart du temps, mais les mettre à jour en les clarifiant permet surtout à ces entreprises de communiquer sur leur respect du RGPD", tempère Guillaume Desgens-Pasanau, par ailleurs ancien directeur juridique de la Cnil. Et d'ajouter que si ces géants du numérique sont tenus de vous donner la possibilité de vous opposer à la manière dont ils utilisent vos données, comme Facebook le fait actuellement avec la reconnaissance faciale, certains principes restent "non-négociables".
Facebook vous laisse désormais une marge de manœuvre sur la finesse du ciblage publicitaire, mais ne vous permet pas de vous opposer à l'affichage de publicité sur votre compte.Guillaume Desgens-Pasanauà franceinfo
Certains vont encore plus loin. Instagram a récemment mis à jour ses conditions d'utilisation pour se conformer au RGPD. Les utilisateurs n'ont eu d'autre choix que de les accepter... ou de supprimer leur compte, relève Numerama.
Vous aurez un accès facilité aux données que vous avez transmises
Le RGPD garantit également aux citoyens européens le droit à l'accès et à la rectification de leurs informations personnelles. Vous pourrez également réclamer aux organisations qui collectent vos données de vous transmettre "les destinataires (...) auxquels les données à caractère personnel ont été ou seront communiquées, en particulier les destinataires qui sont établis dans des pays tiers", indique l'article 15 du texte.
Attention tout de même, ce processus ne sera pas forcément automatisé. Dans certains cas, il vous faudra fouiller dans la rubrique "mentions légales" du site de l'entreprise ou de l'administration concerné pour trouver les coordonnées de la personne à qui adresser votre demande.
Des exemples ? C'est dans cette logique que Twitter, Facebook ou encore Instagram laissent désormais à leurs utilisateurs la possibilité de télécharger un fichier regroupant l'ensemble des données envoyées sur leurs serveurs depuis la création de leur compte. Ce qui risque de vous donner le vertige lorsque vous retrouverez sur les messages publics laissés sur votre mur Facebook en 2009.
Vous pourrez transférer vos informations d'un service à un de ses concurrents
Point intéressant à noter : si vous téléchargez vos archives sur Instagram, vous constaterez qu'outre des fichiers d'images et de vidéos, le réseau social vous communiquera vos messages privés, mentions "j'aime" et autres commentaires dans des documents compilés dans le langage Javascript, qui n'est guère intelligible pour l'utilisateur lambda. Cela s'explique par la consécration d'un nouveau droit par le RGPD : celui de la portabilité des données. La nouvelle législation est en effet censée vous permettre de récolter vos données chez un prestataire de service pour la transférer facilement chez un concurrent.
Un exemple ? Cela signifie qu'un abonné à Spotify devrait pouvoir dans les prochains mois récupérer ses informations et les transférer à un autre service de distribution de musique, comme Deezer ou Apple Music, et y retrouver ses playlists. "Cela risque de prendre dutemps, prévient tout de même Jérémie Courtois. Toutes les entreprises ne sont en effet pas dotées d'un système d'information qui permet l'extraction et l'export des données vers un tiers. Elles devront parfois le faire évoluer pour mettre en œuvre ces changements."
Votre droit à l'oubli sera renforcé
Outre le droit au déréférencement, consacré dans l'article 17, la nouvelle réglementation interdit la conservation des informations personnelles pour une durée illimitée. Dans son article 5, le RGPD indique ainsi que les données des citoyens européens doivent être conservées "pendant une durée n'excédant pas celle nécessaire au regard des finalités pour lesquelles elles sont traitées". Cette formulation est volontairement vague, car les cas de figure en la matière peuvent grandement varier. Les entreprises et services administratifs seront en tout cas tenus de fixer cette durée.
Des exemples ? Vous êtes féru(e) de pêche à la mouche et décidez de vous inscrire à la newsletter de passionmouche.com, un site spécialisé. Le site en question devra préciser dans sa documentation qu'il conservera votre adresse électronique dans sa base de données jusqu'au moment où vous déciderez de mettre fin à votre abonnement.
Vous vous offrez un abonnement téléphonique auprès de l'opérateur Violet. Celui-ci conservera vos données et vos factures durant la durée d'abonnement, mais également pendant une durée supplémentaire, au cours de laquelle vous pourriez par exemple engager des poursuites pour contester le montant d'un dépassement de votre forfait.
Vos données devront être mieux protégées des pirates
Le RGPD réaffirme l'obligation de sécurisation des données face aux attaques malveillantes. La nouvelle législation demande en outre des précautions particulières lorsqu'une entreprise ou une administration collecte à grande échelle des données sensibles, comme par exemple des informations relatives à la santé, aux opinions politiques ou religieuses, ou encore le passé judiciaire d'un individu. Dans ces cas-là, les organisations devront prévenir les autorités avant toute récolte de données, et leur fournir un document particulièrement détaillé.
Le texte prévoit également qu'une entreprise qui se ferait pirater ses données soit obligée de signaler l'attaque à la Cnil, voire à ses clients. "Cela n'est toutefois pas automatique", précise Guillaume Desgens-Pasanau. "Il faut pour cela que la faille de sécurité constatée conduise à un risque de réutilisation des données. Si l'entreprise arrive à démontrer que la brèche a été comblée, et que les données piratées ont été préalablement chiffrées, elle ne sera pas tenue de prévenir les autorités."
Un exemple ? Une application de rencontre devra mener ce que le RGPD appelle une "analyse d'impact relative à la protection des données" avant de récolter des informations sur l'orientation sexuelle de ses utilisateurs européens. Dans un document, elle devra consigner les sources de risques (comme par exemple un piratage, ou un employé soudoyé par un concurrent), identifier les cibles potentielles (son système de gestion des fichiers), et évaluer les risques pour la vie privée des personnes concernées (comme la révélation de l'homosexualité d'utilisateurs vivants dans des pays où elle est réprimée, par exemple). Elle devra ensuite déterminer les mesures existantes ou prévues pour répondre à ces risques. Cela peut prendre la forme d'un chiffrement des données sensibles, leur anonymisation, ou encore la mise en place d'outils permettant d'identifier précisément les personnes qui accèdent aux fichiers.
Les organisations qui ne respecteront pas la loi risqueront gros
Gare à ceux qui s'aventureraient à ne pas respecter les règles énoncées. Alors que la loi informatique et libertés ne permettait jusqu'à présent que de sanctionner les contrevenants d'une faible amende, le RGPD permet à la Cnil et à ses homologues européens de taper fort au portefeuille. Pour les infractions les plus graves, les contraventions pourront grimper jusqu'à 20 millions d'euros ou 4% du chiffre d'affaires mondial de l'entreprise.
Interrogée par Les Echos, la présidente de la Cnil Isabelle Falque-Pierrotin a tout de même tenu à rassurer les entreprises qui ne se seraient pas adaptées à temps à cette nouvelle réglementation. Dans un premier temps, l'autorité administrative mettra surtout l'accent sur la pédagogie et fera preuve de "souplesse et de pragmatisme" lors de ses contrôles, a-t-elle indiqué.
Un exemple ? La société de transport Uber, dont les données non-chiffrées de 57 millions de clients avaient été piratées en novembre 2016, aurait été tenue de prévenir ses utilisateurs européens de cette faille de sécurité si le RGPD avait été en vigueur à ce moment-là. Si elle ne l'avait pas fait, elle aurait sans aucun doute été condamnée à une forte amende. A l'époque, l'entreprise avait préféré payer une rançon de 100 000 dollars aux pirates pour ne pas ébruiter l'affaire, d'après le Guardian (en anglais).
L'évènement du 26 mai, « la marée populaire », déclenchera une onde de choc. Son existence même est un défi contre l'autosatisfaction des macronistes. Eux ont besoin d'un paysage banalisé et morose pour parvenir à isoler et brutaliser le mouvement des cheminots. Car les gouvernants s'inquiètent et manœuvrent. Ils reculent. Font-ils semblant de le faire pour mieux duper ensuite tout le monde ? Ne l'ont-ils pas déjà fait avec les routiers qui attendent toujours les décrets qui confirmeraient l'accord signé avec le pouvoir dans le fil de la lutte contre les ordonnances sur le code du travail ?
Toujours est-il, par exemple, qu'en annonçant l'abandon de la privatisation d'Aéroport de Paris et de la Française des Jeux, ou en claironnant qu'elle ne toucherait pas au statut des fonctionnaires, la Macronie montre qu'elle a entendu le message du vote au référendum d'Air France. Le fond de l'air hésite certes entre résignation et révolte. Mais il est globalement hostile à Macron. Le plongeon des chefs dans les sondages tape sur le moral des cadres intermédiaires de la maison et mine la confiance en soi qu'affichait il y a peu encore la Macronie. Les lézardes s'additionnent au Parlement dans les rangs des godillots.
Le 22 mai pour la première fois depuis la Saint Glinglin, tous les secrétaires des fédérations syndicales concernées marchent au coude à coude dans les rues du pays. Le 26 mai pour la première fois, syndicats, associations et partis politiques mobilisent ensemble. Tous n'y sont pas ? Certes. Mais par exemple, le nouveau secrétaire confédéral de FO ne parle pas sur le même ton du veto agressif qui était celui de Jean-Claude Mailly servant la soupe à Macron. Il a dit en substance : le syndicat n'y appelle pas mais les syndiqués de FO sont aussi des citoyens et ils feront ce qu'ils voudront. C'est une ambiance. C'est une électricité de l'air. Au point que je vois venir à l'image du 22 mai une nouvelle étape. Celle de l'unité syndicale se constituant face aux projets du gouvernement.
Car la mobilisation massive qui s'est exprimé le 5 mai dans « La fête à Macron » ne se fait pas avec des extra-planétaires. Les mêmes souvent militent syndicalement. Leur volonté de combat et d'union est la même dans chaque aspect de leur vie de citoyen, comme l'a bien compris le nouveau secrétaire général de FO. Elle s'exprime donc partout. Macron pourrait être surpris par le nombre des syndicats concernés. Je dis clairement que j'aspire à voir le jour où les secrétaires confédéraux des syndicats, de tous les syndicats, à leur tour, marcheront au coude à coude le même jour d'action commune de tous les métiers. Je crois que c'est leur devoir de le faire pour offrir au salariés une issue positive à leur volonté d'agir ensemble de façon organisée et disciplinée. Car pour ma part, certes, je crois aux marches de « toute la société » les jours fériés. C'est la méthode pour unir dans l'action ceux qui sont salariés et ceux qui ne le sont pas, ceux qui sont en grève et ceux des entreprises qui ne le sont pas.
Mais je ne crois pas pour autant que ce soit la forme ultime du rapport de force. Au contraire ! Je crois que l'action syndicale, bloquant la production et les services, coûtant cher au Capital, est le choc le plus rude qu'on puisse donner à ceux qui ne veulent entendre aucun raisonnement ni aucune argumentation. Par conséquent, l'unité syndicale et l'action de l'ensemble du monde salarial est l'étape qui serait déterminante pour la séquence qui va s'ouvrir après la marche du 26 mai. C'est ce qui m'a conduit à parler de « Front populaire ». Je n'ai aucune illusion sur le fait que les syndicats quels qu'ils soient, puissent conclure je ne sais quel acte de gouvernement avec des partis politiques. Mais je crois à ce que leur cahier de revendication et leur action donnent les bases du programme capable de fédérer le peuple. Et par l'action unie qui entraine le grand nombre, les syndicats organisent une école de la vie qui conscientise des millions de personnes.
Dans l'immédiat, je vois ce que je vois : d'un côté, l'unité syndicale semble se mettre en marche à l'exemple des cheminots et de la fonction publique le 22 mai. De l'autre, le décloisonnement du social et du politique se réalise le 26 mai dans le respect de l'identité et des finalités d'action de chacun. La suite ne tardera pas. Seuls les syndicats confédérés unis ont la puissance d'action qui permet d'atteindre les objectifs de la lutte sociale en cours. Notre rôle politique est de les accompagner en soutien puis de porter le sens politique de l'action dans notre programme de gouvernement aux élections. Cette bonne séparation avait son slogan dans le passé : « marcher séparément frapper ensemble ». Voilà notre stratégie en deux mots. Je crois qu'elle doit prendre corps. Je sais qu'elle doit le faire.
Nous observons une montée en puissance des attaques médiatiques depuis plusieurs jours. Un reportage infame dans l'émission d'Yves Calvi. Des injures sans répliques en dépit de leur hallucinante stupidité dans l'émission «On n'est pas couché» où Malek Boutih nous accuse d'être l'antichambre de Daech. J'en passe, du type de cette lettre ouverte de monsieur Christophe Deloire, le successeur de Robert Menard à la tête de « Reporters sans frontière », qui fait de moi le danger pour la démocratie et l'indépendance de la presse en France. Je crois que cela est lié au contexte de mobilisation sociale dans lequel rien n'a pu déboulonner « La France insoumise » de sa pole position ni dans les esprits, ni au Parlement, ni dans la rue, ni dans les luttes.
Le point d'orgue fut à « L'Émission politique ». Le sondage final me plaçant en tête du plus convainquant et du premier opposant fit l'effet d'une bombe sur un plateau où toutes les mines, ou presque, s'allongèrent d'un mètre. Il venait réduire à néant le papotage verbeux qui avait suivi l'émission. On y encensait Wauquiez, dernier espoir des médiacrates liés à l'ancien monde. La commissaire politique de la rédaction, Nathalie Saint-Criq, avait bien cotisé sur le mode « je dis ça je ne dis rien » d'une rare servilité ce soir-là comme l'a bien pointé le magazine Télérama. Elle avait, avant cela, programmé un reportage dans le 20 heures sur les « enfants qui meurent de faim au Venezuela », autant pour pourrir l'émission de sa rivale Léa Salamé que pour tâcher de m'atteindre. On reconnaissait sa dictée personnelle à cette signature caractéristique : l'utilisation une nouvelle fois d'un témoin dont elle oubliait de dire qu'il s'agit d'un responsable de l'opposition d'extrême droite à Maduro.
Je ne fais pas ces lignes pour reprendre un procès qui me semble à présent entendu sur la peur que nous inspirons à ces gens et la grossièreté de leur pilonnage quasi-quotidien. Je le fais pour alerter mes amis. Le franchissement de seuil dans la violence s'est fait en deux ou trois jours de manière trop concomitante pour ne pas y voir un effet de système. Ils marquent une escalade dans la violence verbale et les procès d'intention d'une violence exceptionnelle comme l'a montré la propagande d'Yves Calvi. Ils interviennent au moment où les menaces de toutes sortes et notamment les menaces de mort se multiplient pour moi et nombre de nos amis. L'entartage d'Éric Coquerel par un militant d'extrême droite se vantant de son exploit dans une vidéo a montré que des franchissements physiques impunis sont dorénavant possibles. L'épisode de l'impunité des fascistes paradant dans la montagne avec des hélicoptère pour faire la chasse aux migrants et l'emprisonnement de deux des nôtres a montré la complaisance du pouvoir pour la violence d'extrême droite.
J'avais déjà mis en garde il y a quelques mois contre les incitations à la violence qu'organise la médiacratie. Plusieurs crurent intelligent de retourner cette alerte en la présentant comme son contraire : une menace contre les « journalistes ». Depuis des semaines la même manipulation a lieu prétendant que j'incite à « la haine » des journalistes. Tout cela ne peut avoir qu'une finalité : absoudre d'avance les violences qui pourraient nous frapper en écrivant dès à présent notre épitaphe : « ils l'ont bien cherché ». Aucun de ces gens-là ne veut de ce conseil déontologique des médias qui nous permettrait d'éviter les interminables et coûteuses procédures judiciaires dont relèvent leur propos. La médiacratie se vit en pouvoir qui veut rester sans contre-pouvoir. On peut donc dire qu'il s'agit d'une chronique pour une violence contre l'un ou l'une d'entre nous, non seulement annoncée mais même espérée par le système médiatique.
Crédits photos : OWAK (à gauche), Le Web (à droite)
La situation en Italie après les élections donne finalement le pouvoir à la Ligue du nord et au mouvement Cinq Étoiles. Bien des journalistes en ont aussitôt compris tout le sens avec leur merveilleuse agilité intellectuelle habituelle. La question clef me fut donc posée sur RTL après une discussion sur le mariage princier et « la nostalgie des Français pour la monarchie ». « Monsieur Mélenchon peut-on imaginer une coalition de ce type en France ? ». Et, dans le cas où j'aurai mal compris, « par exemple une alliance avec le Front national ? ».
Il est difficile pour nous d'imaginer une idée plus stupide, et, du coup, plus difficile encore de croire que ce ne soit pas une provocation. Et pourtant, je ne crois pas que ce le soit. Ceux qui m'interrogent, et notamment celui qui le faisait sur RTL, sont tout simplement incapables de penser hors des clous de leur prémices habituelles. Ils ont inventé une catégorie avec le mot « populisme » leur permettant, en les réunissant dans une même case, de nier l'identité de leurs deux principaux adversaires. C'est à dire ceux qu'ils situent avec un autre mot creux : « les extrêmes », étant entendu que la catégorie extrême libéraux n'existe pas, même quand elle est au pouvoir et met la pagaille dans le pays comme c'est le cas actuellement en France et comme ce fut le cas en Italie avant la déroute du Macron local, Matteo Renzi qui a ouvert les portes du pouvoir à la coalition actuelle.
À nos yeux, tout ce vocabulaire est un fatras destiné non à faire comprendre la réalité mais à mener le combat idéologique. Nous ne l'avons jamais pris au sérieux une seconde. Certains commentateurs non plus. Je me souviens très bien de Jean-François Khan ironisant sur le mot « populisme » quand on l'utilise pour désigner à la fois le feu et l'eau, le sel et le sucre. Mais les répétiteurs de la doxa « officialiste », à force d'en user, finissent par y croire et par penser avec des catégories politiques sans aucune réalité. Ce ridicule n'est pas nouveau dans l'histoire des idées. Le philosophe Bayle en riait dans la lutte que menaient les Lumières du 18ème siècle contre l'obscurantisme « il n'est rien de plus ridicule que de discuter des effets d'une cause qui n'existe pas ». Il s'agissait des conséquences de la volonté de Dieu quant à l'origine du bien et du mal.
Ici les mots « populisme » et « eurosceptique », ou « les extrêmes » ont fonctionné comme un piège mental, une sorte de papier collant tue-mouche qui aura scotché la pensée des commentateurs, experts politologues et autres diseurs de bonne aventure médiatique. La vérité tient à peu mais elle ne peut se comprendre du point de vue de ce balcon-là. Le gouvernement Renzi, enfant de l'extrême décomposition de la « gauche » italienne, a fait du Macron avant l'heure. À fond. Les mêmes textes, les mêmes copiés-collés des oukases de la Commission européenne, tout comme Macron, sans compromis et en force. Le parti de Renzi, eurobéat et euro-enthousiaste, lié à l'internationale socialiste et siégeant avec le PS au Parlement européen, s'est effondré. Une étape classique dorénavant du processus dégagiste en action partout sur la base du suicide des anciens partis « de gauche ». Mais faute d'une opposition de type « La France insoumise », la main est allée aux droites extrêmes.
Il s'agit de la troisième économie de l'Union européenne. Bien sûr, le gouvernement de ces énergumènes ne donnera rien de ce qui en est attendu et bientôt viendra la capitulation officielle à la Tsípras sur les questions européennes. N'ont-ils pas déjà rabattu à quasi néant leur prétentions sur le sujet ? D'autre part, avant même quelque bataille que ce soit, on sait que les olibrius prévoient la réduction de l'impôt sur le revenu à deux tranches en lieu et place de l'impôt proportionnel sur les revenus. Une signature sociale de droite extrême, plus lourde encore que la suppression de l'impôt sur la fortune par Macron. On voit ce que Macron donnera si nous cessons un seul instant d'épouser la vague dégagiste et de nous battre pour lui donner un contenu progressiste.
En Italie, nos amis ont été incapable de prendre la tête de cette vague. Je n'en raconte pas l'histoire ici. Nous étions parvenus à reconstituer un socle d'action commune entre les différentes factions de gauche indépendante qui se battent là-bas les unes contre les autres, sans trêve ni pause, sans avoir fait leur transition vers la ligne populaire et mouvementiste sous la forme « politico-sociale » de « La France insoumise ». C'était la formation d'une « liste Tsípras » aux dernières élections européennes. Patatras ! La trahison de Tsípras a renvoyé chacun à ses guerres et laissé sur le bord du chemin le peuple italien des « Lumières », celui qui avait construit le plus puissant mouvement communiste de l'Europe de l'ouest et le plus vibrionnant des PS ! Le premier s'est dissout dans la démocratie chrétienne, le second est mort dans le poison de la corruption. Toute la scène politique italienne s'est désintégrée comme en France d'abord au profit d'un aventurier, « jeune », « moderne », « débloquant » la société italienne : Matteo Renzi. Ce fut la loi sur les mini contrats de travail, le relèvement de l'âge de la retraite et tutti quanti, en cours d'application à présent en France.
Matteo Renzi. Comme Emmanuel Macron, il avait commencé par tuer son parrain politique. Et le reste est allé avec. Cette dynamique du dégagisme est incompréhensible au sens littéral dans les catégories de la pensée officielle des médias français. Mais nous nous devons par contre examiner avec soin tous les aspects de cette séquence. L'Italie est un miroir politique pour la France. Tenons-nous pour dit ce que nous venons de voir se dérouler. Si nous ne sommes pas capables de constituer une alternative politique crédible et cohérente, si nous ne savons pas proposer des lignes d'horizon majoritaires et résolument constructives à vocation gouvernementale, le dégagisme passera par d'autres canaux que nous. Nous avons pris le bon chemin pour que notre destin ne soit pas celui des Italiens en inventant et en fortifiant « La France insoumise » comme mouvement équipé d'un programme cohérent et ne le faisant vivre dans le combat à l'Assemblée et dans la rue.
C'est un drôle d'homme que celui-ci. Je l'ai connu et apprécié comme ministre de Tsípras refusant d'accepter le plan de « sauvetage » de la Grèce imposé par la Commission européenne. Puis quand il démissionna lorsque Tsípras a finalement signé la capitulation de la Grèce devant Schäuble en dépit du « non » du peuple grec consulté par référendum. On le voyait comme un héro en dépit des mises en garde que nous faisait Zoé Konstantopoúlou, la présidente de l'Assemblée nationale grecque, elle-même en rupture avec Tsípras. Je me donnais beaucoup de mal pour le rencontrer lors de son passage à Paris en août 2016. J'acceptais même l'horaire de sept heures du matin gare de Lyon pour un échange avant son départ avec Montebourg vers la fête de la Rose à Frangy. Avant cela, il était venu nous visiter au stand du Parti de Gauche à la fête de l'humanité en 2015 aux côtés de l'allemand Oskar Lafontaine et de l'italien Stefano Fassina. Ce fut notre dernier contact.
Je n'eus de nouvelles de lui ensuite que par une interview qu'il donna à Match. Stupeur : il prétendait m'avoir mis en garde à cette fête contre la germanophobie à propos de mon livre Le Hareng de Bismarck ! Une invention pure et simple. Et d'autant plus grotesque que Oskar Lafontaine était ce jour-là avec nous dans la conversation. Je me le tins pour dit. Je le classai aussitôt dans mon esprit au tiroir des mondains qui cotisent à mon bashing pour se caler dans l'air du temps. J'en connais plus d'un dans ce style. La suite a prouvé que je ne me trompais pas. Partout il est le même : désinvolte et quelque peu arrogant. À preuve comment il vient d'aller dernièrement en Espagne, sans crier gare aux gens du lieu, mettre en cause la politique de Pablo Iglesias dans un journal haineusement hostile à Podemos. Avant cela, il nous avait convoqué publiquement, Pablo, Caterina du Bloco et moi pour débattre avec lui de la liste qu'il compte présenter (jusqu'à nouvel ordre) aux prochaines élections européennes. Pablo et Caterina lui ont fait une fin de non-recevoir outrée du procédé de cette convocation.
Sachant qu'il vient à Paris bientôt pour promouvoir son petit réseau européen, je m'attends à une convocation de même nature. Et je sais qu'elle trouvera un public médiatique de mouches du coche bombinant de toutes leurs ailes. Mes amis et moi resterons bienveillants. Nous allons suivre avec intérêt ce qu'il dira ici où là. Peut-être même qu'Abel Mestre du Monde en parlera. N'a-t-il pas su moquer nos supposées contradictions avec Podemos ? Et cela sur la base d'un texte qu'il n'avait pas en version finalisée ? Pris la main dans le sac ici même, il pourrait vouloir désormais travailler sur des faits mieux établis.
Dans ce cas il s'intéressera sans doute aux contradictions formellement et réellement constatées entre Varoufakis et son allié en France, Benoît Hamon. En effet Yannis Varoufakis a condamné les bombardements des États-Unis, de l'Angleterre et de la France en Syrie. Mais Benoit Hamon les a approuvés à l'image du conseil des gouvernements européens. Cela implique naturellement le rapport à l'OTAN et à la politique de « défense » de l'Union européenne. Peut-être considèrent-ils l'un et l'autre que ce n'est là rien de bien grave. Serait-ce sérieux ? Au passage, sans doute, Varoufakis approuvera-t-il les sanctions contre la Russie, comme son ami Benoît, afin de ne pas être « ambigu » avec Poutine comme ce dernier m'en accuse ?
Mais il y a plus lourd encore. Varoufakis propose dorénavant « un plan B et même un plan C » comme alternative à l'Europe actuelle. Comment Benoît Hamon peut-il accepter cet alphabet-là après avoir affirmé son opposition à de telles déclinaisons face à la « France insoumise » ? N'a-t-il pas justifié par cela même son opposition à notre ligne d'action ? Tout cela serait désormais sans importance. Mais serait-ce sérieux ?
Pour finir, Varoufakis affirme que l'alliance qu'il mène avec Hamon veut faire un groupe distinct au Parlement européen. Comment cela est-il compatible avec la volonté de Hamon de faire une liste commune avec EELV ? En effet ceux-ci non plus ne veulent pas non plus de « plan B ou C ». Et ce n'est pas tout. Ils ne veulent pas non plus siéger dans un autre groupe que celui des Verts européens que préside avec un talent remarqué le belge Philippe Lambert ? Donc, s'ils parviennent à avoir des élus, ils se répartiraient ensuite dans deux groupes parlementaires différents ? Encore faut-il que la coalition Varoufakis-Hamon parvienne à faire un groupe. Et s'ils n'y parviennent pas, où siègeront-ils ? Seraient-ils prêts à siéger dans le groupe que nous allons constituer ? Alors pourquoi nous combattre avant ? Ce n'est pas grave ? Mais est-ce sérieux ?
Si Hamon est prêt à condamner l'OTAN et à la quitter comme le dit Varoufakis, s'il est prêt à assumer ne serait-ce qu'un plan B, la visite de Varoufakis en France va être très intéressante, il faut bien le dire. En lisant ces lignes Varoufakis saura que je ne suis plus disponible à sept heures du matin et que je ne supporte pas les convocations du type de celle qu'il m'a déjà adressée pour Lisbonne ni les défis qu'il a lancés à Pablo Iglesias par presse interposée. Un peu de respect est la cotisation de base pour pouvoir nous rencontrer.
Dans son dernier ouvrage, «La Guerre des métaux rares», Guillaume Pitron dénonce «la face cachée de la transition énergétique et numérique». Pour le journaliste, éoliennes, panneaux solaires et voitures électriques se contentent de déplacer la pollution à l'autre bout du monde.
Iridium, indium, platine, terres rares : ces métaux aux noms parfois méconnus sont essentiels pour les industries de pointe. Sans eux, pas de batteries électriques, d'éoliennes, de téléphones portables ou de fibre optique. Le journaliste Guillaume Pitron s'est intéressé aux conséquences environnementales et géopolitiques de l'extraction de ces métaux rares. A l'occasion de la sortie de son livre la Guerre des métaux rares, il revient sur six ans d'enquête à travers une douzaine de pays.
Les métaux rares, qu'est-ce que c'est ?
L'Union européenne fournit une liste de 27 matières premières rares (phosphore, cobalt, hélium, etc.), dont de nombreux métaux. Ce sont des minerais présents en quantité infime dans la croûte terrestre. Ils sont naturellement mélangés à d'autres métaux plus abondants (fer, aluminium, etc.). Pour en obtenir quelques kilos, il faut extraire des tonnes de terre. Les scientifiques parlent de rareté géologique mais aussi industrielle. Certains métaux abondants peuvent devenir rares si la demande explose.
A quoi servent-ils ?
Grâce à leurs propriétés chimiques uniques, ce sont les vitamines de la transition énergétique et numérique, le pétrole du XXIe siècle. Sans métaux rares, nos téléphones portables feraient la taille d'une brique, n'auraient ni écran tactile ni vibreur. Sans eux, impossible de propulser un TGV à 500 km/h. C'est hallucinant, ils nous ont envahis. Notre futur high-tech sera toujours plus tributaire de ces minerais dont la production ne cesse de croître.
Quel est le principal pays producteur de métaux rares ?
La Chine a le leadership sur la production d'une ribambelle d'entre eux. Elle contrôle notamment 95% de la production mondiale de terres rares. En 1992, Deng Xiaoping (numéro un de la Chine de 1978 à 1992) aurait dit de façon prémonitoire, «le Moyen-Orient a le pétrole, la Chine a les terres rares». Historiquement, les Etats-Unis étaient leader sur le marché. Mais avec la prise de conscience écologique des années 80, les Occidentaux ne veulent plus de mines chez eux. Extraire des métaux rares est trop sale et coûteux en énergie.
Les Chinois, dans une quête de croissance effrénée, récupèrent le job. Pendant des décennies, au prix d'un dumping social et environnemental sans précédent, l'Empire du milieu inonde l'Occident de métaux rares très peu chers. Cette situation arrange tout le monde, d'un côté les pays occidentaux développent leurs nouvelles technologies à faible coût, de l'autre les Chinois s'enrichissent.
Tout va bien dans le meilleur des mondes, jusqu'à ce que la Chine prenne conscience des leviers économiques et géopolitiques qu'elle peut actionner avec ces ressources. Au tournant des années 2000, sa croissance et ses besoins en métaux rares explosent. Pour satisfaire sa demande intérieure et développer ses propres technologies, Pékin décide de fermer le robinet. Après avoir gavé l'Occident de métaux rares, le pays restreint ses exportations. C'est la fameuse politique des quotas qui chauffe les oreilles de l'Organisation mondiale du commerce.
La Chine en a profité pour développer sa propre transition énergétique…
Exactement, au détriment de la nôtre. Le mot innovation est devenu un mantra en Chine. Les technologies vertes et le numérique sont les nouveaux moteurs de la croissance chinoise, indispensable à la survie du Parti communiste. Pour assurer son avance industrielle, Pékin n'a pas hésité à s'approprier les technologies occidentales. En échange d'un accès direct et illimité aux métaux rares, de nombreux industriels ont migré vers l'Empire du milieu. Les Chinois ont accédé à leurs laboratoires de recherche. Sous couvert de co-innovation, ils ont sinisé les brevets européens et américains. Grâce à ce chantage aux métaux, la Chine est devenue le leader mondial de la transition énergétique. Le pays est sorti de l'âge de pierre auquel les Occidentaux voulaient le cantonner.
Trouve-t-on des métaux rares dans d'autres pays ?
Il y en a partout, du lithium en Bolivie et en Argentine, du cuivre au Chili, du cobalt en république démocratique du Congo. L'Indonésie est également une grande puissance minière qui regorge d'étain. Tous ces pays veulent s'inspirer de l'exemple chinois et capter la valeur ajoutée des métaux rares. Plus aucun Etat ne veut reproduire le schéma néocolonialiste selon lequel les pays en développement produisent les minerais bruts, le vendent une poignée de dollars aux Occidentaux ; et ces derniers le valorisent avec quelques brevets pour le revendre dix fois plus cher.
Au-delà des ambitions, c'est très dur à mettre en place car ça veut dire ouvrir des routes, installer des lignes électriques, faire venir des savoir-faire. En 2015, l'Indonésie a tenté un embargo sur l'exportation de minerais brut. Derrière, elle n'avait pas un tissu industriel suffisamment développé pour transformer la ressource. Elle a dû faire marche arrière deux ans plus tard. Seule certitude, les Occidentaux doivent accepter de partager le gâteau technologique auquel toutes les nations aspirent.
Quelles sont les conséquences écologiques de cette course aux métaux rares ?
Qui dit mine, dit dégâts environnementaux. C'est le revers de la croissance verte à tous crins. En Mongolie intérieure, la principale région minière chinoise, c'est un enfer de Dante. Aucune réglementation n'est appliquée. Les usines rejettent leurs effluents toxiques directement dans les sols. La population paye un lourd tribut avec un taux de cancer très élevé. Le problème c'est que le recyclage coûte plus cher que l'extraction. Piégés par une logique du moindre coût, les industriels préfèrent renvoyer leurs déchets en Chine et s'approvisionner directement en nouveaux minerais.
La transition énergétique ne fait donc que déplacer la pollution ?
Cette transition est un leurre. Un fabuleux marketing nourrit l'illusion que les énergies renouvelables sont vertes. Nous oublions sciemment qu'elles sont tributaires de l'extraction de métaux sales. Nous avons juste délocalisé la pollution et faisons semblant de faire du propre. Prenez l'exemple des voitures électriques. Le terme «zéro émission» est délirant. Sur l'ensemble de son cycle de vie, un véhicule électrique génère presque autant de carbone qu'un diesel. Comment peut-on qualifier cette technologie de durable ?
La révolution numérique, essentielle au développement de nouvelles sources d'énergie, entretient aussi le mirage d'un monde moins physique. En réalité, derrière un courriel se cachent des milliers de kilomètres de câbles de cuivre. Nous oublions que la quantité de matière est finie. Les experts connaissent déjà le jour exact où on extraira le dernier minerai rentable. Les technologies pourront toujours évoluer et repousser la date butoir, mais à quel prix ? C'est une course de vitesse qui épuise la terre.
Au nom de la sobriété, du moindre impact de l'homme sur l'environnement, nous creusons toujours plus. Nous vivons en plein paradoxe. Les plus productivistes pensent déjà aux océans et aux astéroïdes où le potentiel minier serait gigantesque. Les grandes puissances sont en train de s'approprier des endroits que la communauté internationale s'était juré de laisser à l'abri des appétits industriels. En 2015, Barack Obama a ouvert la danse. Il a autorisé les citoyens américains à devenir propriétaires d'astéroïdes pour exploiter des gisements de métaux rares. C'est en rupture totale avec l'idée que l'espace est un bien commun de l'humanité.
Pour susciter une prise de conscience, vous plaidez pour la réouverture des mines françaises…
Je ne le propose pas de gaieté de cœur mais c'est indispensable. Si les Français ont sous leur fenêtre la tonne de minerais qui a servi à la construction de leur voiture électrique, ils seront obligés d'ouvrir les yeux. Je plaide pour ce choc visuel, psychologique et physique. Nous sortirons peut-être de cette transition au rabais et rationaliserons notre utilisation de métaux rares. Nous devons partager le fardeau écologique de la transition énergétique. En France, nous avons la chance d'avoir de bonnes réglementations environnementales, la transition serait un peu moins sale.
Je suis conscient que la réouverture des mines nécessite un immense courage politique et beaucoup de pédagogie. La transition énergétique a besoin de sauts de conscience et pas seulement de sauts technologiques. Nous nous sommes enfermés dans l'idée qu'avec quelques technologies de plus nous allons tout résoudre.