"Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, et la défaite du Rassemblement National au second tour du 7 juillet, tout semble se dérouler comme si les élections législatives anticipées n’avaient pas eu lieu. Pourtant, les Français et les Françaises se sont majoritairement exprimés pour une politique de rupture avec celle menée par le Président de la République ces 7 dernières années.
À la veille de la présentation d’un projet de loi de finances préparé en secret, qui va couper à nouveau dans les finances publiques, il est de la responsabilité de tous les citoyens et citoyennes et de tous les acteurs et les actrices de la société civile, de se mobiliser. Cet inouï déni de démocratie est, en l’état, un coup de force politique pour empêcher un programme progressiste de se mettre en œuvre.
Comment expliquer que la nomination d’un premier ministre, normalement conditionnée par la composition du Parlement, réponde désormais à une exigence politique d’un président de la République désavouée par le pays ? Comment défendre la participation des citoyens aux élections et lutter contre la désillusion quand, après une mobilisation électorale inédite dans un délai raccourci, la décision d’un seul homme de nommer Michel Barnier à Matignon, est désavouée par 74% des Français ?
Pire encore, Emmanuel Macron met notre démocratie en grave danger en s’alliant avec Marine Le Pen pour nommer un Premier ministre macrono-lepéniste. Nous, syndicalistes, acteurs et actrices de la société civile, personnalités, appelons à un sursaut populaire immédiat face aux risques que représente ce pacte Macron-Le Pen pour l’avenir de notre pays.
Alors que Michel Barnier fait planer la possibilité d’un ministère de l’Immigration et qu’il a d’ores et déjà brillé par le passé pour ses positions politiques réactionnaires, contre les droits des femmes et des personnes LGBT+, dangereuses, contre notre système de sécurité sociale ou encore xénophobes, contre un accueil digne des migrants et contre l’inscription d’étudiants extracommunautaires à l’université, il est de notre devoir de censurer, par la rue, son futur gouvernement.
L’urgence climatique, sociale, économique et politique dans laquelle se trouve notre pays l’impose. Nous pouvons encore empêcher le pire, et faire advenir nos revendications pour une justice sociale, fiscale et climatique, pour un vrai plan de lutte contre les discriminations et les violences faites aux femmes, pour un droit à l’avenir pour notre jeunesse. C’est pourquoi nous, responsables d’organisations syndicales et associatives, du mouvement social étudiant, lycéen, écologiste, féministe, appelons au sursaut.
Nous appelons donc les citoyens et citoyennes, après le succès des manifestations du 7 septembre ayant rassemblé 300 000 personnes en France, et en préparation d’une grande mobilisation sociale le 1er octobre, à descendre massivement dans la rue ce samedi 21 septembre.
Pour appliquer la « préférence nationale », clé de voûte de son programme depuis plusieurs décennies, le parti d’extrême droite veut imposer l’insertion d’un critère de nationalité à l’ouverture de chaque emploi privé.
"Réserver les emplois aux Français : la promesse figure en bonne place dans le programme du Front national, devenu le Rassemblement national (RN), depuis plus de quarante ans. « Un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés de trop ! La France et les Français d’abord ! », affichaient, dès 1978, les troupes de Jean-Marie Le Pen. Sa fille Marine a, depuis, pris les rênes et renommé le parti d’extrême droite, sans renoncer à l’application de la « préférence nationale » au monde du travail. « Le Français est chez lui, justifiait-elle, en 2021. Il faut permettre aux employeurs de donner en priorité accès à l’emploi à un Français. »
Si le RN propose cette mesure de longue date, jamais la discrimination à l’embauche n’avait été aussi explicitée par ses promoteurs que lors de la rentrée 2024. Le fascicule programmatique du RN destiné aux entreprises, présenté le 14 septembre, ne se contente pas de rappeler un principe : « Appliquer la priorité nationale, à compétences égales, pour l’ensemble des postes à pourvoir en France. » Le document en précise les modalités d’application, à destination des employeurs : « Il sera nécessaire d’inscrire la nationalité parmi les critères de choix d’un candidat, sachant que la règle de nationalité s’applique déjà dans une large part de la fonction publique d’Etat. » Le RN précise dans sa brochure que l’embauche d’étrangers ne serait « naturellement » pas interdite s’agissant d’« étrangers présentant des compétences rares et nécessaires à la prospérité de l’économie française ».
En 2017, Marine Le Pen comptait favoriser le recrutement des Français par la création d’une « taxe additionnelle sur tout nouveau contrat d’employé étranger ». Une idée reprise dans une proposition de loi déposée en janvier par le député de l’Oise Alexandre Sabatou, signée par la quasi-totalité des parlementaires RN, visant à majorer les cotisations patronales afférentes au contrat de travail d’un étranger, hors ressortissant de l’Union européenne (UE).
Logique inversée
Le parti d’extrême droite ne vise désormais plus la dissuasion, par l’augmentation du coût de travail d’un extracommunautaire, mais la contrainte, par l’insertion d’un critère de nationalité à l’ouverture de chaque emploi privé. « A compétences égales, l’employeur devra recruter le Français plutôt que l’étranger », résume Jean-Philippe Tanguy, auteur du programme économique. Le député de la Somme confirme le caractère obligatoire de la « priorité nationale ». Le Français s’estimant lésé lors du recrutement bénéficierait d’une forme de « droit opposable ». « L’administration ne fera pas d’enquête sur chaque embauche, précise le parlementaire. Mais une personne pourra saisir la justice pour discrimination si elle juge qu’un étranger a été injustement recruté à sa place. L’employeur devra prouver qu’aucun Français ne s’est proposé. » (…)
"En prenant ses quartiers à Matignon, le 5 septembre, Michel Barnier a fait passer quelques messages personnels. Et le lendemain de sa nomination, un autre Barnier s’est chargé de les répéter presque mot pour mot. Dans un entretien à Paris Match, le fils aîné, Nicolas Barnier, 39 ans, est venu dépoussiérer l’image un peu « coincée » du père, 73 ans, citant son film culte, Les bronzés font du ski, décrivant l’« attention particulière » qu’il porte à son entourage, ressuscitant la figure d’une grand-mère, Denise, « chrétienne de gauche » ennemie du « sectarisme ». Et a ajouté cette phrase : « Il a toujours tenu son rôle de père. » Davantage qu’on ne le pense ?
Ancien étudiant en droit à l’université Panthéon-Assas, aujourd’hui directeur de l’Agence de la ruralité d’Ile-de-France, Nicolas Barnier n’est pas totalement étranger au groupe de presse où il s’est exprimé. Avant de rejoindre les équipes de la présidente du conseil régional d’Ile-de-France, Valérie Pécresse, où il aide depuis 2022 des communes rurales de la région à monter des projets, il a travaillé pour le groupe de Vincent Bolloré, capitaine d’industrie alors proche de la droite conservatrice. De 2011 à 2017, avant le cuisant échec des Autolib’, le jeune Barnier était le « VRP » chargé de trouver de nouveaux clients pour la filiale de batteries électriques Blue Solutions. C’est alors qu’il a tenté de se lancer en politique, comme son père.
Certains le devinent rancunier
L’aventure politique du jeune homme commence en 2009 au parti Les Républicains (LR), lorsqu’il devient le collaborateur du sénateur LR du Haut-Rhin Hubert Haenel, puis chargé de mission de Jean Bizet, sénateur LR de la Manche. En 2017, après sa parenthèse dans le privé au sein du groupe Bolloré, Nicolas Barnier observe la vague macroniste qui s’annonce et jette son dévolu sur un « ami entrepreneur », Grégory Besson-Moreau, futur compagnon d’Aurore Bergé. A l’entendre, c’est lui qui le convainc de se faire élire député de l’Aube face au député LR sortant, le souverainiste Nicolas Dhuicq. « Une aventure incroyable », selon Nicolas Barnier, qui, au terme d’une campagne serrée, devient trois ans durant le collaborateur parlementaire de l’élu macroniste à l’Assemblée nationale." (…)
3 commentaires:
TRIBUNE
"Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, et la défaite du Rassemblement National au second tour du 7 juillet, tout semble se dérouler comme si les élections législatives anticipées n’avaient pas eu lieu. Pourtant, les Français et les Françaises se sont majoritairement exprimés pour une politique de rupture avec celle menée par le Président de la République ces 7 dernières années.
À la veille de la présentation d’un projet de loi de finances préparé en secret, qui va couper à nouveau dans les finances publiques, il est de la responsabilité de tous les citoyens et citoyennes et de tous les acteurs et les actrices de la société civile, de se mobiliser. Cet inouï déni de démocratie est, en l’état, un coup de force politique pour empêcher un programme progressiste de se mettre en œuvre.
Comment expliquer que la nomination d’un premier ministre, normalement conditionnée par la composition du Parlement, réponde désormais à une exigence politique d’un président de la République désavouée par le pays ? Comment défendre la participation des citoyens aux élections et lutter contre la désillusion quand, après une mobilisation électorale inédite dans un délai raccourci, la décision d’un seul homme de nommer Michel Barnier à Matignon, est désavouée par 74% des Français ?
Pire encore, Emmanuel Macron met notre démocratie en grave danger en s’alliant avec Marine Le Pen pour nommer un Premier ministre macrono-lepéniste. Nous, syndicalistes, acteurs et actrices de la société civile, personnalités, appelons à un sursaut populaire immédiat face aux risques que représente ce pacte Macron-Le Pen pour l’avenir de notre pays.
Alors que Michel Barnier fait planer la possibilité d’un ministère de l’Immigration et qu’il a d’ores et déjà brillé par le passé pour ses positions politiques réactionnaires, contre les droits des femmes et des personnes LGBT+, dangereuses, contre notre système de sécurité sociale ou encore xénophobes, contre un accueil digne des migrants et contre l’inscription d’étudiants extracommunautaires à l’université, il est de notre devoir de censurer, par la rue, son futur gouvernement.
L’urgence climatique, sociale, économique et politique dans laquelle se trouve notre pays l’impose. Nous pouvons encore empêcher le pire, et faire advenir nos revendications pour une justice sociale, fiscale et climatique, pour un vrai plan de lutte contre les discriminations et les violences faites aux femmes, pour un droit à l’avenir pour notre jeunesse. C’est pourquoi nous, responsables d’organisations syndicales et associatives, du mouvement social étudiant, lycéen, écologiste, féministe, appelons au sursaut.
Nous appelons donc les citoyens et citoyennes, après le succès des manifestations du 7 septembre ayant rassemblé 300 000 personnes en France, et en préparation d’une grande mobilisation sociale le 1er octobre, à descendre massivement dans la rue ce samedi 21 septembre.
Les premiers signataires : (…)
https://www.humanite.fr/en-debat/crise-politique/democratie-en-danger-manifestons-ce-samedi-21-septembre
Pour appliquer la « préférence nationale », clé de voûte de son programme depuis plusieurs décennies, le parti d’extrême droite veut imposer l’insertion d’un critère de nationalité à l’ouverture de chaque emploi privé.
"Réserver les emplois aux Français : la promesse figure en bonne place dans le programme du Front national, devenu le Rassemblement national (RN), depuis plus de quarante ans. « Un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés de trop ! La France et les Français d’abord ! », affichaient, dès 1978, les troupes de Jean-Marie Le Pen. Sa fille Marine a, depuis, pris les rênes et renommé le parti d’extrême droite, sans renoncer à l’application de la « préférence nationale » au monde du travail. « Le Français est chez lui, justifiait-elle, en 2021. Il faut permettre aux employeurs de donner en priorité accès à l’emploi à un Français. »
Si le RN propose cette mesure de longue date, jamais la discrimination à l’embauche n’avait été aussi explicitée par ses promoteurs que lors de la rentrée 2024. Le fascicule programmatique du RN destiné aux entreprises, présenté le 14 septembre, ne se contente pas de rappeler un principe : « Appliquer la priorité nationale, à compétences égales, pour l’ensemble des postes à pourvoir en France. » Le document en précise les modalités d’application, à destination des employeurs : « Il sera nécessaire d’inscrire la nationalité parmi les critères de choix d’un candidat, sachant que la règle de nationalité s’applique déjà dans une large part de la fonction publique d’Etat. » Le RN précise dans sa brochure que l’embauche d’étrangers ne serait « naturellement » pas interdite s’agissant d’« étrangers présentant des compétences rares et nécessaires à la prospérité de l’économie française ».
En 2017, Marine Le Pen comptait favoriser le recrutement des Français par la création d’une « taxe additionnelle sur tout nouveau contrat d’employé étranger ». Une idée reprise dans une proposition de loi déposée en janvier par le député de l’Oise Alexandre Sabatou, signée par la quasi-totalité des parlementaires RN, visant à majorer les cotisations patronales afférentes au contrat de travail d’un étranger, hors ressortissant de l’Union européenne (UE).
Logique inversée
Le parti d’extrême droite ne vise désormais plus la dissuasion, par l’augmentation du coût de travail d’un extracommunautaire, mais la contrainte, par l’insertion d’un critère de nationalité à l’ouverture de chaque emploi privé. « A compétences égales, l’employeur devra recruter le Français plutôt que l’étranger », résume Jean-Philippe Tanguy, auteur du programme économique. Le député de la Somme confirme le caractère obligatoire de la « priorité nationale ». Le Français s’estimant lésé lors du recrutement bénéficierait d’une forme de « droit opposable ». « L’administration ne fera pas d’enquête sur chaque embauche, précise le parlementaire. Mais une personne pourra saisir la justice pour discrimination si elle juge qu’un étranger a été injustement recruté à sa place. L’employeur devra prouver qu’aucun Français ne s’est proposé. »
(…)
https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/09/21/le-rassemblement-national-veut-interdire-l-embauche-d-un-etranger-en-cas-de-candidature-d-un-francais_6326326_823448.html
NICOLAS VIENT DÉPOUSSIÉRER MICHEL...
"En prenant ses quartiers à Matignon, le 5 septembre, Michel Barnier a fait passer quelques messages personnels. Et le lendemain de sa nomination, un autre Barnier s’est chargé de les répéter presque mot pour mot. Dans un entretien à Paris Match, le fils aîné, Nicolas Barnier, 39 ans, est venu dépoussiérer l’image un peu « coincée » du père, 73 ans, citant son film culte, Les bronzés font du ski, décrivant l’« attention particulière » qu’il porte à son entourage, ressuscitant la figure d’une grand-mère, Denise, « chrétienne de gauche » ennemie du « sectarisme ». Et a ajouté cette phrase : « Il a toujours tenu son rôle de père. » Davantage qu’on ne le pense ?
Ancien étudiant en droit à l’université Panthéon-Assas, aujourd’hui directeur de l’Agence de la ruralité d’Ile-de-France, Nicolas Barnier n’est pas totalement étranger au groupe de presse où il s’est exprimé. Avant de rejoindre les équipes de la présidente du conseil régional d’Ile-de-France, Valérie Pécresse, où il aide depuis 2022 des communes rurales de la région à monter des projets, il a travaillé pour le groupe de Vincent Bolloré, capitaine d’industrie alors proche de la droite conservatrice. De 2011 à 2017, avant le cuisant échec des Autolib’, le jeune Barnier était le « VRP » chargé de trouver de nouveaux clients pour la filiale de batteries électriques Blue Solutions. C’est alors qu’il a tenté de se lancer en politique, comme son père.
Certains le devinent rancunier
L’aventure politique du jeune homme commence en 2009 au parti Les Républicains (LR), lorsqu’il devient le collaborateur du sénateur LR du Haut-Rhin Hubert Haenel, puis chargé de mission de Jean Bizet, sénateur LR de la Manche. En 2017, après sa parenthèse dans le privé au sein du groupe Bolloré, Nicolas Barnier observe la vague macroniste qui s’annonce et jette son dévolu sur un « ami entrepreneur », Grégory Besson-Moreau, futur compagnon d’Aurore Bergé. A l’entendre, c’est lui qui le convainc de se faire élire député de l’Aube face au député LR sortant, le souverainiste Nicolas Dhuicq. « Une aventure incroyable », selon Nicolas Barnier, qui, au terme d’une campagne serrée, devient trois ans durant le collaborateur parlementaire de l’élu macroniste à l’Assemblée nationale."
(…)
https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/09/21/michel-et-nicolas-barnier-une-valse-familiale-entre-lr-et-la-macronie_6326067_823448.html
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