"Emmanuel Macron en avait fait l’annonce surprise, lors de l’inauguration chahutée du Salon de l’agriculture, à Paris, samedi 24 février, en pleine colère agricole. Il s’était engagé à la création de « prix planchers » pour mieux rémunérer les agriculteurs. Finalement, un texte, en faveur de ces fameux prix planchers, visant à garantir « un revenu digne aux agriculteurs », porté par les écologistes dans leur « niche » parlementaire, a été voté, en première lecture, jeudi 4 avril, à l’Assemblée nationale.
Il a été adopté, à 23 heures, après cinq heures de débats, par 89 voix contre 66. La gauche a voté pour, le Rassemblement national s’est abstenu, les députés des Républicains étaient absents pour le vote. Quant à la majorité gouvernementale, elle a voté contre. Présente en séance, la ministre déléguée auprès du ministre de l’agriculture, Agnès Pannier-Runacher, a rejeté le dispositif jugé « inopérant », même si le gouvernement « partage pleinement [sa] préoccupation » quant au revenu des agriculteurs, a-t-elle affirmé." (…)
"Voilà le mot désormais lâché. Certes, au détour d’une phrase pleine de chiffres abscons et sans s’attarder bien longtemps sur son sens, le Premier ministre en personne, devant les députés, assumait le 26 mars de « poursuivre sur [la] voie de la rigueur ». La gauche de Hollande comme celle, en son temps, de Mitterrand tournait autour de ce terme abrasif à grands coups d’édulcorants et d’euphémismes. Même la droite, sous le mandat Sarkozy, entourait le concept de précautions verbales. Christine Lagarde, alors ministre de l’Économie, inventait en 2010 un ridicule néologisme pour faire passer la pilule : la « rilance », cocktail imbuvable composé de rigueur et de relance. La dette publique culminait alors à 1 500 milliards d’euros, elle atteint aujourd’hui… le double." (…)
"Pompier ou pyromane ? Gabriel Attal a passé la semaine la main sur l’extincteur, luttant pour éteindre un incendie qu’il a lui-même attisé en annonçant il y a dix jours un durcissement des règles d’indemnisation du chômage. «Ce n’est pas une réforme d’économies, c’est une réforme d’activité et de prospérité», a encore tenté de justifier le Premier ministre dans un entretien accordé au débotté au Monde et publié vendredi 5 avril 2024 à l’aube. En Conseil des ministres mercredi, Emmanuel Macron avait appelé à «poursuivre les réformes, pas seulement pour des raisons budgétaires», alors que la gauche accuse le gouvernement de vouloir déshabiller les chômeurs pour colmater les comptes publics. «L’assurance chômage est un possible bâton merdeux avant les européennes, ça va exciter la gauche alors qu’il y a un risque de croisement des courbes avec Raphaël Glucksmann», râle un député Renaissance." (…)
«60 milliards, c'est ce que le gouvernement pourrait récupérer dès cet été, avec un projet de loi de finances rectificative», en taxant «la manne financière» issue notamment de l'envolée des profits des grandes entreprises, a affirmé l'une des porte-parole, Youlie Yamamoto. Au contraire, a-t-elle remarqué, le gouvernement préfère «sabrer dans les budgets socioécologiques», et «faire les poches des précaires», pour résorber un déficit public qui a dérapé de 4,9% du PIB prévus en 2023 à 5,5%.
Le gouvernement a annoncé au moins 30 milliards d'euros d'économies sur 2024-2025, mais pas d'augmentation d'impôts. Il a cependant lancé une réflexion, encore floue, sur une taxation des «rentes». «Pourtant, même au sein de la majorité, il y a des discussions» sur la taxation des superprofits, et «même Joe Biden», le président des États-Unis, les a déjà dénoncés, a souligné Youlie Yamamoto, estimant que «la société est mûre» pour ce changement.
Un sondage Elabe pour Les Échos a récemment montré que 84% des Français souhaitent une taxation des superprofits pour réduire le déficit, et 76% l'augmentation des impôts des plus riches. Attac a donc également lancé lundi une pétition, «60 milliards en taxant les plus riches, maintenant c'est possible !». Selon l'association, «10 à 20 milliards» d'euros pourraient être récupérés sur les superprofits, 18 milliards sur une taxation unitaire de l'évasion fiscale, 10 milliards sur un «véritable impôt sur la fortune», «5 à 10 milliards» sur la transmission des gros patrimoines, «15 à 20 milliards» sur les niches fiscales et sociales, et 2 milliards sur les revenus financiers."
"Il est un peu plus de 17 h 30, ce lundi 8 avril, quand Bruno Le Maire franchit les portes de l’Elysée. Le ministre de l’économie vient de bouleverser son agenda pour un tête-à-tête de dernière minute avec Emmanuel Macron. La tension entre les deux hommes est à son acmé alors que Bercy doit transmettre cette semaine, « pour avis », le programme de stabilité de la France au Haut Conseil des finances publiques. Voilà des jours que le président de la République bout intérieurement contre les saillies du locataire de Bercy qui, à ses yeux, affole les Français sur l’état calamiteux des finances publiques." (…)
"Ciblé de toutes parts, le parti présidentiel se doit d’avoir la carapace solide. Or l’inverse est en train de se produire, parce que la dérive mal anticipée des comptes publics et la nécessité de réagir vite pour combler les déficits ont fait dérailler le train. La campagne avait été conçue pour être européenne avant tout, axée sur les grandes menaces qui pèsent sur l’Union européenne et les moyens d’y répondre. Elle aurait dû être dominée par la figure tutélaire du président de la République. Elle prend une tournure franco-française, met en évidence les failles du bilan, fragilise le locataire de l’Elysée et lance la bataille de la succession." (…)
7 commentaires:
DES MIRACLES SANS LE RN...
"Emmanuel Macron en avait fait l’annonce surprise, lors de l’inauguration chahutée du Salon de l’agriculture, à Paris, samedi 24 février, en pleine colère agricole. Il s’était engagé à la création de « prix planchers » pour mieux rémunérer les agriculteurs. Finalement, un texte, en faveur de ces fameux prix planchers, visant à garantir « un revenu digne aux agriculteurs », porté par les écologistes dans leur « niche » parlementaire, a été voté, en première lecture, jeudi 4 avril, à l’Assemblée nationale.
Il a été adopté, à 23 heures, après cinq heures de débats, par 89 voix contre 66. La gauche a voté pour, le Rassemblement national s’est abstenu, les députés des Républicains étaient absents pour le vote. Quant à la majorité gouvernementale, elle a voté contre. Présente en séance, la ministre déléguée auprès du ministre de l’agriculture, Agnès Pannier-Runacher, a rejeté le dispositif jugé « inopérant », même si le gouvernement « partage pleinement [sa] préoccupation » quant au revenu des agriculteurs, a-t-elle affirmé."
(…)
https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/04/05/contre-l-avis-du-gouvernement-les-deputes-votent-pour-des-prix-planchers-visant-a-garantir-un-revenu-digne-aux-agriculteurs_6226099_3234.html
ATTAL REMET LA "RILANCE" EN AVANT !...
"Voilà le mot désormais lâché. Certes, au détour d’une phrase pleine de chiffres abscons et sans s’attarder bien longtemps sur son sens, le Premier ministre en personne, devant les députés, assumait le 26 mars de « poursuivre sur [la] voie de la rigueur ». La gauche de Hollande comme celle, en son temps, de Mitterrand tournait autour de ce terme abrasif à grands coups d’édulcorants et d’euphémismes. Même la droite, sous le mandat Sarkozy, entourait le concept de précautions verbales. Christine Lagarde, alors ministre de l’Économie, inventait en 2010 un ridicule néologisme pour faire passer la pilule : la « rilance », cocktail imbuvable composé de rigueur et de relance. La dette publique culminait alors à 1 500 milliards d’euros, elle atteint aujourd’hui… le double."
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https://www.marianne.net/economie/economie-francaise/macron-le-mozart-de-la-finance-pourquoi-lausterite-ne-permettra-pas-den-finir-avec-la-dette
https://www.lefigaro.fr/vox/histoire/comment-l-explosion-de-la-dette-publique-a-provoque-la-revolution-francaise-20240406
"Pompier ou pyromane ? Gabriel Attal a passé la semaine la main sur l’extincteur, luttant pour éteindre un incendie qu’il a lui-même attisé en annonçant il y a dix jours un durcissement des règles d’indemnisation du chômage. «Ce n’est pas une réforme d’économies, c’est une réforme d’activité et de prospérité», a encore tenté de justifier le Premier ministre dans un entretien accordé au débotté au Monde et publié vendredi 5 avril 2024 à l’aube. En Conseil des ministres mercredi, Emmanuel Macron avait appelé à «poursuivre les réformes, pas seulement pour des raisons budgétaires», alors que la gauche accuse le gouvernement de vouloir déshabiller les chômeurs pour colmater les comptes publics. «L’assurance chômage est un possible bâton merdeux avant les européennes, ça va exciter la gauche alors qu’il y a un risque de croisement des courbes avec Raphaël Glucksmann», râle un député Renaissance."
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https://www.liberation.fr/politique/budget-et-assurance-chomage-attal-confus-le-maire-obtus-20240405_773UR2DFUJAVTP73BHHKBD2T4E/
Taxer les «superprofits» des entreprises
«60 milliards, c'est ce que le gouvernement pourrait récupérer dès cet été, avec un projet de loi de finances rectificative», en taxant «la manne financière» issue notamment de l'envolée des profits des grandes entreprises, a affirmé l'une des porte-parole, Youlie Yamamoto. Au contraire, a-t-elle remarqué, le gouvernement préfère «sabrer dans les budgets socioécologiques», et «faire les poches des précaires», pour résorber un déficit public qui a dérapé de 4,9% du PIB prévus en 2023 à 5,5%.
Le gouvernement a annoncé au moins 30 milliards d'euros d'économies sur 2024-2025, mais pas d'augmentation d'impôts. Il a cependant lancé une réflexion, encore floue, sur une taxation des «rentes». «Pourtant, même au sein de la majorité, il y a des discussions» sur la taxation des superprofits, et «même Joe Biden», le président des États-Unis, les a déjà dénoncés, a souligné Youlie Yamamoto, estimant que «la société est mûre» pour ce changement.
Un sondage Elabe pour Les Échos a récemment montré que 84% des Français souhaitent une taxation des superprofits pour réduire le déficit, et 76% l'augmentation des impôts des plus riches. Attac a donc également lancé lundi une pétition, «60 milliards en taxant les plus riches, maintenant c'est possible !». Selon l'association, «10 à 20 milliards» d'euros pourraient être récupérés sur les superprofits, 18 milliards sur une taxation unitaire de l'évasion fiscale, 10 milliards sur un «véritable impôt sur la fortune», «5 à 10 milliards» sur la transmission des gros patrimoines, «15 à 20 milliards» sur les niches fiscales et sociales, et 2 milliards sur les revenus financiers."
https://www.lefigaro.fr/flash-eco/deficit-attac-apporte-un-cheque-de-60-milliards-d-euros-a-bruno-le-maire-20240408
ACMÉ VERSUS ACNÉ !
"Il est un peu plus de 17 h 30, ce lundi 8 avril, quand Bruno Le Maire franchit les portes de l’Elysée. Le ministre de l’économie vient de bouleverser son agenda pour un tête-à-tête de dernière minute avec Emmanuel Macron. La tension entre les deux hommes est à son acmé alors que Bercy doit transmettre cette semaine, « pour avis », le programme de stabilité de la France au Haut Conseil des finances publiques. Voilà des jours que le président de la République bout intérieurement contre les saillies du locataire de Bercy qui, à ses yeux, affole les Français sur l’état calamiteux des finances publiques."
(…)
https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/04/09/entre-emmanuel-macron-et-bruno-le-maire-une-vive-tension-sur-le-deficit-public_6226798_823448.html
ACMÉ, nom féminin ou masculin
1. MÉDECINE : "Phase d'une maladie où les symptômes sont au plus haut degré d'intensité."
2. DIDACTIQUE : "Apogée, point culminant."
[TAPEZ 1 OU 2 ET ENVOYEZ AU 3615 ELYSÉE !]
LE DAUPHIN ATTAL & LES GRIFFES DE LE MAIRE
"Ciblé de toutes parts, le parti présidentiel se doit d’avoir la carapace solide. Or l’inverse est en train de se produire, parce que la dérive mal anticipée des comptes publics et la nécessité de réagir vite pour combler les déficits ont fait dérailler le train. La campagne avait été conçue pour être européenne avant tout, axée sur les grandes menaces qui pèsent sur l’Union européenne et les moyens d’y répondre. Elle aurait dû être dominée par la figure tutélaire du président de la République. Elle prend une tournure franco-française, met en évidence les failles du bilan, fragilise le locataire de l’Elysée et lance la bataille de la succession."
(…)
https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/09/gabriel-attal-est-pris-en-tenaille-entre-les-pressions-de-l-aile-gauche-et-l-inflexibilite-de-son-ministre-de-l-economie_6226769_3232.html
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