lundi 14 février 2022

En réalité, les routiers condensent les maux de l’époque : inconscience et inconséquence. Ils sont victimes de la schizophrénie générale.

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« Ils sont les fantassins du flux tendu, les soutiers de la mondialisation, la variable d'ajustement du capitalisme. »

"En réalité, les routiers condensent les maux de l'époque : inconscience et inconséquence. Ils sont victimes de la schizophrénie générale. En chacun de nous, le citoyen refuse ce que le
consommateur exige. Traduction : je veux tout, tout de suite (en moins de vingt-quatre heures) mais je condamne la pollution du camion qui me livre ce que j'ai commandé et que je veux recevoir sans attendre. Les routiers roulent pour nous. « Je suis loin des miens pour que vous ne manquiez de rien », me disait l'un d'eux, absent de chez lui toute la semaine, d'une formule éclairante, tristement juste, pour décrire la réalité de sa condition.

Pendant le premier confinement, au printemps 2020, ils ont été traités comme des pestiférés, rejetés de partout alors qu'ils « ravitaillaient » un pays « en guerre ». La pseudo-reconnaissance de leur importance n'a été que tardive et superficielle. Eux-mêmes n'étaient pas dupes et s'attendaient à la suite. Rien n'a changé. La situation sur les routes et le regard porté sur eux est pire qu'avant. Ils le ressentent comme une injustice.

Il y a aura de plus en plus de poids lourds. À cause de nous, tous. Le recours massif et exponentiel à l'e-commerce ne va faire qu'augmenter et amplifier les rotations de camions sur nos routes et autoroutes, juste freinées par la pénurie de chauffeurs. Qu'on ne se berce ni d'illusions, ni de mantras sur le « monde d'après ». Ni le fret ferroviaire en perdition, ni les investissements récents en faveur du transport fluvial, encore très marginal, ne soulageront cette pression incessante qui jette les camions sur les routes pour alimenter les exigences de la production comme pour satisfaire, au plus vite, nos impatiences de consommateurs capricieux."

https://www.marianne.net/societe/sante/pourquoi-les-routiers-francais-nont-pas-rejoint-le-convoi-de-la-liberte

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