“L’ouverture d’une information (judiciaire) sera requise à son encontre du chef de violences volontaires ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours, faits ayant été commis avec préméditation, en état de récidive légale”, a déclaré dans un communiqué le procureur de Bobigny Éric Mathais.
Le parquet sollicitera également le placement sous contrôle judiciaire du mis en cause, avec interdiction d’entrer en contact avec Éric Zemmour ou de porter une arme, a-t-il ajouté.
Sur la soixantaine de gardes à vue initiales “suite à des interpellations en marge et avant le meeting”, les six qui avaient été prolongées ont été levées ce mardi et “la procédure transmise au parquet pour appréciation des suites à donner”, a précisé Éric Mathais.
Dans une procédure parallèle liée à ce rassemblement politique, le parquet de Bobigny dirige aussi une enquête sur les violences commises à l’encontre de militants de SOS Racisme venus protester dans la salle contre le candidat.
Les deux enquêtes sur les violences à l’intérieur du meeting d’Éric Zemmour à Villepinte sont confiées à la sûreté départementale."
La campagne d’Éric Zemmour semble pouvoir être décrite comme une bulle médiatique. Une proposition politico-médiatique qui ne correspondrait à aucune demande sociale. Mais on peut aussi penser qu'au-delà de la personne Zemmour, il y a peut-être bien un mouvement de fond.
D'une part, on voit dans les enquêtes électorales que son électorat provisoire est l'un des plus déterminés. 2/3 des personnes ayant l'intention de voter Zemmour disent être sûres de leur choix. Et son électorat a la particularité de s'intéresser beaucoup à la politique, donc il ne choisit pas par hasard. Il y a bien un socle zemmourien. Il est à droite, masculin, plus diplômé et plus aisé que l'électorat du RN.
D'autre part, si on fait des comparaisons internationales, on s'aperçoit que les équivalents étrangers de Zemmour ont le vent en poupe. Dans le reste du monde et en Europe, on a vu des leaders nationalistes ou populistes bousculer la droite installée puis prendre le pouvoir : Trump aux Etats-unis, Bolsonaro au Brésil, Orbán en Hongrie, Boris Johnson au Royaume-Uni.
Zemmour s'appuie sur un double constat : la naissance d’un nouveau clivage politique mondial depuis la crise de 2008 et l’état présent du paysage politique français.
1- Zemmour pense que l’avenir est au clivage entre les pro-mondialisation et les nationalistes. Il y a bien selon lui en France le pôle de la mondialisation néolibérale (Emmanuel Macron). Mais pour lui, en face, il manque quelque chose.
Il y a bien le Rassemblement national, mais selon Zemmour, ce parti et sa candidate ne sont pas en mesure d'incarner efficacement le pôle identitaire-nationaliste : Marine le Pen est trop ambigüe sur le libéralisme. En effet toutes les forces nationalistes qui ont percé dans différents pays dans la dernière décennie combinent un conservatisme fort avec un libéralisme économique assumé. Zemmour, lui, n'a pas peur d'afficher son libéralisme pour rallier les classes supérieures : baisse des impôts sur les sociétés, baisse des cotisations sociales, attaques contre le droit du travail, recul de l’âge de la retraite, réduction de la dette publique.
2- Zemmour en déduit qu’il y a de la place pour sa candidature : il pense pouvoir unifier une demande qui sans lui se résignerait à voter autrement.
Si on en croit les sondages, Zemmour ne parvient pas à s’installer sérieusement chez les classes populaires. Mais par son libéralisme il capte les couches supérieures du lepénisme et cherche à les arrimer à la droite classique. Zemmour comprend qu'il peut être le point de convergence de l'extrême droite et d'une droite extrêmisée. Ce serait une sorte d'union des droites dans un grand pôle conservateur identitaire.
Son but est donc de repérer et de saisir ce qui lui permettrait d'installer en France, face au pôle macronien, un pôle nationaliste et libéral. Cette opposition est décrite dans l'espace public de différentes manières : progressistes contre populistes, mondialistes contre patriotes, néolibéraux contre souverainistes, ouverture contre fermeture, cosmopolitisme contre nationalisme.
Les commentateurs et analystes politiques colportent l’idée d’une opposition en tous points entre les tenants de la mondialisation néolibérale et les nouveaux populistes arrivés au pouvoir après la crise de 2008. Il est courant de rappeler que ces leaders populistes se sont appuyés sur les laissés-pour-compte de la mondialisation et du néolibéralisme : c’est le fameux ouvrier blanc électeur de Trump, c’est l’habitant de la “France périphérique” électeur du RN.
Zemmour, comme Trump, comme Johnson, mais aussi comme Le Pen, leur dit : “la source de vos maux c'est la mondialisation. Or la mondialisation est la perte de la souveraineté de l’Etat-nation. La solution est donc de redonner le pouvoir à l’Etat pour sortir du néolibéralisme et de la mondialisation.”
"On sort d’une pandémie où le pays a été porté à plus de 75 % par des femmes, les gens ont tous souffert psychologiquement, financièrement, moralement, et voilà que ce dimanche 5 décembre, un caudillo de plateau télé vient à Villepinte pour rajouter une louche de haine et de peur acide sur des plaies encore vives." .../...
"Le polémiste d’extrême droite étant désormais officiellement candidat, «Libé» expertisera bel et bien sa parole. Mais sans jamais oublier que la manipulation des chiffres ou l’instrumentalisation des faits ne sont d’importance que secondaire dans son cas. C’est sa pensée tout entière qui est nauséabonde." (...)
"Le ressort qui conduit chez l’extrémiste porte un nom : la peur. Peur de l’autre. Peur d’un monde qui change plus vite que jamais. Peur de l’avenir. Ce sentiment obsessionnel et irrépressible suintait, dimanche, dans toutes les phrases de l’ex-petit journaliste du Figaro. Lui a trouvé l’unique cause de toutes nos peurs. Appelons-la « les Arabes ». Les mots codés sont répétés à satiété pour ne pas prononcer celui-là : «immigration», «musulman», «islamisme», «terrorisme», «délinquance»… comme symboles et boucs émissaires d’un «autre» venu d’ailleurs et fantasmé, et auquel il faut déclarer une guerre intérieure. Zemmour n’est certainement pas l’héritier de la tradition juive, mais il est clairement l’héritier du passé colonial. Revanchard de la guerre d’Algérie, avatar retardataire de l’OAS. Il regrette un monde où chacun, à l’abri de ses frontières et de ses armes, contemplait l’image qu’il se fait d’une pureté originelle. « L’origine, ça n’existe pas », disait pourtant le grand historien Marc Bloch. Il y a toujours un avant, fait de rencontres et de mélanges. Ce que fait Zemmour, c’est convertir ce sentiment de peur en haine. Et pour cela, il crée un récit. Réinventer le monde d’avant serait possible. Il recrute parmi ceux qui ne veulent pas prendre acte de la réalité. Les guerres, les inégalités Nord-Sud – si honteusement perceptibles à propos du vaccin –, les virus et le réchauffement climatique sont balayés. Tout ce qui peut fonder nos vraies peurs, et devrait conduire chez Mélenchon, Jadot ou Fabien Roussel, est jugé trop complexe, pas assez incarné. Mais le pire serait de nier que les changements sont réels. Le métissage des cultures n’est pas une idéologie, c’est un fait irréversible. Mélenchon parle de « créolisation ». Concept qu’il emprunte à Édouard Glissant. Le poète martiniquais la définissait comme « un métissage qui produit de l’imprévisible ». Ce qui peut inquiéter, mais peut aussi exalter un sentiment de liberté et permettre de refonder une société démocratique et humaine qui organise le mélange sans demander aux nouveaux venus qu’ils abjurent leur culture." .../...
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Placement sous contrôle judiciaire
“L’ouverture d’une information (judiciaire) sera requise à son encontre du chef de violences volontaires ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours, faits ayant été commis avec préméditation, en état de récidive légale”, a déclaré dans un communiqué le procureur de Bobigny Éric Mathais.
Le parquet sollicitera également le placement sous contrôle judiciaire du mis en cause, avec interdiction d’entrer en contact avec Éric Zemmour ou de porter une arme, a-t-il ajouté.
Sur la soixantaine de gardes à vue initiales “suite à des interpellations en marge et avant le meeting”, les six qui avaient été prolongées ont été levées ce mardi et “la procédure transmise au parquet pour appréciation des suites à donner”, a précisé Éric Mathais.
Dans une procédure parallèle liée à ce rassemblement politique, le parquet de Bobigny dirige aussi une enquête sur les violences commises à l’encontre de militants de SOS Racisme venus protester dans la salle contre le candidat.
Les deux enquêtes sur les violences à l’intérieur du meeting d’Éric Zemmour à Villepinte sont confiées à la sûreté départementale."
https://www.huffingtonpost.fr/entry/homme-qui-a-empoigne-eric-zemmour-au-meeting-de-villepinte-est-encarte-chez-lr_fr_61afc9c0e4b02df7c6adcc23
ZEMMOUR : NATIONALISTE ET NÉOLIBÉRAL
Le Média
https://youtu.be/EPp0Mw49jxY
La campagne d’Éric Zemmour semble pouvoir être décrite comme une bulle médiatique. Une proposition politico-médiatique qui ne correspondrait à aucune demande sociale. Mais on peut aussi penser qu'au-delà de la personne Zemmour, il y a peut-être bien un mouvement de fond.
D'une part, on voit dans les enquêtes électorales que son électorat provisoire est l'un des plus déterminés. 2/3 des personnes ayant l'intention de voter Zemmour disent être sûres de leur choix. Et son électorat a la particularité de s'intéresser beaucoup à la politique, donc il ne choisit pas par hasard. Il y a bien un socle zemmourien. Il est à droite, masculin, plus diplômé et plus aisé que l'électorat du RN.
D'autre part, si on fait des comparaisons internationales, on s'aperçoit que les équivalents étrangers de Zemmour ont le vent en poupe. Dans le reste du monde et en Europe, on a vu des leaders nationalistes ou populistes bousculer la droite installée puis prendre le pouvoir : Trump aux Etats-unis, Bolsonaro au Brésil, Orbán en Hongrie, Boris Johnson au Royaume-Uni.
Zemmour s'appuie sur un double constat : la naissance d’un nouveau clivage politique mondial depuis la crise de 2008 et l’état présent du paysage politique français.
1- Zemmour pense que l’avenir est au clivage entre les pro-mondialisation et les nationalistes. Il y a bien selon lui en France le pôle de la mondialisation néolibérale (Emmanuel Macron). Mais pour lui, en face, il manque quelque chose.
Il y a bien le Rassemblement national, mais selon Zemmour, ce parti et sa candidate ne sont pas en mesure d'incarner efficacement le pôle identitaire-nationaliste : Marine le Pen est trop ambigüe sur le libéralisme. En effet toutes les forces nationalistes qui ont percé dans différents pays dans la dernière décennie combinent un conservatisme fort avec un libéralisme économique assumé. Zemmour, lui, n'a pas peur d'afficher son libéralisme pour rallier les classes supérieures : baisse des impôts sur les sociétés, baisse des cotisations sociales, attaques contre le droit du travail, recul de l’âge de la retraite, réduction de la dette publique.
2- Zemmour en déduit qu’il y a de la place pour sa candidature : il pense pouvoir unifier une demande qui sans lui se résignerait à voter autrement.
Si on en croit les sondages, Zemmour ne parvient pas à s’installer sérieusement chez les classes populaires. Mais par son libéralisme il capte les couches supérieures du lepénisme et cherche à les arrimer à la droite classique. Zemmour comprend qu'il peut être le point de convergence de l'extrême droite et d'une droite extrêmisée. Ce serait une sorte d'union des droites dans un grand pôle conservateur identitaire.
Son but est donc de repérer et de saisir ce qui lui permettrait d'installer en France, face au pôle macronien, un pôle nationaliste et libéral. Cette opposition est décrite dans l'espace public de différentes manières : progressistes contre populistes, mondialistes contre patriotes, néolibéraux contre souverainistes, ouverture contre fermeture, cosmopolitisme contre nationalisme.
Les commentateurs et analystes politiques colportent l’idée d’une opposition en tous points entre les tenants de la mondialisation néolibérale et les nouveaux populistes arrivés au pouvoir après la crise de 2008. Il est courant de rappeler que ces leaders populistes se sont appuyés sur les laissés-pour-compte de la mondialisation et du néolibéralisme : c’est le fameux ouvrier blanc électeur de Trump, c’est l’habitant de la “France périphérique” électeur du RN.
Zemmour, comme Trump, comme Johnson, mais aussi comme Le Pen, leur dit : “la source de vos maux c'est la mondialisation. Or la mondialisation est la perte de la souveraineté de l’Etat-nation. La solution est donc de redonner le pouvoir à l’Etat pour sortir du néolibéralisme et de la mondialisation.”
https://m.huffingtonpost.fr/entry/dupond-moretti-cite-sa-grand-mere-pour-tacler-zemmour-apres-son-meeting_fr_61b0e069e4b0f76117b6d751
Reportage à Villepinte.
"On sort d’une pandémie où le pays a été porté à plus de 75 % par des femmes, les gens ont tous souffert psychologiquement, financièrement, moralement, et voilà que ce dimanche 5 décembre, un caudillo de plateau télé vient à Villepinte pour rajouter une louche de haine et de peur acide sur des plaies encore vives."
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https://lundi.am/La-honte
L'extrême droite ennemie du prolétariat - Le Stagirite
https://youtu.be/w7S3El16W1c
Le Stagirite pour @Le Média : ZEMMOUR : NATIONALISTE ET NÉOLIBÉRAL : https://youtu.be/EPp0Mw49jxY
https://www.francetvinfo.fr/politique/eric-zemmour/vrai-ou-fake-presidentielle-on-a-verifie-huit-affirmations-d-eric-zemmour-dans-elysee-2022_4875845.html
"Le polémiste d’extrême droite étant désormais officiellement candidat, «Libé» expertisera bel et bien sa parole. Mais sans jamais oublier que la manipulation des chiffres ou l’instrumentalisation des faits ne sont d’importance que secondaire dans son cas. C’est sa pensée tout entière qui est nauséabonde."
(...)
https://www.liberation.fr/checknews/faut-il-fact-checker-zemmour-20211211_UHM4VAVLXNDJ3OGQ76L5KWMEYI/
"Le ressort qui conduit chez l’extrémiste porte un nom : la peur. Peur de l’autre. Peur d’un monde qui change plus vite que jamais. Peur de l’avenir. Ce sentiment obsessionnel et irrépressible suintait, dimanche, dans toutes les phrases de l’ex-petit journaliste du Figaro. Lui a trouvé l’unique cause de toutes nos peurs. Appelons-la « les Arabes ». Les mots codés sont répétés à satiété pour ne pas prononcer celui-là : «immigration», «musulman»,
«islamisme», «terrorisme», «délinquance»… comme symboles et boucs émissaires d’un
«autre» venu d’ailleurs et fantasmé, et auquel il faut déclarer une guerre intérieure. Zemmour n’est certainement pas l’héritier de la tradition juive, mais il est clairement l’héritier du passé colonial. Revanchard de la guerre d’Algérie, avatar retardataire de l’OAS. Il regrette un monde où chacun, à l’abri de ses frontières et de ses armes, contemplait l’image qu’il se fait d’une pureté originelle. « L’origine, ça n’existe pas », disait pourtant le grand historien Marc Bloch. Il y a toujours un avant, fait de rencontres et de mélanges. Ce que fait Zemmour, c’est convertir ce sentiment de peur en haine. Et pour cela, il crée un récit. Réinventer le monde d’avant serait possible. Il recrute parmi ceux qui ne veulent pas prendre acte de la réalité. Les guerres, les inégalités Nord-Sud – si honteusement perceptibles à propos du vaccin –, les virus et le réchauffement climatique sont balayés. Tout ce qui peut fonder nos vraies peurs, et devrait conduire chez Mélenchon, Jadot ou Fabien Roussel, est jugé trop complexe, pas assez incarné. Mais le pire serait de nier que les changements sont réels. Le métissage des cultures n’est pas une idéologie, c’est un fait irréversible. Mélenchon parle de « créolisation ». Concept qu’il emprunte à Édouard Glissant. Le poète martiniquais la définissait comme « un métissage qui produit de l’imprévisible ». Ce qui peut inquiéter, mais peut aussi exalter un sentiment de liberté et permettre de refonder une société démocratique et humaine qui organise le mélange sans demander aux nouveaux venus qu’ils abjurent leur culture."
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https://www.politis.fr/articles/2021/12/de-la-peur-a-la-haine-43870/
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