"Étonnant oui, et tout sauf anecdotique : c’était la ligne directrice de toute son intervention. "J'aime l'industrie car c'est l'un des rares endroits au 21e siècle où on trouve encore de la magie, reprend Agnès Pannier-Runacher. La magie du ballet des robots, du ballet des hommes. La magie de l'atelier où on ne distingue pas le cadre de l'ouvrier."
Quelle belle image, cet atelier où l’on ne distingue pas les cadres des ouvriers ! Alors, elle est parfaitement exacte… si l’on fait abstraction, bien sûr, du salaire : plus de 2 fois supérieur en moyenne pour un cadre que pour un ouvrier. Et de l’espérance de vie : plus de 6 ans supérieure pour un cadre que pour un ouvrier (ce sont les chiffres de l’insee). L’assurance maladie rappelle par ailleurs, que 733 salariés sont décédés dans un accident du travail en 2019, dont une grande partie d’ouvriers. Bref : sur le fond aussi, la déclaration d’Agnès Pannier-Runacher lui a valu un torrent de critiques depuis jeudi dernier." (...)
«À l’évidence, ça n’est pas du ruissellement mais de l’évaporation ! L’argent remonte vers le haut de la pyramide et ne redescend pas, il y a une étanchéité», ironise le sénateur communiste Éric Bocquet, vice-président de la commission des Finances. « C’est l’œuf et la poule, ce petit nombre de foyers correspond tout simplement à ceux qui détiennent le plus grand nombre d’actions », nuance la sénatrice LR Christine Lavarde, également vice-présidente de la commission des finances. Le rapport ne se concentre pas sur le devenir de ces dividendes, mais cette piste de recherche pourrait être creusée dans une prochaine étude. « Qu’ont fait ces foyers de cet argent ? Ont-ils réinvesti dans les entreprises du tissu productif français ? », interroge auprès de l’AFP Cédric Audenis, le commissaire général adjoint à France Stratégie.
En octobre 2019, un rapport sénatorial sur la réforme fiscale de 2018 estimait déjà que les premiers indicateurs étaient contrastés, et qu’il était difficile d’en tirer un bilan négatif ou positif. Dans l’attente de résultats plus probants, le texte interrogeait la légitimité de ces mesures : « Compte tenu du coût de la réforme pour les finances publiques et du gain fiscal qu’elle implique pour les ménages les plus fortunés, celle-ci ne peut se justifier que si elle exerce des effets d’entraînement très significatifs sur l’activité économique capables de générer, à terme, des gains en termes d’emploi et de pouvoir d’achat pour l’ensemble de la population. »
L’un des coauteurs de ce texte, le sénateur socialiste Vincent Eblé, ex-président de la commission des finances au Sénat, ne se montre guère surpris à l’évocation des conclusions du comité d’évaluation des réformes de la fiscalité. Aux yeux de cet élu, l’allègement fiscal des foyers les plus aisés en faveur d’un réinvestissement a toujours relevé du « tour de magie ». « On peut effectivement considérer que pour les plus fortunés, l’argent sera réinvesti, mais rien n’indique qu’il va servir des intérêts nationaux », pointe cet élu qui évoque, entre autres, des rachats de dette étrangère ou encore de la spéculation sur les métaux précieux. « Il y a une distorsion entre les discours affichés, et la fiscalité mise en place, qui ponctionne d’autres segments que ceux qui servent l’économie française »." (...)
3 commentaires:
Pannier-Runacher et la magie des mots
Le terme de "magie" peut sembler étonnant
"Étonnant oui, et tout sauf anecdotique : c’était la ligne directrice de toute son intervention. "J'aime l'industrie car c'est l'un des rares endroits au 21e siècle où on trouve encore de la magie, reprend Agnès Pannier-Runacher. La magie du ballet des robots, du ballet des hommes. La magie de l'atelier où on ne distingue pas le cadre de l'ouvrier."
Quelle belle image, cet atelier où l’on ne distingue pas les cadres des ouvriers ! Alors, elle est parfaitement exacte… si l’on fait abstraction, bien sûr, du salaire : plus de 2 fois supérieur en moyenne pour un cadre que pour un ouvrier. Et de l’espérance de vie : plus de 6 ans supérieure pour un cadre que pour un ouvrier (ce sont les chiffres de l’insee). L’assurance maladie rappelle par ailleurs, que 733 salariés sont décédés dans un accident du travail en 2019, dont une grande partie d’ouvriers. Bref : sur le fond aussi, la déclaration d’Agnès Pannier-Runacher lui a valu un torrent de critiques depuis jeudi dernier."
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https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/entre-les-lignes/agnes-pannier-runacher-et-la-magie-des-usines_4788203.html
«À l’évidence, ça n’est pas du ruissellement mais de l’évaporation ! L’argent remonte vers le haut de la pyramide et ne redescend pas, il y a une étanchéité», ironise le sénateur communiste Éric Bocquet, vice-président de la commission des Finances. « C’est l’œuf et la poule, ce petit nombre de foyers correspond tout simplement à ceux qui détiennent le plus grand nombre d’actions », nuance la sénatrice LR Christine Lavarde, également vice-présidente de la commission des finances. Le rapport ne se concentre pas sur le devenir de ces dividendes, mais cette piste de recherche pourrait être creusée dans une prochaine étude. « Qu’ont fait ces foyers de cet argent ? Ont-ils réinvesti dans les entreprises du tissu productif français ? », interroge auprès de l’AFP Cédric Audenis, le commissaire général adjoint à France Stratégie.
En octobre 2019, un rapport sénatorial sur la réforme fiscale de 2018 estimait déjà que les premiers indicateurs étaient contrastés, et qu’il était difficile d’en tirer un bilan négatif ou positif. Dans l’attente de résultats plus probants, le texte interrogeait la légitimité de ces mesures : « Compte tenu du coût de la réforme pour les finances publiques et du gain fiscal qu’elle implique pour les ménages les plus fortunés, celle-ci ne peut se justifier que si elle exerce des effets d’entraînement très significatifs sur l’activité économique capables de générer, à terme, des gains en termes d’emploi et de pouvoir d’achat pour l’ensemble de la population. »
L’un des coauteurs de ce texte, le sénateur socialiste Vincent Eblé, ex-président de la commission des finances au Sénat, ne se montre guère surpris à l’évocation des conclusions du comité d’évaluation des réformes de la fiscalité. Aux yeux de cet élu, l’allègement fiscal des foyers les plus aisés en faveur d’un réinvestissement a toujours relevé du « tour de magie ». « On peut effectivement considérer que pour les plus fortunés, l’argent sera réinvesti, mais rien n’indique qu’il va servir des intérêts nationaux », pointe cet élu qui évoque, entre autres, des rachats de dette étrangère ou encore de la spéculation sur les métaux précieux. « Il y a une distorsion entre les discours affichés, et la fiscalité mise en place, qui ponctionne d’autres segments que ceux qui servent l’économie française »."
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https://www.publicsenat.fr/article/politique/suppression-de-l-isf-flat-tax-ca-n-est-pas-du-ruissellement-mais-de-l-evaporation
La droite veut nier l'existence de la gauche de « la gauche » - François Bégaudeau
À gauche
https://youtu.be/kHTDO8Sw2bk
Source: En 2022, lutte des classes ou lutte identitaire ? https://youtu.be/bTHqt_kckR0
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