dimanche 2 mai 2021

Manifestation du 1er-Mai : ce que l'on sait des violences qui ont visé le cortège de la CGT à Paris

https://www.francetvinfo.fr/economie/syndicats/manifestation-du-1er-mai-ce-que-l-on-sait-des-violences-qui-ont-vise-le-cortege-de-la-cgt-a-paris_4608155.html



1 commentaire:

Anonyme a dit…

"Ce samedi 1er mai, mêlé à la foule compacte des premiers manifestants, un jeune perdreau de l’année, finement rasé et recouvert d’un uniforme repassé par maman, abhorre un fusil d’assaut face à la foule compacte. C’est la nouvelle « philosophie » policière : « -Aller au contact ! ». Et pourquoi pas jusqu’à trouer des peaux à bout portant ?

En ce début de manifestation, quelques gilets jaunes du premier rang crient un peu trop fort au goût de la préfecture de police. Réplique immédiate du poste de commandement : l’avant-garde du cortège est immédiatement nassée. Un cordon de pandores ne pense plus qu’à faire patienter la foule qui voulait s’élancer sur le boulevard. Certains s’impatientent et viennent aux nouvelles, ce qui a pour effet de densifier la cohue et de former un bouchon compact à l’avant du rassemblement."
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"La préfecture sait que les journalistes ne viennent qu’en début de manifestation et c’est la raison pour laquelle elle a organisé ce show d’un retour à l’ordre ce 1er mai dès la sortie de la place de la République ce 1er mai. Paris, ville-boulevard, est une urbanisation calculée pour mettre en scène les charges de police, comme la machinerie de l’opéra crache ses danseuses devant le bourgeois épaté. C’est là l’accomplissement de l’œuvre napoléonienne. Napoléon disait « -ni droite, ni gauche. La révolution est terminée ». C’est la raison pour laquelle on peut interroger ce programme sous le règne d’un néo-Napoléon d’opérette.

L’épisode de ce samedi a de quoi faire réfléchir sur le dogme d’une disparition annoncée de toute contestation au pays du césarisme. La montée en puissance des réactionnaires, le nouveau hold-up dans les urnes avec choix obligatoire de cocher la case Macron ou Marine Lepen, les rêves de gloire militaire de certain généraux putschistes sur fond de gâtisme néocolonial, l’arrivée imminente d’une bourgeoisie hallucinée de pouvoir, d’argent et d’ordre façon Rastignac, l’ambiance vieille France qui se dégage d’un Blanquer ou d’un Darmanin, toute cette fantasmagorie pré-électorale, du point de vue du ressenti de cette manifestation de 1er mai ressemble à un cortège de fantômes. Car une fois au pouvoir, il est fort probable que rien ne se passe comme prévu.

Les prédateurs ont gagné, les nantis veulent le pouvoir et l’intégralité du gâteau ? Qu’ils le prennent et qu’ils se bâfrent, mais attention aux lendemains d’orgies réactionnaires. La vague qui monte descend. Faire confiance au césarisme a déjà ravivé les cendres d’une Révolution dont les convulsions n’ont pas de fin. Le destin de la Révolution française comme celui de la Commune de Paris, c’est de ne se terminer qu’en éternels retours. Toute une clique de fantômes répète donc une histoire avec laquelle ils jouent comme avec le feu, mais la pièce a été mille fois rejouée. Faisons leur confiance pour allumer le brasier qui les brûlera à nouveau.

La bêtise d’une bourgeoisie bien-pensante et inégalitaire active toute révolte depuis plusieurs siècles en France. Depuis très longtemps, la rue, le pavé qui se défait, la confrontation avec la maréchaussée, les yeux crevés, les courses éperdues sur les boulevards, la fraternisation de tous ceux qui sont à la ramasse, cette odeur de poivre, de fumée, de grenade, et de lacrymo mêlés accompagne l’extase de l’émeute. Toute cette incandescence et cette désespérance au goût de tabac froid, ces vies grillées, détruites et perdues mais rédimées par les coups rendus, toute cette foule qui déborde de nulle part, qui rend l’avenir plus imprévisible qu’un tsunami, c’est à cette bourgeoisie étriquée que nous devons ce sublime vertige. C’est pourquoi : brûlons toutes nos espérances. Ce qui restera, c’est la chaleur d’une immense passion qui dévore tout, qui s’y frotte s’aveugle et s’y brûle pour renaître Dionysos crucifié. C’est l’éternel cycle qui recommence quand refait surface le muguet de chaque printemps."

Olivier Long


https://lundi.am/Toujours-la-rage