Contre la loi Sécurité globale, la flamme de la liberté brûle dans le Vercors
Contre la loi Sécurité globale, la flamme de la liberté brûle dans le Vercors Samedi 13 février, plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées dans un froid glacial, dans le Vercors. Mais la chaleur de la liberté irradiait les coeurs et les esprits. L’enjeu : faire reculer le projet de loi Sécurité globale.
La Chapelle-en-Vercors (Drôme), reportage
"Tout est parti d’un ébahissement, quand, le 9 janvier, trente personnes qui tentaient de signifier pacifiquement à La Chapelle-en-Vercors, bourg perché dans le massif montagneux, leur opposition à la loi Sécurité globale. Une quinzaine de gendarmes les en avaient empêchées, contrôlant les pièces d’identité et photographiant chaque citoyenne et citoyen. Que faire ? Se taire, rentrer chez soi ? Ou réagir et affirmer que le droit de manifester est essentiel. La mobilisation a sonné, et samedi 13 février, près de trois cents personnes se sont retrouvées dans le bourg de sept cents habitants, bravant le froid perçant (-2 °C dans une atmosphère humide) pour dire, dans le calme, « Pas de sécurité sans liberté ».
Et c’est dans une joie surprenante que pendant plus de deux heures, malgré le froid glacial, les gens se sont retrouvés sur la place du marché, en contrebas de l’église, parlant pour la première fois depuis longtemps avec les amis retrouvés, entre la buvette, un panneau d’expression libre, une librairie présentant des textes anarchistes et écologistes, et au son d’une batucada entraînante. « En période de Covid, la manifestation est devenue le dernier lieu de sociabilité », s’amusait Nathalie, venue du Diois, au milieu des groupes qui se parlaient joyeusement, des enfants aux joues rouges et des chiens déambulant tranquillement.
Mais personne n’oubliait pourquoi elle ou il était là : redire avec force que le projet de loi Sécurité globale est une atteinte aux libertés qui n’a rien à voir avec la sécurité et tout avec la répression des mouvements sociaux." .../...
« Cette société de surveillance et d’algorithmes nous déshumanise »
"Corinne Morel Darleux, conseillère régionale d’Auvergne Rhône Alpes et écrivaine a ensuite parlé : « Au nom de la sécurité, on nous enferme dans un univers de plus en plus étriqué, un univers de drones, d’attestations, de tampons et de cachets, de décrets pour nous intimer l’ordre de ne pas boire un verre, de ne pas s’embrasser, de rester dans le droit chemin et de se divertir pour s’assommer jusqu’à la nausée. Cette société de surveillance et d’algorithmes nous déshumanise. Elle nous rend fatalistes et prévisibles. Et s’il nous venait l’idée de faire un pas de côté, elle nous piste pour mieux nous canaliser. »
À ce rythme, bientôt, on n’aura plus le droit de militer, de contester, de manifester. Alors, cette manifestation aujourd’hui à La Chapelle-en-Vercors, ça ne va peut-être pas les arrêter, mais être ici aujourd’hui, c’est une question de dignité. Parce que personnellement, je n’ai pas envie de voir des drones tourner au-dessus de ma tête et que dans mon ciel, je veux juste des chouettes et des vautours et des chauves-souris. Je veux des imprévus réjouissants. Je veux qu’on ramène de la contingence dans nos vies, qu’on sorte du pessimisme fataliste et des réactions prévisibles, des indignations programmées et de toute cette monotonie. Qu’on se souvienne de ce qui fait de chacun de nous un être singulier contre tous ceux qui tentent de nous uniformiser.
Dans ce Vercors marqué durant la Deuxième Guerre mondiale par un maquis de résistance contre l’occupant, le flambeau de la liberté s’est rallumé au cœur de l’hiver et du Covid."
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Contre la loi Sécurité globale, la flamme de la liberté brûle dans le Vercors
Contre la loi Sécurité globale, la flamme de la liberté brûle dans le Vercors
Samedi 13 février, plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées dans un froid glacial, dans le Vercors. Mais la chaleur de la liberté irradiait les coeurs et les esprits. L’enjeu : faire reculer le projet de loi Sécurité globale.
La Chapelle-en-Vercors (Drôme), reportage
"Tout est parti d’un ébahissement, quand, le 9 janvier, trente personnes qui tentaient de signifier pacifiquement à La Chapelle-en-Vercors, bourg perché dans le massif montagneux, leur opposition à la loi Sécurité globale. Une quinzaine de gendarmes les en avaient empêchées, contrôlant les pièces d’identité et photographiant chaque citoyenne et citoyen. Que faire ? Se taire, rentrer chez soi ? Ou réagir et affirmer que le droit de manifester est essentiel. La mobilisation a sonné, et samedi 13 février, près de trois cents personnes se sont retrouvées dans le bourg de sept cents habitants, bravant le froid perçant (-2 °C dans une atmosphère humide) pour dire, dans le calme, « Pas de sécurité sans liberté ».
Et c’est dans une joie surprenante que pendant plus de deux heures, malgré le froid glacial, les gens se sont retrouvés sur la place du marché, en contrebas de l’église, parlant pour la première fois depuis longtemps avec les amis retrouvés, entre la buvette, un panneau d’expression libre, une librairie présentant des textes anarchistes et écologistes, et au son d’une batucada entraînante. « En période de Covid, la manifestation est devenue le dernier lieu de sociabilité », s’amusait Nathalie, venue du Diois, au milieu des groupes qui se parlaient joyeusement, des enfants aux joues rouges et des chiens déambulant tranquillement.
Mais personne n’oubliait pourquoi elle ou il était là : redire avec force que le projet de loi Sécurité globale est une atteinte aux libertés qui n’a rien à voir avec la sécurité et tout avec la répression des mouvements sociaux."
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« Cette société de surveillance et d’algorithmes nous déshumanise »
"Corinne Morel Darleux, conseillère régionale d’Auvergne Rhône Alpes et écrivaine a ensuite parlé : « Au nom de la sécurité, on nous enferme dans un univers de plus en plus étriqué, un univers de drones, d’attestations, de tampons et de cachets, de décrets pour nous intimer l’ordre de ne pas boire un verre, de ne pas s’embrasser, de rester dans le droit chemin et de se divertir pour s’assommer jusqu’à la nausée. Cette société de surveillance et d’algorithmes nous déshumanise. Elle nous rend fatalistes et prévisibles. Et s’il nous venait l’idée de faire un pas de côté, elle nous piste pour mieux nous canaliser. »
À ce rythme, bientôt, on n’aura plus le droit de militer, de contester, de manifester. Alors, cette manifestation aujourd’hui à La Chapelle-en-Vercors, ça ne va peut-être pas les arrêter, mais être ici aujourd’hui, c’est une question de dignité. Parce que personnellement, je n’ai pas envie de voir des drones tourner au-dessus de ma tête et que dans mon ciel, je veux juste des chouettes et des vautours et des chauves-souris. Je veux des imprévus réjouissants. Je veux qu’on ramène de la contingence dans nos vies, qu’on sorte du pessimisme fataliste et des réactions prévisibles, des indignations programmées et de toute cette monotonie. Qu’on se souvienne de ce qui fait de chacun de nous un être singulier contre tous ceux qui tentent de nous uniformiser.
Dans ce Vercors marqué durant la Deuxième Guerre mondiale par un maquis de résistance contre l’occupant, le flambeau de la liberté s’est rallumé au cœur de l’hiver et du Covid."
https://reporterre.net/Contre-la-loi-Securite-globale-la-flamme-de-la-liberte-brule-dans-le-Vercors
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