ROBESPIERRE : « LOUIS DOIT MOURIR, PARCE QU’IL FAUT QUE LA PATRIE VIVE »
Par Maximilien Robespierre .../...
"[...] Louis fut roi, et la république est fondée ; la question fameuse qui vous occupe est décidée par ces seuls mots. Louis a été détrôné par ses crimes ; Louis dénonçait le peuple français comme rebelle ; il a appelé, pour le châtier, les armes des tyrans, ses confrères ; la victoire et le peuple ont décidé que lui seul était rebelle : Louis ne peut donc être jugé ; il est déjà jugé. Il est condamné, ou la république n’est point absoute. Proposer de faire le procès à Louis XVI, de quelque manière que ce puisse être, c’est rétrograder vers le despotisme royal et constitutionnel ; c’est une idée contre-révolutionnaire ; car c’est mettre la révolution elle-même en litige. En effet, si Louis peut être encore l’objet d’un procès, Louis peut être absous ; il peut être innocent. Que dis-je ? Il est présumé l’être jusqu’à ce qu’il soit jugé. Mais si Louis est absous, si Louis peut être présumé innocent, que devient la révolution ? Si Louis est innocent, tous les défenseurs de la liberté deviennent des calomniateurs. Tous les rebelles étaient les amis de la vérité et les défenseurs de l’innocence opprimée ; tous les manifestes des cours étrangères ne sont que des réclamations légitimes contre une faction dominatrice. La détention même que Louis a subie jusqu’à ce moment est une vexation injuste ; les fédérés, le peuple de Paris, tous les patriotes de l’empire français sont coupables ; et ce grand procès pendant au tribunal de la nature entre le crime et la vertu, entre la liberté et la tyrannie, est enfin décidé en faveur du crime et de la tyrannie. Citoyens, prenez-y garde ; vous êtes ici trompés par de fausses notions ; vous confondez les règles du droit civil et positif avec les principes du droit des gens; vous confondez les relations des citoyens entre eux avec les rapports des nations à un ennemi qui conspire contre elle ; vous confondez encore la situation d’un peuple en révolution avec celle d’un peuple dont le gouvernement est affermi ; vous confondez une nation qui punit un fonctionnaire public, en conservant la forme du gouvernement, et celle qui détruit le gouvernement lui-même. [...] Ainsi, parce que nous sommes accoutumés à voir les délits dont nous sommes les témoins, jugés selon des règles uniformes, nous sommes naturellement portés à croire que, dans aucune circonstance, les nations ne peuvent avec équité, sévir autrement contre un homme qui a violé leurs droits, et où nous ne voyons point un juré, un tribunal, une procédure, nous ne trouvons point la justice. Ces termes mêmes que nous appliquons à des idées différentes de celles qu’ils expriment dans l’usage, achèvent de nous tromper. Tel est l’empire naturel de l’habitude, que nous regardons les plus arbitraires, quelquefois même les institutions les plus défectueuses, comme la règle la plus absolue du vrai ou du faux, du juste ou de l’injuste. Nous ne songeons pas même que la plupart tiennent encore nécessairement aux préjugés dont le despotisme nous a nourris ; nous avons été si longtemps courbés sous son joug, que nous nous relevons difficilement jusqu’aux principes éternels de la raison ; que tout ce qui remonte à la source sacrée de toutes les lois semble prendre à nos yeux un caractère illégal, et que l’ordre même de la nature nous paraît un désordre. Les mouvements majestueux d’un grand peuple, les sublimes élans de la vertu se présentent souvent à nos yeux timides comme les éruptions d’un volcan ou le renversement de la société politique ; et certes ce n’est pas la moindre cause des troubles qui nous agitent, que cette contradiction éternelle entre la faiblesse de nos mœurs, la dépravation de nos esprits, et la pureté des principes, l’énergie des caractères que suppose le gouvernement libre auquel nous osons prétendre.[...]" .../...
Alphée Roche-Noël : “cette abstention est un acte politique qui doit nous alerter” .../...
Le faux argument du désintérêt pour la politique en France
"Nous avons entamé notre discussion en partant d’un sondage[1] qui en dit long sur le malaise démocratique dans notre pays.
L’abstention s’est élevée à 58,4% au second tour des municipales le 28 juin dernier. D’emblée pour Alphée Roche-Noël, cette abstention est « un acte politique qui doit toutes et tous nous alerter ». En regardant de plus près ledit sondage, on s’aperçoit que 38% des personnes sondées se sont abstenues car cette élection ne changerait rien à leur vie quotidienne. Pour l’essayiste, avec un tel chiffre, on devrait toutes et s’interroger puisqu’on touche au cœur même de la politique. Celle-ci est perçue comme « complètement abstraite de la vie quotidienne des gens ». Pour lui, cette abstention du 28 juin dernier est davantage pro-active. « C’est le système politique et économique qui tend à nous faire croire que l’abstention est du désintérêt ». Il limite ce faisant la conception de la démocratie à la seule élection." .../...
L’urgence de mettre un terme à la Ve et de passer à la VIe République
"Cet entretien s’est poursuivi sur une discussion autour de la Ve République, des institutions régaliennes et la place de l’État. Pour le membre des Constituants, le régime mis en place en 1958 est « une dictature, au sens romain du terme, instaurée par un coup d’État, dans un contexte de guerre coloniale et d’instabilité politique ». Il est donc terriblement logique qu’il octroie des pouvoirs exorbitants au chef de l’État qui fait à peu près ce qu’il veut, trait caractéristique qui s’est accentué avec le quinquennat, par rapport à une pratique antérieure relativement plus respectueuse des autres pouvoirs et des libertés publiques. « En ce sens, les institutions de la Ve sont moins républicaines qu’impériales. »
Selon l’essayiste, « en cette seconde partie de Ve République, sorte de bas-empire, le peuple s’exprime, réclame et revendique l’égalité et la liberté, mais ces principes s’effritent à force d’atteintes aux droits sociaux, de privatisations et de lois répressives ». La première chose à faire si une force de gauche authentiquement populaire, démocratique et sociale accédait au pouvoir, serait de changer de république, la Ve étant un « instrument au service des puissants ». Cette République représente le népotisme et les pouvoirs d’un tout petit nombre sont complètement affolants. Le quinquennat n’a rien arrangé et on assiste à la «captation du pouvoir par un seul homm»." .../...
La nécessité d’incarner une troisième voie
"Ensuite, nous avons ouvert une brèche en évoquant son parcours politique. Lui qui vient de la droite républicaine, ancien assistant parlementaire et ancien conseiller d’arrondissement dans le 15e arrondissement de Paris, démissionnaire en 2018 de sa délégation d’adjoint au maire. Il me parle de son évolution en citant un vers tiré des Contemplations de Victor Hugo : « Chaque homme dans sa nuit s’en va vers sa lumière.». Il revendique d’avoir toujours été un humaniste et c’est à travers ses diverses expériences de vie qu’il s’est rendu compte qu’il n’était pas à sa place." .../...
« Selon que vous serez puissant ou misérable Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». Écrites en 1678, ces lignes de La Fontaine sont usées jusqu’à la corde. Malheureusement, l’actualité nous rappelle sans cesse leur douloureuse pertinence. Quelques exemples récents jettent une lumière crue sur une justice française décidément bien malade.
Côté rue…
"Si vous n’avez aucun réseau, que vous êtes une personne lambda, l’épreuve de la justice risque d’être désagréable pour vous. Les facteurs aggravants sont connus : être pauvre, sans domicile fixe, avoir une situation familiale compliquée, des problèmes d’addiction ou le malheur d’être étranger… [...]"
…Et côté cour
"Si par contre votre position sociale est confortable, si vous avez du réseau et de l’argent, la justice saura se montrer beaucoup plus conciliante. Les casiers judicaires de nombre de politiciens suffiraient à envoyer n’importe quel prolétaire en prison à perpétuité. Pourtant, Jacques Chirac a-t-il été une seule fois derrière les barreaux ? Les gardes à vues, employées pour ou oui ou pour un non au quotidien, deviennent extraordinaires dès que l’on monté dans la hiérarchie sociale. Rappelons-nous des articles scandalisés évoquant le calvaire du pauvre Nicolas Sarkozy, beignant pourtant dans une série d’affaires particulièrement sordides, et dont le rôle dans la déstabilisation de la Libye est de plus en plus trouble. Sa proximité avec le pouvoir actuel (il a l’oreille d’Emmanuel Macron, et son avocat vient d’être nommé ministre de la justice…) n’y est sans doute pour rien, bien sûr. [...]"
Deux salles, deux ambiances
"Ainsi, que vous serez puissant ou misérable, la justice républicaine fera de vous un criminel enfermé pour de longues années dans des tôles surpeuplées, ou une pauvre victime d’accusations malveillantes, vite relaxé par les tribunaux grâce aux meilleurs avocats du pays – et, si les affaires sont décidément trop graves, elles traîneront en longueur jusqu’à ce que la vieillisse vienne vous soulager de vos démons.
Evoquons enfin les forces de l’ordre, dont le pouvoir a tant besoin qu’il leur passe tout. Malgré des dizaines de morts, des centaines de blessés, des dérives mafieuses et racistes avérées, une culture odieuse de l’impunité et du retournement accusatoire (« oui monsieur le juge, nous l’avons défoncé, mais il nous avait outragé et se rebellait ; la preuve, on a dû le défoncer ! »)…, combien d’agents des forces de l’ordre dorment aujourd’hui en prison ?
Alors que la justice envoie au cachot des personnes soupçonnées d’avoir vaguement jeté une cannette en direction de policiers surarmés et surprotégés, sur la foi du simple témoignage des mêmes policiers, la même justice classe sans suite des enquêtes solides prouvant la culpabilité des agents dans des mutilations ou des morts. L’IGPN et le pouvoir judicaire se relaient pour blanchir et protéger leurs troupes.
Ce qui est légal dans cet Etat n’est pas ce qui est légitime. Et ce qui est illégal n’est plus nécessairement illégitime. La justice sociale ne pourra être obtenue par les institutions, en se fiant à un éventuel retournement d’un système qui détruit des vies et secourt les criminels en col blanc. Quand l’injustice devient la loi, la révolte devient un devoir."
7 commentaires:
Quand on pense que les opposants alésiens n'arriveront pas à déboulonner le Duo Rivenq et sa marionnette ... et que d'un autre côté
https://www.midilibre.fr/2020/07/11/perpignan-le-rn-louis-aliot-echoue-pour-prendre-le-controle-de-lagglomeration-8975763.php
Il doit manquer QUELQUE CHOSE ... le courage sans doute ? La soupe doit être bonne.
20:55 tu peux rajouter celle là...
https://www.20minutes.fr/politique/2819995-20200711-perpignan-peine-elu-maire-louis-aliot-fait-voter-augmentation-indemnite
« Les gens le savent. Sans les Insoumis, rien n’était possible face à la droite aux élections municipales. »
Jean-Luc Mélenchon.
https://www.20minutes.fr/politique/2820355-20200712-crise-echec-politique-macron-garanti-jean-luc-melenchon
Demain la retraite aux poings ?
https://actu.orange.fr/france/reforme-des-retraites-les-5-plans-imagines-par-le-gouvernement-magic-CNT000001rzcm8.html
ROBESPIERRE : « LOUIS DOIT MOURIR, PARCE QU’IL FAUT QUE LA PATRIE VIVE »
Par Maximilien Robespierre
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"[...] Louis fut roi, et la république est fondée ; la question fameuse qui vous occupe est décidée par ces seuls mots. Louis a été détrôné par ses crimes ; Louis dénonçait le peuple français comme rebelle ; il a appelé, pour le châtier, les armes des tyrans, ses confrères ; la victoire et le peuple ont décidé que lui seul était rebelle : Louis ne peut donc être jugé ; il est déjà jugé. Il est condamné, ou la république n’est point absoute. Proposer de faire le procès à Louis XVI, de quelque manière que ce puisse être, c’est rétrograder vers le despotisme royal et constitutionnel ; c’est une idée contre-révolutionnaire ; car c’est mettre la révolution elle-même en litige. En effet, si Louis peut être encore l’objet d’un procès, Louis peut être absous ; il peut être innocent. Que dis-je ? Il est présumé l’être jusqu’à ce qu’il soit jugé. Mais si Louis est absous, si Louis peut être présumé innocent, que devient la révolution ? Si Louis est innocent, tous les défenseurs de la liberté deviennent des calomniateurs. Tous les rebelles étaient les amis de la vérité et les défenseurs de l’innocence opprimée ; tous les manifestes des cours étrangères ne sont que des réclamations légitimes contre une faction dominatrice. La détention même que Louis a subie jusqu’à ce moment est une vexation injuste ; les fédérés, le peuple de Paris, tous les patriotes de l’empire français sont coupables ; et ce grand procès pendant au tribunal de la nature entre le crime et la vertu, entre la liberté et la tyrannie, est enfin décidé en faveur du crime et de la tyrannie. Citoyens, prenez-y garde ; vous êtes ici trompés par de fausses notions ; vous confondez les règles du droit civil et positif avec les principes du droit des gens; vous confondez les relations des citoyens entre eux avec les rapports des nations à un ennemi qui conspire contre elle ; vous confondez encore la situation d’un peuple en révolution avec celle d’un peuple dont le gouvernement est affermi ; vous confondez une nation qui punit un fonctionnaire public, en conservant la forme du gouvernement, et celle qui détruit le gouvernement lui-même. [...] Ainsi, parce que nous sommes accoutumés à voir les délits dont nous sommes les témoins, jugés selon des règles uniformes, nous sommes naturellement portés à croire que, dans aucune circonstance, les nations ne peuvent avec équité, sévir autrement contre un homme qui a violé leurs droits, et où nous ne voyons point un juré, un tribunal, une procédure, nous ne trouvons point la justice. Ces termes mêmes que nous appliquons à des idées différentes de celles qu’ils expriment dans l’usage, achèvent de nous tromper. Tel est l’empire naturel de l’habitude, que nous regardons les plus arbitraires, quelquefois même les institutions les plus défectueuses, comme la règle la plus absolue du vrai ou du faux, du juste ou de l’injuste. Nous ne songeons pas même que la plupart tiennent encore nécessairement aux préjugés dont le despotisme nous a nourris ; nous avons été si longtemps courbés sous son joug, que nous nous relevons difficilement jusqu’aux principes éternels de la raison ; que tout ce qui remonte à la source sacrée de toutes les lois semble prendre à nos yeux un caractère illégal, et que l’ordre même de la nature nous paraît un désordre. Les mouvements majestueux d’un grand peuple, les sublimes élans de la vertu se présentent souvent à nos yeux timides comme les éruptions d’un volcan ou le renversement de la société politique ; et certes ce n’est pas la moindre cause des troubles qui nous agitent, que cette contradiction éternelle entre la faiblesse de nos mœurs, la dépravation de nos esprits, et la pureté des principes, l’énergie des caractères que suppose le gouvernement libre auquel nous osons prétendre.[...]"
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https://lvsl.fr/robespierre-louis-doit-mourir-parce-quil-faut-que-la-patrie-vive/
Alphée Roche-Noël : “cette abstention est un acte politique qui doit nous alerter”
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Le faux argument du désintérêt pour la politique en France
"Nous avons entamé notre discussion en partant d’un sondage[1] qui en dit long sur le malaise démocratique dans notre pays.
L’abstention s’est élevée à 58,4% au second tour des municipales le 28 juin dernier. D’emblée pour Alphée Roche-Noël, cette abstention est « un acte politique qui doit toutes et tous nous alerter ». En regardant de plus près ledit sondage, on s’aperçoit que 38% des personnes sondées se sont abstenues car cette élection ne changerait rien à leur vie quotidienne. Pour l’essayiste, avec un tel chiffre, on devrait toutes et s’interroger puisqu’on touche au cœur même de la politique. Celle-ci est perçue comme « complètement abstraite de la vie quotidienne des gens ». Pour lui, cette abstention du 28 juin dernier est davantage pro-active. « C’est le système politique et économique qui tend à nous faire croire que l’abstention est du désintérêt ». Il limite ce faisant la conception de la démocratie à la seule élection."
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L’urgence de mettre un terme à la Ve et de passer à la VIe République
"Cet entretien s’est poursuivi sur une discussion autour de la Ve République, des institutions régaliennes et la place de l’État. Pour le membre des Constituants, le régime mis en place en 1958 est « une dictature, au sens romain du terme, instaurée par un coup d’État, dans un contexte de guerre coloniale et d’instabilité politique ». Il est donc terriblement logique qu’il octroie des pouvoirs exorbitants au chef de l’État qui fait à peu près ce qu’il veut, trait caractéristique qui s’est accentué avec le quinquennat, par rapport à une pratique antérieure relativement plus respectueuse des autres pouvoirs et des libertés publiques. « En ce sens, les institutions de la Ve sont moins républicaines qu’impériales. »
Selon l’essayiste, « en cette seconde partie de Ve République, sorte de bas-empire, le peuple s’exprime, réclame et revendique l’égalité et la liberté, mais ces principes s’effritent à force d’atteintes aux droits sociaux, de privatisations et de lois répressives ». La première chose à faire si une force de gauche authentiquement populaire, démocratique et sociale accédait au pouvoir, serait de changer de république, la Ve étant un « instrument au service des puissants ». Cette République représente le népotisme et les pouvoirs d’un tout petit nombre sont complètement affolants. Le quinquennat n’a rien arrangé et on assiste à la «captation du pouvoir par un seul homm»."
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La nécessité d’incarner une troisième voie
"Ensuite, nous avons ouvert une brèche en évoquant son parcours politique. Lui qui vient de la droite républicaine, ancien assistant parlementaire et ancien conseiller d’arrondissement dans le 15e arrondissement de Paris, démissionnaire en 2018 de sa délégation d’adjoint au maire. Il me parle de son évolution en citant un vers tiré des Contemplations de Victor Hugo : « Chaque homme dans sa nuit s’en va vers sa lumière.». Il revendique d’avoir toujours été un humaniste et c’est à travers ses diverses expériences de vie qu’il s’est rendu compte qu’il n’était pas à sa place."
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https://www.lemondemoderne.media/alphee-roche-noel-cette-abstention-est-un-acte-politique-qui-doit-nous-alerter/
Une justice à deux vitesses – Edito
« Selon que vous serez puissant ou misérable
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ».
Écrites en 1678, ces lignes de La Fontaine sont usées jusqu’à la corde. Malheureusement, l’actualité nous rappelle sans cesse leur douloureuse pertinence. Quelques exemples récents jettent une lumière crue sur une justice française décidément bien malade.
Côté rue…
"Si vous n’avez aucun réseau, que vous êtes une personne lambda, l’épreuve de la justice risque d’être désagréable pour vous. Les facteurs aggravants sont connus : être pauvre, sans domicile fixe, avoir une situation familiale compliquée, des problèmes d’addiction ou le malheur d’être étranger… [...]"
…Et côté cour
"Si par contre votre position sociale est confortable, si vous avez du réseau et de l’argent, la justice saura se montrer beaucoup plus conciliante. Les casiers judicaires de nombre de politiciens suffiraient à envoyer n’importe quel prolétaire en prison à perpétuité. Pourtant, Jacques Chirac a-t-il été une seule fois derrière les barreaux ? Les gardes à vues, employées pour ou oui ou pour un non au quotidien, deviennent extraordinaires dès que l’on monté dans la hiérarchie sociale. Rappelons-nous des articles scandalisés évoquant le calvaire du pauvre Nicolas Sarkozy, beignant pourtant dans une série d’affaires particulièrement sordides, et dont le rôle dans la déstabilisation de la Libye est de plus en plus trouble. Sa proximité avec le pouvoir actuel (il a l’oreille d’Emmanuel Macron, et son avocat vient d’être nommé ministre de la justice…) n’y est sans doute pour rien, bien sûr. [...]"
Deux salles, deux ambiances
"Ainsi, que vous serez puissant ou misérable, la justice républicaine fera de vous un criminel enfermé pour de longues années dans des tôles surpeuplées, ou une pauvre victime d’accusations malveillantes, vite relaxé par les tribunaux grâce aux meilleurs avocats du pays – et, si les affaires sont décidément trop graves, elles traîneront en longueur jusqu’à ce que la vieillisse vienne vous soulager de vos démons.
Evoquons enfin les forces de l’ordre, dont le pouvoir a tant besoin qu’il leur passe tout. Malgré des dizaines de morts, des centaines de blessés, des dérives mafieuses et racistes avérées, une culture odieuse de l’impunité et du retournement accusatoire (« oui monsieur le juge, nous l’avons défoncé, mais il nous avait outragé et se rebellait ; la preuve, on a dû le défoncer ! »)…, combien d’agents des forces de l’ordre dorment aujourd’hui en prison ?
Alors que la justice envoie au cachot des personnes soupçonnées d’avoir vaguement jeté une cannette en direction de policiers surarmés et surprotégés, sur la foi du simple témoignage des mêmes policiers, la même justice classe sans suite des enquêtes solides prouvant la culpabilité des agents dans des mutilations ou des morts. L’IGPN et le pouvoir judicaire se relaient pour blanchir et protéger leurs troupes.
Ce qui est légal dans cet Etat n’est pas ce qui est légitime. Et ce qui est illégal n’est plus nécessairement illégitime. La justice sociale ne pourra être obtenue par les institutions, en se fiant à un éventuel retournement d’un système qui détruit des vies et secourt les criminels en col blanc. Quand l’injustice devient la loi, la révolte devient un devoir."
https://lepoing.net/une-justice-a-deux-vitesses-edito/
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