A fond les tiroirs-caisses ! Les hypers de Montpellier ouverts ce lundi de Pâques, malgré le confinement
"Mobilisations quasi impossibles, malgré un péril flagrant de contaminations dans les grandes surfaces. Et les profits continuent, avec des ouvertures en jours fériés, illégales avant les lois Macron
9h20, ce jeudi matin, au Géant Casino de Prés d’Arènes à Montpellier. Une seule caisse non automatisée est en fonctionnement. Conséquence : une queue de plus de dix clients se forme sur toute la longueur du rayonnage qui débouche à cet endroit. Aucune distanciation sociale ne peut être fermement respectée quand les charriots se croisent entre grande allée du bord de caisses, et allée confinée où il faut manoeuvrer pour aller prendre sa place. Ce que faisant, les charriots se croisent comme dans un couloir, sans distanciation possible. L’attente s’annonce interminable, propice à la tension, l’énervement ; le contraire de la vigilance.
L’unique caissier ne porte ni masque, ni gants. Une plaque de plexigas fixée devant lui ne sert strictement à rien : les clients sont invités à partir à rebours une fois leur charriot vidé. Quand ils ont fait le tour, ils récupèrent leurs achats, et les règlent, à un endroit non protégé par la plaque de plexiglas, cela à nettement moins d’un mètre du caissier. Même fermées à cette heure, on peut observer un dispositif identique, d’une inefficacité absurde, sur toutes les autres caisses voisines.
Malgré sa publicité hyper offensive sur les réseaux sociaux (pour nous hurler qu’il reste au service de ses clients), Casino montre, dans ce magasin, le peu de cas qu’il fait des risques de contamination pour ses employés, mais aussi pour ses fameux clients. Autre scène observée un autre matin, cette fois au grand Spar du Cours Gambetta, toujours à Montpellier." .../...
"Déjà sur ce site commercial, la lutte n’avait pas été possible pour tenter de contrer l’ouverture le dimanche. Le salarié raconte comment la direction a fait peur aux employés, en expliquant que la non ouverture serait un critère pour que le groupe place ce magasin sur la liste des franchisables dont elle est en train de se débarrasser de fait. Les syndicats se sont inclinés, car cela pouvait signifier la perte de tous les accords maison, sous la houlette d’un nouveau patron. « Si c’est ça, c’est pas brillant » commente le délégué de Lattes. Mais on en est bien là.
On peut donc consulter les horaires de tous les Géants Casino ou Carrefour de Montpellier et environs, qui pousseront le cynisme du tout-consommation jusqu’à ouvrir ce Lundi de Pâques. Soit une licence qui était illégale avant qu’Emmanuel Macron remanie la législation. C’est tout juste si nous avons pu dénicher quelques posts Facebook, isolés pour protester en ces termes : « Non à l’ouverture des grandes surfaces ce lundi de Pâques ! Les courses de première nécessité peuvent être faites les autres jours de la semaine. Laissons les salariés avoir deux jours de repos consécutifs pour une fois ! Ils le méritent bien ! ». Pensez donc…"
_____________
* Article rédigé par un journaliste du Poing, mais précédemment publié sur le site La Marseillaise en commun.com, et reproduit ici avec son aimable autorisation.
Gestion policière de la crise covid et crainte d’une gilet-jaunisation XXL
La pandémie met à rude épreuve les gouvernements à travers le monde : défaut de préparation, manque de matériel sanitaire, crise structurelle de l’hôpital public après des décennies de réformes néo-libérales. Il s’agit là d’autant de points communs qui caractérisent, de façon plus ou moins aiguë, la grande majorité des pays de l’économie mondiale capitaliste. C’est donc l’ensemble des gouvernements capitalistes qui seront durement secoués par les conséquences de la tempête actuelle, compte-tenu de l’ampleur de la crise sanitaire couplée à une récession économique qui s’annonce et dont le seul point de comparaison serait celle de 1929, mais pourrait s’avérer être pire encore. La France, elle, a cette particularité que la crise va se décliner sur un terrain politique et social déjà miné.
"Un terrain particulier, dans le cas français, avec cette étroitesse qui caractérise la base sociale du gouvernement Macron, depuis le début du quinquennat, couplée à cette image de « président des riches » à laquelle l’assimile le plus grand nombre, mais également avec cette succession absolument inédite de mouvements de contestation de portée historique, allant du soulèvement des Gilets jaunes – la crise la plus importante depuis 1968 – jusqu’au mouvement de grève contre la réforme des retraites – avec la grève des transports la plus longue de l’histoire – et que Macron a été obligé de mettre entre parenthèse. Tout ceci est bien la preuve d’un climat social en ébullition mais également la démonstration de l’émergence d’un nouveau cycle de lutte de classe qui s’est ouvert en 2016 lors du mouvement contre la loi Travail et s’est approfondi sous le macronisme [1]." .../...
"Sur Facebook, un message publié le 9 avril par une femme se présentant comme une soignante du CHU a été partagé plus de 27 000 fois. Elle confirme qu’«aujourd’hui à l’hôpital de Bicêtre nous avons applaudi le discours d’une collègue infirmière… Différentes personnes ont exprimé le mécontentement des soignants devant le président». Avant de s’en prendre violemment aux journalistes, qualifiés de «bande de menteurs et de charlatans», et accusés de manipulation d’images : «Vous coupez au montage l’intégralité du discours de cette collègue en laissant juste la phrase de fin, je cite : "Est-ce qu’on peut s’applaudir (nous les soignants) comme le font tous les gens à 20 heures." Sauf qu’en coupant la vidéo et l’intégralité des échanges vous nous faites passer pour des cons et vous laissez sous entendre qu’on applaudit le président…» La femme à l’origine de la publication a toutefois précisé, a posteriori, que ce message ne visait pas tous les journalistes et qu’il «était en lien avec des propos qui m’avaient été relatés à 13 heures sur une chaîne télévisée et sur Twitter».
CheckNews a consulté les différents journaux télévisés diffusés aux alentours de 13 heures. Nous notons que les images ont été montrées par plusieurs chaînes d’information en continu comme BFM TV ou LCI, mais elles ont toutes précisé qu’il s’agissait d’images fournies par l’Elysée et que la visite s’est faite sans la présence de la presse. Dans un communiqué publié le 9 avril, l’Association de la presse présidentielle a dénoncé la «dégradation» que constitue ce déplacement «sans aucun journaliste», et qui «n’avait aucun caractère "privé", puisque l’Elysée en a diffusé ses propres images sur les réseaux sociaux.»
Contacté par CheckNews, l’Elysée n’a pas répondu à notre sollicitation sur l’utilisation de ces images et sur leur contexte."
4 commentaires:
A fond les tiroirs-caisses ! Les hypers de Montpellier ouverts ce lundi de Pâques, malgré le confinement
"Mobilisations quasi impossibles, malgré un péril flagrant de contaminations dans les grandes surfaces. Et les profits continuent, avec des ouvertures en jours fériés, illégales avant les lois Macron
9h20, ce jeudi matin, au Géant Casino de Prés d’Arènes à Montpellier. Une seule caisse non automatisée est en fonctionnement. Conséquence : une queue de plus de dix clients se forme sur toute la longueur du rayonnage qui débouche à cet endroit. Aucune distanciation sociale ne peut être fermement respectée quand les charriots se croisent entre grande allée du bord de caisses, et allée confinée où il faut manoeuvrer pour aller prendre sa place. Ce que faisant, les charriots se croisent comme dans un couloir, sans distanciation possible. L’attente s’annonce interminable, propice à la tension, l’énervement ; le contraire de la vigilance.
L’unique caissier ne porte ni masque, ni gants. Une plaque de plexigas fixée devant lui ne sert strictement à rien : les clients sont invités à partir à rebours une fois leur charriot vidé. Quand ils ont fait le tour, ils récupèrent leurs achats, et les règlent, à un endroit non protégé par la plaque de plexiglas, cela à nettement moins d’un mètre du caissier. Même fermées à cette heure, on peut observer un dispositif identique, d’une inefficacité absurde, sur toutes les autres caisses voisines.
Malgré sa publicité hyper offensive sur les réseaux sociaux (pour nous hurler qu’il reste au service de ses clients), Casino montre, dans ce magasin, le peu de cas qu’il fait des risques de contamination pour ses employés, mais aussi pour ses fameux clients. Autre scène observée un autre matin, cette fois au grand Spar du Cours Gambetta, toujours à Montpellier."
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"Déjà sur ce site commercial, la lutte n’avait pas été possible pour tenter de contrer l’ouverture le dimanche. Le salarié raconte comment la direction a fait peur aux employés, en expliquant que la non ouverture serait un critère pour que le groupe place ce magasin sur la liste des franchisables dont elle est en train de se débarrasser de fait. Les syndicats se sont inclinés, car cela pouvait signifier la perte de tous les accords maison, sous la houlette d’un nouveau patron. « Si c’est ça, c’est pas brillant » commente le délégué de Lattes. Mais on en est bien là.
On peut donc consulter les horaires de tous les Géants Casino ou Carrefour de Montpellier et environs, qui pousseront le cynisme du tout-consommation jusqu’à ouvrir ce Lundi de Pâques. Soit une licence qui était illégale avant qu’Emmanuel Macron remanie la législation. C’est tout juste si nous avons pu dénicher quelques posts Facebook, isolés pour protester en ces termes : « Non à l’ouverture des grandes surfaces ce lundi de Pâques ! Les courses de première nécessité peuvent être faites les autres jours de la semaine. Laissons les salariés avoir deux jours de repos consécutifs pour une fois ! Ils le méritent bien ! ». Pensez donc…"
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* Article rédigé par un journaliste du Poing, mais précédemment publié sur le site La Marseillaise en commun.com, et reproduit ici avec son aimable autorisation.
https://lepoing.net/a-fond-les-tiroirs-caisses-les-hypers-de-montpellier-ouverts-ce-lundi-de-paques-malgre-le-confinement/
Gestion policière de la crise covid et crainte d’une gilet-jaunisation XXL
La pandémie met à rude épreuve les gouvernements à travers le monde : défaut de préparation, manque de matériel sanitaire, crise structurelle de l’hôpital public après des décennies de réformes néo-libérales. Il s’agit là d’autant de points communs qui caractérisent, de façon plus ou moins aiguë, la grande majorité des pays de l’économie mondiale capitaliste. C’est donc l’ensemble des gouvernements capitalistes qui seront durement secoués par les conséquences de la tempête actuelle, compte-tenu de l’ampleur de la crise sanitaire couplée à une récession économique qui s’annonce et dont le seul point de comparaison serait celle de 1929, mais pourrait s’avérer être pire encore. La France, elle, a cette particularité que la crise va se décliner sur un terrain politique et social déjà miné.
"Un terrain particulier, dans le cas français, avec cette étroitesse qui caractérise la base sociale du gouvernement Macron, depuis le début du quinquennat, couplée à cette image de « président des riches » à laquelle l’assimile le plus grand nombre, mais également avec cette succession absolument inédite de mouvements de contestation de portée historique, allant du soulèvement des Gilets jaunes – la crise la plus importante depuis 1968 – jusqu’au mouvement de grève contre la réforme des retraites – avec la grève des transports la plus longue de l’histoire – et que Macron a été obligé de mettre entre parenthèse. Tout ceci est bien la preuve d’un climat social en ébullition mais également la démonstration de l’émergence d’un nouveau cycle de lutte de classe qui s’est ouvert en 2016 lors du mouvement contre la loi Travail et s’est approfondi sous le macronisme [1]."
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https://www.revolutionpermanente.fr/Gestion-policiere-de-la-crise-covid-et-crainte-d-une-gilet-jaunisation-XXL
Une visite sans aucun journaliste
"Sur Facebook, un message publié le 9 avril par une femme se présentant comme une soignante du CHU a été partagé plus de 27 000 fois. Elle confirme qu’«aujourd’hui à l’hôpital de Bicêtre nous avons applaudi le discours d’une collègue infirmière… Différentes personnes ont exprimé le mécontentement des soignants devant le président». Avant de s’en prendre violemment aux journalistes, qualifiés de «bande de menteurs et de charlatans», et accusés de manipulation d’images : «Vous coupez au montage l’intégralité du discours de cette collègue en laissant juste la phrase de fin, je cite : "Est-ce qu’on peut s’applaudir (nous les soignants) comme le font tous les gens à 20 heures." Sauf qu’en coupant la vidéo et l’intégralité des échanges vous nous faites passer pour des cons et vous laissez sous entendre qu’on applaudit le président…» La femme à l’origine de la publication a toutefois précisé, a posteriori, que ce message ne visait pas tous les journalistes et qu’il «était en lien avec des propos qui m’avaient été relatés à 13 heures sur une chaîne télévisée et sur Twitter».
CheckNews a consulté les différents journaux télévisés diffusés aux alentours de 13 heures. Nous notons que les images ont été montrées par plusieurs chaînes d’information en continu comme BFM TV ou LCI, mais elles ont toutes précisé qu’il s’agissait d’images fournies par l’Elysée et que la visite s’est faite sans la présence de la presse. Dans un communiqué publié le 9 avril, l’Association de la presse présidentielle a dénoncé la «dégradation» que constitue ce déplacement «sans aucun journaliste», et qui «n’avait aucun caractère "privé", puisque l’Elysée en a diffusé ses propres images sur les réseaux sociaux.»
Contacté par CheckNews, l’Elysée n’a pas répondu à notre sollicitation sur l’utilisation de ces images et sur leur contexte."
https://www.liberation.fr/checknews/2020/04/12/les-soignants-de-l-hopital-bicetre-ont-ils-applaudi-emmanuel-macron_1784998
Un bon résumé de ce lundi.
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