Long format.Avec les “gilets jaunes”, au cœur de la colère
«Un an après le début du mouvement des “gilets jaunes”, nous revenons sur les raisons profondes de cette mobilisation, grâce à un grand reportage du journaliste américain Christopher Ketcham qui s’est immergé dans les manifestations en France en mars 2019. Au fil des rencontres, des échanges, des affrontements, il explore cette colère populaire.» .../...
La peur de l’insurrection, de la révolte, de la destitution
Je me pressais de les rejoindre quand je suis passé à côté de deux femmes particulièrement bien mises ; elles fixaient le cortège d’un air inquiet et irrité tout en promenant leurs chiens. L’une d’elles vivait de l’autre côté de la rue du Ranelagh et n’osait pas s’approcher de la foule. “Depuis un demi-siècle, les élites françaises n’avaient plus éprouvé pareil sentiment”, a écrit Serge Halimi dans un édito du Monde diplomatique en février, le mois où je suis arrivé à Paris. “La peur. Pas celle de perdre un scrutin, d’échouer à ‘réformer’ ou de voir fondre ses actifs en Bourse. Plutôt celle de l’insurrection, de la révolte, de la destitution.” .../...
«Emmanuel Macron – jeune et impérieux, ancien banquier d’affaires chez Rothschild, où il s’était considérablement enrichi – a été élu en 2017. Son programme de réformes était le plus radical de l’histoire française moderne et portait sur le socle social, la fiscalité et le système réglementaire. Macron a aboli l’impôt sur la fortune [ISF], qui taxait le patrimoine net au-delà de 1,3 million d’euros, et l’a remplacé par un impôt foncier plus modeste qui exempte d’autres types d’actifs. Il a baissé les APL [de 5 euros par mois et par foyer] et les aides publiques à destination des étudiants, et a facilité les licenciements. Il a défendu la privatisation des autoroutes, des voies ferrées et des aéroports. Parallèlement, il a supervisé plusieurs vagues de coupes budgétaires dans les transports publics, les hôpitaux publics et les écoles publiques, et organisé la fermeture de maternités, de crèches et de bureaux de poste dans des régions déjà déshéritées, notamment des zones rurales, semi-rurales et “périurbaines”, c’est-à-dire les territoires en difficulté autour des grandes villes prospères.
Certes, Macron s’est contenté d’amplifier et d’accélérer des réformes favorables aux investisseurs qui avaient été enclenchées par son prédécesseur, le socialiste centriste François Hollande, qui a fini son mandat avec une cote de popularité historiquement basse. Macron a été son ministre de l’Économie. Le ras-le-bol* des “gilets jaunes” est notamment né d’une observation : depuis quelques années, ils n’arrivent plus à différencier les partis supposés de gauche et ceux de droite. Quel que soit leur vote, les électeurs français se retrouvent toujours avec un seigneur néolibéral à l’Élysée, un maître favorisant les diktats de l’Union européenne, les forces des marchés dérégulés, le pouvoir destructeur de la mondialisation.» .../...
Fumigènes et chants de soutiens aux manifestants chiliens
«Avant d’atteindre la place de la Nation, plus d’une centaine de manifestants chiliens rejoignent le cortège. Ils chantent en chœur «El pueblo unido jamás será vencido» («le peuple uni ne sera jamais vaincu»), une chanson composée en 1970 devenue un hymne de solidarité et de contestation. Tous demandent la démission du président Piñera qui a annoncé le remaniement du gouvernement mais refuse de quitter ses fonctions, alors que plus d’un million de manifestants ont défilé la veille dans les rues de Santiago au Chili. Arrivé place de la nation, le cortège se disperse tandis que certains grimpent sur le Triomphe de la République au milieu de la place. Ça craque des fumigènes et on entame des chants en soutien aux nombreux manifestants Chiliens présents. » (...)
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Long format.Avec les “gilets jaunes”, au cœur de la colère
«Un an après le début du mouvement des “gilets jaunes”, nous revenons sur les raisons profondes de cette mobilisation, grâce à un grand reportage du journaliste américain Christopher Ketcham qui s’est immergé dans les manifestations en France en mars 2019. Au fil des rencontres, des échanges, des affrontements, il explore cette colère populaire.»
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La peur de l’insurrection, de la révolte, de la destitution
Je me pressais de les rejoindre quand je suis passé à côté de deux femmes particulièrement bien mises ; elles fixaient le cortège d’un air inquiet et irrité tout en promenant leurs chiens. L’une d’elles vivait de l’autre côté de la rue du Ranelagh et n’osait pas s’approcher de la foule. “Depuis un demi-siècle, les élites françaises n’avaient plus éprouvé pareil sentiment”, a écrit Serge Halimi dans un édito du Monde diplomatique en février, le mois où je suis arrivé à Paris. “La peur. Pas celle de perdre un scrutin, d’échouer à ‘réformer’ ou de voir fondre ses actifs en Bourse. Plutôt celle de l’insurrection, de la révolte, de la destitution.”
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«Emmanuel Macron – jeune et impérieux, ancien banquier d’affaires chez Rothschild, où il s’était considérablement enrichi – a été élu en 2017. Son programme de réformes était le plus radical de l’histoire française moderne et portait sur le socle social, la fiscalité et le système réglementaire. Macron a aboli l’impôt sur la fortune [ISF], qui taxait le patrimoine net au-delà de 1,3 million d’euros, et l’a remplacé par un impôt foncier plus modeste qui exempte d’autres types d’actifs. Il a baissé les APL [de 5 euros par mois et par foyer] et les aides publiques à destination des étudiants, et a facilité les licenciements. Il a défendu la privatisation des autoroutes, des voies ferrées et des aéroports. Parallèlement, il a supervisé plusieurs vagues de coupes budgétaires dans les transports publics, les hôpitaux publics et les écoles publiques, et organisé la fermeture de maternités, de crèches et de bureaux de poste dans des régions déjà déshéritées, notamment des zones rurales, semi-rurales et “périurbaines”, c’est-à-dire les territoires en difficulté autour des grandes villes prospères.
Certes, Macron s’est contenté d’amplifier et d’accélérer des réformes favorables aux investisseurs qui avaient été enclenchées par son prédécesseur, le socialiste centriste François Hollande, qui a fini son mandat avec une cote de popularité historiquement basse. Macron a été son ministre de l’Économie. Le ras-le-bol* des “gilets jaunes” est notamment né d’une observation : depuis quelques années, ils n’arrivent plus à différencier les partis supposés de gauche et ceux de droite. Quel que soit leur vote, les électeurs français se retrouvent toujours avec un seigneur néolibéral à l’Élysée, un maître favorisant les diktats de l’Union européenne, les forces des marchés dérégulés, le pouvoir destructeur de la mondialisation.»
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https://www.courrierinternational.com/long-format/long-format-avec-les-gilets-jaunes-au-coeur-de-la-colere
Fumigènes et chants de soutiens aux manifestants chiliens
«Avant d’atteindre la place de la Nation, plus d’une centaine de manifestants chiliens rejoignent le cortège. Ils chantent en chœur «El pueblo unido jamás será vencido» («le peuple uni ne sera jamais vaincu»), une chanson composée en 1970 devenue un hymne de solidarité et de contestation. Tous demandent la démission du président Piñera qui a annoncé le remaniement du gouvernement mais refuse de quitter ses fonctions, alors que plus d’un million de manifestants ont défilé la veille dans les rues de Santiago au Chili. Arrivé place de la nation, le cortège se disperse tandis que certains grimpent sur le Triomphe de la République au milieu de la place. Ça craque des fumigènes et on entame des chants en soutien aux nombreux manifestants Chiliens présents. »
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https://www.liberation.fr/france/2019/10/27/acte-50-des-gilets-jaunes-bientot-un-an-de-manifestations-je-n-en-reviens-pas_1760026
https://www.liberation.fr/checknews/2019/10/29/un-senateur-chilien-a-t-il-justifie-l-usage-de-la-force-en-citant-les-gilets-jaunes-en-exemple_1760403
«Le président du Chili, Sebastián Piñera, a annoncé ce mercredi 30 octobre la suspension de la COP25 au Chili.»
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https://reporterre.net/Le-president-du-Chili-suspend-la-COP25
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