GILETS JAUNES : DES FRACTIONS DE CLASSES PARTICULIÈREMENT MOBILISÉES, COMMENT L’EXPLIQUER ?
Premiers résultats du collectif d’enquête du CNRS « jaune vif ».
«Depuis novembre 2018, le collectif « jaune vif » du CNRS a entrepris un travail de recherche au long cours sur le mouvement des gilets jaunes. Après 9 mois d’enquête ethnographique sur le rond-point de Camon et une enquête par questionnaires (1400 questionnaires passés in situ, in visu, entre novembre et janvier), Loïc Bonin et Pauline Liochon rapportent dans cet article leurs premiers résultats.» .../...
LES SOINS, LE CHRONOMÈTRE ET LA RATIONALISATION
«Le secteur du care, c’est avant toute chose un secteur en plein bouleversement, un véritable laboratoire d’essai des réformes néo-libérales dont une étude permet de dresser les conditions objectives d’une mobilisation sociale. L’importation du capitalisme et des formes de management corrélées à ce dernier au cœur même de l’appareil d’Etat ont bouleversé les modèles d’organisations dans le domaine de la santé. L’hôpital public fut à ce titre le théâtre de la mise en place de politiques de New Public Management dès les années 1990. « Une entreprise bien particulière de rationalisation du travail va alors se déployer avant tout économique, s’apparentant à bien des égards à des tentatives d’organisation « scientifique » du travail cherchant à normaliser, parcelliser et standardiser l’acte de soin » [3]. Cette recherche de l’efficacité économique à tout prix, dans un espace de soin devenu « hôpital-entreprise », contraint les soignantes à passer de moins en moins de temps avec chaque patient, leur donnant l’impression de ne plus pouvoir faire correctement leur travail. L’analyse ainsi faite de l’hôpital public peut se dupliquer à d’autres secteurs du soin. Les Agences régionales de santé rappellent systématiquement à l’ordre les différents services de soins infirmiers à domicile pour leur rappeler de « remplir les services ». [...] »
«Le secteur du care n’est pas le seul touché par ces mutations structurelles sur lesquelles les travailleurs n’ont pas de prise. Dans le secteur logistique et de la route, lui aussi touché par les transformations du capitalisme, les travailleurs sont ainsi soumis aux mêmes logiques et font aussi face à une dégradation de leurs conditions de travail.»
«LE POUVOIR EST LOGISTIQUE»
« Nul ne voit le pouvoir parce que chacun l’a à tout moment sous les yeux, sous la forme d’une ligne haute tension, d’une autoroute, d’un sens giratoire, d’un supermarché […]. Le pouvoir est logistique. Bloquons tout » écrivait le comité invisible. .../...
« [...] Au même titre que les femmes dans le secteur du care, les hommes du secteur de la route ont vu leur conditions de travail se dégrader, si bien que l’irrespect des règles (temps de travail, temps de repos, vitesse) est devenu la «norme de la profession». Les employés de la logistique ont quant à eux vu les cadences de chargement et de déchargement s’accélérer et les charges portées devenir toujours plus conséquentes.
DES EXPÉRIENCES COMMUNES AU TRAVAIL
«Un compte rendu objectif des dégradations des conditions de travail de ces deux secteurs ne permettent pas de comprendre la perception qu’ont les manifestants eux-mêmes de leur travail et encore moins d’appréhender le travail comme un facteur d’engagement. Pourtant, ce dernier apparait comme un déterminant central. [...] » .../...
« [...] Une affiche lors du mouvement du CPE en 2006 disait «c’est par le flux que ce monde se maintient». Les gilets jaunes semblent être à la fois victimes de ces flux, les contraignant à toujours plus de déplacements, de productivité et en ont également été les bourreaux durant les premières semaines de mobilisations. Les blocages de route à partir des ronds-points, les blocages d’entrepôt, de plateformes de distribution ont sans aucun doute marqués de leur emprunte les luttes sociales à venir. « Les luttes infrastructurelles viennent ! ».
ACTE II : DU SANG, DES LARMES ET DE LA POUDRE DE PERLINPIMPIN. Le Média.
https://youtu.be/0VsdsFRUdZQ
"L'Acte II" du quinquennat pourrait bien être une nouvelle fable racontée au français pour faire accepter les réformes néolibérales. Quoi de mieux qu'un conte pour montrer combien la ficelle est grosse...
«Entre le procès politique des insoumis à Bobigny et le samedi dimanche de marche dans les rues, un fil d’union court. La convergence des fronts d’action qui pourrait se faire ? Oui bien sûr. C’est la hantise du système mediatico-politique macroniste. Mais la convergence la plus importante, c’est celle des apprentissages collectifs. Ceux qui se font contre le miroir médiatique et le parti des répondeurs automatiques qui l’animent.» .../...
«Au fil de 45 semaines ou « le mouvement s’essouffle » et où dorénavant les mouvements écolos aussi, c’est tout du bon pain que cette manière de rabaisser tout et tout le monde avec des méthodes médiatiques aussi rudimentaires. Car cette fois-ci ce ne sont pas seulement les populaires des ronds-points éloignés qui sont gazés, grenadés et mitraillés. Ce sont les jeunes des classes moyennes des centres villes et leurs familles. Les prochaines mains arrachées, les prochains yeux crevés, les prochaines « comparutions immédiates » seront d’une autre composition de classe. La « convergence » n’est pas possible sans cela. Sans cet arrière plan de vécu commun.
Certes, en faisant le choix du débat sur l’immigration en pensant chasser sur les terres lepenistes, Macron commet une lourde faute pour le pays. Une dose de pur venin de division dans les veines de la République. Mais où ira-t-il ? Que peut-il dire ou faire à part des gesticulations ? Les catégories sociales qu’il méprise, ce sont a la fois les milieux issus de l’immigration à quoi il ne comprend rien et les classes moyennes sachantes qui savent que tout cette logorrhée xénophobe n’a pas de sens concret. Ça fait beaucoup de monde. D’autant qu’une bonne partie des milieux issus de l’immigration est elle aussi composante de la classe moyenne sachante. Encore une fois, la convergence se fera sur ce fond d’expérience commune du mépris de classe des parvenus aujourd’hui au pouvoir !
Dans ces conditions, si rude que soit le moment pour nombre d’entre nous, ce qui compte c’est le cours général des événements et celui-ci apporte à notre moulin si nous ne faisons pas l’erreur de chercher à se l’approprier. La priorité est à l’extension des mouvements dans ces nouveaux secteurs entrés dans le combat. La radicalité écologique est une forme renouvelée du collectivisme que porte notre programme « L’Avenir en commun ». Ce n’est ni un corps étranger ni un secteur « allié » de notre engagement. C’en est le cœur. La bataille des retraites qui va s’engager pas a pas va permettre d’autres prises de conscience idéologique. Car le thème de la retraite et de son financement est un enjeu idéologique. Le système de retraite porte en lui une vision du monde. Et maintenant les visions du monde sont dans la rue.» .../...
« [...] Ce qui nous arrive ne doit pas être séparé du reste de la situation de la violence policière et judiciaire qui se déploie contre les mouvements écolo et sociaux. La crise morale de la justice que cette situation met à nu est en lien avec toutes celles qui traverse la société dans son ensemble. Mais en particulier les milieux des classes moyennes sachantes et intégrées. Elles se découvre devant la décomposition de la légitimité d’un pouvoir reclus dans le « maintien de l’ordre » au prix du désordre social, moral, écologique et démocratique. » .../...
« Les policiers d’Alliance s’offusquent du mot "barbare" mais ne sont pas choqués par les gens qui ont été mutilés ou éborgnés par les policiers. » (...)
6 commentaires:
le reboussier se meur ...plus de commentaire sur ce site merdique
GILETS JAUNES : DES FRACTIONS DE CLASSES PARTICULIÈREMENT MOBILISÉES, COMMENT L’EXPLIQUER ?
Premiers résultats du collectif d’enquête du CNRS « jaune vif ».
«Depuis novembre 2018, le collectif « jaune vif » du CNRS a entrepris un travail de recherche au long cours sur le mouvement des gilets jaunes. Après 9 mois d’enquête ethnographique sur le rond-point de Camon et une enquête par questionnaires (1400 questionnaires passés in situ, in visu, entre novembre et janvier), Loïc Bonin et Pauline Liochon rapportent dans cet article leurs premiers résultats.» .../...
LES SOINS, LE CHRONOMÈTRE ET LA RATIONALISATION
«Le secteur du care, c’est avant toute chose un secteur en plein bouleversement, un véritable laboratoire d’essai des réformes néo-libérales dont une étude permet de dresser les conditions objectives d’une mobilisation sociale. L’importation du capitalisme et des formes de management corrélées à ce dernier au cœur même de l’appareil d’Etat ont bouleversé les modèles d’organisations dans le domaine de la santé. L’hôpital public fut à ce titre le théâtre de la mise en place de politiques de New Public Management dès les années 1990. « Une entreprise bien particulière de rationalisation du travail va alors se déployer avant tout économique, s’apparentant à bien des égards à des tentatives d’organisation « scientifique » du travail cherchant à normaliser, parcelliser et standardiser l’acte de soin » [3]. Cette recherche de l’efficacité économique à tout prix, dans un espace de soin devenu « hôpital-entreprise », contraint les soignantes à passer de moins en moins de temps avec chaque patient, leur donnant l’impression de ne plus pouvoir faire correctement leur travail. L’analyse ainsi faite de l’hôpital public peut se dupliquer à d’autres secteurs du soin. Les Agences régionales de santé rappellent systématiquement à l’ordre les différents services de soins infirmiers à domicile pour leur rappeler de « remplir les services ». [...] »
«Le secteur du care n’est pas le seul touché par ces mutations structurelles sur lesquelles les travailleurs n’ont pas de prise. Dans le secteur logistique et de la route, lui aussi touché par les transformations du capitalisme, les travailleurs sont ainsi soumis aux mêmes logiques et font aussi face à une dégradation de leurs conditions de travail.»
«LE POUVOIR EST LOGISTIQUE»
« Nul ne voit le pouvoir parce que chacun l’a à tout moment sous les yeux, sous la forme d’une ligne haute tension, d’une autoroute, d’un sens giratoire, d’un supermarché […]. Le pouvoir est logistique. Bloquons tout » écrivait le comité invisible.
.../...
« [...] Au même titre que les femmes dans le secteur du care, les hommes du secteur de la route ont vu leur conditions de travail se dégrader, si bien que l’irrespect des règles (temps de travail, temps de repos, vitesse) est devenu la
«norme de la profession». Les employés de la logistique ont quant à eux vu les cadences de chargement et de déchargement s’accélérer et les charges portées devenir toujours plus conséquentes.
DES EXPÉRIENCES COMMUNES AU TRAVAIL
«Un compte rendu objectif des dégradations des conditions de travail de ces deux secteurs ne permettent pas de comprendre la perception qu’ont les manifestants eux-mêmes de leur travail et encore moins d’appréhender le travail comme un facteur d’engagement. Pourtant, ce dernier apparait comme un déterminant central. [...] »
.../...
« [...] Une affiche lors du mouvement du CPE en 2006 disait
«c’est par le flux que ce monde se maintient». Les gilets jaunes semblent être à la fois victimes de ces flux, les contraignant à toujours plus de déplacements, de productivité et en ont également été les bourreaux durant les premières semaines de mobilisations. Les blocages de route à partir des ronds-points, les blocages d’entrepôt, de plateformes de distribution ont sans aucun doute marqués de leur emprunte les luttes sociales à venir. « Les luttes infrastructurelles viennent ! ».
Loïc Bonin et Pauline Liochon
https://lundi.am/Gilets-Jaunes-Des-fractions-de-classes-particulierement-mobilisees-comment-l
ACTE II : DU SANG, DES LARMES ET DE LA POUDRE DE PERLINPIMPIN.
Le Média.
https://youtu.be/0VsdsFRUdZQ
"L'Acte II" du quinquennat pourrait bien être une nouvelle fable racontée au français pour faire accepter les réformes néolibérales. Quoi de mieux qu'un conte pour montrer combien la ficelle est grosse...
La semaine de la convergence à l’horizon
«Entre le procès politique des insoumis à Bobigny et le samedi dimanche de marche dans les rues, un fil d’union court. La convergence des fronts d’action qui pourrait se faire ? Oui bien sûr. C’est la hantise du système mediatico-politique macroniste. Mais la convergence la plus importante, c’est celle des apprentissages collectifs. Ceux qui se font contre le miroir médiatique et le parti des répondeurs automatiques qui l’animent.»
.../...
«Au fil de 45 semaines ou « le mouvement s’essouffle » et où dorénavant les mouvements écolos aussi, c’est tout du bon pain que cette manière de rabaisser tout et tout le monde avec des méthodes médiatiques aussi rudimentaires. Car cette fois-ci ce ne sont pas seulement les populaires des ronds-points éloignés qui sont gazés, grenadés et mitraillés. Ce sont les jeunes des classes moyennes des centres villes et leurs familles. Les prochaines mains arrachées, les prochains yeux crevés, les prochaines « comparutions immédiates » seront d’une autre composition de classe. La « convergence » n’est pas possible sans cela. Sans cet arrière plan de vécu commun.
Certes, en faisant le choix du débat sur l’immigration en pensant chasser sur les terres lepenistes, Macron commet une lourde faute pour le pays. Une dose de pur venin de division dans les veines de la République. Mais où ira-t-il ? Que peut-il dire ou faire à part des gesticulations ? Les catégories sociales qu’il méprise, ce sont a la fois les milieux issus de l’immigration à quoi il ne comprend rien et les classes moyennes sachantes qui savent que tout cette logorrhée xénophobe n’a pas de sens concret. Ça fait beaucoup de monde. D’autant qu’une bonne partie des milieux issus de l’immigration est elle aussi composante de la classe moyenne sachante. Encore une fois, la convergence se fera sur ce fond d’expérience commune du mépris de classe des parvenus aujourd’hui au pouvoir !
Dans ces conditions, si rude que soit le moment pour nombre d’entre nous, ce qui compte c’est le cours général des événements et celui-ci apporte à notre moulin si nous ne faisons pas l’erreur de chercher à se l’approprier. La priorité est à l’extension des mouvements dans ces nouveaux secteurs entrés dans le combat. La radicalité écologique est une forme renouvelée du collectivisme que porte notre programme « L’Avenir en commun ». Ce n’est ni un corps étranger ni un secteur « allié » de notre engagement. C’en est le cœur. La bataille des retraites qui va s’engager pas a pas va permettre d’autres prises de conscience idéologique. Car le thème de la retraite et de son financement est un enjeu idéologique. Le système de retraite porte en lui une vision du monde. Et maintenant les visions du monde sont dans la rue.»
.../...
« [...] Ce qui nous arrive ne doit pas être séparé du reste de la situation de la violence policière et judiciaire qui se déploie contre les mouvements écolo et sociaux. La crise morale de la justice que cette situation met à nu est en lien avec toutes celles qui traverse la société dans son ensemble. Mais en particulier les milieux des classes moyennes sachantes et intégrées. Elles se découvre devant la décomposition de la légitimité d’un pouvoir reclus dans le « maintien de l’ordre » au prix du désordre social, moral, écologique et démocratique. »
.../...
https://melenchon.fr/2019/09/22/la-semaine-de-la-convergence-a-lhorizon/
Comme le présageait Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, celà va être une "tuerie"! ...
«La moitié des demandeurs d’emploi va être impactée par les nouvelles modalités d’indemnisation en 2020.»
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/assurance-chomage-l-effet-massif-de-la-reforme-est-confirme-20190924
« Les policiers d’Alliance s’offusquent du mot "barbare" mais ne sont pas choqués par les gens qui ont été mutilés ou éborgnés par les policiers. »
(...)
https://www.20minutes.fr/politique/2614063-20190926-paris-centaine-policiers-manifestent-pres-siege-france-insoumise
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