jeudi 3 mai 2018

La Relève et La Peste

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Le gouvernement français ouvre le marché de l'huile de palme à Total

2 mai 2018 / par Laurie Debove

Les Amis de la Terre et Greenpeace France tirent la sonnette d'alarme : le gouvernement français vient d'approuver le plan d'approvisionnement de Total pour sa bio-raffinerie géante de La Mède. Ce projet prévoit d'importer 550 000 tonnes d'huile de palme chaque année, une catastrophe écologique.

Trois fois plus d'huile de palme que les industries agroalimentaires françaises

La nouvelle est parvenue aux ONG grâce à leur découverte d'un document émis par la préfecture des Bouches-du-Rhône détaillant le plan de Total. Avec 550 000 tonnes d'huiles de palme importées par an pour produire du biodiesel, Greenpeace estime que ce projet ferait bondir les importations françaises d'huile de palme d'environ 64 % !

Les consommateurs connaissent bien la présence d'huile de palme dans certains produits comme le Nutella. Le projet de Total utiliserait trois fois plus d'huile de palme que les 136 000 tonnes d'huile de palme utilisées par l'industrie agroalimentaire française chaque année. Osons Causer détaille les conséquences de cette importation dans un chiffre qui paraît loufoque tellement il est gros : 550 000 tonnes d'huile de palme représentent 4,3 milliards de grands pots de Nutella.

Crédit : Chaîne Youtube Osons Causer

Alors qu'Emmanuel Macron adressait un défi bravache à Donald Trump lors de sa visite aux Etats-Unis, on peut ici observer un antagonisme criant entre les paroles du Président de la République et les accords passés avec Total.

« Si Emmanuel Macron entend être un véritable leader de la lutte contre le changement climatique, il est grand temps que l'Etat cesse de soutenir les agrocarburants de première génération, tant sur les plans législatif et fiscal que diplomatique. Quand la France décide d'ouvrir les vannes de l'huile de palme, les grands discours sur la protection du climat sonnent creux », analyse Clément Sénéchal, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France.

Biodiesel à l'huile de palme : mort des forêts tropicales et émissions de gaz à effet de serre

Le gouvernement français exige que l'huile de palme utilisée par Total soit certifiée, notamment RSPO. Seulement, cette certification est très critiquée par de nombreuses ONG, dont Greenpeace, en raison du manque de rigueur dans les critères appliqués pour obtenir ce label et d'une mauvaise transparence dans sa gestion. De plus, parmi les certifications demandées, aucune d'entre elles ne garantit l'absence d'impacts directs ou indirects sur les forêts tropicales, principales zones de production de l'huile de palme. Afin d'en produire, les exploitants rasent des hectares de forêt aussi grands que des pays ! Entre 1990 et 2015, une surface forestière faisant la même taille que le Royaume-Uni a été rasée en Indonésie !

Alors que les agrocarburants sont présentés comme une solution idéale pour réduire l'impact du secteur des transports en terme d'émissions de gaz à effet de serre, ce biodiesel à l'huile de palme est en fait beaucoup plus nocif que le diesel traditionnel ! Une étude révèle que parmi tous les biodiesels fabriqués avec de l'huile végétale, celui à l'huile de palme est le plus polluant en terme d'émissions de CO2. En raison de la déforestation des incroyables poumons verts de la planète que sont les forêts tropicales, le biodiesel de Total serait responsable de trois fois plus d'émissions de gaz à effet de serre que les carburants fossiles. 

Greenpeace dénonce un « marché artificiel » des agrocarburants, développé à une échelle industrielle sous le jeu d'objectifs législatifs contraignants décidés au niveau européen et national, et nourri par des milliards d'euros de subventions, d'exonération fiscales et d'aides publiques. En 2012, la Cour des comptes avait même parlé d'une véritable « niche fiscale » et d' « effets d'aubaine » créés par ces réglementations. Ces transformations se sont faites à l'insu des consommateurs qui ne savent pas souvent que le carburant distribué à la pompe des stations essence est de plus en plus composé d'huile végétale.

Alors que Nicolas Hulot, dans son Plan climat, avait annoncé l'interdiction d'utiliser l'huile de palme dans les carburants, la France fait aujourd'hui machine arrière. Au même moment, le Parlement européen et la Commission européenne annoncent leur intention d'en finir avec les agrocarburants de première génération, notamment le biodiesel à l'huile de palme. La France portera-t-elle la responsabilité de la disparition pure et simple des forêts tropicales en s'opposant à cette volonté européenne ? Une consultation publique doit bientôt être lancée.

Crédit Poto : BAY ISMOYO / AFP

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2 mai 2018 / par Laurie Debove Partager

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