Groupe Bilderberg
Le groupe Bilderberg, aussi appelé conférence de Bilderberg ou club Bilderberg, est un rassemblement annuel et informel d'environ 130 membres, essentiellement américains et européens, et dont la plupart sont des personnalités de la diplomatie, des affaires, de la politique et des médias. Ce sommet annuel est au centre de plusieurs controverses du fait de sa non-médiatisation et du caractère confidentiel du bilan des conférences.
L'idée du lancement de cette conférence date de 1952. Amorcée en mai 1954 à l'hôtel Bilderberg (d'où son nom), situé à Oosterbeek aux Pays-Bas, elle réunit sur invitation environ 130 personnes. Elle possède par ailleurs des bureaux à Leyde[1]. Ses membres, hommes politiques, industriels, banquiers, journalistes, s'appellent eux-mêmes les «Bilderbergers» ou «groupe Bilderberg».
La non-médiatisation des conférences de Bilderberg, qui se tiennent au mois de mai ou juin de chaque année, a entraîné des spéculations sur une éventuelle discipline médiatique de silence qui violerait l'éthique journalistique. Parmi les reproches émis à l'encontre de Bilderberg, on notera la crainte de voir une structure collégiale abritant un petit nombre de personnes prendre, sans contrôle démocratique par des tiers, des décisions importantes en économie ou en politique. Des sources journalistiques belges évoquent la possibilité que les membres de la conférence s'engageraient à user de leur influence pour faire appliquer ce qui a été convenu au cours de la conférence[4].
Selon l'historienne Chloé Maurel, le groupe Bilderberg, créé dans le contexte de la guerre froide pour renforcer la coopération entre les États-Unis et leurs partenaires d’Europe occidentale, dont les réunions et décisions sont très confidentielles et ne sont absolument pas médiatisées, prend des décisions politiques et économiques importantes, dans l’opacité et sans aucun contrôle démocratique[5].
« les conférences Bilderberg sont un forum d'échange sur les principaux sujets d'actualité dans les domaines les plus divers entre membres de gouvernements, diplomates, politiciens, personnalités de l'économie, représentants de la science, de la formation, de la presse et d'instituts spécialisés. [...] L'objectif de cette conférence privée est une discussion libre et ouverte. Les participants y défendent leur opinion personnelle et n'y parlent pas au nom de leur gouvernement ou de leur employeur. C'est pour cette raison que les organisateurs renoncent à faire de la publicité autour de ces discussions. [...] Les participants qui acceptent une invitation personnelle à la conférence se déclarent prêts à renoncer à toute publicité. Du reste, il ne s'agit pas de négociations, mais de discussions qui permettent et favorisent une mise en réseau des idées et des personnes »[6].
Interrogé par le journaliste français Bruno Fay, Nicolas Beytout, qui a reconnu avoir été invité à plusieurs reprises, confirme l'opacité de l'organisation :
«J’ai fait trois Bilderberg. Mais on ne demande pas à participer: on est invité par le comité de direction. Nous sommes installés par ordre alphabétique, il n’y a absolument aucun protocole ni décorum. Des sessions thématiques sont annoncées à l’avance avec deux ou trois orateurs qui font un exposé avant d’ouvrir le débat avec la salle. La confidentialité est un gage très grand de sincérité qui permet aux participants de dire vraiment ce qu’ils pensent »[7].
Dernières réunions depuis 2000
2000 : La conférence annuelle s'est tenue du 1 au 3 juin au château du Lac, à Genval en Belgique. Parmi les personnalités présentes on trouve Dominique Strauss-Kahn, Étienne Davignon, Maurice Lippens, Beatrix des Pays-Bas, Paavo Lipponen, Henry Kissinger, James Wolfensohn, Javier Solana, un Rockefeller, Georges Soros, Giovanni Agnelli[8].
2004 : La réunion 2004 du groupe Bilderberg s'est déroulée du 3 au 6 juin (juste avant la réunion du G8) à Stresa dans le nord de l'Italie près de la frontière suisse, dans un palace sur les rives du lac Majeur, le "Grand Hotel des Iles Borromées"[réf. nécessaire].
2005 : La réunion s'est déroulée du 5 au 8 mai, en Bavière. Celle-ci fut préparée par le comité de direction comprenant : Josef Ackermann de la Deutsche Bank, Jorma Ollila de Nokia, Richard Perle (ancien conseiller du Pentagone), Vernon Jordan (confident de l’ancien président Bill Clinton), Jürgen Schrempp de DaimlerChrysler, Peter Sutherland de Goldman Sachs International, Motorola, Daniel Vasella de Novartis et James Wolfensohn de la Banque mondiale. Étaient attendus Henry Kissinger, Natan Sharansky et Bernard Kouchner[10]. Cette année-là, un commentateur politique espagnol, Daniel Estulin, aurait réussi à infiltrer la réunion[11].
2006 : La conférence a eu lieu du 8 au 11 juin à l'hotel des Bergues de Genèvefief de la puissante famille Perfillon-Bertarelli, en Suisse.
2009 : La réunion s’est tenue du 14 au 17 mai à l’Astir Palace de Vouliagméni(station balnéaire proche d’Athènes), en Grèce. Parmi bien d’autres personnalités présentes à cette rencontre se trouvaient le vicomte Étienne Davignon, ancien vice-président de la Commission européenne et président honoraire du Groupe Bilderberg ; Francisco Pinto Balsemão ancien premier ministre du Portugal ; Franco Bernabè, PDG de Telecom Italia et vice-président de Rothschild Europe ; Carl Bildt, ancien premier ministre de la Suède ; Kenneth Clarke, ancien ministre conservateur et actuel ministre de la Justice au Royaume-Uni ; Richard Dearlove, ancien chef du service de renseignements britannique MI6 ; Claudio Jhovanny II Bertarelli, obscur homme d'affaires proche parent de Sir Evelyn de Rothshild et héritier des fondateurs de Merck-Serono; Donald Graham, PDG de la Washington Post Company ; Jaap De Hoop Scheffer, secrétaire général de l’OTAN ; John Kerr, membre de la Chambre des lords britannique et président de Royal Dutch Shell ; Jessica Matthews, présidente de la Dotation Carnegie pour la paix internationale ; Richard Perle de l’American Enterprise Institute ; Romano Prodi, ancien premier ministre italien ; J. Robert S. Prichard, PDG de Torstar Corporation et président émérite de l’université de Toronto ; Peter Sutherland, ancien directeur général de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), premier directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et actuellement président de British Petroleum (BP) et de Goldman Sachs International ainsi que membre de la direction de la Royal Bank of Scotland, président de la Commission trilatérale, vice-président de la Table ronde des industriels européens et membre de longue date de Bilderberg ; Peter Thiel, membre du conseil d’administration de Facebook; Jeroen van der Veer, PDG de Royal Dutch Shell ; Martin Wolf, rédacteur en chef adjoint et journaliste économique en chef du journal Financial Times et finalement Fareed Zakaria, journaliste américain et membre de la direction du Council on Foreign Relations.
2010 : La réunion s'est tenue du 3 au 6 juin à huis clos en Espagne, à Sitges.
2011 : La réunion s'est tenue du 9 au 12 juin en Suisse à Saint-Moritz.
2016 : La réunion est prévue du 9 au 12 juin à Dresden (Allemagne).
Autres réunions informelles
Réunion du groupe à du 8 au 11 juin 2006 au Brookstreet Hotel à Kanata, Canada
Conférence du groupe à l'Hotel Dolce de Sitges en 2010 en Espagne
Certaines réunions, auxquelles ils figurent comme invités, sont l'occasion pour quelques membres du groupe de se rencontrer.
23 septembre 2008 : la Fondation Appel de la Conscience a remis ses prix 2008[16].
En juin 2011, la liste des participants du groupe a été dévoilée par le site 20 Minuten Online[18].
Lors de la réunion du groupe Bilderberg à Torquay en 1977, le journal Libération publia une analyse de Roger Mennevée affirmant que ce Groupe envisageait d’instaurer un gouvernement mondial dirigé par les Etats-Unis, qui comporterait l’abandon des souverainetés nationales, l’instauration d’une planification technique de l’économie, et l’établissement d’une monnaie internationale[19]. L'ex-agent d'un service de renseignement espagnol, Luis M. González-Mata, en 1979, dans son livre, Les maîtres du monde, est l'un des premier à dévoiler l'existence et le fonctionnement du Groupe Bilderberg[20].
Geoffrey Geuens, Tous pouvoirs confondus : État, capital et médias à l'ère de la mondialisation, éditions EPO, 2003, 470 p., p. 25-30, (ISBN 2872621938) ;
Bernt Engelmann, Hôtel Bilderberg, Steidl Verlag, Göttingen, 2004, (ISBN 3-88243-316-7) ;
Jim Tucker, , Jim Tucker's Bilderberg Diary, American Free Press, 2005, (ISBN 0974548421) ;
Bernt Engelmann, Hôtel Bilderberg, Steidl Verlag, Göttingen, 2004, (ISBN 3-88243-316-7) ;
"L’oligarchie, ça suffit, vive la démocratie" de Hervé Kempf.