Après les ratés pour les masques et ceux pour les tests de dépistage, la mise en place chaotique de la vaccination désespère nos concitoyens. La France se ridiculise par ailleurs aux yeux du monde. La presse étrangère a même trouvé un nouveau nom pour notre pays : l'Absurdistan.
De fait, l'année 2021 commence mal. Les atermoiements du pouvoir vont se traduire par davantage de décès liés à la pandémies. Les dépôts de bilan et les suicides vont se multiplier. Davantage de chômeurs viendront remplacer les gueules cassées des guerres d'autrefois.
En 2006, le pays de Pasteur était encore le premier du classement EHCI (*) qui évalue les performances des systèmes de santé européens. En 2018, avant la crise du Covid, la France ne figurait déjà plus dans les 10 premiers. En décembre 2020, Bloomberg classait la France au 34ème rang dans son évaluation de la gestion de la crise sanitaire par les différents pays.
Cette dérive mortifère n'est pas liée à la qualité de nos médecins. Celle-ci reste reconnue dans le monde entier : par exemple le patron de Moderna, le laboratoire américain à l'origine du premier vaccin anti-covid, est Français. Nos infirmières et l'ensemble des soignants ne sont pas davantage responsables, bien au contraire, leur dévouement empêche le système de s'effondrer.
La descente aux enfers de notre système de santé n'est qu'une illustration du problème plus global du déclin de la France. Le phénomène touche tous les secteurs, de l'industrie à l'agriculture en passant par le commerce et l'enseignement.
Le mal vient d'abord de notre bureaucratie et des redondances administratives. Ceux qui sont chargés de la mise en œuvre des politiques publiques sont beaucoup trop nombreux, à tous les échelons. La France ne sait plus faire de vaccin mais elle est imbattable pour produire des doublons dans nos 35.357 communes, nos 1.001 communautés de communes, nos 223 communautés d'agglomération, nos 21 métropoles, nos 13 communautés urbaines, nos 18 régions, nos 101 départements et autant de préfectures.
Tout le monde s'occupe de tout mais plus personnes n'ose prendre ses responsabilités. La langue de bois a remplacé le français et le parapluie est devenu le principal outil de travail. Cette redondance administrative a aussi un coût : malgré sa moindre population, la France dépense 97 milliards d'euros par an de plus pour ses services publics que l'Allemagne.
Paradoxalement, nous manquons malgré tout de fonctionnaires sur le terrain : pas assez d'infirmières, d'aides soignantes, de policiers, de professeurs, de médiateurs culturels et sportifs pour encadrer la jeunesse, etc. Par contre, la décision symbolique de réduire le nombre de parlementaires a été reportée aux calendes grecques contrairement aux Italiens qui ont entériné par référendum la baisse de 30% du nombre de leurs députés et de leurs sénateurs.
Le mal français, source de gaspillage et de dysfonctionnement, c'est la suradministration au plus haut sommet de l'État. Plus grave encore, avec le développement du "pantouflage", l'énarchie et la haute fonction publique gangrènent à présent les grandes entreprises d'états et peu à peu celles du privé, entrainant, avec les mêmes pratiques bureaucratiques, la sclérose et la perte de compétitivté de l'économie toute entière.
Le Président de la République se trouve dans la même situation que Louis XVI avant la révolution française. La haute administration a remplacé le haut clergé. La classe politique, pléthorique et dotée de privilèges incompréhensibles, a remplacé la noblesse. Les caisses de l'Etat sont vides, l'endettement est abyssal, la fiscalité est écrasante, les inégalités et l'insécurité ne cessent de croître, la jeunesse se retrouve sans perspective d’avenir.
Le Président de la République va devoir endosser la responsabilité des erreurs accumulées depuis 50 ans par les dirigeants successifs. Il va devoir agir, vite et fort pour lutter efficacement contre la pandémie et au-delà redresser la France.
Un escalier se balaye en commençant par le haut. S'il ne veut pas être balayé lui même aux prochaines élections, il va lui falloir se hisser au niveau d'un Clémenceau ou d'un Churchill.
Les dirigeants sont élus pour diriger et pour agir, non pour avoir peur de leur ombre.
Jacques Carles