Attaqués de toute part, les juges s’avouent blasés, inquiets, indignés
« Dès qu’elle touche à des femmes ou à des hommes politiques, la justice est accusée de faire de la politique. Mais dire que c’est un déni de démocratie, c’est n’importe quoi. Personne n’a dissous le RN, lundi matin. » Au banc des accusés depuis 24 heures, face aux vives critiques de Marine Le Pen, et même à des menaces directes visant les juges du tribunal correctionnel de Paris, les magistrats semblent balancer entre flegme, inquiétude et interrogations. Le clash était prévisible. « On avait bien vu, dès le départ du procès, une stratégie disant que les juges n’étaient pas légitimes pour juger, parce qu’ils allaient interférer dans le choix des citoyens », estime un magistrat montpelliérain. « On est nombreux à penser qu’ils auraient pu se dispenser de l’exécution provisoire. On savait très bien que ça allait faire un séisme », lâche un parquetier exerçant en Occitanie. « Les faits se sont passés il y a quinze ans, ça n’aurait empêché personne de dormir qu’elle soit libre de se présenter», soupire une autre, confrontée au quotidien à des affaires de violence gravissime. Mais beaucoup s’avouent sidérés par la violence des réactions hostiles et par les remises en cause de leur institution. « Les politiques sont les premiers à réclamer et à voter des lois très répressives, mais quand ça les touche, ils hurlent. Comme s’ils avaient une espèce d’immunité diplomatique. C’est un discours complètement schizophrénique. On est en deçà de toute réflexion, uniquement dans l’émotion. Cela relève sans doute d’un mécanisme psychologique de toute puissance », analyse un juge gardois. Sans se prononcer sur le fond de l’affaire, certains recadrent. « Quatre ans dont deux ferme, c’est lourd, mais par rapport à dix ans encourus, on n’est pas non plus dans le massacre organisé. Une peine de deux ans ferme aménagée avec un bracelet, bien des malfaiteurs, aujourd’hui, aimeraient obtenir ça », dit un magistrat de cour d’appel. « On parle de millions d’euros détournés et de probité publique, souligne un juge d’instruction héraultais. Qu’est-ce qu’il y a de choquant à appliquer une loi votée par le peuple ? Ils voudraient être en fait leurs propres juges. Mais on ne peut pas coller dix-huit mois ferme à un voleur de vélo parce qu’il est en récidive et ne pas prononcer les peines prévues pour ces délits-là. » Évidemment, la question de l’inéligibilité immédiate est au cœur des débats. « On sait que tous les recours sont suspensifs et, à terme, une sanction trop tardive est dénuée de tout sens. On ne peut pas s’affranchir des règles de droit et dire que ce sera ensuite aux électeurs de trancher, quand on se fait prendre la main dans le pot de confiture. » (…)
(…) « C’est une mesure qu’on prononce tous les jours »
"L’exécution provisoire ? « Pour moi, on devrait la garder pour des actes gravissimes », estime une juge. « C’est une mesure qu’on prononce tous les jours pour des citoyens lambda dans tous les tribunaux, rétorque un magistrat héraultais. Une suspension de permis de conduire sur-le-champ, c’est une exécution provisoire. Un mandat de dépôt, c’est une exécution provisoire de l’incarcération, avant même d’être jugé au fond et alors qu’on est présumé innocent. On a l’habitude de rendre des décisions qui déplaisent, mais l’ampleur des réactions est, là, quand même inquiétante. » Car il y a ces menaces, via les réseaux sociaux, pesant sur la présidente ayant prononcé la sentence, alors que la décision a été approuvée par ses deux assesseurs. Une enquête a été ouverte, a annoncé le parquet de Paris. Unanimement condamnées, ces menaces surviennent dans un climat propice. «Des juges menacés, insultés, c’est tout les jours, décrit une haut magistrate. Les juges pour enfants sont très ciblés par les justiciables, il y a un climat de contestation de l’autorité de plus en plus vif et décomplexé, touchant aussi les profs ou les flics, et les juges n’y échappent pas. » « On est là avec des gens qui s’estiment au-dessus des lois et qui tentent une espèce de coup de force pour faire plier la justice, par l’intimidation. Un peu comme ce qui se passe aujourd’hui avec le narcobanditisme, note un magistrat luttant contre la criminalité organisée. C’est presque cocasse. » « Je ne suis pas inquiet pour l’institution, qui est suffisamment forte en France pour résister à ce type d’attaque », conclut un juge montpelliérain. Tous sont d’accord : « La pression sur les juges qui vont statuer en appel va être énorme.» En déclarant Marine Le Pen immédiatement inéligible, l’institution est accusée d’avoir agi pour des motifs politiques et de se mettre en travers du fonctionnement démocratique. Réactions."
François Barrère fbarrere@midilibre.com Mercredi 02 avril 2025 https://kiosque
BRUNO RETAILLEAU ET JORDAN BARDELLA SONT DE CONCERT...!
REGION Le ministre de l’Intérieur pointe les « juges rouges »
"Bruno Retailleau a jugé « objectif » qu’il y ait des « juges rouges », prenant pour cible le Syndicat de la magistrature, classé à gauche, jeudi soir, sur France 2. « La très grande majorité des magistrats en France observe une neutralité mais il y a parfois des organisations syndicales… Notamment une, qui s’est fait connaître avec le “Mur des cons” », a commenté le ministre de l’Intérieur, interrogé sur la condamnation et l’inéligibilité immédiate prononcées contre Marine Le Pen dans l’affaire des eurodéputés du FN. Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a affirmé, lui, sur LCI que ce jugement « met à mort financièrement le premier parti de France ». Alors que le RN prépare un grand meeting de soutien à Marine Le Pen, dimanche, à Paris, place Vauban, La France insoumise et les Écologistes ont appelé, jeudi, comme plusieurs organisations de la jeunesse, à un rassemblement contre l’extrême droite, le même jour, place de la République dans la capitale.
Vendredi 04 avril 2025 https://kiosque.midilibre.fr/reader/65741268-1d15-41e0-93d4-8578c93..
C'est fou comment elle se retenait de sourire... C'était déja un aveux ! Ça l'a libéré de le tacler sur la police pour pouvoir enfin rigoler... L'immunité ouvrière l'a séchée !
5 commentaires:
Sur les 4millions d'euros détounés, il doit bien rester de quoi acheter des mouchoirs jetables et les envoyer aux militants pour se consoler non ??
REGION
Attaqués de toute part, les juges
s’avouent blasés, inquiets, indignés
« Dès qu’elle touche à des femmes ou à des hommes politiques, la justice est accusée de faire de la politique. Mais dire que c’est un déni de démocratie, c’est n’importe quoi. Personne n’a dissous le RN, lundi matin. » Au banc des accusés
depuis 24 heures, face aux vives critiques de Marine Le Pen, et même à des menaces directes visant les juges du tribunal correctionnel de Paris, les magistrats semblent balancer entre flegme, inquiétude et interrogations.
Le clash était prévisible. « On avait bien vu, dès le départ du procès, une
stratégie disant que les juges n’étaient pas légitimes pour juger, parce qu’ils allaient interférer dans le choix des citoyens », estime un magistrat montpelliérain. « On est nombreux à penser qu’ils auraient pu se dispenser de l’exécution provisoire. On savait très bien que ça allait faire un séisme », lâche
un parquetier exerçant en Occitanie. « Les faits se sont passés il y a quinze ans, ça n’aurait empêché personne de dormir qu’elle soit libre de se présenter», soupire une autre, confrontée au quotidien à des affaires de violence gravissime.
Mais beaucoup s’avouent sidérés par la violence des réactions hostiles et par les remises en cause de leur institution.
« Les politiques sont les premiers à réclamer et à voter des lois très
répressives, mais quand ça les touche, ils hurlent. Comme s’ils avaient une espèce d’immunité diplomatique. C’est un discours complètement schizophrénique. On est en deçà de toute réflexion, uniquement dans l’émotion.
Cela relève sans doute d’un mécanisme psychologique de toute puissance », analyse un juge gardois.
Sans se prononcer sur le fond de l’affaire, certains recadrent. « Quatre ans dont deux ferme, c’est lourd, mais par rapport à dix ans encourus, on n’est pas non plus dans le massacre organisé. Une peine de deux ans ferme aménagée avec
un bracelet, bien des malfaiteurs, aujourd’hui, aimeraient obtenir ça », dit un magistrat de cour d’appel.
« On parle de millions d’euros détournés et de probité publique, souligne un juge d’instruction héraultais. Qu’est-ce qu’il y a de choquant à appliquer une loi votée par le peuple ? Ils voudraient être en fait leurs propres juges. Mais on ne peut pas coller dix-huit mois ferme à un voleur de vélo parce qu’il est en récidive et ne pas prononcer les peines prévues pour ces délits-là. »
Évidemment, la question de l’inéligibilité immédiate est au cœur des débats.
« On sait que tous les recours sont suspensifs et, à terme, une sanction trop tardive est dénuée de tout sens. On ne peut pas s’affranchir des règles de droit et dire que ce sera ensuite aux électeurs de trancher, quand on se fait prendre
la main dans le pot de confiture. »
(…)
(…)
« C’est une mesure qu’on prononce tous les jours »
"L’exécution provisoire ? « Pour moi, on devrait la garder pour des actes
gravissimes », estime une juge.
« C’est une mesure qu’on prononce tous les jours pour des citoyens lambda dans tous les tribunaux, rétorque un magistrat héraultais. Une suspension de permis de conduire sur-le-champ, c’est une exécution provisoire. Un mandat de
dépôt, c’est une exécution provisoire de l’incarcération, avant même d’être jugé au fond et alors qu’on est présumé innocent. On a l’habitude de rendre des décisions qui déplaisent, mais l’ampleur des réactions est, là, quand même inquiétante. » Car il y a ces menaces, via les réseaux sociaux, pesant sur la présidente ayant prononcé la sentence, alors que la décision a été approuvée par ses deux assesseurs. Une enquête a été ouverte, a annoncé le parquet de
Paris.
Unanimement condamnées, ces menaces surviennent dans un climat propice. «Des juges menacés, insultés, c’est tout les jours, décrit une haut magistrate.
Les juges pour enfants sont très ciblés par les justiciables, il y a un climat de contestation de l’autorité de plus en plus vif et décomplexé, touchant aussi les profs ou les flics, et les juges n’y échappent pas. »
« On est là avec des gens qui s’estiment au-dessus des lois et qui tentent une espèce de coup de force pour faire plier la justice, par l’intimidation. Un peu comme ce qui se passe aujourd’hui avec le narcobanditisme, note un magistrat
luttant contre la criminalité organisée. C’est presque cocasse. »
« Je ne suis pas inquiet pour l’institution, qui est suffisamment forte en France pour résister à ce type d’attaque », conclut un juge montpelliérain. Tous sont
d’accord : « La pression sur les juges qui vont statuer en appel va être énorme.»
En déclarant Marine Le Pen immédiatement inéligible, l’institution est accusée d’avoir agi pour des motifs politiques et de se mettre en travers du fonctionnement démocratique. Réactions."
François Barrère
fbarrere@midilibre.com
Mercredi 02 avril 2025
https://kiosque
BRUNO RETAILLEAU ET JORDAN BARDELLA SONT DE CONCERT...!
REGION
Le ministre de l’Intérieur pointe les
« juges rouges »
"Bruno Retailleau a jugé « objectif » qu’il y ait des « juges rouges », prenant pour cible le Syndicat de la magistrature, classé à gauche, jeudi soir, sur France 2. « La très grande majorité des magistrats en France observe une neutralité mais il y a parfois des organisations syndicales… Notamment une, qui
s’est fait connaître avec le “Mur des cons” », a commenté le ministre de
l’Intérieur, interrogé sur la condamnation et l’inéligibilité immédiate prononcées
contre Marine Le Pen dans l’affaire des eurodéputés du FN. Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a affirmé, lui, sur LCI que ce jugement « met à mort financièrement le premier parti de France ».
Alors que le RN prépare un grand meeting de soutien à Marine Le Pen,
dimanche, à Paris, place Vauban, La France insoumise et les Écologistes ont appelé, jeudi, comme plusieurs organisations de la jeunesse, à un
rassemblement contre l’extrême droite, le même jour, place de la République dans la capitale.
Vendredi 04 avril 2025
https://kiosque.midilibre.fr/reader/65741268-1d15-41e0-93d4-8578c93..
@Glupatate
https://youtube.com/shorts/7msDgY8rrIc?si=XFMWZ2GBIF96-hwk
C'est fou comment elle se retenait de sourire... C'était déja un aveux !
Ça l'a libéré de le tacler sur la police pour pouvoir enfin rigoler...
L'immunité ouvrière l'a séchée !
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