Ales le 13 juin 2020.
Depuis le 18 mars 2019 tous les rouages humains du service public de la santé se sont mis en grève afin d’obtenir la satisfaction de leurs revendications autour de 3 axes à savoir :
réouverture des lits et des capacités d’accueil des hôpitaux
revalorisation des salaires
amélioration des conditions de travail
Mobilisés depuis 1 an les personnels hospitaliers n’ont jamais obtenu gain de cause alors qu’ils alertaient sur un système à bout de souffle. « Il n’y a pas d’argent magique » avait répondu le président. A la suppression des 4418 lits d’hospitalisation ces 2 dernières années et 100 000 en 2 décennies il rétorquait, « vous dites des bêtises », pourtant il y avait 11 lits d’hôpital pour 1000 habitants en 1981, il n’en reste que 6,5 aujourd’hui, les 2/3 des maternités ont fermé, les services d’urgences sont saturés, l’accès aux soins est difficile,et il existe un manque criant de personnel.
La guerre contre le virus date du 14 mars 2020, celle contre l’hôpital public et les autres services publics dure depuis 40 ans. Afin de rentrer dans le carcan de 3% de déficit prévu par Maastricht les réductions permanentes des dépenses de santé publiques, les mises en concurrences entre établissements, les logiques de rentabilité, les managements dignes d’entreprises privés, les partenariats publics privés ont été imposés par les néolibéraux. Le malade n’est plus au centre de notre système de santé ceux sont les préoccupations budgétaires. Depuis le début du mandat de Macron, 12 milliards d’économies ont étaient faites sur le dos de la santé dont 4 pour les hôpitaux.
La conséquence immédiate en est la pénurie. La stratégie du gouvernement face à la pandémie n’a été qu’une gestion de pénurie. Elle résulte des choix politiques faits ces dernières années. Notre système de santé à bout de souffle, incapable de prendre en charge les malades gravement contaminés a justifiéle passage au confinement. Il a été une arme contre le virus d’une efficacité relative. Ce fut une réponse dégradée.
Depuis un an les personnels hospitaliers crient leur souffrance au travail, bun-out, maladies musculo-squelettiques, passage de 8 à 12 heures de travail, démissions, aujourd’hui un pas de plus a été franchi, les syndicats estimaient que 63% des établissements manquaient de protections individuelles, soit 81% des personnels, des sacs poubelle ont remplacés des surblouses, des masques FFP2 totalement absents : nous avons manqué de tout. Malgré ces protections insuffisantes, les directions ont refusé de mettre en place des dépistages systématiques. Conséquence de cela, plus de 12000 personnels soignants ont été contaminés ( d’aprèsune enquête des syndicats, les chiffres officiels n’existent pas). La proportion de soignants infectée serait 11 fois supérieure à celle de la population générale. Pire 15% des syndicats affirment que des soignants contaminés par le SRAScov2, étaient maintenus au travail, ce chiffre passe à 20% dans les Ehpad. Fait marquant la médecine du travail s’est révélée totalement défaillante. Se pose la question du manque de moyens de celle-ci, et de son indépendance.
Applaudies tous les soirs à 20 heures notre personnel de santé est devenu héro. Il nous faut y associer tous ces métiers indispensables au fonctionnement de notre société, tous ces métiers qui ont subi une dévalorisation de leur image, de leur rétribution, de leur statu, de leurs protections sociales, de leur travail précaire, ce sont cela mêmes qui ont colorés de jaune les ronds points. Ces métiers que l’on dit« non qualifiés » sont les plus utiles, ils contribuent à notre survie, ils sont les plus exposés. Ils nécessitent une reconnaissance sociale, et salariale. Les femmes ont été en première ligne car surreprésentées dans ces métiers et 2 fois touchées par le risque de contamination et la sous-rémunération. Le jour d’après devra prendre en compte ces dysfonctionnements de notre société.
L’holocauste de la planète a favorisé le passage du réservoir du SRAScov2 à l’espèce humaine. Le Covid19 a une contagiosité (représentée parle taux de Reproduction de Base)évalué à 2.2 à comparer au 3,3 du SRAS de 2002, du 1,4 pour la grippe saisonnière, ou 12 à 18 de la rougeole. Ce qui en fait un virus de contagiosité modérée.
L’expérience chinoise relevait un taux de létalité de 0,3 % c’est un chiffre comparable aux 0,1% des grippes saisonnières, loin des 13,2 % du SRAS de 2002, et 54% d’Ebola. Ce qui en fait un virus à létalité modérée.
Alors pourquoi plus de 30 000 morts en France ?
Pourquoi 30 000 morts uniquement à l’hôpital et centres médicaux sociaux pour 65 millions d’habitants quand le Portugal en dénombre 1447 pour 12 millions d’habitants, l’Allemagne 8840 pour 83 millions d’habitants, et le Japon 917 pour 126 millions d’habitants ?
L’Allemagne et le Japon sont connus pour avoir une population âgée, le confinement y a été beaucoup moins sévère les bars restaurants y sont resté ouverts ? L’âge n’en est pas la cause !
La situation italienne montre que 99% des malades décédées présentaient de l’obésité, du diabète, des maladies cardio-vasculaires.
Il faut chercher les causes dans ce que l’OMS appelle la pandémie de maladies chroniques.
La France compte 26 millions de malades chroniques souffrant d’obésité cause de diabète, d’HTA, de maladies cardio-vasculaires. Ceux sont eux qui se sont principalement retrouvé en réanimation. En 10 ans d’alerte par l’OMS, nous n’avons pas pris en charge ces patients de façon convenable, nous n’avons pas fait de prévention.
La deuxième cause de ce fort taux de décès est l’état déplorable dans lequel se trouve notre système de santé :manque de lits, de matériel, de personnel etc …
Heureusement notre région a été peu impactée par cette pandémie 400 cas avérés, 94 décès dont 13 à Ales, le SRAScov2 disparait doucement avec 0,5 % des tests positifs, même si quelques clusters peuvent apparaitre.
Les pathologies chroniques découlant du surpoids sont des maladies de la pauvreté. Le profil de santé d’Ales faitapparaitre des taux de mortalités prématurés élevés, les taux d’ALD et surtout celui du diabète sont bien supérieurs aux références nationales. Les indicateurs décrivant les déterminants sociaux de santé témoignent d’une vulnérabilité sociale de la population. Emplois précaires, familles monoparentales, taux de chômage jusqu'à 26%, taux de pauvreté des ménages de 30%, seulement 34 % des ménages sont imposé, 40% des jeunes sortent de l’école sans diplôme, 23% de la population bénéficie de la CMU, 15% des logements sont insalubres.
Avec 1 médecin de ville pour 2000 habitants sur l’agglomération, l’offre de soins de ville très faible confirme une situation sanitaire très dégradée.
L’hôpital accuse un déficit comptable de 4 000 000, fortement endetté il s’est consacré uniquement aux soins des malades du Covid19. Quelles seront les conséquences financières de la faible activité des 2 mois d’épidémie alors que son financement est principalement du à l’activité ?
Pendant l’épidémie celui-ci a perdu un pédopsychiatre, un cardiologue, un ophtalmologue, un chirurgien, un neurologue, un gynécologue, un psychologue, 7 cadres de santé ont démissionné. Le service des urgences débordé par l’affluence des patients, doit subir une restructuration architecturale. Maisil n’est pas envisagé d’investissement de matériel, ni d’embauche de personnel, ce qui a pourtant cruellement manqué pendant cette crise sanitaire.
Le premier Ministre a rappelé que le gouvernement souhaite poursuivre la même politique et mettre en oeuvre la loi santé 2022 et pourrait en accélérer sa mise en route, et ainsi faire disparaitre 300 hôpitaux de proximité avec fermeture des services d’urgences, de chirurgies, de maternités. L’hôpital d’Ales pourra t’il résister à cette volonté politique?
Les français les ont applaudies, le pouvoir leur a promis des médailles, un 14 juillet et une prime de 1500 euros pour 40% des soignants de l’hôpital d’ales, et 1000 euros pour les salariés des HEPAD. Pas pour tout le monde et pas la même somme : sur quels critères ? On leur offre en plus un Ségur de la Santé. Grande messe de communication au départ chaotique, aux invités choisis et dans laquelle n’apparait aucune volonté de corriger les erreurs passées, aucun signe de changement de stratégie politique.
Dans le but de défendre l’hôpital public (et la Santé dans sa globalité) celui-ci exsangue ne réussit plus à assurer son rôle de service public, mettant en cause l’égalité d’accès, d’accueil, de soins de qualité.
Il est urgent d’exiger une politique de santé publique qui réponde aux besoins de toutes et tous partout. Il nous faut reconsidérer l’organisation de notre système de santé.
La facture est énorme pour les établissements de santé, sociaux et médico-sociaux. Pourtant l’ODAM (l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie) a été maintenu, la loi de financement de la sécurité sociale ne répond pas à l’exigence de l’augmentation de l’ODAM. Cette crise sanitaire a montré de façon criante que la marchandisation de la santé et les stratégies politiques laissent exsangues les services publics qui prennent en charge les souffrances de la population. La santé, et l’action sociale sont impactées par les politiques d’austérité, la loi de finance agit sur les finances des collectivités territoriales qui sont aussi des financeurs considérables des secteurs sociaux.
La protection sociale nécessite une refonte de son financement.
L’hôpital public et la santé doivent entrer dans le cadre régalien des prérogatives de l’état.
Repenser notre système de soin est aussi de créer un pôle public du médicament, c’est partout faire entrer la démocratie, associer les soignants, patients, élus, les associations, comités de défense dans les prises de décisions.
Le comité de défense et de promotion de la santé dans le bassin alésien appelle les habitants du bassin à manifester le16 juin à 13 heures devant l’hôpital
Avec les personnels de santé nous demandons
-L’arrêt de la fermeture des lits
-La réouverture de ceux supprimés et la réouverture des structures de proximité.
-L’embauche immédiate de 100 000 soignantes à l’hôpital et la création de 200 000 postes dans les secteurs médicaux et médico-sociaux.
-Une augmentation de 20% du point d’indice de la fonction publique hospitalière.
-Une formation de qualité pour le personnelle soignant, la reconnaissance des qualifications de chacune et chacun.
-La reconnaissance de la pénibilité des métiers du soin.
-Une augmentation corrective de l’ODAM 2020 au minimum de 5% par rapport à 2019.
-Une augmentation du budget des hôpitaux, la suppression de la dette, de la taxe sur les salaires.
-Nous restons vigilent qu’en à la restructuration du service des urgences à ales, et au remplacement du personnel.
La crise sanitaire qui passe a laissé un vaste chantier devantnous qui consiste à rebâtir un nouveau monde pour satisfaire les besoins sociaux, culturels, d’épanouissement, de Bien Etre de nos concitoyens.
La Santé est au carrefour de ces attentes.
Le Comité de Défense de l’Hôpital et de la Santé du bassin Alésien.
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Mobilisations du 16 juin : Détail des points de rendez-vous en Occitanie
"Depuis hier, samedi 13 juin, le conseil d’État a levé l’interdiction de manifester prise dans le cadre de l’État d’urgence sanitaire après plusieurs plaintes de syndicats et de la LDH. Raison de plus pour rejoindre l’une des manifestations du 16 juin, journée nationale de mobilisation en soutien au personnel soignant, en première ligne pendant la crise du COVID-19. Plusieurs rendez vous sont donnés en Occitanie à l’appel de différentes organisations syndicales, avec un mot d’ordre clair : non à la marchandisation du secteur de la santé et aux politiques d’austérités, plus de lits, plus de personnels, plus de matériel, et de meilleurs salaires.
Le Poing relaie ici les différents appels à manifester dans la région.
Dans l’Hérault
– Montpellier : la CGT-CHU Montpellier organise un rassemblement puis une manifestation à 10h devant le CHU de St-Eloi.
https://www.facebook.com/events/1097614643954302/
L’union départementale de la CGT a également appelé à plusieurs rassemblements dans d’autres villes du département :
– Bédarieux : rassemblement à 11h00 devant l’Ehpad
– Béziers : rassemblement à 12h00 devant l’hôpital
– Lodève : rassemblement 13h30 devant le CHU
– Sète : rassemblement 14h00 entrée du CHBT
https://www.facebook.com/udcgt.herault/posts/2351828765111018
Dans le Gard
– Nîmes : rendez-Vous à 14h30 devant la Maison Carrée
– Alès : 12h45 devant l’hopital d’Alès
– Bagnols-Sur-Cèze : 18h place de la Mairie
– Uzès : 10h devant Mas Careiron et 13h devant l’hopital d’Uzès
L’appel de l’UD-CGT du Gard est à consulter ici : https://www.facebook.com/103846622982051/photos/a.159407147425998/3328441130522568/?type=3&theater
–Dans l’Aude
– Carcassonne : rassemblement à 14h devant l’ARS
– Lézignan : 14h30 devant l’hôpital
– Narbonne : rassemblement à14h devant l’hôpital
Dans le Tarn :
A l’initiative de SUD Santé-Sociaux, une manifestation aura lieu devant l’hôpital général d’Albi.
https://www.facebook.com/SudSanteSociaux81/photos/a.409694495842853/2103467409798878/?type=3&theater
Dans l’Aveyron :
Millau : le rendez-vous est fixé à 18h devant l’hôpital de la ville."
https://lepoing.net/manifestations-16-juin-occitanie2/
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