Les États-Unis vont-ils se lancer dans une intervention militaire au Venezuela ? La question se pose depuis plusieurs semaines. Les déclarations des uns et des autres, que ce soit Donald Trump, Marco Rubio, le secrétaire d'État, ou son homologue à la guerre, Pete Hegseth, laissent planer le doute.
Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, le président états-unien affiche des ambitions hégémoniques, semblant renouer avec la « doctrine Monroe » aux XIXe et XXe siècle et
sa tristement célèbre diplomatie du gourdin.
À l'époque, Washington considérait qu'il lui était légitime d'intervenir dans son « arrière-cour ». Donald Trump la remet au goût du jour pour lutter contre l'influence de la Chine, s'emparer de ressources naturelles ou conforter des positions stratégiques.
Certains médias états-uniens évoquent la doctrine
« Donroe » – mot-valise composé de Donald et de Monroe – pour qualifier cette nouvelle politique à l'égard d'une région que les Américains désignent comme « l'hémisphère occidental ».
En une du New York Post, début janvier, avant même son retour à la Maison-Blanche, on voyait un Donald Trump montrant une carte sur laquelle le Groenland était remplacé par
« Our Land » (
« notre terre »), le Canada par
« 51st State » (
« 51e État »), le golfe du Mexique par
« Golfe d'Amérique » et le canal de Panamá par
« Pana-Maga ».
Depuis plusieurs semaines, la cible principale est le Venezuela. Le pays est accusé d'être un narco-État avec à sa tête un président illégitime, Nicolás Maduro, l'héritier du fondateur du socialisme bolivarien, Hugo Chávez. Tous les moyens sont bons pour le déstabiliser, y compris des frappes militaires dans la mer des Caraïbes contre des embarcations supposées de narcotrafiquants, qui ont fait au total plus de quatre-vingts morts, au mépris des lois internationales.
Le
Washington Post a révélé la semaine dernière qu'en septembre, Pete Hegseth a ordonné aux forces armées de ne laisser aucun survivant lors d'une frappe contre un bateau soupçonné de transporter de la drogue. Un deuxième missile avait été lancé, affirme le quotidien, pour tuer deux personnes qui avaient échappé à la première frappe. Il s'agit d'un crime de guerre.
Lundi, la Maison-Blanche est venue au secours de ce dernier en expliquant que l'ordre avait été donné par un haut gradé, l'amiral Bradley,
« dans le cadre de ses compétences et conformément à la loi régissant les engagements militaires afin de garantir la destruction du bateau et l'élimination de la menace qui pesait sur les États-Unis ».
Donald Trump déploie non seulement l'armée, mais aussi des méthodes mafieuses. Il punit celles et ceux qui lui déplaisent, comme le président colombien Gustavo Petro, récompensant les autres,
comme l'Argentin Javier Milei.
Et il se permet même de s'ingérer dans les affaires intérieures, tentant d'influencer les processus électoraux, que ce soit en Argentine ou au Honduras. Sous son égide, cinquante ans après le sinistre plan Condor destiné à lutter contre la subversion communiste et mis en place par les dictatures militaires et la CIA, une nouvelle alliance réactionnaire tente de se mettre en place. Et si le candidat d'extrême droite José Antonio Kast, nostalgique du général putschiste Pinochet,
remporte la présidentielle chilienne le 14 décembre, il en sera un pion supplémentaire.