"On a le sentiment d'être sur le Titanic" : une députée quitte la Macronie en la dézinguant sévèrement
Elle claque la porte, et bruyamment ! Frédérique Dumas, députée de la 13e circonscription des Hauts-de-Seine et vice-présidente de la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale, annonce ce lundi 17 septembre qu'elle quitte la majorité présidentielle, c'est-à-dire le groupe La République en marche (LREM), pour rejoindre celui de l'UDI-Agir. Dans un entretien corrosif accordé au Parisien, elle explique sa décision par "des désaccords profonds, sur le fond et sur la méthode". "On a plutôt le sentiment d'être sur le Titanic", résume-t-elle, cinglante.
"Si on met la transformation aux mains de technocrates hors-sol, voire cyniques, cela ne peut pas fonctionner."
Et la parlementaire de balancer tout le mal qu'elle pense de la majorité et de ses méthodes. Selon elle, "les fondamentaux du macronisme ont été oubliés", à savoir "la confrontation d'idées, le débat et l'expérimentation". "Etre écouté, voire entendu, faire bouger les lignes est tout simplement impossible avec l'exécutif et compliqué avec le groupe. Même donner un avis est vu comme une fronde s'il n'est pas conforme", explique-t-elle.
Un principe notamment enterré, selon elle, est une formule bien connue des partisans d'Emmanuel Macron : "Le en même temps, c'est prendre en compte l'ensemble des dimensions, sans prisme idéologique. Mais si on met la transformation aux mains de technocrates hors-sol, voire cyniques, cela ne peut pas fonctionner", se désole l'élue.
Pour étayer son propos et son mécontentement, celle qui est également productrice de cinéma met en avant son expérience autour de l'élaboration de la réforme de l'audiovisuel public. Un travail qui "devait se faire en coordination avec les députés", "or on n'a eu aucune réunion avec le gouvernement, si ce n'est un petit-déjeuner avec le Premier ministre, une heure avant les annonces". Invitée dans les médias à la suite des annonces sur le sujet, la députée avait évoqué ses doutes quant au sort réservé à France 4. "Un crime de lèse-majesté", rapporte-t-elle, et une initiative qui lui a valu la perte de sa mission sur l'éveil musical, "car on m'a dit 'on ne récompense pas une frondeuse'".
Autre point de discorde entre ce soutien de la première heure d'Emmanuel Macron et la majorité : la question de l'exemplarité. Elle dénonce un décalage entre ce qui avait été annoncé au début du quinquennat et les actes, notamment autour du cas Alexandre Benalla. Selon elle, les propos récents de l'ex-monsieur sécurité du président sur les sénateurs montre "qu'il y a encore une forme d'impunité". Elle pointe également l'élection de Richard Ferrand à la tête de l'Assemblée nationale, alors que l'enquête sur l'affaire des mutuelles de Bretagne est toujours en cours. "Il ne s'agit pas de mettre en cause leurs compétences, mais pourquoi nomme-t-on consul Philippe Besson qui a fait un livre sur le président ? Pourquoi, quand on a décapité pratiquement tout le ministère de la Culture, la seule nomination que l'on fait est celle d'Agnès Saal (condamnée pour ses frais de taxis exorbitants, ndlr) ? L'exemplarité, c'est aussi une question de bon sens", poursuit-elle avant de dénoncer le maintien en poste de Françoise Nyssen, ministre de la Culture, menacée par une enquête préliminaire autour des travaux d'agrandissement des locaux d'Actes Sud, la maison d'édition qu'elle a un temps dirigée.
Un départ avec fracas que l'élue espère salutaire : "Il est important que les choses soient enfin dites pour que ça change", dit-elle, précisant qu'elle souhaite toujours le succès d'Emmanuel Macron.