Une histoire banale ici comme ailleurs.
Car j’ai poursuivi tout de même, nullement arrêtée par ronces, troncs et mur abattu. Miracle : après la propriété riveraine responsable du saccage, le chemin réapparaît intact et ouvre sur une baignade… et plus loin, une véritable splendeur : un petit gourd alimenté par une cascade de quinze mètres [jaillissant même l’été] à l’eau limpide et aux galets brillants.
Bon, la Mairie est réactive : le mur sera reconstruit sous peu. Aux frais de qui ? Il tenait la terre communale, c’est donc à la commune de le rebâtir : « il s’est éboulé tout seul, l’ancienne équipe n’entretenait rien, on avait bien demandé (!!) mais… » Eboulé juste sur ce tronçon et juste à droite [car celui de gauche, miracle, tient.] Soit. [J’ai fait un reportage photo, si cela vous intéresse il est plus parlant qu’un article.]
Alors ? Alors c’est notre patrimoine qui fout le camp. Lorsqu’il s’agit d’un accaparement minime [tel ce paysan qui a enclos un monument historique, en le cas un tombeau ! qu’il utilise comme remise : les morts voisinent avec râteaux, pelles, bois coupé, baste, ils ne s’en portent pas plus mal]… mais lorsque c’est tout un pan du domaine public qui se trouve définitivement confisqué, de surcroît à fins lucratives et sous couvert de culture et d’ouverture, avec demande de subventions, là, on frôle le grandiose. Un lieu enfin « ouvert » ! selon la brochure de pub. [En partie à nos frais.] Ouvert un mois et seulement jusqu’à la « galerie ». Fini le spectacle, out l’indigène ou le randonneur. Anecdotique ? Pagnolesque ? Oui… et non.
Déclinons cette histoire à l’infini : on voit ainsi des sites dont nous semblons avoir perdu conscience de la beauté petit à petit accaparés par des sans scrupules désireux d’en jouir seuls ou de les rentabiliser à leur profit ; et des loisirs gratuits, accessibles à tous [randonnées, baignades] interdits et remplacés par ce que la société nous offre ou plutôt nous vend de plus bas : la consommation, la culture préformée, hypermarché et piscines. Pour ceux qui le peuvent ; les autres, les vieux par exemple, bof...
Un détail pour finir : à Genève, dans certains quartiers même pas très chics, si vous laissez à la fenêtre un pull d’enfant, vous aurez dans la demi heure qui suit l’irruption de policiers indignés [y’â nouisâânc’ : pââpîîers !] qui investiront votre domicile comme si vous étiez des malfrats. Ca s’est calmé : mon mari était à l’époque détaché à l’ONU, un fonctionnaire international qu’ils avaient sans doute ordre de ménager. Pour le fun, on a compris ensuite que le quartier était en fait un haut lieu de «très belles dames» [manteau de vison et BMW] que notre fille de huit ans lorgnait avec une infinie admiration [notre fils, trois ans, s’attachait aux voitures] me reprochant de ne pas être si bien attifée. Nous avons déménagé avant qu’ils ne se découvrent des vocations.