Note du reboussier:
Pourquoi il faut arrêter de parler de « fake news »
Par William Audureau
Un anglicisme trompeur
La notion de « fake news » pose d’abord un problème de traduction : à strictement parler, le terme anglais ne désigne pas un article faux, au sens d’inexact, mais plutôt un faux article, une publication qui se fait passer pour un article de presse sans en être un. La langue anglaise distingue en effet ce qui est false (faux au sens d’erroné) de ce qui est fake (faux au sens d’une imitation).
La fake news telle qu’elle s’est développée durant la campagne américaine appartient au second registre, celui de la duperie. A travers les codes visuels, le ton et la présentation, nombre de sites ont cherché à se faire passer pour de vrais organes de presse, et abusé de la confiance des internautes, plus sensibles à des titres d’articles qu’à des noms de publications. Ainsi du célèbre canular du soutien du pape à Donald Trump, publié sur le faux site d’actualité WTOE 5 News (désormais inactif), et partagé plus d’un million de fois sur Facebook.
C’est cette confusion qui est en leur centre, comme l’expliquait déjà fin 2015 Donna Halper, ancienne journaliste et professeure de communication politique : « Certaines personnes ne réalisent pas qu’elles lisent un faux site d’actualité, car la plupart d’entre eux font en sorte d’avoir l’air digne de confiance ; et c’est seulement si vous lisez l’avertissement, souvent placé tout en bas du site, que vous réalisez que c’est du faux, et non la réalité. » Ainsi du site américain Empire News, qui annonce sur une page cachée dans les mentions en bas de page d’accueil qu’il « n’a pas d’autre visée que de divertir ».