https://www.lafranceagricole.fr/reserve-deau/article/867034/la-confederation-paysanne-s-oppose-aux-megabassines-dans-le-puy-de-dome
Préserver un modèle agricole
"La Confédération Paysanne s'interroge : « Ces ouvrages gigantesques serviraient à irriguer principalement des grandes cultures, dont certaines sont non irriguées actuellement, sans garantie sur la diversité et la destination des cultures irriguées. Ces prélèvements engendreraient donc une pression accrue sur les milieux et la disponibilité en eau pour l'ensemble des agriculteurs et agricultrices du bassin. Pomper dans l'Allier, affluent de la Loire, posera problème sur la répartition de la ressource à l'échelle du bassin tout entier. Que fera-t-on en aval si des ouvrages de ce type se multiplient en amont ? »
« Tout cela est réglementaire et encadré par l'État », rétorque Philippe Planche, un des 36 exploitants porteurs du projet. Cet éleveur de vaches laitières cultive des céréales pour ses animaux et vend le surplus, sans irriguer. Une partie de sa production est contractualisée avec Limagrain.
« Mon objectif est à la fois de sécuriser l'alimentation de mes vaches et de limiter ma surface de maïs pour le remplacer par des cultures spécialisées comme l'ail, explique-t-il à l'AFP. L'idée n'est pas de faire du business, mais de préserver un modèle agricole : on parle d'exploitations familiales en moyenne de 60-70 hectares. Sans ces retenues, […] le risque c'est d'avoir des exploitations qui font 150 voire 200 hectares avec moins de diversification », estime l'agriculteur en regrettant que les opposants « refusent le dialogue »."
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Semences de maïs : la poule aux œufs d’or
"Deux hectares de semences de maïs, c’est peu à côté d’autres fermes, comme celle de 40 hectares d’Alexandre Bresson, à Entraigues, un peu plus au nord. L’agriculteur confie « en faire peut-être un peu plus que les autres » et partage le constat de Cédric Portal sur le caractère vertueux du système Limagrain. « S’il n’y avait pas Limagrain, je ne serais plus là et nous n’aurions plus d’agriculteurs en Limagne depuis longtemps », affirme-t-il.
La production de semences de maïs est, pour le dire vite, la poule aux œufs d’or de la région. Sauf que, pour faire partie du club, il faut répondre à un cahier des charges strict. D’une part, disposer d’une zone d’isolement pour que les semences restent pures et ne soient pas « contaminées » par d’autres variétés et, d’autre part, pouvoir irriguer, car cette culture demande beaucoup d’eau. Surtout en été, quand les températures sont hautes et les nappes phréatiques basses. D’où la multiplication de projets de bassines dans le secteur, portées par des adhérents de Limagrain.
« En gros, vous n’êtes plus maître chez vous »
Mais ce n’est pas tout. Jean-Paul Onzon, 63 ans, est installé depuis trente-trois ans à Ennezat, « en plein territoire Limagrain », à quelques minutes du siège social de l’entreprise. Il a travaillé quinze ans avec la coopérative.
« Quand vous produisez des semences pour eux, on vous impose la variété, on vous dit quels traitements et produits phytosanitaires utiliser, quand irriguer et récolter, on vous note. Chaque semaine, vous avez un technicien Limagrain qui vient voir ce que vous faites et on peut vous mettre dehors à tout moment. En gros, vous n’êtes plus maître chez vous », résume-t-il."
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https://reporterre.net/Comment-le-semencier-Limagrain-a-rendu-dependants-les-agriculteurs-du-Puy-de-Dome
LIMAGRAIN ET LE CHANT DU COQ
Comment la coopérative Limagrain a bâti un empire du maïs avec l’aide de l’État
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Le seul semencier français à maîtriser les OGM
"Le maïs LG11 a provoqué un big bang pour la petite coopérative auvergnate, qui a vu son chiffre d’affaires exploser. Dès lors, s’est opérée une stratégie menée tambour battant d’investissements dans la recherche, de diversification et d’internationalisation. En 1975, Limagrain acquit Vilmorin, spécialiste des semences potagères, puis Clause, numéro deux français du secteur, en 1996. « Les potagères c’est ce qui rapporte désormais le plus d’argent au groupe, observe Jean-Christophe Juilliard, directeur général de Limagrain de 2013 à 2016. C’est le marché le plus diversifié et le plus solide ».
L’entreprise s’est implantée aux États-Unis dès 1979 en créant une station de recherche à Kirkland, dans l’Illinois. Surtout, elle a investi tôt dans les biotechnologies et les OGM, en créant les laboratoires Biosem (1986), Biogemma (1997), puis Genective (2011), dont le programme, affiché sur son site, a le mérite de la clarté : « Développer, déréguler et commercialiser les caractères transgéniques du maïs ».
« Quand j’étais encore en poste, nous étions une des quatre entreprises dans le monde à maîtriser ces techniques et le seul semencier français à savoir faire ça », poursuit Jean-Christophe Juilliard. Avec les rachats de Jacquet (1995), puis Brossard (2011), Limagrain entendait également maîtriser des filières de bout en bout, des semences à la transformation et la commercialisation de produits grand public.
« Il y a cette croyance que la science et les technologies ont toujours raison »
"Si les informations sur la holding Limagrain sont rares, sa récente offre publique d’achat sur les 25 % de Vilmorin encore introduits en bourse l’a obligé à publier plusieurs documents. Ainsi peut-on prendre la mesure de la dimension tentaculaire du groupe, implanté partout dans le monde, y compris en Russie où il poursuit ses activités en dépit du conflit en Ukraine.
« Limagrain a complètement écrasé la concurrence en France », commente Jean-Pierre Berlan. Sa vision, héritée de l’après-guerre, reste inchangée. Jean-Christophe Juilliard affirme, en son temps, avoir voulu faire bouger les lignes, sans succès. « Il y a cette croyance que la science et les technologies ont toujours raison, explique-t-il. Certains cadres avaient du mal à comprendre que le monde changeait. Faire des lignes bio, par exemple, ça ne plaisait pas, car pas assez technologique et productif. » Limagrain garde son cap, acquiert des entreprises et investit dans la robotique, nouant des partenariats avec des start-ups comme Vif Systems ou Exotic systems.
Parmi ses « défis » du moment, celui de répondre aux enjeux posés par le changement climatique et le stress hydrique. La réponse, là encore, est immuable : innover et développer des variétés toujours plus résistantes à la sécheresse. Et, chemin faisant, accroître ses parts de marché."
https://reporterre.net/Comment-la-cooperative-Limagrain-a-bati-un-empire-du-mais-avec-l-aide-de-l-Etat
Hélicoptère et quads
"Entre 4 000 et 6 500 personnes ont répondu présentes ce samedi, à Vertaizon, à quelques kilomètres de Clermont-Ferrand, pour cette « randonnée festive et déterminée pour la défense de l’eau ».
L’idée d’une randonnée, plutôt paisible mais non moins revendicative, en a déçu certains, comme Gilles, 66 ans, faucheur volontaire venu de Bretagne, plus porté vers l’action. Mais le spectre de Sainte-Soline est dans tous les esprits et, aux dires des organisateurs, pressions et menaces ont été légion. La préfecture a d’ailleurs sorti les muscles en déployant un dispositif policier généreux, à grand renfort d’hélicoptère et de quads.
Si la volonté de ne pas déborder est claire, Juliette des Soulèvements de la Terre recadre toutefois les termes du débat. « La violence n’est pas de notre côté, elle vient d’en face, explique-t-elle. Ceci étant dit, nous ne sommes pas dans la même temporalité qu’à Sainte-Soline. On est au début de l’histoire ici et réunir des milliers de personnes alors qu’aucun coup de pelle n’a encore été donné, c’est une réussite totale. »
Dans le cortège, on se félicite du niveau de participation. « On est en pleine extase », se réjouit une jeune mère de famille, vêtue en bleu des pieds à la tête, le dress code du jour. Elle se dit profondément « inquiète par la privatisation de l’eau » alors que plusieurs communes du département en manquent. Faire nombre donc, et se mobiliser tôt en amont du projet. Mais poser également, comme avec le semis paysan, des gestes forts qui dessinent un autre modèle agricole.
Quand le cortège s’approche du site envisagé pour la construction d’une des deux bassines, 14 hectares sur la commune de Bouzel, une distribution de noix, noisettes et autres boutures s’organisent. Les manifestants entourent la parcelle, et plantent, à la cuillère ou à la main, noisetiers, frênes et ormes, germes d’une future haie. « C’est un contrepied au modèle industriel, résume Pascal Mercadier, de France Nature Environnement. Planter des haies, cela permet de garder l’eau et de protéger la biodiversité. »
« En cinq ans, on peut restaurer des
zones humides »
"Ludovic Landais rappelle lui que la zone choisie pour accueillir la future bassine était auparavant une zone humide, drainée pour être cultivée : « Aujourd’hui, nous ne sommes pas là pour détruire, mais pour restaurer le vivant. Plutôt que de construire des bassines, moi je prends le pari qu’en cinq ans, on peut restaurer des zones humides et que ça peut marcher. »
Ainsi se dessine le contre-modèle esquissé par les manifestants : partage de l’eau, réhydratation des sols, plantage de haies et recréation de zones humides. Et surtout, bifurcation vers la polyculture élevage, une agriculture plus diversifiée et de plus petite échelle où les paysans regagnent leur autonomie.
Alors que le ministre de l’Agriculture a réaffirmé récemment son objectif de construire une centaine de mégabassines en 2024, Basile des Soulèvements de la Terre anticipe déjà d’autres mobilisations : « Ici, c’est juste le début, on crée une communauté de luttes. Il y aura plein d’autres manifestations contre les bassines. Il y a une prise de conscience qu’il faut lutter contre l’accaparement de l’eau, qu’il s’agit là d’une nécessité vitale. »
Ce samedi 11 mai, la demande des organisations à l’origine du rassemblement est claire et inchangée : un moratoire sur l’ensemble des projets de mégabassines."
Notre reportage en images :
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https://reporterre.net/Les-Soulevement-de-la-Terre-sement-des-graines-en-Auvergne-contre-les-megabassines
BÉCHU ET BERVILLE S'ENCANAILLENT EN SOLOGNE...
Animaux sauvages
« En Sologne, notamment, il y a des grillages partout, alors que, selon la loi du 2 février 2023 - adoptée à l'unanimité-, les clôtures doivent pouvoir laisser passer les animaux sauvages : elles sont tenues de ménager un espace de 30 cm entre le sol et leur limite basse, et ne pas dépasser 1,20 mètre de haut », explique Olivier Thibault , le directeur général de l' Office national de la biodiversité (OFB) , qui accompagnait les ministres. Il s'agit aussi de faciliter le passage des pompiers en cas d'incendies, et de préserver les paysages.
« La loi s'applique aux nouvelles clôtures. Et toutes celles qui ont été installées entre 1993 et 2023 devront avoir été mises en conformité d'ici à 2027. C'est extrêmement ambitieux, même si la loi prévoit de nombreuses exceptions », poursuit-il. Les décrets d'application ont été publiés le 9 avril dernier.
Si la Sologne a été pointée pour avoir créé avec ses nombreux grillages des enclos où ont lieu « des chasses odieuses », selon les termes de l'écrivain-réalisateur Nicolas Vanier, la loi est applicable dans l'ensemble de la France. Et les contrôles ont démarré. Sur 61 contrôles effectués par l'OFB, la moitié relevaient des exceptions. Seuls 8 ont fait l'objet de contrôles judiciaires, dont trois ont débouché sur des condamnations."
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https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/la-loi-contre-lengrillagement-des-espaces-naturels-est-mal-respectee-2094424
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