Dans les Cévennes, l'héritage empoisonné de l'après-mine
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« L'avantage avec l'arsenic, c'est que les animaux n'ont jamais de puces. »
"Michel Bourg rat, 88 ans, garde un solide sens de l'humour malgré la mort qui rôde à la porte. Jaurès, son labrador noir, souffre surtout d'embonpoint. Ses quatre premiers chiens sont morts d'un cancer (testicules pour les mâles, mamelles pour les femelles). Ses deux ânesses ont succombé à une leucémie. Son épouse est décédée à la suite d'un cancer du sein et de la peau. Deux fois opéré pour la même maladie, lui traîne un « catalogue de cancers » : poumon, prostate, os. Rosie, son ancienne femme de ménage, a été emportée en septembre : le crabe encore. Campé sur sa canne, Michel Bourgeat attend l'ambulance qui doit l'emmener au centre hospitalier d'Alès (Gard) pour un scanner de contrôle, comme tous les mois : « Ils vont encore me trouver un nouveau cancer. »
De la terrasse panoramique de sa maison, à flanc de colline sur les hauteurs de Saint-Félix-de-Pallières (Gard), dans les Cévennes, l'octogénaire désigne le responsable. Il est tapi dans la forêt, tout autour de sa maison, caché dans un paysage de carte postale : une nature verdoyante et sauvage baignée de soleil, aux senteurs de thym, bercée par le doux tumulte de la rivière. Quand ils n'ont pas été arrachés par des habitants inquiets pour la valeur de leur patrimoine immobilier, quelques panneaux mettent en garde promeneurs et randonneurs : « Attention danger, environnement pollué. » Les écriteaux déconseillent plus ou moins strictement les pique-niques, les haltes repos, la baignade, la cueillette du thym et des champignons ou encore de jouer avec le sable.
Et pour cause, les sols mais aussi les rivières peuvent être gorgés de métaux lourds. Arsenic, plomb, cadmium, zinc, antimoine tirés du sol… Par endroits, les concentrations ont été mesurées à des niveaux jusqu'à mille fois supérieurs aux normes. L'héritage empoisonné de plus d'un siècle d'extraction minière. Au mitan du XXe siècle, le secteur dit de la Croix-de-Pallières, qui s'étend sur les communes de Saint-Félix-de-Pallières, Thoiras et Tornac, est le troisième plus grand site minier de plomb et de zinc du pays. Au pic de son activité, jusqu'à 175 mineurs y travaillent. La mine a fermé en 1971. Cinquante ans plus tard, ses déchets polluent toujours la région. Un cas d'école qui illustre l'impossible gestion de l'après-mine.
Selon l'inventaire dressé par Geoderis, le groupement d'intérêt public chargé d'assister l'Etat dans cette mission, 2 109 dépôts de déchets miniers ont été identifiés sur les 5 696 sites miniers répertoriés en France métropolitaine. Ils sont classés de A à E en fonction de la gravité des risques environnementaux et sanitaires qu'ils font courir. La Croix-de-Pallières (D) fait partie d'une liste de 45 sites (correspondant à 70 dépôts) considérés comme « prioritaires » par le ministère de la transition écologique. Tous sont classés entre C et E et sont disséminés sur l'ensemble du territoire. Un puits sans fond pour l'Etat qui engloutit chaque année près de 50 millions d'euros en études et expertises pour surveiller les risques, réparer les dommages et, plus rarement, indemniser les victimes."
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https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/05/11/dans-les-cevennes-l-heritage-empoisonne-de-l-apres-mine_6232556_3244.html
Albert Einstein a dit : le monde est dangereux à vivre, Non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire
samedi 11 mai 2024
L’avantage avec l’arsenic, c’est que les animaux n’ont jamais de puces.
Anonyme a ajouté un nouveau commentaire sur votre article "J'IRAI PLUS DORMIR SUR LA TÉLÉ PUBLIQUE ! " :
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1 commentaire:
"Plusieurs centaines de polluants, 24 700 stations de surveillance, huit années de mesures : ce sont des millions de données que Le Monde a collectées pour dresser un état des lieux de la contamination des eaux souterraines en France, comprendre quelles substances polluent nos réserves hydrologiques et cartographier l’état chimique des nappes.
Ce travail a été réalisé dans le cadre du projet « Under the surface », mené avec six médias partenaires, initié par les journalistes espagnols de Datadista et coordonné par Arena for Journalism in Europe.
Tous les six ans, les Etats membres de l’Union européenne (UE) doivent envoyer un état des lieux de leurs eaux souterraines à Bruxelles. Nous avons eu accès au dernier bilan disponible qui couvre la période 2016-2021. Nous avons voulu le combiner avec des chiffres issus de la banque nationale d’accès aux données sur les eaux souterraines, qui rassemble des mesures quantitatives et qualitatives sur tout le territoire.
Une liste de 300 contaminants à analyser
"Pour comprendre l’ampleur et l’origine des contaminations en France, nous avons échangé avec plusieurs scientifiques, notamment des hydrogéologues. Nos questions étaient de plusieurs ordres : quelles molécules intégrer à notre analyse ? Quelles concentrations sont pertinentes ?
Nous avons décidé de nous inspirer du guide d’évaluation du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et des normes de qualité environnementales définies par les arrêtés de 2008 et de 2023. Nous avons retiré 25 éléments, comme des substances naturellement présentes (fer, manganèse…) ou liées au traitement des eaux (THM). Cela nous a permis d’obtenir une liste de 226 contaminants – incluant pesticides, nitrates, solvants et autres produits chimiques.
Nous avons complété cette « liste minimale » avec 74 contaminants faisant l’objet d’une surveillance particulière – comme le bisphénol A, certains PFAS ou médicaments – pour lesquels il n’existe pas de valeurs seuils dans les textes actuels. Leur présence est, pour le moins, un indicateur de la vulnérabilité des nappes.
Voici la liste finale retenue :
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https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/05/15/comment-le-monde-a-cartographie-la-pollution-des-eaux-souterraines_6233362_4355770.html
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