"Une escalade de violences verbales et d'appels à la haine ont été recensés envers les opposants à l'autoroute A69 depuis plusieurs mois. Et notamment, depuis la fin mars 2024. Les signataires de cette tribune s'insurgent face à de récentes déclarations qualifiées d'irresponsables" de certains acteurs et défenseurs de l'A69. "Quand des élus ou associations se croient autorisées à déclarer publiquement que l’appel au calme a atteint des limites, ils s’engagent à couvrir des débordements inadmissibles."
Les opposants relèvent notamment les prises de position de l'association VIA81, et notamment son dernier communiqué publié au lendemain de l'incendie d'engins du chantier.
Ces dégradations nocturnes, revendiqué par la suite par un "Gang d'Insolent.e.s éclatant le Capital", accompagnées de menaces envers les agents de sécurité, ont fait l'objet d'une énième plainte du concessionnaire Atosca, et de l'ouverture d'une enquête pour criminalité en bande organisée. Le lendemain, le préfet du Tarn avait annoncé le renfort de gendarmes pour assurer la sécurité le long du chantier.
Des dégradations matérielles ne sauraient justifier de telles postures guerrières. Communiqué commun du 25 avril 2024 Les signataires de ce communiqué relèvent n'avoir entendu aucun appel au calme quand les militants anti A69 ont été victimes de harcèlement et de violences physiques et verbales. "Le climat de terreur, invoqué par les tenants de l’autoroute, est de leur fait", peut-on lire dans cette tribune." (…)
"Le contournement ouest de Montpellier n’est pas et ne sera pas un long fleuve tranquille. Déjà très critiqué par les militants écologistes, ce tronçon routier de six kilomètres qui doit relier l’A750 à l’A709 entre Juvignac et Montpellier en passant par Saint-Jean-de-Védas suscite également une très vive inquiétude chez les propriétaires impactés par le tracé dont la réalisation a été confiée par l'Etat à Vinci.
"Comment faire sans parking ?" Les registres de l’enquête parcellaire - qui doit déterminer avec précision les parties foncières concernées en vue de leur cessibilité - témoignent ainsi d’une véritable levée de boucliers des riverains concernés, particulièrement dans la partie située entre le rond-point de la Condamine, à l’entrée de Saint-Jean-de-Védas et celui du Rieucoulon. Sur cette portion, des particuliers, des entreprises devront être expropriés de la totalité ou d’une partie de leurs emprises foncières et, souvent dans des proportions qui n’avaient jusqu’alors pas été déterminées. "On passe de 50 % de ma propriété à 80 %" s’étonne ainsi un propriétaire qui ne souhaite pas s’étendre davantage, dans l’attente d’un rendez-vous avec le commissaire enquêteur chargé de mener la consultation.
"On nous supprime les parkings de deux commerces. Dites-nous comment faire sans parking pour notre clientèle ?" interroge, par écrit un autre bailleur. Un autre a ironisé sur l’idée de devoir venir dans son magasin "par hélicoptère". Dans le dossier, des sociétés nationales comme Burger-King (rond-point de la Condamine), Kiloutou font également part de leurs réserves et inquiétudes. "Nous sommes particulièrement inquiets compte tenu de la réduction considérable du potentiel de notre investissement" écrit l’un d’eux. "Ils me prennent une partie des parkings. Comment on fait si les gens ne peuvent plus venir. J’ai 11 emplois à l’année" indique un entrepreneur indépendant installé à proximité du rond-point du Rieucoulon qui entend bien saisir "des avocats et des experts".
"L’enquête parcellaire n’a pas pour objet de remettre en cause le projet qui est d’utilité publique" explique Salvador Nunez, à la tête du COM pour Vinci, et qui considère que cette opposition "ne reflète pas ce que j’observe sur le terrain". Ilenchaîne mettant en avant la diminution de l’emprise foncière : "Celle avancée lors de la réunion publique a été largement revue à la baisse. Après, bien sûr, quand on fait des projets d’intérêt général, cela prime sur les intérêts particuliers. Mais encore une fois, cela n’est pas le sujet sur l’enquête parcellaire". Et Salvador Nunez d’annoncer l’enquête environnementale pour cet automne.
Pas de vues de la voirie
"Un avocat s’étonne également qu’un permis d’extension des bâtiments de son client a été accordé en… juin 2023 sur une parcelle visée par l’emprise du COM. "Force est de constater que l’expropriation des parcelles […] rendra impossible la mise en œuvre des autorisations d’urbanisme légalement délivrées" relève-t-il. Plusieurs propriétaires s’étonnent du décalage entre les superficies concernées par l’enquête parcelle et celles de l’enquête publique. "L’emprise ne correspond pas" déplore l’un d’eux. Sur les plans présentés dans les trois mairies concernées, aucune vue précise de la future voirie et donc de son éventuel impact sonore, n’apparaît, "pas même un dessin d’artiste" reproche un contributeur. "Nous ne disposons à ce jour d’aucun élément nous permettant de connaître l’impact sur notre propriété et sur notre qualité de vie" écrit un particulier.
Une dizaine de contrôles de l'entreprise ces derniers mois
"Pour le collectif "La Voie est libre", opposé au projet d'autoroute, cette mise en demeure est importante mais pas étonnante : "Combien de temps faudra-t-il à la préfecture pour prendre la mesure des innombrables agissements qui ont eu lieu depuis, alors qu'elle a elle-même couvert les défrichements illégaux sur le site de la Crem'arbre ?" Le collectif demande une réaction plus forte de la part de l'Etat : "Le procureur de Toulouse s'est-il endormi sur la pile de plaintes circonstanciées et accablantes que nous lui avons transmises ? La préfecture se donne bonne conscience, nous allons la rappeler à l'ordre et lui rappeler ce que signifie l'état de droit".
Lors d’un récent point sur l’A69, le préfet du Tarn Michel Vilbois avait expliqué que sur le chantier de l’A69 l’entreprise Atosca avait fait l’objet d’une dizaine de contrôles ces derniers mois. Pour rappel, le projet d'autoroute A69 entre Castres et Toulouse ne fait pas l'unanimité. Plusieurs associations environnementales luttent depuis plusieurs mois contre ce projet. Dans le Tarn, certains militants s'étant même installés à Saïx, au lieu-dit de la Crémade, surnommé la Crem'arbre, dans les arbres de la ZAD."
"L’A69 est ce vieux projet d’autoroute entre Castres (Tarn) et Toulouse (Haute-Garonne), dont le tracé jouxte celui de la route nationale 126. Il est destiné à « désenclaver » la sous-préfecture tarnaise, ce qui peut être objectivé grâce à deux chiffres simples : de vingt à trente minutes gagnées pour relier les deux villes, et une vingtaine d’euros pour l’aller-retour. Pour se désenclaver, un travailleur castrais devra donc débourser chaque mois un peu plus d’un quart du smic.
Le coût écologique du projet, lui, est décrit par d’autres chiffres, rassemblés par l’Autorité environnementale (AE) dans son avis d’octobre 2022. L’A69, donc, c’est une quatre-voies s’étirant sur 53 kilomètres, traversant 32 cours d’eau et 59 écoulements secondaires, 76 habitats naturels hébergeant près de 700 espèces végétales (dont 59 sont patrimoniales) et 114 espèces animales présentant un enjeu réglementaire ou de conservation. Plus de 30 bassins seront nécessaires pour traiter les eaux de ruissellement, et la réduction de l’espace disponible pour les crues est telle, dans la vallée du Girou, sur l’Agout et le Bernazobre, que des décaissements devront être réalisés."
Brutalité contre les opposants
"Au total, les impacts sur les milieux naturels consistent, selon l’AE, en 13 rectifications définitives et 9 dérivations provisoires de cours d’eau, 22 hectares de zones humides et 9,65 kilomètres de fossés détruits, 3,43 kilomètres d’alignements d’arbres et plus de 13 hectares de boisements rasés, sans compter la destruction de 75 hectares de milieux naturels ouverts ou semi-ouverts et de 230 hectares de terres agricoles. Un esprit chagrin pourrait noter que l’étendard de la « souveraineté alimentaire », agité avec de hauts cris patriotiques lorsqu’il s’agit de défaire les normes environnementales, a mystérieusement disparu.
Tout cela n’est pas seulement de la beauté et de la nature détruites : c’est l’assurance-vie de tout un territoire face aux bouleversements climatiques à venir qui est ainsi liquidée." (…)
"Le demi-diffuseur assure une partie des échanges de circulation entre l’A680 et le réseau routier local. Il permet de s’insérer sur la RD20 depuis l’A680, en direction du village de Gragnague, pour se diriger vers Verfeil. Si l’on arrive de Verfeil par l’A 680, il n’est en revanche pas possible de rejoindre la RD 20 au niveau de Gragnague. Ce qui oblige les automobilistes et nombreux poids-lourds à emprunter l’ancienne route départementale RD 20, mal sécurisée, entre les deux villages en pleine croissance démographique.
Autant d’incongruités qui auraient pu être remises à plat lors du choix de créer l’autoroute entre Toulouse et Castres.
Cela ne sera pas le cas…"
Un changement pas retenu
"Contacté par Actu Toulouse, Vinci Autoroutes, qui gère l’A680, via sa société ASF, en donne la raison :
« La modification du demi-échangeur de Gragnague (n°2) entre l’A68 et l’A680, en particulier son complément pour des échanges directs en direction et en provenance d’Albi, ont été étudiés dans le cadre des études de l’opération globale de Liaison Autoroutière Castres-Toulouse. À l’issue de l’enquête publique de 2017, cet aménagement complémentaire pour des échanges directs avec Albi, n’a pas été retenu et ne fait pas partie du programme de l’opération validé par l’Etat »." (…)
"Nous avons reçu des messages très élogieux après l'enquête de la Cellule Investigation de Radio France sur l'A69, qui montre comment le groupe pharmaceutique et dermocosmétique Pierre Fabre, a soutenu activement le projet d’autoroute Castres-Toulouse, grâce à des relais politiques et à une stratégie d’influence efficace. Une enquête de Benoît Collombat.
Alors, on le sait, ce projet d’autoroute ne fait pas l’unanimité. Plusieurs associations environnementales s’y opposent depuis des mois. Et lorsque l’on écoute habituellement les reportages consacrés à l’A69, c’est plutôt l’angle de la protection de l’environnement ou de la biodiversité qui est le plus souvent évoqué."
Emmanuelle Daviet : Benoît Collombat, comment vous est venue l’idée de creuser les aspects financiers et politiques de ce dossier, vous demandent des auditeurs ?
Benoît Collombat : "Je dirais qu’il y a une intuition, et une question à l’origine de cette enquête. L’intuition, il se trouve qu’il y a cinq ans, j’ai déjà travaillé sur les autoroutes. J’ai publié une longue enquête en mars 2019, sur l’histoire secrète de la privatisation des autoroutes et déjà, je me suis intéressé à ces aspects-là. Il était notamment question à l’époque, d’un accord de 2015, qui était très favorable aux sociétés concessionnaires d’autoroutes.
À l’époque, Manuel Valls était Premier ministre et Emmanuel Macron, ministre de l’Économie. Et donc il y a eu déjà tout un débat autour de cette question-là. Et j’avais découvert et révélé à l’époque que les sociétés autoroutières s’intéressaient également aux routes nationales, pas seulement aux autoroutes, mais aux routes nationales. Donc j’avais déjà cette idée-là derrière la tête.
Et la question est venue justement autour de l’opacité à nouveau, autour cette fois du contrat et des annexes de l’autoroute A69, que n’arrivaient pas à consulter un certain nombre de parlementaires. On mettait en avant le secret des affaires. Il se trouve qu'en février dernier, une commission d’enquête parlementaire, justement, s’est créée, pour regarder ça de plus près." (…)
6 commentaires:
Climat de terreur
"Une escalade de violences verbales et d'appels à la haine ont été recensés envers les opposants à l'autoroute A69 depuis plusieurs mois. Et notamment, depuis la fin mars 2024. Les signataires de cette tribune s'insurgent face à de récentes déclarations qualifiées d'irresponsables" de certains acteurs et défenseurs de l'A69. "Quand des élus ou associations se croient autorisées à déclarer publiquement que l’appel au calme a atteint des limites, ils s’engagent à couvrir des débordements inadmissibles."
Les opposants relèvent notamment les prises de position de l'association VIA81, et notamment son dernier communiqué publié au lendemain de l'incendie d'engins du chantier.
Ces dégradations nocturnes, revendiqué par la suite par un "Gang d'Insolent.e.s éclatant le Capital", accompagnées de menaces envers les agents de sécurité, ont fait l'objet d'une énième plainte du concessionnaire Atosca, et de l'ouverture d'une enquête pour criminalité en bande organisée. Le lendemain, le préfet du Tarn avait annoncé le renfort de gendarmes pour assurer la sécurité le long du chantier.
Des dégradations matérielles ne sauraient justifier de telles postures guerrières.
Communiqué commun du 25 avril 2024
Les signataires de ce communiqué relèvent n'avoir entendu aucun appel au calme quand les militants anti A69 ont été victimes de harcèlement et de violences physiques et verbales. "Le climat de terreur, invoqué par les tenants de l’autoroute, est de leur fait", peut-on lire dans cette tribune."
(…)
https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/tarn/albi/autoroute-a69-passage-en-force-chronique-d-un-drame-annonce-l-alerte-d-une-quarantaine-d-associations-et-collectifs-2960810.html
"Le contournement ouest de Montpellier n’est pas et ne sera pas un long fleuve tranquille. Déjà très critiqué par les militants écologistes, ce tronçon routier de six kilomètres qui doit relier l’A750 à l’A709 entre Juvignac et Montpellier en passant par Saint-Jean-de-Védas suscite également une très vive inquiétude chez les propriétaires impactés par le tracé dont la réalisation a été confiée par l'Etat à Vinci.
"Comment faire sans parking ?"
Les registres de l’enquête parcellaire - qui doit déterminer avec précision les parties foncières concernées en vue de leur cessibilité - témoignent ainsi d’une véritable levée de boucliers des riverains concernés, particulièrement dans la partie située entre le rond-point de la Condamine, à l’entrée de Saint-Jean-de-Védas et celui du Rieucoulon. Sur cette portion, des particuliers, des entreprises devront être expropriés de la totalité ou d’une partie de leurs emprises foncières et, souvent dans des proportions qui n’avaient jusqu’alors pas été déterminées. "On passe de 50 % de ma propriété à 80 %" s’étonne ainsi un propriétaire qui ne souhaite pas s’étendre davantage, dans l’attente d’un rendez-vous avec le commissaire enquêteur chargé de mener la consultation.
"On nous supprime les parkings de deux commerces. Dites-nous comment faire sans parking pour notre clientèle ?" interroge, par écrit un autre bailleur. Un autre a ironisé sur l’idée de devoir venir dans son magasin "par hélicoptère". Dans le dossier, des sociétés nationales comme Burger-King (rond-point de la Condamine), Kiloutou font également part de leurs réserves et inquiétudes. "Nous sommes particulièrement inquiets compte tenu de la réduction considérable du potentiel de notre investissement" écrit l’un d’eux. "Ils me prennent une partie des parkings. Comment on fait si les gens ne peuvent plus venir. J’ai 11 emplois à l’année" indique un entrepreneur indépendant installé à proximité du rond-point du Rieucoulon qui entend bien saisir "des avocats et des experts".
"L’enquête parcellaire n’a pas pour objet de remettre en cause le projet qui est d’utilité publique" explique Salvador Nunez, à la tête du COM pour Vinci, et qui considère que cette opposition "ne reflète pas ce que j’observe sur le terrain". Ilenchaîne mettant en avant la diminution de l’emprise foncière : "Celle avancée lors de la réunion publique a été largement revue à la baisse. Après, bien sûr, quand on fait des projets d’intérêt général, cela prime sur les intérêts particuliers. Mais encore une fois, cela n’est pas le sujet sur l’enquête parcellaire". Et Salvador Nunez d’annoncer l’enquête environnementale pour cet automne.
Pas de vues de la voirie
"Un avocat s’étonne également qu’un permis d’extension des bâtiments de son client a été accordé en… juin 2023 sur une parcelle visée par l’emprise du COM. "Force est de constater que l’expropriation des parcelles […] rendra impossible la mise en œuvre des autorisations d’urbanisme légalement délivrées" relève-t-il. Plusieurs propriétaires s’étonnent du décalage entre les superficies concernées par l’enquête parcelle et celles de l’enquête publique. "L’emprise ne correspond pas" déplore l’un d’eux. Sur les plans présentés dans les trois mairies concernées, aucune vue précise de la future voirie et donc de son éventuel impact sonore, n’apparaît, "pas même un dessin d’artiste" reproche un contributeur. "Nous ne disposons à ce jour d’aucun élément nous permettant de connaître l’impact sur notre propriété et sur notre qualité de vie" écrit un particulier.
Des recours contentieux toujours en cours"
(…)
https://www.midilibre.fr/2024/04/25/contournement-ouest-de-montpellier-levee-de-boucliers-des-proprietaires-impactes-par-le-trace-11913326.php
Une dizaine de contrôles de l'entreprise ces derniers mois
"Pour le collectif "La Voie est libre", opposé au projet d'autoroute, cette mise en demeure est importante mais pas étonnante : "Combien de temps faudra-t-il à la préfecture pour prendre la mesure des innombrables agissements qui ont eu lieu depuis, alors qu'elle a elle-même couvert les défrichements illégaux sur le site de la Crem'arbre ?" Le collectif demande une réaction plus forte de la part de l'Etat : "Le procureur de Toulouse s'est-il endormi sur la pile de plaintes circonstanciées et accablantes que nous lui avons transmises ? La préfecture se donne bonne conscience, nous allons la rappeler à l'ordre et lui rappeler ce que signifie l'état de droit".
Lors d’un récent point sur l’A69, le préfet du Tarn Michel Vilbois avait expliqué que sur le chantier de l’A69 l’entreprise Atosca avait fait l’objet d’une dizaine de contrôles ces derniers mois. Pour rappel, le projet d'autoroute A69 entre Castres et Toulouse ne fait pas l'unanimité. Plusieurs associations environnementales luttent depuis plusieurs mois contre ce projet. Dans le Tarn, certains militants s'étant même installés à Saïx, au lieu-dit de la Crémade, surnommé la Crem'arbre, dans les arbres de la ZAD."
https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/a69-la-prefecture-du-tarn-publie-une-nouvelle-mise-en-demeure-d-atosca-l-entreprise-en-charge-des-travaux-pour-non-respect-des-regles-environnementales_6507860.html
"L’A69 est ce vieux projet d’autoroute entre Castres (Tarn) et Toulouse (Haute-Garonne), dont le tracé jouxte celui de la route nationale 126. Il est destiné à « désenclaver » la sous-préfecture tarnaise, ce qui peut être objectivé grâce à deux chiffres simples : de vingt à trente minutes gagnées pour relier les deux villes, et une vingtaine d’euros pour l’aller-retour. Pour se désenclaver, un travailleur castrais devra donc débourser chaque mois un peu plus d’un quart du smic.
Le coût écologique du projet, lui, est décrit par d’autres chiffres, rassemblés par l’Autorité environnementale (AE) dans son avis d’octobre 2022. L’A69, donc, c’est une quatre-voies s’étirant sur 53 kilomètres, traversant 32 cours d’eau et 59 écoulements secondaires, 76 habitats naturels hébergeant près de 700 espèces végétales (dont 59 sont patrimoniales) et 114 espèces animales présentant un enjeu réglementaire ou de conservation. Plus de 30 bassins seront nécessaires pour traiter les eaux de ruissellement, et la réduction de l’espace disponible pour les crues est telle, dans la vallée du Girou, sur l’Agout et le Bernazobre, que des décaissements devront être réalisés."
Brutalité contre les opposants
"Au total, les impacts sur les milieux naturels consistent, selon l’AE, en 13 rectifications définitives et 9 dérivations provisoires de cours d’eau, 22 hectares de zones humides et 9,65 kilomètres de fossés détruits, 3,43 kilomètres d’alignements d’arbres et plus de 13 hectares de boisements rasés, sans compter la destruction de 75 hectares de milieux naturels ouverts ou semi-ouverts et de 230 hectares de terres agricoles. Un esprit chagrin pourrait noter que l’étendard de la « souveraineté alimentaire », agité avec de hauts cris patriotiques lorsqu’il s’agit de défaire les normes environnementales, a mystérieusement disparu.
Tout cela n’est pas seulement de la beauté et de la nature détruites : c’est l’assurance-vie de tout un territoire face aux bouleversements climatiques à venir qui est ainsi liquidée."
(…)
https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/28/avec-l-a69-c-est-l-assurance-vie-d-un-territoire-face-aux-bouleversements-climatiques-a-venir-qui-est-liquidee_6230380_3232.html
LES TÊTES À QUEUE DE L'A69...!
Egalement une incongruité locale
"Le demi-diffuseur assure une partie des échanges de circulation entre l’A680 et le réseau routier local. Il permet de s’insérer sur la RD20 depuis l’A680, en direction du village de Gragnague, pour se diriger vers Verfeil. Si l’on arrive de Verfeil par l’A 680, il n’est en revanche pas possible de rejoindre la RD 20 au niveau de Gragnague. Ce qui oblige les automobilistes et nombreux poids-lourds à emprunter l’ancienne route départementale RD 20, mal sécurisée, entre les deux villages en pleine croissance démographique.
Autant d’incongruités qui auraient pu être remises à plat lors du choix de créer l’autoroute entre Toulouse et Castres.
Cela ne sera pas le cas…"
Un changement pas retenu
"Contacté par Actu Toulouse, Vinci Autoroutes, qui gère l’A680, via sa société ASF, en donne la raison :
« La modification du demi-échangeur de Gragnague (n°2) entre l’A68 et l’A680, en particulier son complément pour des échanges directs en direction et en provenance d’Albi, ont été étudiés dans le cadre des études de l’opération globale de Liaison Autoroutière Castres-Toulouse. À l’issue de l’enquête publique de 2017, cet aménagement complémentaire pour des échanges directs avec Albi, n’a pas été retenu et ne fait pas partie du programme de l’opération validé par l’Etat »."
(…)
https://actu.fr/occitanie/gragnague_31228/autoroute-toulouse-castres-une-des-plus-grandes-aberrations-d-occitanie-va-perdurer_60998919.html
C'EST ENCORE UNE VALLS À TROIS TEMPS !...
"Nous avons reçu des messages très élogieux après l'enquête de la Cellule Investigation de Radio France sur l'A69, qui montre comment le groupe pharmaceutique et dermocosmétique Pierre Fabre, a soutenu activement le projet d’autoroute Castres-Toulouse, grâce à des relais politiques et à une stratégie d’influence efficace. Une enquête de Benoît Collombat.
Alors, on le sait, ce projet d’autoroute ne fait pas l’unanimité. Plusieurs associations environnementales s’y opposent depuis des mois. Et lorsque l’on écoute habituellement les reportages consacrés à l’A69, c’est plutôt l’angle de la protection de l’environnement ou de la biodiversité qui est le plus souvent évoqué."
Emmanuelle Daviet : Benoît Collombat, comment vous est venue l’idée de creuser les aspects financiers et politiques de ce dossier, vous demandent des auditeurs ?
Benoît Collombat : "Je dirais qu’il y a une intuition, et une question à l’origine de cette enquête. L’intuition, il se trouve qu’il y a cinq ans, j’ai déjà travaillé sur les autoroutes. J’ai publié une longue enquête en mars 2019, sur l’histoire secrète de la privatisation des autoroutes et déjà, je me suis intéressé à ces aspects-là. Il était notamment question à l’époque, d’un accord de 2015, qui était très favorable aux sociétés concessionnaires d’autoroutes.
À l’époque, Manuel Valls était Premier ministre et Emmanuel Macron, ministre de l’Économie. Et donc il y a eu déjà tout un débat autour de cette question-là. Et j’avais découvert et révélé à l’époque que les sociétés autoroutières s’intéressaient également aux routes nationales, pas seulement aux autoroutes, mais aux routes nationales. Donc j’avais déjà cette idée-là derrière la tête.
Et la question est venue justement autour de l’opacité à nouveau, autour cette fois du contrat et des annexes de l’autoroute A69, que n’arrivaient pas à consulter un certain nombre de parlementaires. On mettait en avant le secret des affaires. Il se trouve qu'en février dernier, une commission d’enquête parlementaire, justement, s’est créée, pour regarder ça de plus près."
(…)
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-rendez-vous-du-mediateur/l-a69-l-enquete-de-la-cellule-investigation-de-radio-france_6483218.html
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