vendredi 19 mars 2021

Sécurité Globale : le Sénat dit oui à la surveillance de masse



Sécurité Globale : le Sénat dit oui à la surveillance de masse

Hier, le Sénat a voté à son tour la proposition de loi sur la « Sécurité globale », cinq mois après le vote en première lecture à l'Assemblée nationale. S'agissant d'une procédure accélérée, la prochaine étape sera directement en commission mixte paritaire, peut-être dès le début du mois d'avril. Au vu de la version du texte votée par le Sénat, il n'y a malheureusement rien à attendre de cette commission. Nos espoirs reposent maintenant sur le Conseil constitutionnel, qui devra censurer largement les dispositions de ce texte ultra-sécuritaire.

Il y a deux semaines, nous dénoncions le texte adopté par la commission des lois du Sénat sur la proposition de loi dite de « Sécurité globale ». Après trois jours de débat en hémicycle, le Sénat vient cette fois-ci d'adopter le texte dans son ensemble.

Il a donc dit oui à l'intensification de la vidéosurveillance fixe, à l'extension de la liste des personnes pouvant avoir accès à la surveillance de la voie publique, à la transmission en direct des images des caméras-piétons, aux drones, aux hélicoptères et à l'article 24.

Le Sénat ne s'est malheureusement pas arrêté là. Il a également, par plusieurs dispositions, aggravé le texte. Mais soyons rassuré·es : il s'agit désormais de la « proposition de loi pour un nouveau pacte de sécurité respectueux des libertés ». Ouf !

Surveillance vidéo des cellules de centres de rétention administrative (CRA) et de garde à vue

Le pire ajout du Sénat est peut-être celui-ci. S'accordant avec le gouvernement, les rapporteurs ont fait adopter une disposition permettant au ministre de l'intérieur de mettre des caméras dans les chambres d'isolement des centres de rétention administrative et des cellules de garde à vue.

Les propos du gouvernement sur cet ajout ont été proprement indignes. Alors que la France


est régulièrement interpellée par différentes associations depuis des années, que le Contrôleur général des lieux de privations de libertés pointe régulièrement les conditions de détention indignes, que les condamnations par des juridictions françaises et internationales pleuvent, Gérald Darmanin a préféré opter pour une stratégie du mensonge en niant les graves atteintes aux droits des personnes incarcérées. Le tout pour défendre la mise en place de vidéosurveillance dans les cellules.

Derrière l'écran de fumée de la lutte contre les suicides et mutilations (alors même qu'on peine à imaginer en quoi une caméra de vidéosurveillance permettrait de lutter contre ces situations de détresses humaines), le ministre de l'intérieur, le Sénat et ses rapporteurs ont créé une surveillance permanente du peu d'intimité qui reste aux personnes retenues.

Interpellé sur l'incohérence à vouloir mettre des caméras dans des lieux insalubres, Gérald Darmanin a répondu par le déni, détournant le sujet en estimant qu'il faudrait plus de CRA et qu'« on a l'argent pour construire des CRA ». Cet argent magique n'est, visiblement, pas prévu pour améliorer le respect des conditions de détention. Mais, surtout, alors que le débat portait sur les conditions indignes d'incarcération, M. Darmanin transformait les propos de l'opposition en un soi-disant « procès scandaleux » sur de possibles actes de tortures en milieux de rétention, dans une tentative bien grossière de créer une « affaire dans l'affaire ».

Des caméras-piétons pour les gardes-champêtres

Autre ajout aggravant : l'autorisation d'une « expérimentation » pour permettre aux gardes-champêtres d'utiliser des caméras individuelles et de filmer les « incidents » se produisant ou susceptibles de se produire pendant leur intervention.


Après la police nationale et la police municipale, et après les services de sécurité des transports, c'est donc une nouvelle catégorie d'agents qui aura accès à la vidéosurveillance mouvante. Prétextant comme toujours d'une capacité soi-disant « pacificatrice » de ce dispositif — et faisant oublier que la caméra-piéton était à la base une idée de l'ancien ministre Bernard Cazeneuve pour compenser son refus de la proposition des « récépissés » de contrôle d'identité —, le gouvernement légitime encore une fois un nouveau dispositif de surveillance.

Drones : les mains libres pour le ministre de l'intérieur

Concernant les drones, l'interdiction de la reconnaissance faciale pour les images captées décidée en commission des lois demeure, mais c'est bien le seul point positif. Le Sénat a accepté de permettre également à la police municipale (et non plus seulement à la gendarmerie ou la police nationale) d'utiliser des drones pour surveiller la voie publique et constater certaines infractions. Si cette autorisation est donnée à titre expérimental, il ne faut pas se leurrer : en la matière, une expérimentation est toujours amenée à être intégrée dans le droit commun après quelques temps. Autorisation a par ailleurs été donnée à la police municipale d'utiliser des caméras embarquées sur leurs véhicules, cette fois-ci directement de manière définitive.

Le Sénat a par ailleurs laissé au ministère de l'intérieur le soin d'écrire, via un décret, ses propres lignes directrices quant à l'utilisation de ses drones, aussi bien sur la question de la formation en données personnelles que sur la proportionnalité des usages prévus. La garantie d'un avis préalable de la Cnil sur cette question n'est pas là pour nous rassurer, le ministère de l'intérieur ayant pour habitude de ne pas respecter les avis de cette dernière et la présidente de la CNIL s'étant montrée particulièrement peu lucide sur cet enjeu, lors des auditions au Sénat d'abord, puis dans l'avis de l'autorité sur le texte.

Le projet assumé d'une société sous surveillance biométrique

Enfin, le moratoire proposé par le groupe écologiste pour interdire pendant deux ans tout dispositif de vidéosurveillance biométrique a été rejeté.

Cela a néanmoins permis d'expliciter le projet de surveillance désiré par le gouvernement et la droite au Sénat. Devant le silence méprisant de l'hémicycle sur cette

proposition de moratoire, une partie des sénateurs et sénatrices ont en effet demandé un scrutin public sur le vote, en précisant que rejeter ce moratoire revenait à autoriser la surveillance biométrique. Sur 344 votants, 244 ont donc voté pour la surveillance biométrique.

À cet égard, le récent décret autorisant le comptage de masques dans les transports apparaît ainsi de plus en plus comme un nouveau pied dans la porte menant à la Technopolice que nous dénonçons régulièrement.

L'idée qu'essaient de faire passer les rapporteurs au Sénat, sur un travail de « juriste sérieux » visant à encadrer les plus graves dispositions du texte, ne tient plus. Hier, non seulement aucune amélioration notable n'a été apportée au texte, mais plusieurs dispositions sont venues aggraver le danger pour nos libertés. Il reste encore l'étape de la Commission mixte paritaire, qui réunira les élu·es de l'Assemblée nationale et du Sénat mais de laquelle nous n'attendons absolument rien. Rendez-vous donc au Conseil constitutionnel pour tenter de faire barrage à ce nouveau coup de semonce sécuritaire.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

"Alors qu’il tente de revenir dans le débat politique français, l’ancien Premier ministre (PS) Manuel Valls est rattrapé par sa candidature aux élections municipales de Barcelone, en mai 2019. Le Tribunal des Comptes (équivalent de la Cour des comptes en France) a relevé plusieurs irrégularités dans les dépenses de campagne de l’ancien maire d’Evry, selon un rapport officiel dont l’existence a été révélée par la presse espagnole."
(...)



https://www.leparisien.fr/international/barcelone-les-depenses-de-campagne-de-manuel-valls-epinglees-par-la-cour-des-comptes-espagnole-19-03-2021-HXEPQRFBJVFINNWS36FMREGFZU.php

Anonyme a dit…

#RDLS133​ - Défendons l’UNEF ! / La culture en lutte : pour une sécurité sociale professionnelle
JEAN-LUC MÉLENCHON



https://youtu.be/8HXfaXhiMCw



Dans ce 133e numéro de la Revue de la semaine, Jean-Luc Mélenchon revient d’abord sur son échange avec les occupants du théâtre de l’Odéon à Paris. Il explique que la lutte du monte de la culture, des intermittents et des précaires, qui occupent actuellement des dizaines de théâtres, de scènes nationales et de salles de spectacle dans toute la France se battent d’une part pour le retrait de la réforme de l’assurance chômage et d’autre part pour l’extention du régime d’intermittent du spectacle aux autres professions concernées par le travail intermittent.

Jean-Luc Mélenchon revient ensuite sur les polémiques stériles lancées par l’extrême droite et certains médias contre l’UNEF. Il explique concrètement ce dont il est question dans les groupes de discussion qui servent de prétexte aux adversaires de l’UNEF pour demander sa dissolution. Il appelle toutes celles et ceux qui l’écoutent à défendre l’UNEF qui subit des menaces insupportables.

***SOMMAIRE***
00:08​ : Le monde de la culture en lutte : pour la sécurité sociale professionnelle
14:23​ : Il faut défendre l'UNEF !
30:25​ : Envoyez-nous vos vidéos !

***POUR ENVOYER VOS VIDÉOS***
Envoyez nous vos vidéos sur la Revue de la semaine ici ❤️ : https://cloud.franceinsoumise.org/ind...​ ⚠️ Attention : ces vidéos pourraient être diffusées dans une prochaine vidéo. Si vous ne le souhaitez pas, merci de la préciser dans la vidéo. N'hésitez pas à nous dire votre mail et votre numéro de téléphone à voix haute et intelligible pour que nous puissions vous contacter 😉 !
On rappelle la règle : vous vous filmez, une vidéo courte (2 min maxi) et vous nous dites pourquoi vous êtes abonnés à la chaîne, ce qui vous plaît dans ce qu'on fait, ce qui ne vous plaît pas, etc. On regardera les vidéos et on s'en servira 😉)

Anonyme a dit…

LA GUERRE DE DARMANIN CONTRE LES POLICIERS INTÈGRES
Le Média



https://youtu.be/hC6---70Aic



De tous les combats au sein de la police, Alexandre Langlois, policier et secrétaire général du syndicat Vigi, a été brusquement révoqué de l’institution policière.

« Ils veulent que je serve d’exemple pour les autres »

Accusé d’avoir manqué de respect à l’ex-directeur général de la police nationale dans des tracts syndicaux, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a pris la décision unilatérale de le révoquer après que le Conseil de discipline s’est estimé incompétent en matière de liberté syndicale.

Alors que la radicalisation des syndicats d’extrême-droite est accompagnée par le pouvoir politique, ce dernier persécute les syndicats de police républicains.

Nous reviendrons sur sa révocation dans cet épisode spécial du Regard d’Anouar avec Alexandre Langlois et Maître Daoud Achour, avocat au barreau de Paris.

Lien de la cagnotte pour soutenir Alexandre Langlois : https://www.lepotcommun.fr/pot/sicpzkl1

Anonyme a dit…

"Mediapart a accueilli la coordination Stop loi sécurité globale pour une émission en direct. Au programme, deux débats, à retrouver ici : « Le racisme dans la police, individuel ou culturel ? » et « Peut-on réformer la police ? »


[Cet article est en accès libre.
L’information nous protège ! Je m’abonne]

Loi sécurité globale - "Face au beauvau" #2 - en direct sur Mediapart © Mediapart
Ce vendredi 19 mars à partir de 20 heures, et au lendemain du vote de la loi en première lecture par le Sénat (lire le billet de David Dufresne sur son blog), Mediapart ouvre ses studios et accueille la coordination Stop Loi Sécurité globale » pour sa deuxième émission.

Au programme de cette soirée en direct et en accès libre, diffusée sur YouTube, PeerTube, Facebook et Twitch :

20 heures – Le racisme dans la police, individuel ou culturel ?
Animé par Romain Mahdoud.

Avec :

– Éléonore Luhaka (actrice sociale, directrice de centre de loisirs et sœur de Théo)
– Mathilde Darley (directrice adjointe du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales [Cesdip] et chargée de recherche au CNRS)
– Éric Fassin (professeur de sociologie à Paris VIII).


21 heures – Peut-on réformer la police ?
Animé par Edwy Plenel.

Avec :

– Karine Parrot (professeure de droit à l’université de Cergy-Pontoise et coréalisatrice de De quel droit)
– Christian Mouhanna (membre du Cesdip et chargé de recherche au CNRS)
– Mathieu Rigouste (essayiste, réalisateur, auteur de La Domination policière)."
(...)



https://www.mediapart.fr/journal/france/190321/face-au-beauvau-le-collectif-contre-la-loi-securite-globale-en-direct-sur-mediapart?onglet=full

Anonyme a dit…

"Petits poissons" (à l'approche du 1er Avril)


"Plus de 400 personnes avaient été interpellées à Paris ce jour-là, un record à l’époque. Mais si les enquêteurs ont estimé que le saccage de l’Arc de Triomphe était le fait d’un "grand nombre d’individus", ils ne seront que dix devant le tribunal lundi. L’accusation l’a reconnu : "Force est de constater que les instigateurs, voire les principaux auteurs des faits, n’ont pas pu être identifiés".

"C’est le procès des petits poissons, les gros poissons ne sont pas là", résume Véronique Massi, avocate de l’un des prévenus. Son client, 26 ans à l’époque, soutient comme beaucoup d’autres qu’il n’a fait que se "réfugier" à l’intérieur du monument quand les policiers ont chargé.

Ils seront jugés notamment pour des dégradations aggravées et des vols par effraction. Pour avoir tenté de fracturer une porte à coups d’extincteur, endommagé une statue, ou encore volé près de 300 cartes postales.

Noémie Saidi-Cottier défend deux jeunes qui avaient passé quelques semaines en détention provisoire. "On a un peu le sentiment qu’ils payaient pour les autres, pour tout ce qu’il s’était passé, qu’il fallait des coupables absolument", dit-elle.
L’émotion "retombée", elle espère que "les juges sauront faire la part des choses et voir qui ils ont devant eux".

"Nous avons des responsables", même si "ce ne sont pas les principaux", insiste Jean-Philippe Morel, avocat de l’association Halte au pillage du patrimoine archéologique et historique, partie civile.

Le procès, prévu jusqu’à vendredi, sera "particulièrement symbolique", dit-il. "C’était totalement surréaliste", "dramatique pour l’image de la France", ajoute Jean-Philippe Morel, certain que ces scènes "insurrectionnelles" font partie de celles dont "on se rappellera".

Sept autres personnes seront jugées ultérieurement : un mineur devant le tribunal pour enfants et six devant le tribunal de police pour la seule contravention d'"intrusion non autorisée dans un lieu classé ou inscrit au patrimoine historique"."

La rédaction avec AFP



https://www.ladepeche.fr/2021/03/20/gilets-jaunes-ce-lundi-souvre-le-proces-du-saccage-de-larc-de-triomphe-9439628.php

Anonyme a dit…

Pieds Nickelés chez IKEA : meubles en STOCK en surveillance en STIC...


IKEA : ESPIONNAGE, MENSONGES ET CORRUPTION
Le Média



https://youtu.be/DL33ub57ZgE



Espionnage, mensonges, dissimulation de preuves et même corruption de policiers. C’est une affaire d’une ampleur jamais vue en France avec sur le banc des accusés, le géant du meuble Ikea et dix de ses plus hauts cadres français : un directeur financier, le responsable de la gestion des risques mais surtout l’ancien PDG de la filiale hexagonale et son successeur.

Ils sont accusés d’avoir mis en place un véritable “système d’espionnage organisé”, écrit le juge d’instruction en charge de l’enquête. Des centaines, peut-être plus de mille employés ou candidats ont vu leur passé épluché, leurs noms passés aux tamis des fichiers de police. Des délégués syndicaux ont été placés sous surveillance. La direction allant jusqu’à infiltrer des espions pour les tenir à l'œil. Et même, de simples clients mécontents ont eu leurs comptes bancaires auscultés par le fabricant de meubles suédois. Tout ça est parfaitement illégal. Ses dirigeants le savent, et pourtant, le système va durer près d’une décennie.

Pour obtenir de telles informations, Ikea fait appel à des sociétés de sécurité privée ou des cabinets de conseils. Des officines aux méthodes troubles qui font commerce d’informations illégales et qui ont pourtant pignon sur rue. Mais surtout ils graissent la patte à des policiers peu scrupuleux.

À la veille d’un procès qui s’annonce mouvementé, grâce aux témoignages d’acteurs de ce dossier mais aussi à partir de documents inédits, Le Média et StreetPress vous emmènent dans les arrières-cuisines peu reluisantes de l’empire du meuble en kit.

Pour aller plus loin, en plus de l’émission vidéo, vous pouvez retrouver sur StreetPress, l’article : "Ikea, aidé de policiers malhonnêtes, espionnait salariés et clients": https://www.streetpress.com/sujet/161...​

Musique générique : Prod. Lewis Amber