« Sans prévenir, les corps souriants qui dansaient frénétiquement de réforme en ordonnances, ont été contraints de dessaouler plus tôt que prévu »
EPIDÉMIE Négligences, mensonges et désinvolture : les fautes du gouvernement dans la gestion de la crise
La gestion de la crise sanitaire par le gouvernement français est-elle à la hauteur ? Aux erreurs, lourdes de conséquences, commises jusqu’à mi-mars, s’ajoutent une inquiétante désinvolture face aux alertes de l’OMS et une communication incohérente. L’exécutif se révèle incapable de sortir de ses schémas de pensée.
« Rendre des comptes ». L’expression tourne et s’amplifie de jour en jour. Dans le brouillard de la situation actuelle, face aux contradictions et revirements de l’exécutif, ça bouillonne, ça s’enrage. Les plaintes se multiplient, déposées notamment par des soignants excédés. Fin mars, 79% des Français estiment que l’exécutif a trop tardé à prendre des mesures face à la crise [1]. À court d’arguments, nos dirigeants martèlent leurs éléments de langage, moulinant dans le vide des mots creux, appelant à l’union sacrée, fustigeant les polémiques, tentant vainement de justifier l’injustifiable.
" [...] Au-delà du froid décompte quotidien des dAu-delà de la novlangue managériale qui justifie depuis plusieurs décennies la casse de l’hôpital, c’est une communauté de soignants qui se retrouve à faire des choix – qui va-t-on laisser mourir aujourd’hui. Ce sont des jeunes de vingt ans, élèves infirmiers, réquisitionnés pour être envoyés « sur le front » sans préparation, payés entre 28 et 50 euros par semaine, pour mettre des dizaines de corps dans des sacs mortuaires [2]. Ce sont des morts «évitables» qui ne pourront être évités, faute d’anticipation, en raison de choix politiques contestables. Une réalité qu’aucune communication politique ne pourra venir effacer. Résumé de ce fiasco, pour garder mémoire quand l’heure sera venue de rendre des comptes." .../...
« La fin du "capitalisme néo-libéral" » ?
"À rebours des discours habituels, on suspend d’un mot les règles budgétaires européennes, d’un geste on fait sauter « des verrous intangibles » et on débloque des financements publics colossaux, on encadre les prix, on réquisitionne. On découvre soudain que « l’État peut ». Pour la santé, pour la vie de quelques centaines de milliers ou millions d’humains, on donne un coup d’arrêt à l’économie. « Le Covid-19 crée ainsi un précédent : si on a pu arrêter l’économie pour sauver 200 000 personnes en France, pourquoi ne ferait-on pas demain le nécessaire pour prévenir les cancers et les 40 000 morts prématurés par an dues à la pollution ? », questionne l’historien des sciences Jean-Baptiste Fressoz (lire notre entretien).
Désormais certains discours ne seront-ils plus entendables ? Qui pourra demain défendre la mondialisation effrénée, les délocalisations ? Même l’économiste en chef de la banque d’affaires Natixis (BPCE), Patrick Artus, affirme que cette crise sonne « la fin du "capitalisme néo-libéral" qui avait choisi la globalisation, la réduction du rôle de l’État et de la pression fiscale, les privatisations ».
Mais cette onde de choc va nous mettre K-O. Ces chocs sont aussi des périodes d’instrumentalisation, des opportunités de faire passer des mesures anti-sociales, anti-écologiques, car « les caisses sont vides », « la situation est grave », et « on n’a pas le choix ». Des occasions pour faire graver dans le marbres des « mesures provisoires », décidées dans le feu de l’action. Le 15 février, le président chinois Xi Jinping a annoncé une relance économique pour sortir du marasme, avec levée des quotas de voitures, recours au charbon et massification de la 5G. Notre capacité de résilience se mesurera aussi à la possibilité de changer de cap. Rapidement et durablement."
La fête était belle, tout le monde était great again. Jusqu'au bout, on s'est rêvé en guide de vie, libre et léger. En chef de meute invincible, de coup de bluff en coup de force. Hardcore. Mais la lumière crue s'est rallumée, la tête a bourdonné. Et le roi est nu. Et le roi est nulle part. C'est le moment de prendre les platines et de changer de set. Pour envoyer le son de grâce. .../...
La fête du déni
"Ce déni, c’est ce qui permet de tenir. De maintenir l’illusion pour les autres (et parfois pour soi, pour les cas les plus minables), que la voie est la bonne, que la situation s’améliore, que toutes les critiques sont infondées. C’est la figure de l’artiste incompris, de l’entrepreneur survolté qu’on peine à suivre, celui qui n’a plus peur de rien, qui s’autorise tout, qui ose tout – dirait Lino Ventura. La virulence des critiques, qui ne va que croissante depuis que le Président est en fonction, et qu’il tacle dès qu’il le peut, est au moins autant liée à son incontestable légèreté de bricoleur du dimanche en gestion de crise, qu’à – plus profondément – un rejet violent de sa politique qui n’a pas tari dans son expression publique depuis l’explosion de contestation sociale sortie dans les beaux quartiers à la fin 2018.
Ce déni devenu arrogance présidentielle, patriarcale, clanique, le pousse le 11 mars à défier l’ennemi-terroriste depuis la Tour Eiffel, en plein air, nous incitant à continuer de sortir en terrasse, comme il le faisait quelques jours plus tôt en nous invitant au théâtre malgré l’ennemi-virus. Face à ces ennemis, quels qu’ils soient, qui voudraient arrêter sa joie, sa fête, dans laquelle il vit et croit que nous vivons tous, il le rappelle : il n’y renoncera pas. Cette fête où l’agilité du startupper est reine, où il est assumé que le pouvoir se concentre méritocratiquement entre les mains des “premiers de cordée”, où la liberté permet de faire face au monde pour qui veut bien se donner la peine de simplement traverser la rue. Il se sentait fort, avec une France 6ème puissance mondiale et ses grandes entreprises, son leadership européen, son taux de chômage qui frétillait à l’horizontale descendante. Cette fête-là, il n’était pas question qu’on y touche : on y est bien, on plane. Donc la cure de désintox, très peu pour lui, ce sera pour les suivants." .../...
La suite
"Sans le désir collectif et anesthésique de la consommation quotidienne, la force du mirage méritocratique, cloîtrés chez nous ou désormais explicitement forcés à produire contre notre gré, nous pouvons à loisir observer ce qui se passe : rien de nouveau en réalité, sinon la mise en lumière de ce même rapport social de production.[...]"
Quand cela va-t-il cesser ? Potentiellement jamais. Quand cela peut-il cesser ? Potentiellement maintenant. Ça craque, partout. Chaque annonce présidentielle ou ministérielle suscite son flot d’interrogations, d’incompréhension, maintenant de haine. Qui reste dupe de cette incompétence qui transpire l’intérêt de classe ? Le constat nous saute aux yeux chaque jour, les réseaux sociaux saturent d’insatisfaits, les discussions de café de classes bourgeoises s’inquiètent. Les analyses et critiques pleuvent, plus rien n’est à démontrer, il ne manque que l’étincelle et elle pourrait être ça : cette pandémie.
Dès lors, il faut penser, passer à la suite. Le droit d’inventaire, le procès ? Oui, nécessairement, le jour venu. Mais d’abord, pensons l’après. Il faut lire ? Si nous le pouvons, lisons. Mais surtout réclamons, avec force – car on ne nous laissera pas faire : socialisation de la décision publique et économique, réappropriation de nos outils de production, féminisme social, souveraineté monétaire et alimentaire, dé-financiarisation de l’économie, décroissance écologique, … en somme : fin du capitalisme.
Crise sanitaire : les propositions se multiplient pour penser un après plus écologique
Le monde sortira un jour de la pandémie du Covid-19 et devra relever un système économique exsangue, voire le transformer en profondeur pour que les mêmes maux n’apparaissent plus. Afin de préparer dès maintenant la suite, les initiatives fleurissent : parlementaires, associatifs, syndicats…
"Bruno Le Maire l’a prédit au Sénat lundi 6 avril : la France devrait connaître la pire récession de son histoire depuis la Seconde Guerre mondiale. Comment rebondir après une crise aussi grave ?
« Le jour d’après ne sera pas un retour au jour d’avant », a promis Emmanuel Macron lors de son intervention télévisée du 16 mars dernier. Pourtant, les premières décisions gouvernementales ne laissent rien présager de bon : détricotage du Code du travail, refus de restaurer l’impôt sur la fortune, soutien à l’industrie fossile et aéronautique…
À l’inverse, de nombreux Français réclament un changement de modèle. Selon un sondage publié par le quotidien Libération mardi 31 mars, 84 % des sondés appellent de leurs vœux la relocalisation en Europe d’un maximum des filières de production ; 69 % veulent « ralentir le productivisme et la recherche perpétuelle de rentabilité » ; 88 % réclament un « accès à l’eau et à un air de qualité » et 76 % à la « biodiversité ». Les 150 membres de la convention citoyenne pour le climat, qui travaillent depuis six mois sur des réponses à la crise climatique, ont aussi débattu d’une stratégie de sortie de la crise du Covid-19 lors d’une session en visioconférence les 3 et 4 avril. Leur emboîtant le pas, des élus et des associations ont lancé des outils pour inventer collectivement une relance synonyme de transition écologique et sociale, et peser pour l’imposer face à celles et ceux qui préconiseraient plutôt le retour au business as usual.
Reporterre vous propose un tour d’horizon des initiatives en cours." .../...
"Dans la période récente j’ai consacré beaucoup de mon temps d’expression sur les questions de méthode de traitement concret du drame du coronavirus. Notre idée, parmi les insoumis qui animent le mouvement, est que ce moment particulier doit être davantage voué à créer des « causes communes » qu’à déclencher des zones particulières de conflictualité. Dans la période ordinaire, la conflictualité produit de la conscience. C’est sa fonction essentielle. L’action pour répandre nos idées s’appuie alors sur la focalisation sur des conflits précis dont le contenu et les formes représentent à nos yeux des exemples à suivre. Ce n’est pas de cette façon que se présente notre domaine d’action au moment présent. Pour autant, bien sûr il ne faut pas perdre des yeux un seul instant les situations de conflit sociaux qui pointent leur nez ici ou là dans le secteur de la santé, ici ou là dans les secteurs de la production où les salariés sont exposés sans protection et surtout sans raison. Et bien sur il faut y apporter tous les moyens de notre soutien.
Pour ce qui est de la prise de conscience il n’y a pas de déficit d’opportunité. Il va de soi que le contexte dans son ensemble représente à lui seule une véritable mise à nu de l’impasse dans laquelle le modèle néolibéral a plongé les sociétés. L’effondrement économique très prochain des États-Unis d’Amérique, le dérèglement économique généralisé qui surgit, la rupture sociale et donc, pour finir, au total, la commotion politique, viendront s’ajouter très bientôt au désastre sanitaire et à l’impasse écologique. La civilisation humaine est mise au pied du mur aussi rudement qu’elle l’a été chaque fois que le modèle de mondialisation a été mis en impasse comme ce fut le cas avec la Première Guerre Mondiale puis avec la Seconde, pour prendre des exemples récents. Le vingtieme siècle a commencé en 1914, le 21 éme commence sous nos yeux.
J’ai donc voulu dans les lignes qui suivent résumer quelques-unes des convictions qui me guident en tant que participant à l’animation d’un ample mouvement politique comme « les insoumis ».
Je le fais tel que je suis. C’est-à-dire pas seulement comme quelqu’un qui essaie de penser son époque ou même d’y trouver des réponses concrètes face aux situations auxquelles il se trouve confronté. Mais aussi du point de vue particulier de quelqu’un qui agit en accord avec la théorie de l’ère du peuple et de la révolution citoyenne. Selon cette théorie, nous vivons une bifurcation de l’histoire davantage qu’une « crise ». La crise suppose la possibilité d’un retour à l’état antérieur. Cette possibilité n’existe pas. Le futur à l’horizon se dessine dans une branche de l’alternative : ou bien des régimes autoritaires néolibéraux maintenant de force les relations sociales et économiques spécifiques de ce modèle et roulant en aveugle à l’effondrement écologique, ou bien le passage à un collectivisme écologiste avec tout ce que cela implique sur le plan de l’organisation des pouvoirs publics de l’économie et de la vie en société. Dans ce contexte la motivation de chacun d’entre nous doit être de bien comprendre ce qui se passe, y trouver sa place, et agir fermement et constamment pour atteindre nos objectifs. Nous ne devons chercher à nous substituer ni aux intellectuels qui nous aident à penser les événements, ni aux salariés qui agissent de leur propre chef. La place de militant politique est dans l’action politique, c’est-à-dire dans le travail pour offrir une alternative et en déblayer concrètement le chemin. Pour un tel militant il n’y a qu’un enjeu : comment se forme la conscience collective du grand nombre et comment faire pour l’influencer positivement." .../...
Visite dans le 93 : mis face au désastre de sa politique, Macron hué par la population
Hier matin, Emmanuel Macron s’est rendu dans une maison de santé et un centre social à Pantin. Une véritable opération de communication sur le dos de ceux qui sont en première ligne : les soignants, en réponse à laquelle il a été hué et interpellé par les habitants de la ville, dans un des départements les plus touchés par l’épidémie. .../...
Macron joue la surprise devant l’horreur des conditions de travail des soignants
"En pleine épidémie, le chef de l’Etat s’est offert une petite balade de santé dans le 93, entouré de dizaines de camions de CRS, d’abord pour aller visiter les soignants de la Maison de Santé de Pantin. Après avoir joué les chefs de guerre ces dernières semaines, c’est l’étonnement et la naïveté que le président a feint devant le drame raconté par le personnel à propos de ses conditions de travail.
Une des soignantes racontait ainsi son calvaire face au manque de matériel : devoir «faire dix pharmacie pour avoir des masques» et récupérer des surblouses de son ancien emploi, qu’elle est obligée de réutiliser pour plusieurs visites et de laver à la main chaque soir. Un autre soignant a, quant à lui, expliqué que les stocks de masques et de charlottes proviennent des dons de la population ou de dépannages informels.
Des conditions de travail dramatiques vécues par les soignants qui ont laissé de marbre Emmanuel Macron, jouant la naïveté pour mieux effacer sa responsabilité écrasante dans la gestion catastrophique de la crise. Pourtant c’est son gouvernement qui a contribué à l’implosion de la crise, n’ayant fait que mentir sur la question du matériel et trouver des excuses pour les manques. C’est sur lui que repose l’impréparation et le manque de prise en charge de l’épidémie. C’est bien sa faute si les soignants se retrouvent dans de telles situations de mise en danger de leur vie et de précarité.
Alors que les gouvernements successifs n’ont fait qu’appliquer mesure austéritaire sur mesure austéritaire à l’hôpital et y ont engendré une crise d’ampleur, la fausse naïveté de Macron est ignoble. Dans un département des plus pauvres, où le manque de lits et de matériel de tout genre, même des plus élémentaires, est criant dans les hôpitaux et où la population est envoyée à l’abattoir, Macron est arrivé tout sourire le masque sur la bouche." .../...
6 commentaires:
« Sans prévenir, les corps souriants qui dansaient frénétiquement de réforme en ordonnances, ont été contraints de dessaouler plus tôt que prévu »
EPIDÉMIE
Négligences, mensonges et désinvolture : les fautes du gouvernement dans la gestion de la crise
La gestion de la crise sanitaire par le gouvernement français est-elle à la hauteur ? Aux erreurs, lourdes de conséquences, commises jusqu’à mi-mars, s’ajoutent une inquiétante désinvolture face aux alertes de l’OMS et une communication incohérente. L’exécutif se révèle incapable de sortir de ses schémas de pensée.
« Rendre des comptes ». L’expression tourne et s’amplifie de jour en jour. Dans le brouillard de la situation actuelle, face aux contradictions et revirements de l’exécutif, ça bouillonne, ça s’enrage. Les plaintes se multiplient, déposées notamment par des soignants excédés. Fin mars, 79% des Français estiment que l’exécutif a trop tardé à prendre des mesures face à la crise [1]. À court d’arguments, nos dirigeants martèlent leurs éléments de langage, moulinant dans le vide des mots creux, appelant à l’union sacrée, fustigeant les polémiques, tentant vainement de justifier l’injustifiable.
" [...] Au-delà du froid décompte quotidien des dAu-delà de la novlangue managériale qui justifie depuis plusieurs décennies la casse de l’hôpital, c’est une communauté de soignants qui se retrouve à faire des choix – qui va-t-on laisser mourir aujourd’hui. Ce sont des jeunes de vingt ans, élèves infirmiers, réquisitionnés pour être envoyés « sur le front » sans préparation, payés entre 28 et 50 euros par semaine, pour mettre des dizaines de corps dans des sacs mortuaires [2]. Ce sont des morts
«évitables» qui ne pourront être évités, faute d’anticipation, en raison de choix politiques contestables. Une réalité qu’aucune communication politique ne pourra venir effacer. Résumé de ce fiasco, pour garder mémoire quand l’heure sera venue de rendre des comptes."
.../...
« La fin du "capitalisme néo-libéral" » ?
"À rebours des discours habituels, on suspend d’un mot les règles budgétaires européennes, d’un geste on fait sauter « des verrous intangibles » et on débloque des financements publics colossaux, on encadre les prix, on réquisitionne. On découvre soudain que « l’État peut ». Pour la santé, pour la vie de quelques centaines de milliers ou millions d’humains, on donne un coup d’arrêt à l’économie. « Le Covid-19 crée ainsi un précédent : si on a pu arrêter l’économie pour sauver 200 000 personnes en France, pourquoi ne ferait-on pas demain le nécessaire pour prévenir les cancers et les 40 000 morts prématurés par an dues à la pollution ? », questionne l’historien des sciences Jean-Baptiste Fressoz (lire notre entretien).
Désormais certains discours ne seront-ils plus entendables ? Qui pourra demain défendre la mondialisation effrénée, les délocalisations ? Même l’économiste en chef de la banque d’affaires Natixis (BPCE), Patrick Artus, affirme que cette crise sonne « la fin du "capitalisme néo-libéral" qui avait choisi la globalisation, la réduction du rôle de l’État et de la pression fiscale, les privatisations ».
Mais cette onde de choc va nous mettre K-O. Ces chocs sont aussi des périodes d’instrumentalisation, des opportunités de faire passer des mesures anti-sociales, anti-écologiques, car « les caisses sont vides », « la situation est grave », et « on n’a pas le choix ». Des occasions pour faire graver dans le marbres des « mesures provisoires », décidées dans le feu de l’action. Le 15 février, le président chinois Xi Jinping a annoncé une relance économique pour sortir du marasme, avec levée des quotas de voitures, recours au charbon et massification de la 5G. Notre capacité de résilience se mesurera aussi à la possibilité de changer de cap. Rapidement et durablement."
Agnès Rousseaux
https://www.bastamag.net/Faute-erreurs-gouvernement-Macron-gestion-de-l-epidemie-masques-tests-confinement-urgence-sanitaire
Le blog des infiltrés
ET ON MONTE LE SON !
La fête était belle, tout le monde était great again. Jusqu'au bout, on s'est rêvé en guide de vie, libre et léger. En chef de meute invincible, de coup de bluff en coup de force. Hardcore. Mais la lumière crue s'est rallumée, la tête a bourdonné. Et le roi est nu. Et le roi est nulle part. C'est le moment de prendre les platines et de changer de set. Pour envoyer le son de grâce.
.../...
La fête du déni
"Ce déni, c’est ce qui permet de tenir. De maintenir l’illusion pour les autres (et parfois pour soi, pour les cas les plus minables), que la voie est la bonne, que la situation s’améliore, que toutes les critiques sont infondées. C’est la figure de l’artiste incompris, de l’entrepreneur survolté qu’on peine à suivre, celui qui n’a plus peur de rien, qui s’autorise tout, qui ose tout – dirait Lino Ventura. La virulence des critiques, qui ne va que croissante depuis que le Président est en fonction, et qu’il tacle dès qu’il le peut, est au moins autant liée à son incontestable légèreté de bricoleur du dimanche en gestion de crise, qu’à – plus profondément – un rejet violent de sa politique qui n’a pas tari dans son expression publique depuis l’explosion de contestation sociale sortie dans les beaux quartiers à la fin 2018.
Ce déni devenu arrogance présidentielle, patriarcale, clanique, le pousse le 11 mars à défier l’ennemi-terroriste depuis la Tour Eiffel, en plein air, nous incitant à continuer de sortir en terrasse, comme il le faisait quelques jours plus tôt en nous invitant au théâtre malgré l’ennemi-virus. Face à ces ennemis, quels qu’ils soient, qui voudraient arrêter sa joie, sa fête, dans laquelle il vit et croit que nous vivons tous, il le rappelle : il n’y renoncera pas. Cette fête où l’agilité du startupper est reine, où il est assumé que le pouvoir se concentre méritocratiquement entre les mains des “premiers de cordée”, où la liberté permet de faire face au monde pour qui veut bien se donner la peine de simplement traverser la rue. Il se sentait fort, avec une France 6ème puissance mondiale et ses grandes entreprises, son leadership européen, son taux de chômage qui frétillait à l’horizontale descendante. Cette fête-là, il n’était pas question qu’on y touche : on y est bien, on plane. Donc la cure de désintox, très peu pour lui, ce sera pour les suivants."
.../...
La suite
"Sans le désir collectif et anesthésique de la consommation quotidienne, la force du mirage méritocratique, cloîtrés chez nous ou désormais explicitement forcés à produire contre notre gré, nous pouvons à loisir observer ce qui se passe : rien de nouveau en réalité, sinon la mise en lumière de ce même rapport social de production.[...]"
Quand cela va-t-il cesser ? Potentiellement jamais. Quand cela peut-il cesser ? Potentiellement maintenant. Ça craque, partout. Chaque annonce présidentielle ou ministérielle suscite son flot d’interrogations, d’incompréhension, maintenant de haine. Qui reste dupe de cette incompétence qui transpire l’intérêt de classe ? Le constat nous saute aux yeux chaque jour, les réseaux sociaux saturent d’insatisfaits, les discussions de café de classes bourgeoises s’inquiètent. Les analyses et critiques pleuvent, plus rien n’est à démontrer, il ne manque que l’étincelle et elle pourrait être ça : cette pandémie.
Dès lors, il faut penser, passer à la suite. Le droit d’inventaire, le procès ? Oui, nécessairement, le jour venu. Mais d’abord, pensons l’après. Il faut lire ? Si nous le pouvons, lisons. Mais surtout réclamons, avec force – car on ne nous laissera pas faire : socialisation de la décision publique et économique, réappropriation de nos outils de production, féminisme social, souveraineté monétaire et alimentaire, dé-financiarisation de l’économie, décroissance écologique, … en somme : fin du capitalisme.
A nous les platines !"
https://blogs.mediapart.fr/les-infiltres/blog/240320/et-monte-le-son
Crise sanitaire : les propositions se multiplient pour penser un après plus écologique
Le monde sortira un jour de la pandémie du Covid-19 et devra relever un système économique exsangue, voire le transformer en profondeur pour que les mêmes maux n’apparaissent plus. Afin de préparer dès maintenant la suite, les initiatives fleurissent : parlementaires, associatifs, syndicats…
"Bruno Le Maire l’a prédit au Sénat lundi 6 avril : la France devrait connaître la pire récession de son histoire depuis la Seconde Guerre mondiale. Comment rebondir après une crise aussi grave ?
« Le jour d’après ne sera pas un retour au jour d’avant », a promis Emmanuel Macron lors de son intervention télévisée du 16 mars dernier. Pourtant, les premières décisions gouvernementales ne laissent rien présager de bon : détricotage du Code du travail, refus de restaurer l’impôt sur la fortune, soutien à l’industrie fossile et aéronautique…
À l’inverse, de nombreux Français réclament un changement de modèle. Selon un sondage publié par le quotidien Libération mardi 31 mars, 84 % des sondés appellent de leurs vœux la relocalisation en Europe d’un maximum des filières de production ; 69 % veulent « ralentir le productivisme et la recherche perpétuelle de rentabilité » ; 88 % réclament un « accès à l’eau et à un air de qualité » et 76 % à la « biodiversité ». Les 150 membres de la convention citoyenne pour le climat, qui travaillent depuis six mois sur des réponses à la crise climatique, ont aussi débattu d’une stratégie de sortie de la crise du Covid-19 lors d’une session en visioconférence les 3 et 4 avril. Leur emboîtant le pas, des élus et des associations ont lancé des outils pour inventer collectivement une relance synonyme de transition écologique et sociale, et peser pour l’imposer face à celles et ceux qui préconiseraient plutôt le retour au business as usual.
Reporterre vous propose un tour d’horizon des initiatives en cours."
.../...
https://reporterre.net/Crise-sanitaire-les-propositions-se-multiplient-pour-penser-un-apres-plus-ecologique
Agir en politique maintenant
"Dans la période récente j’ai consacré beaucoup de mon temps d’expression sur les questions de méthode de traitement concret du drame du coronavirus. Notre idée, parmi les insoumis qui animent le mouvement, est que ce moment particulier doit être davantage voué à créer des « causes communes » qu’à déclencher des zones particulières de conflictualité. Dans la période ordinaire, la conflictualité produit de la conscience. C’est sa fonction essentielle. L’action pour répandre nos idées s’appuie alors sur la focalisation sur des conflits précis dont le contenu et les formes représentent à nos yeux des exemples à suivre. Ce n’est pas de cette façon que se présente notre domaine d’action au moment présent. Pour autant, bien sûr il ne faut pas perdre des yeux un seul instant les situations de conflit sociaux qui pointent leur nez ici ou là dans le secteur de la santé, ici ou là dans les secteurs de la production où les salariés sont exposés sans protection et surtout sans raison. Et bien sur il faut y apporter tous les moyens de notre soutien.
Pour ce qui est de la prise de conscience il n’y a pas de déficit d’opportunité. Il va de soi que le contexte dans son ensemble représente à lui seule une véritable mise à nu de l’impasse dans laquelle le modèle néolibéral a plongé les sociétés. L’effondrement économique très prochain des États-Unis d’Amérique, le dérèglement économique généralisé qui surgit, la rupture sociale et donc, pour finir, au total, la commotion politique, viendront s’ajouter très bientôt au désastre sanitaire et à l’impasse écologique. La civilisation humaine est mise au pied du mur aussi rudement qu’elle l’a été chaque fois que le modèle de mondialisation a été mis en impasse comme ce fut le cas avec la Première Guerre Mondiale puis avec la Seconde, pour prendre des exemples récents. Le vingtieme siècle a commencé en 1914, le 21 éme commence sous nos yeux.
J’ai donc voulu dans les lignes qui suivent résumer quelques-unes des convictions qui me guident en tant que participant à l’animation d’un ample mouvement politique comme « les insoumis ».
Je le fais tel que je suis. C’est-à-dire pas seulement comme quelqu’un qui essaie de penser son époque ou même d’y trouver des réponses concrètes face aux situations auxquelles il se trouve confronté. Mais aussi du point de vue particulier de quelqu’un qui agit en accord avec la théorie de l’ère du peuple et de la révolution citoyenne. Selon cette théorie, nous vivons une bifurcation de l’histoire davantage qu’une « crise ». La crise suppose la possibilité d’un retour à l’état antérieur. Cette possibilité n’existe pas. Le futur à l’horizon se dessine dans une branche de l’alternative : ou bien des régimes autoritaires néolibéraux maintenant de force les relations sociales et économiques spécifiques de ce modèle et roulant en aveugle à l’effondrement écologique, ou bien le passage à un collectivisme écologiste avec tout ce que cela implique sur le plan de l’organisation des pouvoirs publics de l’économie et de la vie en société. Dans ce contexte la motivation de chacun d’entre nous doit être de bien comprendre ce qui se passe, y trouver sa place, et agir fermement et constamment pour atteindre nos objectifs. Nous ne devons chercher à nous substituer ni aux intellectuels qui nous aident à penser les événements, ni aux salariés qui agissent de leur propre chef. La place de militant politique est dans l’action politique, c’est-à-dire dans le travail pour offrir une alternative et en déblayer concrètement le chemin. Pour un tel militant il n’y a qu’un enjeu : comment se forme la conscience collective du grand nombre et comment faire pour l’influencer positivement."
.../...
https://melenchon.fr/2020/04/06/agir-en-politique-maintenant/
Visite dans le 93 : mis face au désastre de sa politique, Macron hué par la population
Hier matin, Emmanuel Macron s’est rendu dans une maison de santé et un centre social à Pantin. Une véritable opération de communication sur le dos de ceux qui sont en première ligne : les soignants, en réponse à laquelle il a été hué et interpellé par les habitants de la ville, dans un des départements les plus touchés par l’épidémie.
.../...
Macron joue la surprise devant l’horreur des conditions de travail des soignants
"En pleine épidémie, le chef de l’Etat s’est offert une petite balade de santé dans le 93, entouré de dizaines de camions de CRS, d’abord pour aller visiter les soignants de la Maison de Santé de Pantin. Après avoir joué les chefs de guerre ces dernières semaines, c’est l’étonnement et la naïveté que le président a feint devant le drame raconté par le personnel à propos de ses conditions de travail.
Une des soignantes racontait ainsi son calvaire face au manque de matériel : devoir «faire dix pharmacie pour avoir des masques» et récupérer des surblouses de son ancien emploi, qu’elle est obligée de réutiliser pour plusieurs visites et de laver à la main chaque soir. Un autre soignant a, quant à lui, expliqué que les stocks de masques et de charlottes proviennent des dons de la population ou de dépannages informels.
Des conditions de travail dramatiques vécues par les soignants qui ont laissé de marbre Emmanuel Macron, jouant la naïveté pour mieux effacer sa responsabilité écrasante dans la gestion catastrophique de la crise. Pourtant c’est son gouvernement qui a contribué à l’implosion de la crise, n’ayant fait que mentir sur la question du matériel et trouver des excuses pour les manques. C’est sur lui que repose l’impréparation et le manque de prise en charge de l’épidémie. C’est bien sa faute si les soignants se retrouvent dans de telles situations de mise en danger de leur vie et de précarité.
Alors que les gouvernements successifs n’ont fait qu’appliquer mesure austéritaire sur mesure austéritaire à l’hôpital et y ont engendré une crise d’ampleur, la fausse naïveté de Macron est ignoble. Dans un département des plus pauvres, où le manque de lits et de matériel de tout genre, même des plus élémentaires, est criant dans les hôpitaux et où la population est envoyée à l’abattoir, Macron est arrivé tout sourire le masque sur la bouche."
.../...
https://www.revolutionpermanente.fr/Visite-dans-le-93-mis-face-au-desastre-de-sa-politique-Macron-hue-par-la-population
https://www.liberation.fr/debats/2020/04/08/la-prochaine-pandemie-est-previsible-rompons-avec-le-deni-de-la-crise-ecologique_1784471
Enregistrer un commentaire