L’arbitrage français de la Politique agricole commune se discute en ce moment au ministère de l’Agriculture. Il ne favorise pas les pratiques bio, mais plutôt les structures qui utilisent engrais chimiques et pesticides, et les gros propriétaires.
"Le gouvernement veut-il mettre l’agriculture bio à terre ? C’est l’impression que donne la copie qu’il vient de rendre sur la politique agricole commune – la PAC, en partie négociée au niveau européen – qui entrera en vigueur en 2023 et s’étendra jusqu’en 2027. La PAC version française prévoit en effet une taille sévère dans les aides versées à celles et ceux qui cultivent sans pesticides et sans engrais : ils pourraient perdre près de 70 % de leurs subventions. Furieuses, les organisations agricoles et environnementales ont quitté la réunion où étaient présentés les arbitrages français, le 21 mai dernier [1]. Et le 2 juin, plusieurs centaines d’agriculteurs ont manifesté à Paris pour dire leur colère, et leur dépit." .../...
Agriculture avec ou sans pesticides : peu importe, les aides seront les mêmes
"Les organisations environnementales et agricoles gardaient espoir de voir remplacer ces aides au maintien par un autre dispositif : les paiements pour services environnementaux. Car si ses impacts négatifs sont souvent décriés, l’agriculture peut aussi participer à restaurer et entretenir les écosystèmes. En se passant de pesticides et engrais de synthèse, l’agriculture bio préserve des écosystèmes qui fournissent de nombreux services, comme l’approvisionnement en eau ou la pollinisation. « Quand vous n’exposez pas la population aux pesticides de synthèse, vous faites des économies à la société sur les dépenses de santé publique », explique Loïc Madeline. Les traitements médicaux des personnes qui tombent malades à cause des pesticides sont d’autres coûts évités à la société par l’agriculture bio.
Emmanuel Macron, alors candidat, affirmait qu’il fallait rémunérer ces bénéfices collectifs. « Il importe de mieux valoriser les services environnementaux que les agriculteurs sont capables de rendre à la collectivité et rémunérer de manière juste ces services », annonçait-il en 2017 lors d’un discours à Rungis applaudi par les associations environnementales [2]. Il semble, depuis, avoir été rattrapé par celles et ceux qui désirent poursuivre la pratique d’une agriculture dite « conventionnelle ». À la place des aides au maintien de l’agriculture biologique, le gouvernement propose un éco-régime de 70 euros par hectare, visant à favoriser les pratiques « agroécologiques », dont on ignore ce qu’elles recouvrent exactement. La Fnab a découvert avec surprise le 21 mai dernier que l’agriculture biologique bénéficiera des mêmes aides que l’agriculture certifiée « haute valeur environnementale » (HVE), qui autorise l’usage de pesticides et d’engrais de synthèse.
« La HVE n’a de valeur environnementale que le nom. Le ministère a connaissance de ça », assure Loïc Madeline en faisant allusion à une note confidentielle de l’Office national de la biodiversité remise au ministère fin 2020. Dévoilée par Le Monde le 25 mai [3], cette note montre que la certification HVE, qualifiée de « cheval de Troie du greenwashing » n’apporte généralement aucun bénéfice environnemental, comme nous le montrions dans notre enquête cinq mois plus tôt." .../...
3 commentaires:
Décidément Jean fait la course à l'échelle de la promotion !
https://www.francebleu.fr/infos/societe/la-mairie-de-saint-etienne-vallee-francaise-bloquee-par-des-habitants-1623269925
L’arbitrage français de la Politique agricole commune se discute en ce moment au ministère de l’Agriculture. Il ne favorise pas les pratiques bio, mais plutôt les structures qui utilisent engrais chimiques et pesticides, et les gros propriétaires.
"Le gouvernement veut-il mettre l’agriculture bio à terre ? C’est l’impression que donne la copie qu’il vient de rendre sur la politique agricole commune – la PAC, en partie négociée au niveau européen – qui entrera en vigueur en 2023 et s’étendra jusqu’en 2027. La PAC version française prévoit en effet une taille sévère dans les aides versées à celles et ceux qui cultivent sans pesticides et sans engrais : ils pourraient perdre près de 70 % de leurs subventions. Furieuses, les organisations agricoles et environnementales ont quitté la réunion où étaient présentés les arbitrages français, le 21 mai dernier [1]. Et le 2 juin, plusieurs centaines d’agriculteurs ont manifesté à Paris pour dire leur colère, et leur dépit."
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Agriculture avec ou sans pesticides : peu importe, les aides seront les mêmes
"Les organisations environnementales et agricoles gardaient espoir de voir remplacer ces aides au maintien par un autre dispositif : les paiements pour services environnementaux. Car si ses impacts négatifs sont souvent décriés, l’agriculture peut aussi participer à restaurer et entretenir les écosystèmes. En se passant de pesticides et engrais de synthèse, l’agriculture bio préserve des écosystèmes qui fournissent de nombreux services, comme l’approvisionnement en eau ou la pollinisation. « Quand vous n’exposez pas la population aux pesticides de synthèse, vous faites des économies à la société sur les dépenses de santé publique », explique Loïc Madeline. Les traitements médicaux des personnes qui tombent malades à cause des pesticides sont d’autres coûts évités à la société par l’agriculture bio.
Emmanuel Macron, alors candidat, affirmait qu’il fallait rémunérer ces bénéfices collectifs. « Il importe de mieux valoriser les services environnementaux que les agriculteurs sont capables de rendre à la collectivité et rémunérer de manière juste ces services », annonçait-il en 2017 lors d’un discours à Rungis applaudi par les associations environnementales [2]. Il semble, depuis, avoir été rattrapé par celles et ceux qui désirent poursuivre la pratique d’une agriculture dite « conventionnelle ». À la place des aides au maintien de l’agriculture biologique, le gouvernement propose un éco-régime de 70 euros par hectare, visant à favoriser les pratiques « agroécologiques », dont on ignore ce qu’elles recouvrent exactement. La Fnab a découvert avec surprise le 21 mai dernier que l’agriculture biologique bénéficiera des mêmes aides que l’agriculture certifiée « haute valeur environnementale » (HVE), qui autorise l’usage de pesticides et d’engrais de synthèse.
« La HVE n’a de valeur environnementale que le nom. Le ministère a connaissance de ça », assure Loïc Madeline en faisant allusion à une note confidentielle de l’Office national de la biodiversité remise au ministère fin 2020. Dévoilée par Le Monde le 25 mai [3], cette note montre que la certification HVE, qualifiée de « cheval de Troie du greenwashing » n’apporte généralement aucun bénéfice environnemental, comme nous le montrions dans notre enquête cinq mois plus tôt."
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https://www.bastamag.net/Baisse-des-aides-Agriculture-Bio-subventions-Politique-agricole-commune-Julien-Denormandie-pesticides
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