La détresse paysanne dans un monde agricole qui dégringole
Le monde paysan souffre d’un système économique qui broie le quotidien des hommes et des femmes. Dans ce milieu dur au mal et taiseux, comment parler des difficultés ? Et comment montrer la réalité tragique des suicides ? La photographe Karoll Petit l’a tenté par l’image durant plusieurs années d’enquête. Un reportage saisissant. .../...
"Après un an et demi et plusieurs témoignages recueillis, que puis-je en dire ? La nature, c’est beau, mais travailler vraiment en son sein, c’est dur. Les paysans sont tributaires du temps et du vivant. Et en ce monde, ces deux paramètres sont difficiles à associer avec rentabilité et cotation en Bourse. Peut-être même est-ce une aberration ? Les paysans nous nourrissent, ils devraient être respectés et pourtant trop de paysans vivent mal de leur métier. Ils travaillent des heures et des heures, ils triment, ils galèrent. Le repos existe peu, ou pas. Ces fameux suicides, si nombreux — deux par jour, d’après les derniers chiffres de la Mutualité sociale agricole (MSA) de juillet 2019 — sont à 80 % des hommes qui croulent sous les dettes et/ou sont exténués par les heures de labeur. Parfois , les banques ne veulent pas modifier l’échéancier de remboursement des emprunts, la MSA applique des pénalités si les cotisations sociales ne sont pas payées en temps et en heure, le prix du lait ou des céréales peut chuter… et c’est l’effet boule de neige. Le paysan, pour s’en sortir, cravache deux fois plus. Il s’épuise et son moral s’écroule ; il ne voit plus d’issue. Et puis, il y a les veuves de ces agriculteurs, qui endurent le deuil et la gestion de toute la paperasse et de la ferme, dont l’activité ne peut pas s’arrêter du jour au lendemain. Dans certains cas, cela peut prendre quatre à cinq ans aux veuves pour régler la question de la ferme. C’est une double peine, très dure à surmonter.
Face aux difficultés qu’ils rencontrent, les paysans doivent se réapproprier leur ferme mais les organisations professionnelles agricoles (OPA) ne leur sont pas forcément d’un grand secours. Pour sortir de cette spirale, l’entraide peut être une bonne solution.
Nos sociétés néolibérales ne prennent pas en compte le facteur humain, le vivant. Les paysans en sont un exemple de taille. Cela ne peut plus durer et les suicides en sont une preuve flagrante. Le productivisme broie les agriculteurs." .../...
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La détresse paysanne dans un monde agricole qui dégringole
Le monde paysan souffre d’un système économique qui broie le quotidien des hommes et des femmes. Dans ce milieu dur au mal et taiseux, comment parler des difficultés ? Et comment montrer la réalité tragique des suicides ? La photographe Karoll Petit l’a tenté par l’image durant plusieurs années d’enquête. Un reportage saisissant.
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"Après un an et demi et plusieurs témoignages recueillis, que puis-je en dire ? La nature, c’est beau, mais travailler vraiment en son sein, c’est dur. Les paysans sont tributaires du temps et du vivant. Et en ce monde, ces deux paramètres sont difficiles à associer avec rentabilité et cotation en Bourse. Peut-être même est-ce une aberration ? Les paysans nous nourrissent, ils devraient être respectés et pourtant trop de paysans vivent mal de leur métier. Ils travaillent des heures et des heures, ils triment, ils galèrent. Le repos existe peu, ou pas. Ces fameux suicides, si nombreux — deux par jour, d’après les derniers chiffres de la Mutualité sociale agricole (MSA) de juillet 2019 — sont à 80 % des hommes qui croulent sous les dettes et/ou sont exténués par les heures de labeur. Parfois , les banques ne veulent pas modifier l’échéancier de remboursement des emprunts, la MSA applique des pénalités si les cotisations sociales ne sont pas payées en temps et en heure, le prix du lait ou des céréales peut chuter… et c’est l’effet boule de neige. Le paysan, pour s’en sortir, cravache deux fois plus. Il s’épuise et son moral s’écroule ; il ne voit plus d’issue. Et puis, il y a les veuves de ces agriculteurs, qui endurent le deuil et la gestion de toute la paperasse et de la ferme, dont l’activité ne peut pas s’arrêter du jour au lendemain. Dans certains cas, cela peut prendre quatre à cinq ans aux veuves pour régler la question de la ferme. C’est une double peine, très dure à surmonter.
Face aux difficultés qu’ils rencontrent, les paysans doivent se réapproprier leur ferme mais les organisations professionnelles agricoles (OPA) ne leur sont pas forcément d’un grand secours. Pour sortir de cette spirale, l’entraide peut être une bonne solution.
Nos sociétés néolibérales ne prennent pas en compte le facteur humain, le vivant. Les paysans en sont un exemple de taille. Cela ne peut plus durer et les suicides en sont une preuve flagrante. Le productivisme broie les agriculteurs."
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