Derrière la victoire attendue des écologistes à Lyon, l’espoir encore fragile d’un véritable renouveau
Donnée favorite, la liste écologiste, désormais alliée à d’autres formations de gauche, pourrait faire coup double à Lyon, et remporter à la fois la mairie et la Métropole. Le plus dur restera encore à venir, tant certains aspects du programme demeurent imprécis et les alliances fragiles. Reportage. .../...
La chute d’un baron socialiste devenu vassal macroniste
"Gérard Collomb s’y était construit un trône en or massif : la Métropole concentre un champ extrêmement large de compétences qui réduit de facto le maire de Lyon à un pouvoir d’abord honorifique. Ironie de l’histoire, cette toute première élection au suffrage universel direct était censée célébrer son ultime sacre dans la capitale des Gaules, où il a occupé les principaux mandats d’élus – député, sénateur, maire, maire d’arrondissement – depuis 40 ans. Les écologistes sont bel et bien en mesure de remporter les deux élections : en plus de Grégory Doucet à l’Hôtel de Ville, Bruno Bernard (EELV) pourrait ainsi prendre les rênes du Grand Lyon, même si sa victoire s’annonce beaucoup moins évidente, dans une triangulaire au verdict très incertain.
À l’inverse de Paris et Marseille, Lyon serait ainsi la seule à véritablement tomber dans l’escarcelle du parti écologiste. Si les trois plus grandes villes françaises pourront, légitimement, se revendiquer écologistes en cas de victoire le 28 juin au soir, seule la cité lyonnaise brandira effectivement la bannière d’EELV au sommet de son hôtel de ville. A Paris et Marseille, la nature du programme défendu et la présence de nombreux écologistes dans les exécutifs à venir – la possible future maire de Marseille, Michèle Rubirola, est elle-même une ancienne adhérente d’EELV, pendant près de 10 ans (lire notre reportage) – en feront aussi des victoires écologistes. Mais pas du parti en tant que tel, qui avait choisi de se lancer seul, et désormais relégué derrière la primauté d’une démarche ouverte et « citoyenne » à Marseille et des alliances issues de la « gauche plurielle » à Paris." .../...
"L’alliance avec le PS est tout particulièrement montrée du doigt, pour expliquer ce «refus catégorique» de s’allier: «On a toujours à l’esprit l’expérience Hollande. On a quasiment tous voté pour lui pour dégager Sarkozy avant de comprendre douloureusement que le Parti socialiste n’était plus du tout du côté des batailles sociales», poursuit l’ex-syndicaliste, qui dit «ne plus vouloir se faire avoir».
Ces dernières semaines, une enquête Ispos Steria, publiée le 18 juin et réalisée pour des médias locaux, a conforté l’équipe de Philippe Poutou dans sa stratégie. Le chef de file de Bordeaux en luttes y est toujours crédité de 11%. «On a résisté à la pression du vote utile, c’est déjà beaucoup. Maintenant, si on augmente, ça sera un exploit dans cette bataille inédite», pointe Philippe Poutou. L’«objectif idéal», selon lui, serait d’obtenir quatre places au moins au conseil municipal. Ou plutôt le «parlement bordelais», comme les colistiers de Bordeaux en luttes préfèrent l’appeler. «Tout le monde à Bordeaux, même la droite, s’attend déjà à des conseils beaucoup plus animés. Mais attention, on ne veut pas "s’infiltrer" et '"faire du bruit'" pour faire un petit spectacle. On aimerait surtout exister politiquement et avoir de l’efficacité dans ce qu’on va faire. Et mener le bras de fer que tout le monde attend d’une opposition digne de ce nom.»"
"Depuis la fin du confinement, un vent d’espoir souffle dans les rangs de la liste qui rassemble, derrière la candidate d’EELV, un large panel de forces (dont le PS, le PCF, quelques « insoumis ») et de personnalités marseillaises. Alors que personne ne pariait sur les chances de cet attelage qui a mis du temps à trouver ses marques et à dépasser ses querelles, un récent sondage Ifop-Fiducial pour La Provence place Mme Rubirola en tête du second tour, loin devant Martine Vassal, la candidate adoubée par le maire sortant, Jean-Claude Gaudin. Pour la première fois depuis vingt-cinq ans, la ville pourrait ainsi échapper à la droite. Un véritable coup de tonnerre. Alors, à gauche, on se presse aux côtés de cette médecin spécialisée dans la santé préventive dans les quartiers Nord." (...)
"Côté RN, on saluera évidemment sans réserve la victoire d'un historique du lepénisme, ancien directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen, qui a toujours sa carte au parti. Mais ces derniers mois, Louis Aliot a pris des airs de soldat affranchi, loin du siège de Nanterre et même de l'Assemblée nationale, où le député des Pyrénées-Orientales se contente du minimum. Sur ses affiches, nulle trace de la flamme tricolore. Et dans sa permanence - un grand appartement bourgeois dans le centre-ville - aucune photo de Marine Le Pen. Seuls les eurodéputés Thierry Mariani et Jean-Paul Garraud, des anciens de l'UMP, sont venus le soutenir. [...]" (...)
4 commentaires:
MUNICIPALES
Derrière la victoire attendue des écologistes à Lyon, l’espoir encore fragile d’un véritable renouveau
Donnée favorite, la liste écologiste, désormais alliée à d’autres formations de gauche, pourrait faire coup double à Lyon, et remporter à la fois la mairie et la Métropole. Le plus dur restera encore à venir, tant certains aspects du programme demeurent imprécis et les alliances fragiles. Reportage.
.../...
La chute d’un baron socialiste devenu vassal macroniste
"Gérard Collomb s’y était construit un trône en or massif : la Métropole concentre un champ extrêmement large de compétences qui réduit de facto le maire de Lyon à un pouvoir d’abord honorifique. Ironie de l’histoire, cette toute première élection au suffrage universel direct était censée célébrer son ultime sacre dans la capitale des Gaules, où il a occupé les principaux mandats d’élus – député, sénateur, maire, maire d’arrondissement – depuis 40 ans. Les écologistes sont bel et bien en mesure de remporter les deux élections : en plus de Grégory Doucet à l’Hôtel de Ville, Bruno Bernard (EELV) pourrait ainsi prendre les rênes du Grand Lyon, même si sa victoire s’annonce beaucoup moins évidente, dans une triangulaire au verdict très incertain.
À l’inverse de Paris et Marseille, Lyon serait ainsi la seule à véritablement tomber dans l’escarcelle du parti écologiste. Si les trois plus grandes villes françaises pourront, légitimement, se revendiquer écologistes en cas de victoire le 28 juin au soir, seule la cité lyonnaise brandira effectivement la bannière d’EELV au sommet de son hôtel de ville. A Paris et Marseille, la nature du programme défendu et la présence de nombreux écologistes dans les exécutifs à venir – la possible future maire de Marseille, Michèle Rubirola, est elle-même une ancienne adhérente d’EELV, pendant près de 10 ans (lire notre reportage) – en feront aussi des victoires écologistes. Mais pas du parti en tant que tel, qui avait choisi de se lancer seul, et désormais relégué derrière la primauté d’une démarche ouverte et « citoyenne » à Marseille et des alliances issues de la « gauche plurielle » à Paris."
.../...
https://www.bastamag.net/Lyon-municipales-Metropole-EELV-Gregory-Doucet-vague-verte-Gerard-Collomb-gauche-plurielle
«Refus catégorique»
"L’alliance avec le PS est tout particulièrement montrée du doigt, pour expliquer ce «refus catégorique» de s’allier: «On a toujours à l’esprit l’expérience Hollande. On a quasiment tous voté pour lui pour dégager Sarkozy avant de comprendre douloureusement que le Parti socialiste n’était plus du tout du côté des batailles sociales», poursuit l’ex-syndicaliste, qui dit «ne plus vouloir se faire avoir».
Ces dernières semaines, une enquête Ispos Steria, publiée le 18 juin et réalisée pour des médias locaux, a conforté l’équipe de Philippe Poutou dans sa stratégie. Le chef de file de Bordeaux en luttes y est toujours crédité de 11%. «On a résisté à la pression du vote utile, c’est déjà beaucoup. Maintenant, si on augmente, ça sera un exploit dans cette bataille inédite», pointe Philippe Poutou. L’«objectif idéal», selon lui, serait d’obtenir quatre places au moins au conseil municipal. Ou plutôt le «parlement bordelais», comme les colistiers de Bordeaux en luttes préfèrent l’appeler. «Tout le monde à Bordeaux, même la droite, s’attend déjà à des conseils beaucoup plus animés. Mais attention, on ne veut pas "s’infiltrer" et '"faire du bruit'" pour faire un petit spectacle. On aimerait surtout exister politiquement et avoir de l’efficacité dans ce qu’on va faire. Et mener le bras de fer que tout le monde attend d’une opposition digne de ce nom.»"
https://www.liberation.fr/politiques/2020/06/25/a-bordeaux-poutou-en-arbitre-jusqu-au-bout_1792410
"Depuis la fin du confinement, un vent d’espoir souffle dans les rangs de la liste qui rassemble, derrière la candidate d’EELV, un large panel de forces (dont le PS, le PCF, quelques « insoumis ») et de personnalités marseillaises. Alors que personne ne pariait sur les chances de cet attelage qui a mis du temps à trouver ses marques et à dépasser ses querelles, un récent sondage Ifop-Fiducial pour La Provence place Mme Rubirola en tête du second tour, loin devant Martine Vassal, la candidate adoubée par le maire sortant, Jean-Claude Gaudin. Pour la première fois depuis vingt-cinq ans, la ville pourrait ainsi échapper à la droite. Un véritable coup de tonnerre. Alors, à gauche, on se presse aux côtés de cette médecin spécialisée dans la santé préventive dans les quartiers Nord."
(...)
https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/06/23/a-marseille-la-gauche-et-les-ecologistes-se-pressent-autour-de-la-surprise-rubirola_6043855_823448.html
"Côté RN, on saluera évidemment sans réserve la victoire d'un historique du lepénisme, ancien directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen, qui a toujours sa carte au parti. Mais ces derniers mois, Louis Aliot a pris des airs de soldat affranchi, loin du siège de Nanterre et même de l'Assemblée nationale, où le député des Pyrénées-Orientales se contente du minimum. Sur ses affiches, nulle trace de la flamme tricolore. Et dans sa permanence - un grand appartement bourgeois dans le centre-ville - aucune photo de Marine Le Pen. Seuls les eurodéputés Thierry Mariani et Jean-Paul Garraud, des anciens de l'UMP, sont venus le soutenir. [...]"
(...)
https://www.lexpress.fr/actualite/politique/fn/a-perpignan-et-beziers-la-victoire-de-l-extreme-droite-ne-s-appellerait-pas-le-pen_2129186.html
Enregistrer un commentaire