dimanche 26 avril 2020

Lettre à Emmanuel Macron, Président de la République.


Envoyé par J.L
A tous les membres, correspondants et amis du Comité Bastille
Cette lettre, que vous avez peut-être déjà vue passer, a eu un grand succès. Après quelques amendements, elle est reprise sur notre site et a déjà obtenu 34 signatures qui sont identifiées ici.
Le Bureau du Comité Bastille vous invite à ajouter votre signature afin que notre proposition, visant à ce que le financement des services publics échappe à la Financiarisation mondiale, obtienne un maximum d'attention. Il vous suffit de réponde affirmativement à l'invitation, par retour.

Monsieur le Président,
Quand vous avez dit que « déléguer notre capacité de soigner à d'autres est une folie » ;
Quand vous avez parlé de « changer de modèle », d'« interroger le modèle de développement dans lequel s'est engagé notre monde depuis des décennies » – vous avez bien dit décennies, semblant nous rappeler correctement que la financiarisation de l'économie a commencé dans les années 80 ;
Quand vous avez dit, parlant de la santé, qu'« Il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché ».
Nous avons compris avec un immense soulagement, comme la majorité des Français, que vous aviez enfin compris les maux de la financiarisation de l'économie mondiale, et engagé la France, et aussi l'Europe, dans le combat contre celle-ci.
Or nous apprenons que, fidèle aux grands défenseurs français de cette financiarisation, vous prévoyez de nous engager de nouveau, avec une impulsion nouvelle, vers les Partenariats public-privé (PPP), le véhicule essentiel pour redonner le pouvoir souverain à la financiarisation, par le truchement du marché boursier, de l'optimisation fiscale qui rend légale​ le pillage des humains et de la nature, et du réseau mondial des paradis fiscaux qui chaque année coûte à la France seulement, entre 70 et 100 milliards d'euros de manque à gagner fiscal.
Nous pensions que vous aviez appris qu'il existe des alternatives à ce mode de financement inique et destructeur, et au financement direct des services publics par le budget de l'État. Car cette alternative est décrite, étudiée et évaluée par de nombreux laboratoires d'idées dans le monde, dont en France. Amère déception ! Nous nous joignons à la foule des Françaises et Français qui vous rappellent aujourd'hui vos promesses. Il faut que la France en finisse avec la financiarisation, une politique qui ramène tous les objectifs de développement et de création de richesses à la seule Valorisation maximale des intérêts de l'actionnaire.
Cette fois, au moment où la France comme le Monde fait face à trois crises simultanées.
  • Une dette vertigineuse qui s'aggrave au seul profit des intérêts financiers. L'endettement peut être une bonne chose s'il est contracté auprès des Français pour ne pas alourdir la charge de la dette externe, et s'il est orienté vers la création d'emploi et la transition écologique à travers des investissements à très long terme. Saviez-vous que si nous avions une filière bois au niveau allemand, nous aurions 700 000 emplois en plus et un bilan carbone national encore meilleur ?
  • Un changement climatique trop rapide pour que les écosystèmes aient le temps de se renouveler. Oui, la France ne pèse que pour 0,9 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Mais vous connaissez la force des symboles : si la France change et prouve que nous pouvons être prospère avec une économie durable, combien nous suivront ? Et quel avantage compétitif pour nos entreprises qui seraient les premières à pouvoir exporter ce nouveau savoir-faire ?
  • Une épidémie qui montre au grand jour à quel degré de délabrement la financiarisation, par sa politique de bas salaires, de coupes budgétaires dans les dépenses publiques et aussi dans les investissements, de délocalisation (que ferions-nous en ce moment même sans les fournisseurs chinois et indiens ?) a ramené la Santé publique à un état de survivance. Un constat que nous pouvons étendre à tous les secteurs publics.
La réponse à ces défis est simple, sa mise en place est complexe. ​Elle demande ​un courage politique et ​une volonté administrative sans précédent. Il faut voir par-delà le modèle éculé de ces dernières décennies​, pour reprendre vos mots, et inventer le système de demain, qui fera de la France et de l'Europe une troisième voie salutaire entre les excès destructeurs de l'Ouest et les autoritarismes de l'Est.
Il faut réorienter notre économie en profondeur, de manière progressive et raisonné​e. Pour cela un seul levier : la fiscalité. Le système fiscal du XXe siècle, doit changer totalement pour embrasser les réalités économiques du XXIe. Il doit à nouveau être progressif dans sa globalité, sur l'ensemble des prélèvements obligatoires et empêcher l'évasion fiscale en la rendant trop dangereuse. Enfin, les impositions sur la consommation ne doivent pas alourdir la charge fiscale des Français, mais glisser d'une imposition de la valeur à l'imposition de l'empreinte écologique.
Il est plus que temps de respecter vos engagements, et le Comité Bastille est prêt à vous soutenir pleinement dans cette démarche.
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de notre profond respect.
Le Comité Bastille
Signataires :
Élus et anciens Élus: Corinne Lepage, ancienne Membre du Parlement Européen, Fondatrice de CAP21; Hélène Mandroux, ancienne Maire de Montpellier, ancienne Conseillère Régionale, Région Languedoc; Yveline Moeglen, ancienne Vice-Présidente du Conseil Régional d'Alsace, puis de la Communauté Urbaine de Strasbourg, Déléguée Alsace de CAP21; Fabien Verdier, Conseiller Régional, Région Centre.
Membres et Correspondants : Daniel Angliviel, Isabelle Arnaud, Bernard Barthalay, Bruno Botto, Pierre Bourguet, Roger Brunelli, Clément Carrue, Christian Cazauba, Hubert Coste, Marie Dalbard, Michel Duhamel, Stéphane Grumbach, Richard Hasselmann, Antoine Héron, Gareth Jenkins, Nicolas Jouve, Jacky Leccia, Claudie Lemoine, Elisabeth Maillet, Huguette Maréchal, Michel Meunier, Jean de Monbrison, Jacline Mouraud, Jean-Michel Quintric, Jean Rapenne, Jean Sagnol, André Teissier du Cros, Yann Teissier du Cros, Eric Wallez.
Comité Bastille
http://comitebastille.org/ce-que-nous-croyons/
Association Loi de 1901 No. au R.N.A. : W303001138
38 Rue du Peirou 30170 Saint Hippolyte du Fort
Tel : +33-6-32490422

Pourquoi taxer le patrimoine au lieu du revenu : Si nous taxons le patrimoine - la fortune - en plus de la cascade d'impôts sur les revenus: salaires; bénéfices ; loyers; honoraires ; intérêts; impôts de production ; dividendes; retraites... que paye et continue à payer celui qui a construit ce patrimoine, on l'encourage encore plus à se réfugier dans un paradis fiscal. Si nous taxons directement ce patrimoine et renonçons à tous impôts sur les revenus, nous décourageons puissamment l'évasion fiscale, car la prescription ne s'applique pas quand un actif est omis du bilan. Donc l'évasion devient d'un coup très dangereuse. Et nous réhabilitons l'investissement puisque les ressources le finançant n'ont plus été taxées, et ses revenus futurs ne seront plus imposés. Ces investissements se feront enfin là où ils sont urgents: transition énergétique (avec priorité sur les économies de toutes énergies) et adaptation au changement climatique. En outre nous pourrons réformer le système bancaire en séparant rigoureusement l'activité de banque de dépôts et celle de banque d'affaires. Notre pays échappe alors au pouvoir illégitime de la Financiarisation mondiale, donc peut efficacement entamer la réforme de ses institutions.
Il faut taxer l'actionnaire, et non pas l'entreprise ;
La consommation, et non pas le travail ;
Le rentier, et non pas l'entrepreneur ;

Le patrimoine, et non pas le revenu.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

La pandémie met en relief les mises en garde de l'économiste Thomas Piketty



https://www.msn.com/fr-ca/finances/economie/la-pand%C3%A9mie-met-en-relief-les-mises-en-garde-de-l%C3%A9conomiste-thomas-piketty/ar-BB13cknR?li=AAggxAW

Anonyme a dit…

1ER MAI: LES SYNDICATS APPELLENT À LA MANIFESTATION DEPUIS LES BALCONS ET EN LIGNE


https://www.sortiraparis.com/actualites/a-paris/articles/215467-1er-mai-les-syndicats-appellent-a-la-manifestation-depuis-les-balcons-et-en-lign

Anonyme a dit…

EMMANUEL TODD : « MACRON N’EST PLUS RÉPUBLICAIN »
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LVSL : L’opposition entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen serait un trompe-l’œil. Elle demeure pourtant très visible dans de nombreuses cartes, comme celles développées dès 2017 par le démographe Hervé Le Bras. Cette opposition a finalement dépassé la polarité traditionnelle droite-gauche, qui se traduisait par le couple Fillon-Mélenchon en 2017. Que pensez-vous du dépassement d’une opposition par une autre ?

Emmanuel Todd : Sur les cartes de 2017, les 30 départements où l’on a voté le plus Le Pen ou le plus Macron apparaissent totalement disjoints, donnant un coefficient de corrélation extraordinaire de -0,93. Le maximum aurait été -1 ; or en sciences sociales un coefficient supérieur à + ou – 0,85 évoque une tautologie plutôt qu’une association entre deux variables distinctes, une redondance. La soit-disant polarisation est comme un arc électrique entre deux choses contraires, qui passe au-dessus des 55 % du corps électoral qui n’ont voté ni pour l’un, ni pour l’autre. Seulement 45 % du corps électoral, ne définissent pas une polarité.

Le rapport réel entre le frontisme et le macronisme n’est pas celui qu’on pense. Je montre dans le livre que ces deux forces ont beaucoup plus en commun qu’on ne l’imagine communément et que leur opposition est superficielle. Le frontisme est apparu le premier dans la deuxième moitié des années 1980, le macronisme beaucoup plus tard comme son double négatif, comme une conséquence du lepénisme. Cependant, le macronisme n’est pas une réaction à une menace qui pèserait sur la démocratie : la corrélation apparaît dès le premier tour, à un moment où la démocratie, en système majoritaire à deux tour, n’est nullement menacée. Or, pour le logicien, pour le dialecticien marxiste, pour Racine quand il parle de l’amour et de la haine, pour Sacha Guitry avec la vérité et le mensonge conjugal, une chose et son contraire sont forcément très proches. C’est pour moi un principe constant, quelque chose que j’apprenais à mes enfants pour leur apprendre à « lire » la conversation des adultes."
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"Sur le plan des concepts, Macron a percé en acceptant l’axiome de base du FN : l’UMPS. Ce deuxième point commun, pour qui connaît l’histoire de la démocratie représentative, nous place sur un terrain fascistoïde puisque le fascisme est le premier à avoir prétendu dépasser le clivage gauche droite et l’alternance qu’il permet… Enfin, disons plutôt proto-fasciste. La violence verbale contre des Français est aussi commune aux deux forces. Macronisme et lepénisme ont en commun un idéal d’inégalité des hommes : winners supérieurs contre losers, vrais français contre immigrés.

Il y a ainsi entre macronisme et lepénisme une complicité, peut-être même une tendresse, qui atteint des niveaux ridicules puisque ce qui existe de polarisation minoritaire est objectivement en train de faiblir dans ses tréfonds sociaux : le bloc social qui soutient le FN, la classe ouvrière, est en rétraction (il est très affaibli chez les petits commerçants aussi) et le bloc qui a soutenu le macronisme, la petite bourgeoisie CPIS, s’effrite aussi dans sa partie jeune. Ce bloc se détache tendanciellement de Macron, parce que celui-ci s’est retourné contre ses supporters par sa réforme des retraites. L’histoire s’est vraiment accélérée, nous avons déjà bien avancé depuis l’opposition électorale visible en 2017. Le phénomène d’affrontement résulte d’une remontée des luttes des classes par le bas de la société. Nous observons une utilisation féroce et nouvelle de la police par l’aristocratie stato-financière, avec un électorat macroniste qui se droitise. On constate aux élections européennes que le vote Macron mute vers la droite, alors que l’électorat de Le Pen est à peine stable."
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https://lvsl.fr/emmanuel-todd-macron-nest-plus-republicain/

Anonyme a dit…
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Anonyme a dit…

APPEL AU BOYCOTT DE L’APPLICATION STOP-COVID19


"Du point de vue sanitaire, l’épidémie de COVID-19 mettra du temps à livrer tous ses mystères. Le brouillard qui entoure l’origine de la maladie, sa diffusion et sa létalité ne pourra se dissiper que lorsqu’elle cessera de frapper dans autant de pays à la fois. A ce jour, personne n’a l’air de savoir quand une telle accalmie se produira. D’ici là, pour continuer de vivre, nous ne devons ni sous-estimer, ni surestimer cette épidémie en tant que telle.

Par contre, ce que nous sentons très clairement, c’est que la crise sanitaire a des chances importantes de précipiter l’avènement d’un nouveau régime social : un régime basé sur une peur et une séparation accrues, encore plus inégalitaire et étouffant pour la liberté. Si nous prenons la peine de lancer cet appel, c’est que nous pensons que cela n’est pas joué d’avance et que des possibilités vont se présenter, pour les populations, de l’empêcher. Mais alors que nous, simples citoyens, ressentons violemment la fragilité de nos existences face à la menace du virus et d’un confinement long, l’ordre politique et économique en vigueur semble, lui, à la fois ébranlé et renforcé par la secousse en cours. Il paraît en même temps fragile, et très solide sur ses bases les plus « modernes », c’est-à-dire les plus destructrices socialement.

Bien sûr, il n’a pas échappé à grand-monde que la situation présente a permis aux gouvernements de nombreux pays de tétaniser, pour un temps indéterminé, les contestations parfois extrêmement vives dont ils faisaient l’objet depuis plusieurs mois. Mais ce qui est tout aussi frappant, c’est que les mesures de distanciation interpersonnelle et la peur du contact avec l’autre générées par l’épidémie entrent puissamment en résonance avec des tendances lourdes de la société contemporaine. La possibilité que nous soyons en train de basculer vers un nouveau régime social, sans contact humain, ou avec le moins de contacts possibles et régulés par la bureaucratie, est notamment décelable dans deux évolutions précipitées par la crise sanitaire : l’aggravation effrayante de l’emprise des Technologies de l’information et de la communication (TIC) sur nos vies ; et son corollaire, les projets de traçage électronique des populations au nom de la nécessité de limiter la contagion du COVID-19."
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« La numérisation de tout ce qui peut l’être est le moyen pour le capitalisme du XXIème siècle d’obtenir de nouvelles baisses de coût (…) Cette crise sanitaire apparaîtra peut-être rétrospectivement comme un moment d’accélération de cette virtualisation du monde. Comme le point d’inflexion du passage du capitalisme industriel au capitalisme numérique, et de son corollaire, l’effondrement des promesses humanistes de la société [de services]»2. Cette analyse de bon sens n’est pas le fait d’un contempteur du néolibéralisme, en colère contre les choix politiques faits depuis quarante ans sous la pression des milieux d’affaires. Elle est d’un économiste de centre-gauche, participant au Conseil de surveillance du journal Le Monde. Elle suffit à comprendre que si « stratégie du choc »3 il y a, dans le contexte actuel, elle se trouve en bonne partie sous nos yeux, dans ce surcroît de numérisation de la vie domestique et économique. Il nous semble juste de parler de stratégie du choc numérique, au sens où la crise sanitaire crée l’occasion de renforcer la dépendance aux outils informatiques, et de déployer des projets économiques et politiques pré-existants : enseignement à distance, recours massif au télétravail, « e-santé », Internet des objets et robotisation, élimination de l’argent liquide au profit de la monnaie électronique, promotion de la 5G, smart city… [...]"
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https://www.terrestres.org/2020/04/27/ne-laissons-pas-sinstaller-le-monde-sans-contact/