mardi 21 avril 2020

11,7 milliards d'économies en 10 ans : comment l'Etat a dépouillé l'hôpital

https://www.marianne.net/societe/117-milliards-d-economies-en-10-ans-comment-Etat

3 commentaires:

Anonyme a dit…

COVID-19, TEMPS DE GUERRE CONTRE LES GRANDS PRÉCAIRES


Des centaines milliers de précaires abandonnés face au coronavirus et dans la misère grandissante, l’impréparation d’un État face à la pandémie de pauvreté qui arrive, des actes de harcèlement et de violences des forces de l’ordre qui se multiplient, des migrants confinés dans des camps insalubres dont ils sont inlassablement expulsés. Et si dans un pays où le chef de l’État vient de promettre d’aider « les plus fragiles et les plus démunis », la crise du Covid-19 était en fait devenue l’opportunité d’un temps de « guerre » contre les grands précaires ?

"Après un discours du 16 mars 2020 moralisateur et martial marqué par son fameux « nous sommes en guerre », Emmanuel Macron a adopté un ton beaucoup plus satiné pour son allocution du 13 avril 2020. Comme pour les services publics, cette « première ligne » dont il semble avoir découvert l’utilité, le Président de la République a également appris aux Français que « pour les plus fragiles et les plus démunis, ces semaines sont aussi très difficiles. »

Comme pour l’hôpital public en surchauffe depuis des années qui a enfin bénéficié de moyens supplémentaires, on s’attendrait donc à voir des renforts arriver pour les plus pauvres qui vivent dans la rue, sous des tentes ou dans des hébergements d’urgence. Pourtant, alors que la crise sanitaire frappait, le secteur médico-social a été contraint par l’impréparation de l’État à la fermeture de nombreux points de contact et services répondant aux besoins les plus nécessaires et urgents des grands précaires. Là aussi, les conséquences de la logique comptable et de la baisse constante des moyens financiers se dévoilent."
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L’IMPRÉPARATION SOCIALE DE L’ÉTAT FACE AUX CHOCS DE MISÈRE

"Force est de constater que pour l’instant, il ne l’a pas été jusqu’à présent. Ni Olivier Véran, ministre de la Santé et des Solidarités, ni Christelle Dubos (la secrétaire d’État concernée) n’ont fait d’autres annonces que la création d’une plateforme destinée à recruter davantage de bénévoles sur le terrain : une solution numérique plus communicationnelle qu’opérationnelle, très peu coûteuse, très Startup Nation en somme (comme quoi la réinvention a ses limites). Et l’on ne connaît toujours pas le détail de « l’aide supplémentaire pour les plus démunis » évoquée par Emmanuel Macron, ni celui sur les moyens de la faire parvenir à celles et ceux qui n’ont même pas de boîte postale pour la recevoir.

« Face à cette situation qui ne cesse de s’aggraver, les moyens mis en place par l’État sont nettement insuffisants, explique à nouveau Amélie Gilbert. On ne rattrape pas quinze années de politiques sociales désastreuses en quatre semaines. Or, comme pour les retards calamiteux dans l’arrivée de masques, de gants et de matériels de santé, l’impréparation de l’État en matière sociale va nous tomber dessus, et c’est cette impréparation qui coûtera à la société, bien plus que le Covid-19 en lui-même. La capacité des pouvoirs publics est d’autant plus incertaine qu’on est à l’aube d’une crise humanitaire à l’échelle mondiale. » Ce qui est certain en revanche, c’est que la crise sanitaire vient révéler des contradictions anciennes et grandissantes entre les visions de société des associations et celles de l’État."
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https://lvsl.fr/covid-19-temps-de-guerre-contre-les-grands-precaires/

Anonyme a dit…

HÔPITAL PUBLIC

Transfert des patients : la priorité devrait plutôt être de «rouvrir des lits d’hôpitaux»

"En train, bateau, bus ou en avion, des centaines de patients ont été transportés d’une région à l’autre depuis le 18 mars, afin de désengorger les services de réanimation les plus saturés. Pourquoi ne pas avoir plutôt privilégié le déplacement d’équipes de soignants et de matériel issus de régions moins tendues ? Éléments de réponses."
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Rouvrir des lits d’hôpitaux

"La France est, « en temps normal », équipée d’un peu plus de 5000 lits en réanimation. La répartition de ces équipements est inégale dans les départements [5]. Les départements de l’Ile-de-France concentrent à eux seuls 1147 lits en réanimation, pour environ 12 millions d’habitants. D’autres zones sont moins fournies. Le département du Haut-Rhin ne dispose ainsi que de 70 lits. La décision de fermer prématurément les stations de sports d’hiver s’est aussi faite sur la base du faible nombre de places en réanimation que connaissent des départements comme la Haute-Savoie (34 lits) ou la Savoie (18 lits).

« On a fermé 100 000 lits [d’hôpitaux] en vingt ans » alertait Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), il y a un an. A l’aune de cette crise sanitaire, les personnels hospitaliers et des établissements de Santé et d’Action Sociale proposent des mesures immédiates pour remettre le système de santé au niveau qu’il n’aurait jamais dû quitter [6].

Ils demandent de « rouvrir des lits d’hôpitaux où c’est nécessaire, reconstituer les troupes en réembauchant du personnel médical et non-médical, administratif et ouvrier, et le payer décemment pour qu’il revienne notamment dans le service public, qui soigne chacun d’entre nous sans considération de fortune et sans trier les malades sur leur "rentabilité" ». Considérant que l’épidémie actuelle n’est qu’une parmi une longue série à venir, cet « effort national pour restaurer nos capacités à nous soigner » relève d’un investissement pour l’avenir."

Sophie Chapelle


https://www.bastamag.net/transfert-medicalise-train-tgv-sanitaire-avion-bus-soignant-desengorger-lits-reanimation

Anonyme a dit…

Peut-on critiquer tout ? Y compris la médecine ?
Entretien avec le docteur Patrick Fornos

Patrick Fornos est un généraliste montpelliérain, aux références anarchistes.
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"Il ne nous a pas été simple de dénicher un médecin montpelliérain qui accepte de s’aventurer à nouveau sur ce terrain critique. Diplômé en gériatrie, Patrick Fornos, 60 ans, a d’abord exercé dans le monde hospitalier, avant de revenir à la médecine de ville en cabinet. Notamment par son histoire familiale ancrée dans la révolution et la guerre civile espagnole (1936-39), il se revendique de filiation anarchiste. Il compte parmi les animateurs du Centre Ascaso-Durutti, lieu de culture et d’échanges libertaires à Montpellier.

Comme il en va de tout entretien, bien entendu les propos de Patrick Fornos reproduits ici n’engagent que lui (quitte, parfois, à surprendre) – et non la rédaction du Poing."


Le Poing : Imaginons que nous ne soyons pas en train de vivre la pandémie de Coronavirus. Quels seraient les axes critiques que vous pourriez développer à propos de la médecine, en lien avec vos références anarchistes ?

P.F : Le fonctionnement de la médecine est directement soumis au pouvoir énorme de l’industrie pharmaceutique ; en définitive aux intérêts financiers. Inutile de rappeler tous les liens de collusion entretenus à ce niveau là, avec le lobbying, la confusion des genres entre juge et partie, au sein du monde médical. Il faut souligner que cela a un impact sur l’idéologie de la médecine. On crée des molécules, et pour les rentabiliser, on catégorise des troubles, voire on invente des maladies ; l’accroissement des bénéfices étant l’objectif premier.

Mon deuxième axe très fort dans la critique est le formatage de la pratique médicale, soumise à des logiques mécaniques. Des Objectifs de santé publique sont imposés, selon des normes de gestion. Il en découle une robotisation de la pratique médicale. Il faut mettre les patients dans des cases. Même les généralistes dépendent de ce fonctionnement : en fin d’année, des primes de 7000, 8000 euros, voire plus – ça n’est pas rien ! – leur sont attribuées en fonction de leurs performances (combien de fonds d’œil, de mammographies, de diabètes équilibrés, ont-ils obtenu).

Il en découle une dégradation grave de la dimension humaine du soin, dans laquelle l’empathie, le ressenti, l’intuition jouent un rôle important, qu’on ne pourra jamais rabattre sur des codifications de normes. Je refuse totalement cette idée qu’une évaluation de ma pratique soit indexée sur une conception comptable de mes actes. Sans quoi, une suspicion légitime a toute chance de s’instaurer entre le médecin et le patient : ce dernier a toutes raisons de soupçonner les motivations de son médecin derrière telle ou telle prescription."
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https://lepoing.net/peut-on-critiquer-tout-y-compris-la-medecine-entretien-avec-le-docteur-patrick-fornos2/