dimanche 23 décembre 2018

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GILETS JAUNES : LA VÈME RÉPUBLIQUE DANS L'IMPASSE
L'ambiance politique en France semble souffrir d'un malaise que rien ne réussit à soigner. L'élection d'Emmanuel Macron avait pourtant permis d'envisager un soulagement des antagonismes du pays, par le biais d'un renouvellement du personnel politique réuni autour d'un projet libéral abolissant le clivage toujours plus réduit entre le PS et Les Républicains. Mais après un été qui a signé la fin de son état de grâce, le Président de la République lui-même avouait lors d'une interview qu'il « n'avait pas réussi à réconcilier le peuple Français avec ses dirigeants ». Trois jours plus tard, ce diagnostic lui était confirmé par l'irruption sur la scène politique des gilets jaunes.
Si les gilets jaunes ont été originellement mis en mouvement par l'annonce de la hausse des taxes sur les produits pétroliers, leurs témoignages convergent sur un point : cette hausse de taxe n'est pas tant l'objet de leur contestation qu'une goutte d'eau ayant fait déborder le vase. Le caractère diffus du mouvement fait que les gilets jaunes n'ont pas de mot d'ordre explicitement défini, néanmoins certains discours font nettement consensus. Il s'exprime d'un ras-le-bol d'ordre global à l'encontre d'un système politique qui s'attaque au portefeuille des classes moyennes et populaires sous couvert d'écologie, tout en privilégiant les grandes fortunes et intérêts industriels. Partout, la démission d'Emmanuel Macron est réclamée. Malgré ces revendications incontestablement politiques, les gilets jaunes se définissent comme apolitiques. C'est que le mot «apolitique» est utilisé pour désigner une autre réalité : celle d'un très fort rejet de la représentation politique.».../...

Baptiste Colin - 24/11/2018
Le Vent Se Lève
https://lvsl.fr

4 commentaires:

Anonyme a dit…

«Moins de taxes», «Plus d'État» : deux revendications complémentaires.

«Né spontanément et toujours largement soutenu, le mouvement des gilets jaunes a révélé au grand jour un sentiment d’exaspération fiscale d’une large partie du pays qui couvait depuis longtemps. Les radars, les péages autoroutiers, les banques … Tous ces symboles d’un racket institutionnalisé ont été attaqués par les gilets jaunes. La sociologie de ce mouvement confirme que les gilets jaunes sont avant tout des précaires, chez qui la contestation de l’impôt est la plus forte et non seulement des petits patrons ou routiers comme c’était le cas des bonnets rouges. Cette révolte fiscale légitime, qui s’apparente à celles du Moyen Âge et de l’Ancien Régime, doit nous interroger sur la structure de plus en plus inégalitaire de notre fiscalité. Faute de quoi, le civisme fiscal pourrait bien être sérieusement remis en question.
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Sur le long terme et notamment depuis le tournant néolibéral des années 1980, la tendance est incontestablement à la hausse de l’imposition indirecte – c’est-à-dire perçue par l’État au travers d’un tiers – et forfaitaire – c’est-à-dire des sommes fixes pour tous les individus, comme les timbres fiscaux, le coût du permis de conduire ou de certaines vignettes obligatoires – et à la baisse de l’imposition directe. L’explication est simple : la suppression ou la baisse d’impôts directs, comme la taxe d’habitation ou l’impôt sur le revenu est une mesure aisément perceptible par les électeurs désireux de davantage de pouvoir d’achat. L’autre objectif souvent mis en avant est celui de la compétitivité via l’abaissement du coût du travail et l’encouragement à l’investissement, à travers la baisse de l’impôt sur les sociétés et la suppression de l’ISF.

La suppression d’impôts progressifs et l’instauration d’impôts proportionnels se retrouvent, sans surprise, dans la politique d’Emmanuel Macron. C’est le cas avec la suppression de la taxe d’habitation qui n’était d’ores-et-déjà pas appliquée à bon nombre de ménages et bénéficiera donc excessivement aux ménages les plus aisés. Selon l’enquête d’Alexis Spire, c’est avant tout la taxe foncière qui est décriée pour son caractère injuste puisqu’elle s’applique à tous de la même manière, peu importe les revenus et l’endettement, souvent nécessaire pour devenir propriétaire.

En outre, le barème sur lequel se fondent la taxe d’habitation et la taxe foncière n’a pas été mis à jour depuis 1970, donnant lieu à des inégalités aberrantes : certains immeubles décrépis des centres-villes – depuis rénovés en appartements cossus – sont couramment assujettis à une taxe foncière plus faible que des immeubles type « grands ensembles » qui bénéficiaient à l’époque de tout le confort moderne. Guère étonnant que les enquêtés interrogés par Spire jugent cette dernière bien plus durement que la taxe d’habitation.

De même, Macron a choisi d’introduire une flat tax au taux unique de 30% sur les revenus du capital dès sa première année au pouvoir. Une mesure qui risque de coûter jusqu’à dix fois ce qui était initialement annoncé et qui taxe moins les revenus du capital que ceux issus du travail. Un comble pour un gouvernement qui dit se battre « pour que le travail paie », une vraie inégalité pour les Français les plus pauvres qui n’ont aucune épargne et placements. Ce nouvel impôt proportionnel, sous couvert d’égalité de traitement, impose jusqu’à moitié moins les plus gros patrimoines, alors que ceux qui ont souscrit à des plans d’épargne-logement (PEL) et ou à de l’assurance-vie sont davantage imposés.».../...

William Bouchardon, le 21/12/2018.
Le Vent Se Lève.

Anonyme a dit…

«C'est une révolte pour l'égalité», contre un monde «qui souhaite s'approprier les richesses pour lui seul»
Edwy Plenel, cofondateur de Médiapart

https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/on-n-est-pas-couche-edwy-plenel-espere-que-le-mouvement-des-gilets-jaunes-ne-s-essoufflera-pas-7796022006

Anonyme a dit…

ON ARRIVE À UN NIVEAU DE RÉPRESSION [CONTRE LES GILETS JAUNES] QUI CARACTÉRISE HABITUELLEMENT LES RÉGIMES AUTORITAIRES.

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Média presse : On a vu Emmanuel Macron lors de son allocution à 20h [le 10 décembre]. Pensez-vous que ses annonces sont adaptées à la situation et à ce que revendiquent les Gilets jaunes ?

«Adaptées pour qui ? Le but d’Emmanuel Macron est que le mouvement s’arrête. Si ses déclarations étaient adaptées à ce but, nous le saurons bientôt. Va-t-il réussir à faire s’arrêter le mouvement ? S’il y parvient, est-ce que ce sera le résultat de ses annonces ou de la répression inédite ? Pour le moment, il fait les deux, il fait des annonces pour répondre à une partie des revendications des Gilets jaunes, et en même temps il utilise l’outil répressif. On verra si cela fonctionne. Mais de mon point de vue, quel que soit le résultat, cette stratégie est inadaptée à la situation. Ce que demandent les gilets jaunes, c’est un changement beaucoup plus profond, la restauration d’une confiance dans le champ politique qui s’est entièrement brisée. C’est la limite du mouvement, et son aspect potentiellement conservateur : il s’agit de restaurer un ordre, de refaire communauté, quitte à laisser de côté toute une série de questions, notamment les dominations de race et de genre, absentes des revendications. En cela, il n’est pas impossible pour le pouvoir de restaurer la confiance, de réaffirmer un pacte social jugé brisé, mais il faudrait pour cela des mesures considérablement plus importantes, et un profond changement d’attitude. Mais une chose est sûre : Emmanuel Macron n’a pas du tout entendu ni pris la mesure de la défiance qui s’exprimait à travers ce mouvement.»

Samuel Hayat. 17/12/2018
Chercheur au CNRS et auteur de "Quand la République était révolutionnaire. Citoyenneté et représentation en 1848", paru aux éditions du seuil en 2014.

https://lemediapresse.fr

Anonyme a dit…

Sous quelque gouvernement que ce soit, la nature a posé des limites au malheur des peuples.
Au delà de ces limites, c'est ou la mort ou la fuite, ou la révolte.

Denis Diderot.


À propos des 3 policiers qui ont été pris à partie à Paris, voici une vidéo qui élargit la réalité des faits...

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=1752175138220443&id=712856672200051&refsrc=http%3A%2F%2Fwww.youtube.com%2F&_rdr