"Il y a quelques jours, son nom circulait comme celui du possible Premier ministre d’une future présidence Le Pen, en 2027. Mais, le 31 mars, un tribunal de Paris a condamné sa patronne à une peine d’inéligibilité de cinq ans [avec exécution provisoire] pour détournement de fonds.
Si la demande d’appel de Marine Le Pen n’aboutit pas, Jordan Bardella pourrait donc porter les couleurs du parti pour l’élection présidentielle.
L’homme, grand et généralement rasé de près, semble être le produit d’un directeur de campagne tant sa biographie se présente comme un contrepoint de celle de Marine Le Pen.
Fils d’une mère divorcée, Jordan a grandi dans une cité de Seine-Saint-Denis ; Marine, elle, est issue des beaux quartiers de la capitale. De sa fenêtre, il entendait les conversations des dealeurs de drogue ; elle, le chant des oiseaux. Il n’a jamais fait autre chose que de la politique... (…)
Un entourage radical et identitaire toujours présent
"C'est bien l'absence présumée de passé sulfureux qui pousse Florian Philippot à prendre Jordan Bardella sous son aile. Pourtant, Pierre-Stéphane Fort explique que ce dernier a un "entourage avec une très forte coloration identitaire" , proche du GUD, adepte de la théorie du "grand remplacement". Dans son parcours politique, Jordan Bardella a également été soutenu par plusieurs radicaux d'extrême-droite : "On observe donc dans le parcours de Jordan Bardella, très régulièrement, un soutien important de la part d'identitaires, de racistes et parfois d'antisémites." (…)
"Après trois mois de mandat chaotiques, ponctués de déclarations hostiles et menaçantes envers l’Europe, Donald Trump y conserve quelques alliés à l’extrême droite. Le Rassemblement national (RN) est-il encore de ceux-là ? Celui-ci hésite, saluant le fond mais critiquant la forme, bien que plusieurs nuances de trumpisme cohabitent en son sein. Le président américain commence pourtant à ressembler, pour les populistes européens, à un ami gênant, tant il met en pratique certaines de leurs recettes avec un succès variable : protectionnisme, rapprochement avec la Russie et défiance du multilatéralisme, xénophobie d’Etat, décisions transgressives.
Le député (RN) de la Somme Jean-Philippe Tanguy, principal conseiller de Marine Le Pen en matière économique, a sur le sujet une position tranchée : « Donald Trump met le populisme sous une lumière négative. J’ai toujours pensé qu’il était toxique et qu’il fallait prendre nos distances, expliquer en quoi nous sommes différents. » Mais il l’admet aussi : son point de vue est minoritaire dans le parti d’extrême droite.
Certes, il est loin le temps où Marine Le Pen citait Donald Trump en exemple, notamment sur l’augmentation des droits de douane frappant la Chine, déjà dans le but déclaré de rééquilibrer la balance commerciale : « J’aimerais que la France fasse la même chose avec l’Allemagne », disait-elle en 2018. (…)
« Le constat de J. D. Vance est assez lucide […]. Je suis inquiet pour la liberté d'expression, aujourd'hui en danger dans notre pays », réagissait ainsi il y a quelques jours, sur X, le président du RN, emboîtant le pas au vice-président américain, qui avait critiqué avec force les démocraties européennes lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, stupéfiant les dirigeants présents. Avec sa visite aux Etats-Unis, le dirigeant RN veut se poser comme l'interlocuteur privilégié en France des réseaux conservateurs américains. Ces derniers temps, il a multiplié les tentatives de rapprochement idéologique." (…)
"Mais ce n’est pas une première pour Yaïr Netanyahou, cela fait près d’une décennie qu’il abonde d’avis sur les réseaux sociaux, toujours dans le même sens : des discours de haine qui lui ont valu un bannissement de Facebook en 2018, des attaques contre les Israéliens musulmans et les Palestiniens, une divulgation de l’adresse d’un d’opposant politique, du harcèlement d’élus de gauche…
Le militant politique, catégorisé à l’extrême droite par plusieurs journaux de gauche israéliens, a déjà été condamné à de multiples reprises pour diffamation, et est sous le coup d’une ordonnance restrictive pour harcèlement de leaders de l’opposition israélienne.
Véritable courroie de distribution des messages d’extrême droite du monde entier, il a également lancé son propre podcast en novembre 2020, avec comme premier invité le fils de l'ex-président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro. La relève est assurée."
L'annonce de l'inéligibilité de Marine Le Pen propulse le jeune et ultra-populaire président du Rassemblement national comme recours évident. Mais est-il bien raisonnable de viser la présidence de la République à 31 ans ? La perspective a de quoi donner le vertige.
"En l’an 1617, Louis XIII, âgé de seulement 15 ans, lance la révolte contre sa mère, Marie de Médicis : il fait assassiner son favori, Concini, écarte la régente du royaume, la force à s’exiler et entame un long règne sur la France et la Navarre. Deux fois plus âgé que le monarque à l’aube de sa rébellion, Jordan Bardella peut-il prendre prétexte de l’empêchement de sa « mère » en politique, Marine Le Pen, pour s’imposer comme le candidat du Rassemblement national à l’élection présidentielle ? A priori, rien n’indique que ce scénario puisse devenir réalité. Au contraire : depuis que les juges du tribunal correctionnel ont infligé à la « candidate naturelle » du RN le camouflet des cinq ans d’inéligibilité avec exécution immédiate de la peine, c’est comme si le juvénile président du parti avait ravalé ses ambitions élyséennes." (…)
"Le tribunal correctionnel de Paris a estimé qu’elle était au « cœur » d’un système de détournements de fonds publics mis en place pour payer des salariés du parti avec l’argent du Parlement européen, entre 2004 et 2016. Le montant total des détournements s’élève à 4,4 millions, dont 1,1 ont déjà été remboursés.
En vertu de la jurisprudence du Conseil constitutionnel, Mme Le Pen a conservé en revanche son mandat de députée du Pas-de-Calais, mais ne pourra pas se représenter si des législatives anticipées sont convoquées après une nouvelle dissolution.
Depuis sa condamnation, dont elle a fait appel, la cheffe de file de l’extrême droite dénonce une « décision politique » qui « bafoue l’Etat de droit ». La cour d’appel de Paris a promis qu’elle « examinera ce dossier dans des délais qui devraient permettre de rendre une décision à l’été 2026 », soit bien avant l’élection présidentielle de 2027."
7 commentaires:
Le produit d’un directeur de campagne
"Il y a quelques jours, son nom circulait comme celui du possible Premier ministre d’une future présidence Le Pen, en 2027. Mais, le 31 mars, un tribunal de Paris a condamné sa patronne à une peine d’inéligibilité de cinq ans [avec exécution provisoire] pour détournement de fonds.
Si la demande d’appel de Marine Le Pen n’aboutit pas, Jordan Bardella pourrait donc porter les couleurs du parti pour l’élection présidentielle.
L’homme, grand et généralement rasé de près, semble être le produit d’un directeur de campagne tant sa biographie se présente comme un contrepoint de celle de Marine Le Pen.
Fils d’une mère divorcée, Jordan a grandi dans une cité de Seine-Saint-Denis ; Marine, elle, est issue des beaux quartiers de la capitale. De sa fenêtre, il entendait les conversations des dealeurs de drogue ; elle, le chant des oiseaux. Il n’a jamais fait autre chose que de la politique...
(…)
https://www.courrierinternational.com/article/jordan-bardella-l-ascension-fulgurante-d-un-politicien-sans-pitie_229674
Un entourage radical et identitaire toujours présent
"C'est bien l'absence présumée de passé sulfureux qui pousse Florian Philippot à prendre Jordan Bardella sous son aile. Pourtant, Pierre-Stéphane Fort explique que ce dernier a un "entourage avec une très forte coloration identitaire" , proche du GUD, adepte de la théorie du "grand remplacement". Dans son parcours politique, Jordan Bardella a également été soutenu par plusieurs radicaux d'extrême-droite : "On observe donc dans le parcours de Jordan Bardella, très régulièrement, un soutien important de la part d'identitaires, de racistes et parfois d'antisémites."
(…)
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/episode-3-4-derriere-une-image-lisse-un-militant-identitaire-9974643
"Après trois mois de mandat chaotiques, ponctués de déclarations hostiles et menaçantes envers l’Europe, Donald Trump y conserve quelques alliés à l’extrême droite. Le Rassemblement national (RN) est-il encore de ceux-là ? Celui-ci hésite, saluant le fond mais critiquant la forme, bien que plusieurs nuances de trumpisme cohabitent en son sein. Le président américain commence pourtant à ressembler, pour les populistes européens, à un ami gênant, tant il met en pratique certaines de leurs recettes avec un succès variable : protectionnisme, rapprochement avec la Russie et défiance du multilatéralisme, xénophobie d’Etat, décisions transgressives.
Le député (RN) de la Somme Jean-Philippe Tanguy, principal conseiller de Marine Le Pen en matière économique, a sur le sujet une position tranchée : « Donald Trump met le populisme sous une lumière négative. J’ai toujours pensé qu’il était toxique et qu’il fallait prendre nos distances, expliquer en quoi nous sommes différents. » Mais il l’admet aussi : son point de vue est minoritaire dans le parti d’extrême droite.
Certes, il est loin le temps où Marine Le Pen citait Donald Trump en exemple, notamment sur l’augmentation des droits de douane frappant la Chine, déjà dans le but déclaré de rééquilibrer la balance commerciale : « J’aimerais que la France fasse la même chose avec l’Allemagne », disait-elle en 2018.
(…)
https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/04/13/le-rassemblement-national-embarrasse-par-le-populisme-version-donald-trump_6595141_823448.html
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Jordan Bardella et la...
« Tentation libérale »
« Le constat de J. D. Vance est assez lucide […]. Je suis inquiet pour la liberté d'expression, aujourd'hui en danger dans notre pays », réagissait ainsi il y a quelques jours, sur X, le président du RN, emboîtant le pas au vice-président américain, qui avait critiqué avec force les démocraties européennes lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, stupéfiant les dirigeants présents. Avec sa visite aux Etats-Unis, le dirigeant RN veut se poser comme l'interlocuteur privilégié en France des réseaux conservateurs américains. Ces derniers temps, il a multiplié les tentatives de rapprochement idéologique."
(…)
https://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/au-rn-la-tentation-trumpiste-de-jordan-bardella-2149983
LA RELÈVE EST ASSURÉE : YAÏR, EDUARDO, JORDAN...
Un habitué multicondamné
"Mais ce n’est pas une première pour Yaïr Netanyahou, cela fait près d’une décennie qu’il abonde d’avis sur les réseaux sociaux, toujours dans le même sens : des discours de haine qui lui ont valu un bannissement de Facebook en 2018, des attaques contre les Israéliens musulmans et les Palestiniens, une divulgation de l’adresse d’un d’opposant politique, du harcèlement d’élus de gauche…
Le militant politique, catégorisé à l’extrême droite par plusieurs journaux de gauche israéliens, a déjà été condamné à de multiples reprises pour diffamation, et est sous le coup d’une ordonnance restrictive pour harcèlement de leaders de l’opposition israélienne.
Véritable courroie de distribution des messages d’extrême droite du monde entier, il a également lancé son propre podcast en novembre 2020, avec comme premier invité le fils de l'ex-président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro.
La relève est assurée."
https://www.marianne.net/monde/proche-orient/allez-vous-faire-foutre-quand-le-fils-de-netanyahou-milite-pour-l-independance-de-la-corse-pour-insulter-macron
L'annonce de l'inéligibilité de Marine Le Pen propulse le jeune et ultra-populaire président du Rassemblement national comme recours évident. Mais est-il bien raisonnable de viser la présidence de la République à 31 ans ? La perspective a de quoi donner le vertige.
"En l’an 1617, Louis XIII, âgé de seulement 15 ans, lance la révolte contre sa mère, Marie de Médicis : il fait assassiner son favori, Concini, écarte la régente du royaume, la force à s’exiler et entame un long règne sur la France et la Navarre. Deux fois plus âgé que le monarque à l’aube de sa rébellion, Jordan Bardella peut-il prendre prétexte de l’empêchement de sa « mère » en politique, Marine Le Pen, pour s’imposer comme le candidat du Rassemblement national à l’élection présidentielle ? A priori, rien n’indique que ce scénario puisse devenir réalité. Au contraire : depuis que les juges du tribunal correctionnel ont infligé à la « candidate naturelle » du RN le camouflet des cinq ans d’inéligibilité avec exécution immédiate de la peine, c’est comme si le juvénile président du parti avait ravalé ses ambitions élyséennes."
(…)
https://www.marianne.net/politique/le-pen/apres-l-ineligibilite-de-marine-le-pen-jordan-bardella-plan-b-pour-la-presidentielle-de-2027-pas-sur
https://www.francetvinfo.fr/politique/front-national/affaire-des-assistants-fn-au-parlement-europeen/presidentielle-2027-si-l-ineligibilite-de-marine-le-pen-est-confirmee-en-appel-la-candidate-prevoit-de-passer-la-main-a-jordan-bardella-des-septembre-2026_7189587.html
Une décision en appel rendue à l’été 2026
"Le tribunal correctionnel de Paris a estimé qu’elle était au « cœur » d’un système de détournements de fonds publics mis en place pour payer des salariés du parti avec l’argent du Parlement européen, entre 2004 et 2016. Le montant total des détournements s’élève à 4,4 millions, dont 1,1 ont déjà été remboursés.
En vertu de la jurisprudence du Conseil constitutionnel, Mme Le Pen a conservé en revanche son mandat de députée du Pas-de-Calais, mais ne pourra pas se représenter si des législatives anticipées sont convoquées après une nouvelle dissolution.
Depuis sa condamnation, dont elle a fait appel, la cheffe de file de l’extrême droite dénonce une « décision politique » qui « bafoue l’Etat de droit ». La cour d’appel de Paris a promis qu’elle « examinera ce dossier dans des délais qui devraient permettre de rendre une décision à l’été 2026 », soit bien avant l’élection présidentielle de 2027."
https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/04/18/marine-le-pen-dechue-de-son-mandat-de-conseillere-departementale-apres-sa-condamnation-a-cinq-ans-d-ineligibilite_6597468_823448.html
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