samedi 15 février 2025

Dans sa circonscription gardoise, le parlementaire d’extrême droite multiplie les provocations et attise les tensions avec les rares élus locaux de gauche. À l’inverse, il s’accommode des connexions de son équipe avec le groupuscule de la Ligue du Midi, dont les militants ont plusieurs fois été condamnés pour des faits de violence.

Anonyme a ajouté un nouveau commentaire sur votre article "Derrière l'humanisme guimauve, le cynisme du bourgeois progressiste" :

"Dans sa circonscription gardoise, le parlementaire d'extrême droite multiplie les provocations et attise les tensions avec les rares élus locaux de gauche. À l'inverse, il s'accommode des connexions de son équipe avec le groupuscule de la Ligue du Midi, dont les militants ont plusieurs fois été condamnés pour des faits de violence.

Alès (Gard).– En l'espace d'un semestre, il a accumulé au moins six plaintes et mains courantes pour menace, injure ou diffamation… Dans la cinquième circonscription du Gard, le député Alexandre Allegret-Pilot, élu en 2024 sous l'étiquette Union des droites pour la République (UDR) et Rassemblement national (RN), multiplie les outrances et les provocations. Parachuté depuis les montagnes de Haute-Savoie, l'énarque s'est fait un nom à la faveur du clash."

https://www.mediapart.fr/journal/france/150225/dans-les-cevennes-la-methode-trumpiste-du-depute-allegret-pilot

5 commentaires:

Anonyme a dit…

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"Une méthode que les réseaux militants et les élus de gauche ont désormais très bien identifiée. À l’instar de Nathan, l’« enfarineur » du député qui a dû répondre de son geste devant le tribunal d’Alès, mercredi 5 février. « J’ai joué le rôle du bouffon utile. On voulait lui faire comprendre qu’il n’était pas le bienvenu en pays viganais, et en définitive, je lui ai offert une tribune politique », regrette le trentenaire, qui sera fixé sur son sort le 4 mars. Plusieurs smartphones ont immortalisé la scène qui s’est déroulée à la foire de la pomme et de l’oignon doux, le dimanche 20 octobre 2024. Sur les vidéos, on aperçoit Alexandre Allegret-Pilot posté devant les quelques militant·es qui sont venus l’accueillir au bruit des casseroles. Il se rapproche, leur fait signe de venir au 1 sur 3 contact, et se retourne tout sourire face aux caméras après avoir reçu du confit d’oignon et un sac de farine. « Je n’étais pas au courant pour la farine, mais j’avais entendu dire qu’il pourrait y avoir une casserolade et j’ai tout fait pour les en empêcher », confie Régis Bayle, président socialiste de la Communauté de communes du Pays viganais, conseiller régional et maire d’Arrigas. « Je sais comment il fonctionne, poursuit-il au sujet du député d’extrême droite. Plus vous faites ce genre d’action, plus il fait le buzz, plus il se fait plaindre… C’est totalement contreproductif. » Régis Bayle sait de quoi il parle. Pendant la campagne des législatives, l’élu est devenu la « cible préférée » d’Alexandre Allegret-Pilot, qui a d’ailleurs débarqué dans sa commune le soir du deuxième tour. Après lui avoir serré la main et s’être assuré de son identité, il lui aurait lancé : « Priez pour que l’on n’ait pas à se recroiser dans un autre contexte », raconte le maire dans une main courante déposée trois jours plus tard. « Je l’ai pris comme une menace physique. Il avait une expression haineuse sur le visage », se souvient l’élu socialiste. Le principal intéressé, lui, assure ne pas se reconnaître dans cette phrase. « Est-ce que c’est noté dans le PV [procès-verbal – ndlr] ? Non. Alors moi je vais dire que j’ai été violé par M. Bayle… Moi, je me fais agresser et on ne fait pas de papier là-dessus. Tout le monde s’en fout », indique le député à Mediapart. Les fiefs de gauche ciblés par le député Ce même soir de juillet, Alexandre Allegret-Pilot et sa suppléante se sont aussi engouffrés dans le bureau de vote de la commune à la recherche d’éventuelles infractions. « Il a eu un comportement très inquisitorial. Il est allé jusqu’à ouvrir les enveloppes vierges, pour voir s’il n’y avait pas de bulletin à l’intérieur… », indique Régis Bayle...
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Anonyme a dit…

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"Questionné à ce sujet, Nathan Casano, l’assistant parlementaire du député, affirme qu’ils avaient reçu « des alertes de la part d’électeurs ». Les quelques fiefs de gauche du département sont particulièrement ciblés par le député et son entourage. « On nous a dit qu’on ne récoltait que la misère. Et que c’était normal après trente ans de communisme », rapporte la maire communiste de La Grand-Combe, Laurence Baldit. Son homologue de Laval-Pradel, Joseph Barba, qui se dit vaguement de gauche, est lui aussi dans le viseur : « Ils m’ont dit que nous, les communistes, nous étions responsables de millions de morts. Mais moi, je n’ai jamais été communiste… » Les attaques insultantes fleurissent également sur les réseaux sociaux d’Alexandre Allegret-Pilot, comme en août 2024, lorsqu’il poste une vidéo de lui face à une chèvre, pour réagir au fait que Laurence Baldit avait refusé de lui serrer la main lors d’un événement public. « Quand tu rencontres la maire de la Grand-Combe, qui refuse de te serrer la main après 15 [minutes] de discours fleuve sur l’inclusion et la tolérance », écrivait-il, dans ce qu’il qualifie aujourd’hui de « post humoristique ». « C’est très compliqué de savoir comment réagir, sans remettre un sou dans la machine. » Régis Bayle, maire socialiste d’Arrigas Plus récemment encore, Alexandre Allegret-Pilot s’est illustré en traitant les descendants de Lucie Aubrac d’« héritiers spirituels du maréchal Pétain », après avoir dû renoncer, sous la pression du petit-fils de la résistante, à prononcer ses vœux dans la salle Lucie-Aubrac du Vigan. « Nous ne céderons pas face à ce fascisme décomplexé », a-til osé poster sur X. « Je n’insulte personne. Je réponds au niveau de l’agression que je reçois », rétorque-t-il. Dans la même veine, le député a aussi diffusé un tract sur les réseaux sociaux et dans les boîtes aux lettres d’Arrigas, pour tenter d’imputer le nazisme à la gauche. « Rappelons par exemple que le fondateur du fascisme fut un ancien syndicaliste et député socialiste. [...] Rien n’est tout blanc ou tout noir », peut-on lire sur le document. Il y qualifie aussi le maire Régis Bayle de « Che Guevara de pacotille », et l’accuse d’avoir contrevenu au Code électoral « en offrant de l’alcool dans les bureaux de vote ». « Allegret-Pilot, c’est un cas exceptionnel et ce n’est qu’un début. Pour moi, c’est l’importation en France des méthodes de Donald Trump… Et c’est très compliqué de savoir comment réagir, sans remettre un sou dans la machine », souligne l’édile socialiste, qui juge le député d’extrême droite vraiment « dangereux ». La façon dont il s’en est pris à une journaliste du Monde, en appelant sa communauté à se « lâcher » contre elle, en est une parfaite illustration. « C’est du Allegret tout craché », estime Régis Bayle. « Il a un mode de communication qui est violent, confirme Laurence Baldit. Dans les mots choisis et dans sa gestuelle très “emphasée”… Comme je le disais à mes collègues, voilà ce qui nous attend si l’extrême droite arrive au pouvoir. C’est anxiogène. » « C’est la première fois que je rencontre quelqu’un qui se comporte comme ça, abonde Michel Sala, l’ancien député La France insoumise (LFI) de la circonscription. Il s’en fout, il fonce, il balance trois mensonges et il voit ce que ça donne. » 
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Anonyme a dit…

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Des liens avec la Ligue du Midi

L’entourage d’Alexandre Allegret-Pilot affiche aussi des connexions avec les militants les plus violents de l’extrême droite régionale. En novembre 2024, lors d’une première audience dans l’affaire de l’enfarinage, son assistant parlementaire Nathan Casano et l’élu Ludovic Bouix, qui lui est proche, ont par exemple été aperçus aux côtés de Richard Roudier, membre éminent de l’équipe Zemmour d’Occitanie et fondateur de la Ligue du Midi. Ce groupuscule d’extrême droite a été impliqué dans plusieurs affaires, et certains de ses militants ont été condamnés pour des faits de violence et des saluts nazis. Mardi 11 février, malgré un arrêté du maire de Castelnaule-Lez (Hérault), ces mêmes militants ont organisé la diffusion sauvage du film raciste et islamophobe Silenced, réalisé par le militant identitaire Tommy Robinson, actuellement en détention en Grande-Bretagne. « Le député s’est fait enfariner au Vigan [une commune du Gard – ndlr] et Richard Roudier vit du côté du Vigan, il a voulu le soutenir, confirme Ludovic Bouix. Peut-être qu’il craignait aussi qu’il y ait des débordements… » « Au moins une dizaine de personnes est venue me soutenir par principe. Si M. Roudier est venu, j’en suis heureux. C’est tant mieux, c’est très bien, c’est super… Je suis heureux de toutes les personnes qui me soutiennent et qui luttent contre ce fascisme d’extrême gauche », balaye Alexandre AllegretPilot. Engagé auprès de Reconquête entre 2022 et 2024, Ludovic Bouix gravitait autour de la Ligue du Midi bien avant l’arrivée du député sur le territoire. Lors d’un précédent démêlé judiciaire avec le maire de Laval-Pradel, il avait été soutenu par un groupe de militants, dans lequel figurait déjà Richard Roudier. Et le jour du jugement, certains d’entre eux auraient proféré « des insultes outrageantes, racistes, homophobes, ainsi que des propos ignobles envers les femmes », selon Joseph Barba. « Ils portaient des masques chirurgicaux. Ils nous ont dit : “Vous, vous les aimez bien les Arabes.” Ils nous ont traités de communistes… », se souvient l’édile, qui avait déjà dénoncé ces propos dans une lettre ouverte à ses administrés. Ludovic Bouix, lui, assure n’avoir aucun souvenir de cet épisode. « Ils avaient des masques ? Peut-être qu’ils étaient malades. Je n’ai pas entendu ces mots... S’il y a eu des insultes il faut qu’il porte plainte », affirme l’élu aujourd’hui rallié au parti de Marion Maréchal Le Pen. Dans l’arrière-pays cévenol, historiquement acquis à la gauche, les amitiés et les tracts d’Alexandre Allegret-Pilot ont fait l’effet d’un électrochoc. Au point qu’un groupe de citoyen·nes a décidé de monter une cellule de veille pour surveiller et compiler les polémiques qui entourent le député d’extrême droite. « Si on reste sans rien dire, c’est le commencement de la fin », confie l’un d’entre eux."

Prisca Borrel

Si vous avez des informations sur les extrêmes droites à nous communiquer, vous pouvez nous contacter à l’adresse extremedroite@mediapart.fr.

Anonyme a dit…

"Perpignan, Beaucaire, Cogolin, Béziers, Fréjus... Depuis dix ans, l’extrême droite a conquis plusieurs municipalités dans le sud de la France. Elle expérimente à l’échelle locale une gestion verticale, n’hésitant pas à sabrer les aides sociales ou à mener des politiques discriminatoires. Plongée dans ces communes qui ont basculé."

La rédaction de Mediapart
— 29 articles
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https://www.mediapart.fr/journal/france/dossier/extremes-droites-le-laboratoire-francais

Anonyme a dit…

Quand les « vedettes de la presse politique française » récompensent les politiques… et consacrent l’extrême droite.

"Dans le petit monde politico-journalistique, il est des rendez-vous qui se font à découvert. Il en est un qui se fait même en grande pompe : chaque année, l’Assemblée nationale accueille la remise des Prix du Trombinoscope, au cours duquel un jury, composé de journalistes, récompense des politiques (« ministre de l’année », « député de l’année », etc.).

Ce 12 février, c’est donc la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui ouvre la soirée… et dresse les louanges des journalistes politiques : « Nous avons besoin de votre expertise pour décortiquer, décrypter, mettre en perspective. Besoin de votre plume pour déjouer les infox qui pullulent sur les réseaux sociaux. Besoin de vos analyses pour voir plus haut et plus loin. » Puis de passer le relais aux « vedettes de la presse politique française » – ce sont ses mots. Les « vedettes » en question, outre le président du jury Christophe Barbier, sont Albert Ripamonti (Public Sénat), Emmanuel Kessler (LCP), Sonia Mabrouk (Europe 1), Nathalie Mauret (Groupe Ebra), Yves Thréard (Le Figaro) et Ludovic Vigogne (La Tribune). Un casting qui permet de voir « plus haut et plus loin », assurément. [1]

On connaît le penchant des journalistes politiques pour l’auto-célébration, la pratique assumée de l’entre-soi, de la connivence... et le conformisme. On ne s’étonnera donc pas de voir le jury consacrer les déjà-consacrés médiatiquement, comme il est d’usage chaque année, à grand renfort d’envolées grandiloquentes, qui rappellent en quels termes l’« homme providentiel » et même le « messie » Emmanuel Macron avait été proclamé, pour la deuxième fois en trois ans, « révélation politique de l’année » en 2016.

Cette année encore donc, le journalisme politique divinise… le bruit médiatique, et canonise les « personnalités » dont il gonfle d’ordinaire le capital politique, de Unes en éditos, de portraits en sondages, de commentaires en bavardages [2] : Bruno Retailleau « personnalité politique de l’année », Karim Bouamrane « élu local de l’année » ou encore bien sûr Raphaël Glucksmann, « européen de l’année », mais aussi « intellectuel », selon les mots d’Yves Thréard, qui lui confie pour l’occasion sa feuille de route : « Qu’attendez-vous pour vous imposer à gauche face aux éructations de Jean-Luc Mélenchon ? […] Vous voulez faire émerger une offre politique nouvelle, sociale dites-vous, démocrate, écolo crédible et puissante. […] Eh bien chiche ! Êtes-vous prêt à prendre le pouvoir à l’occasion du prochain congrès du PS ? À vous de jouer ! »

Quant à la nomination comme « député de l’année » de Jean-Philippe Tanguy (RN), dix ans après que le maire FN d’Hénin-Beaumont Steeve Briois a été désigné « élu local de l’année », elle est un symptôme supplémentaire de la vaste promotion médiatique de l’extrême droite, à laquelle s’adonnent les professionnels les plus influents au sein du champ journalistique. Au nom du jury, François-Xavier d’Aillières, l’éditeur du Trombinoscope, célèbre ainsi son « style, sans fioritures, direct, offensif, tranchant. Dans l’hémicycle, vos interventions claquent ; sur les plateaux, vos formules fusent ; sur les réseaux, vos prises de position font réagir. […] Ce soir, monsieur le député, c’est votre place dans l’année politique au Parlement qui est mise en lumière. » L’intéressé ne s’y trompe pas, qui conclut son discours par une adresse à Marine Le Pen : « Ce soir, sous les dorures de la République, je tiens à lui dire qu’elle n’est pas seulement sur la photo, elle sera bientôt au pouvoir. »

Et le gratin applaudit."

Maxime Friot


https://www.acrimed.org/Les-Prix-du-Trombinoscope-ou-la-consecration-de-l