"Pour les syndicats, le plus compliqué commence. Ils doivent installer le mouvement dans la durée, faire monter en puissance la contestation tout en la contenant pour ne pas risquer des débordements qui leur aliéneraient l’opinion. La clé, c’est l’unité qu’ils sont parvenus à construire autour d’un seul objectif commun, le refus d’une mesure d’âge. Il a été de nouveau mis en avant, jeudi soir, avec l’annonce d’une nouvelle journée d’action commune, mardi 31 janvier, qui correspond au début de l’examen du projet en commission à l’Assemblée nationale
D’ici là, les mots d’ordre sont plus flous : lancement de pétitions, appel à des assemblées générales pour tenter de mobiliser les jeunes, multiplication d’actions, y compris sous forme de grèves. On comprend que chacun fera comme il veut avec, au bout du compte, un risque de dispersion voire de dissension : dans leur mode d’action, la CGT et FO ont tendance à être plus radicales que la CFDT. Et lorsqu’un mouvement est lancé, la base en devient souvent le moteur.
Emmanuel Macron est prévenu : le projet présidentiel sur lequel il a été réélu et qui consiste à augmenter le volume de travail pour renforcer la compétitivité du pays n’est toujours pas entendu. Ni les explications fournies par le gouvernement, ni les mesures destinées à atténuer les aspects les plus brutaux de la réforme des retraites ne sont venues à bout du profond sentiment d’injustice qu’elle génère. C’est sur cette dimension-là qu’Elisabeth Borne doit travailler sans relâche, faute de quoi la fragile majorité sur laquelle elle compte risque de se disloquer. Personne ne peut se résigner, par les temps qui courent, à s’aliéner les classes moyennes."
Retraites : cet infirmier détruit le gouvernement en 2 minutes L'insoumission
https://youtu.be/9BCBLDJUMM4
« Je suis infirmier, ça fait 11 ans que je travaille de nuit aux urgences. Ma retraite à taux plein sera entre 65 et 66 ans. Autrement dit je ne serais pas en vie si je continue aux urgences pour faire ça, très clairement. À l'heure actuelle, à l'Hôpital public, c'est de la maltraitance, à tous les niveaux. Les professionnels sont maltraités. Les patients finissent par être maltraités. Si on avait les capacités de bloquer nos hôpitaux, aujourd'hui les gens ne mouraient pas dans les brancards.
Aujourd'hui on est obligés de se mettre en arrêt maladie pour dire stop. Parce que ça devient intolérable ce qui est en train de se passer. Et le problème, c'est pas l'hôpital. C'est le gouvernement qui ne nous écoute pas : ça fait 4 ans avec le collectif inter-urgences qu'on demande les mêmes choses ! Plus de salaires, plus de personnels, plus de lits. À aucun moment le gouvernement n'a ouvert de lits. Même avant la pandémie ! Ils sont totalement responsables de ce qu'il s'est passé pendant la pandémie.
On a eu une chance extraordinaire : un mouvement médical un an avant une pandémie historique. Leur réponse a été tellement insuffisante qu'on a été dans la même panade que tous les autres pays européens qui eux n'avaient pas eu de mouvement social dans la Santé. C'est vous dire si ils n'ont pas du tout répondu à la question qu'on leur avait posé. Donc aujourd'hui je n'attends plus rien de ce gouvernement.
La réforme de la retraite c'est une continuité de ce qui a été fait depuis le début qui vise à détruire à peu près tous les fondements qu'on a réussi à avoir avec la Sécurité Sociale. Vous parliez du Conseil de la Résistance, mais le but du jeu à l'heure actuelle, c'est de détruire ce Conseil de la Résistance. De faire en sorte que tout soit capitalisé, et que tout soit privé. Alors je vous le dit tout de suite : si vous voulez une santé privée, il n'y a pas de soucis mais 80% des Français n'ont pas les moyens de se payer des séjours en réanimations s'il leur arrive quelque chose. 24 heures en réanimation c'est plus de 2 500 euros. 2 500 euros, c'est même pas le salaire moyen en France.
Donc oui, il faut protéger ce système. Et tant que le gouvernement rentrera dans une confrontation entre nous et le capital, et qu'il essaiera de privatiser à tout prix tout : la retraite, l'Hôpital, l'École, l'École est dans un état lamentable, mais je n'ai même pas envie d'avoir d'enfants ! Quand je vois l'École que je vais lui laisser, l'Hôpital que je vais lui laisser, le service de Justice que je vais lui laisser. Mais qu'est-ce que vous voulez qu'on laisse à nos enfants à l'heure actuelle ? On en est même plus à la retraite là, on en est à la vie tout court ».
CRISE DES RETRAITES : LES MACRONISTES EN MARCHE VERS LA DIVISION Le Média
https://youtu.be/ha-waAC43_o
En 2006 les grèves et manifestations contre le Contrat premier embauche ont poussé Jacques Chirac et Dominique de Villepin à renoncer à leur projet. Mais le contexte de rivalités politiques à l’approche de l’élection de 2007 a joué aussi un rôle déterminant. Car le CPE devenait lui-même objet de basses tactiques politiciennes : Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, avait tiré le tapis sous les pieds de son Premier ministre. Pour qu’une mobilisation aboutisse, il faut aussi un contexte politique défavorable au pouvoir, que le mouvement social doit savoir stratégiquement exploiter.
Or la macronie et ses alliés n’affichent pas une unité absolue et déterminée. La solidité de son dispositif politique est sérieusement mise à l’épreuve par la mobilisation. Ainsi les patrons des différents partis de la majorité ne se pressent pas pour aller défendre la réforme. D’autres députés adoptent une attitude attentiste et opportuniste : ils observent ce que fait la rue et comment va évoluer l’opinion.
Ajoutez à cela (ou plutôt, soustrayez) la quinzaine d'opposants du côté des Républicains et la défection du groupe LIOT. Certains voient bien que cette réforme est impopulaire. Même s'ils sont d'accord sur le fond, pourquoi prendre le risque politique de la soutenir alors qu'ils ne sont même pas au pouvoir ?
4 commentaires:
Monter en puissance
"Pour les syndicats, le plus compliqué commence. Ils doivent installer le mouvement dans la durée, faire monter en puissance la contestation tout en la contenant pour ne pas risquer des débordements qui leur aliéneraient l’opinion. La clé, c’est l’unité qu’ils sont parvenus à construire autour d’un seul objectif commun, le refus d’une mesure d’âge. Il a été de nouveau mis en avant, jeudi soir, avec l’annonce d’une nouvelle journée d’action commune, mardi 31 janvier, qui correspond au début de l’examen du projet en commission à l’Assemblée nationale
D’ici là, les mots d’ordre sont plus flous : lancement de pétitions, appel à des assemblées générales pour tenter de mobiliser les jeunes, multiplication d’actions, y compris sous forme de grèves. On comprend que chacun fera comme il veut avec, au bout du compte, un risque de dispersion voire de dissension : dans leur mode d’action, la CGT et FO ont tendance à être plus radicales que la CFDT. Et lorsqu’un mouvement est lancé, la base en devient souvent le moteur.
Emmanuel Macron est prévenu : le projet présidentiel sur lequel il a été réélu et qui consiste à augmenter le volume de travail pour renforcer la compétitivité du pays n’est toujours pas entendu. Ni les explications fournies par le gouvernement, ni les mesures destinées à atténuer les aspects les plus brutaux de la réforme des retraites ne sont venues à bout du profond sentiment d’injustice qu’elle génère. C’est sur cette dimension-là qu’Elisabeth Borne doit travailler sans relâche, faute de quoi la fragile majorité sur laquelle elle compte risque de se disloquer. Personne ne peut se résigner, par les temps qui courent, à s’aliéner les classes moyennes."
https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/01/20/retraites-le-coup-de-semonce-reussi-des-syndicats_6158622_3232.html
Retraites : cet infirmier détruit le gouvernement en 2 minutes
L'insoumission
https://youtu.be/9BCBLDJUMM4
« Je suis infirmier, ça fait 11 ans que je travaille de nuit aux urgences. Ma retraite à taux plein sera entre 65 et 66 ans. Autrement dit je ne serais pas en vie si je continue aux urgences pour faire ça, très clairement. À l'heure actuelle, à l'Hôpital public, c'est de la maltraitance, à tous les niveaux. Les professionnels sont maltraités. Les patients finissent par être maltraités. Si on avait les capacités de bloquer nos hôpitaux, aujourd'hui les gens ne mouraient pas dans les brancards.
Aujourd'hui on est obligés de se mettre en arrêt maladie pour dire stop. Parce que ça devient intolérable ce qui est en train de se passer. Et le problème, c'est pas l'hôpital. C'est le gouvernement qui ne nous écoute pas : ça fait 4 ans avec le collectif inter-urgences qu'on demande les mêmes choses ! Plus de salaires, plus de personnels, plus de lits. À aucun moment le gouvernement n'a ouvert de lits. Même avant la pandémie ! Ils sont totalement responsables de ce qu'il s'est passé pendant la pandémie.
On a eu une chance extraordinaire : un mouvement médical un an avant une pandémie historique. Leur réponse a été tellement insuffisante qu'on a été dans la même panade que tous les autres pays européens qui eux n'avaient pas eu de mouvement social dans la Santé. C'est vous dire si ils n'ont pas du tout répondu à la question qu'on leur avait posé. Donc aujourd'hui je n'attends plus rien de ce gouvernement.
La réforme de la retraite c'est une continuité de ce qui a été fait depuis le début qui vise à détruire à peu près tous les fondements qu'on a réussi à avoir avec la Sécurité Sociale. Vous parliez du Conseil de la Résistance, mais le but du jeu à l'heure actuelle, c'est de détruire ce Conseil de la Résistance. De faire en sorte que tout soit capitalisé, et que tout soit privé. Alors je vous le dit tout de suite : si vous voulez une santé privée, il n'y a pas de soucis mais 80% des Français n'ont pas les moyens de se payer des séjours en réanimations s'il leur arrive quelque chose. 24 heures en réanimation c'est plus de 2 500 euros. 2 500 euros, c'est même pas le salaire moyen en France.
Donc oui, il faut protéger ce système. Et tant que le gouvernement rentrera dans une confrontation entre nous et le capital, et qu'il essaiera de privatiser à tout prix tout : la retraite, l'Hôpital, l'École, l'École est dans un état lamentable, mais je n'ai même pas envie d'avoir d'enfants ! Quand je vois l'École que je vais lui laisser, l'Hôpital que je vais lui laisser, le service de Justice que je vais lui laisser. Mais qu'est-ce que vous voulez qu'on laisse à nos enfants à l'heure actuelle ? On en est même plus à la retraite là, on en est à la vie tout court ».
CRISE DES RETRAITES : LES MACRONISTES EN MARCHE VERS LA DIVISION
Le Média
https://youtu.be/ha-waAC43_o
En 2006 les grèves et manifestations contre le Contrat premier embauche ont poussé Jacques Chirac et Dominique de Villepin à renoncer à leur projet. Mais le contexte de rivalités politiques à l’approche de l’élection de 2007 a joué aussi un rôle déterminant. Car le CPE devenait lui-même objet de basses tactiques politiciennes : Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, avait tiré le tapis sous les pieds de son Premier ministre. Pour qu’une mobilisation aboutisse, il faut aussi un contexte politique défavorable au pouvoir, que le mouvement social doit savoir stratégiquement exploiter.
Or la macronie et ses alliés n’affichent pas une unité absolue et déterminée. La solidité de son dispositif politique est sérieusement mise à l’épreuve par la mobilisation. Ainsi les patrons des différents partis de la majorité ne se pressent pas pour aller défendre la réforme. D’autres députés adoptent une attitude attentiste et opportuniste : ils observent ce que fait la rue et comment va évoluer l’opinion.
Ajoutez à cela (ou plutôt, soustrayez) la quinzaine d'opposants du côté des Républicains et la défection du groupe LIOT. Certains voient bien que cette réforme est impopulaire. Même s'ils sont d'accord sur le fond, pourquoi prendre le risque politique de la soutenir alors qu'ils ne sont même pas au pouvoir ?
https://www.liberation.fr/politique/partielles-un-macroniste-face-a-la-nupes-en-charente-le-rn-en-force-dans-la-marne-20230123_UKVWZDWLJVDHJEOWWN6U5T7AGI/
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