lundi 28 février 2022

Appel de 664 chercheurs et scientifiques russes : « Nous exigeons l’arrêt immédiat de tous les actes de guerre dirigés contre l’Ukraine »

envoyé par RB
Depuis quelques jours, l'attaque militaire russe en Ukraine a porté la guerre au cœur de l'Europe. Nous tenons à dire notre solidarité avec la population ukrainienne. Nos pensées vont en particulier vers nos collègues sur place et vers les étudiantes et étudiants venant d'Ukraine et qui peuvent se trouver actuellement en France, loin des leurs et de leur pays. Nous attirons votre attention sur cette pétition de soutien aux collègues, étudiantes et étudiants d'Ukraine :

https://www.change.org/p/communauté-scientifique-soutien-aux-chercheurs-et-étudiants-en-ukraine 

Vous pouvez également consulter la prise de position du Groupement de recherche CNRS « Empire russe, URSS et monde post-soviétique » :

https://gdrus.hypotheses.org/2018

Nous tenons également à dire notre sympathie aux universitaires russes qui ont le courage de prendre publiquement la parole contre cette guerre, parfois au péril de leur carrière et de leur liberté. En portant ainsi une parole de droiture, de solidarité et de vérité face à la machine de propagande belliciste, ces collègues nous renvoient aux plus hautes exigences de la liberté académique. Le journal Le Monde a publié un texte de collègues et journalistes scientifiques russes, que nous portons à votre connaissance ci-dessous.

Que peut faire l'Université dans cette situation ? Soutenir matériellement et accueillir les collègues, les étudiantes et les étudiants ukrainiens mis en danger par la guerre est une évidence. Mais sur le long terme, cette guerre rappelle aussi l'importance politique de garantir des formations de haut niveau relatives aux langues, aux sociétés, aux économies et aux cultures de l'ensemble des pays et des régions du globe. Un maillage de formations de ce type représente une contribution décisive à la formation d'un appareil d'État et d'une société civile à même d'analyser et de comprendre des crises régionales ou globales souvent latentes, mais risquant de connaître des phases paroxystiques aussi tragiques que cette guerre. Préparer notre pays à répondre efficacement et démocratiquement aux crises internationales impose de retrouver l'ambition perdue de la diversité linguistique et culturelle dans la formation des élites et du plus grand nombre. Cette crise s'ajoute à d'autres pour nous renvoyer à l'exigence collective de savoirs autonomes, inscrits dans la longue durée, et portant sur l'ensemble des champs de l'activité humaine. 

Nous assurons de notre soutien chaleureux les collègues spécialistes de cette aire géographique, qui voient aujourd'hui la guerre déchirer les pays de leurs interlocuteurs scientifiques. Nous invitons toute la communauté universitaire à apporter son soutien et à témoigner sa solidarité aux nombreux chercheurs, doctorants et étudiants ukrainiens qui sont dans nos établissements d'enseignement supérieur et à tous ceux qui y seront accueillis dans les semaines et mois qui viennent.

Appel de 664 chercheurs et scientifiques russes : « Nous exigeons l'arrêt immédiat de tous les actes de guerre dirigés contre l'Ukraine »

Collectif

Dans une lettre ouverte publiée par Le Monde le 25 février, un collectif de chercheurs et de journalistes scientifiques russes dénonce l'entière responsabilité de la Russie dans le déclenchement du conflit. Par cet acte, « la Russie s'est condamnée à l'isolement sur la scène internationale et à un destin de pays paria », estiment-ils encore.

Nous, chercheurs et journalistes scientifiques russes, exprimons ici notre protestation énergique contre les actes de guerre lancés par les forces armées de notre pays sur le territoire de l'Ukraine. Cette décision fatale causera la mort d'un très grand nombre de gens. Elle sape les fondements du système de sécurité collective. La responsabilité du déclenchement de cette nouvelle guerre en Europe incombe entièrement à la Russie.

Cette guerre n'a aucune justification rationnelle. Les tentatives de manipuler la situation dans le Donbass et de s'en servir comme prétexte pour déclencher les opérations militaires ne dupent absolument personne. Il est évident que l'Ukraine ne représente aucune menace pour notre pays. La guerre contre elle est injuste et absurde.

L'Ukraine était et reste un pays dont nous sommes très proches. Nombreux sont ceux, parmi nous, qui y ont des parents, des amis et des collègues chercheurs. Nos pères, grands-pères et arrière-grands-pères ont combattu ensemble le nazisme. Déclencher une guerre pour satisfaire les ambitions géopolitiques des dirigeants de la Fédération de Russie, mus par des considérations historiques fantaisistes et douteuses, ce n'est pas autre chose que trahir leur mémoire.

La guerre avec l'Ukraine, c'est un pas dans le néant

Nous respectons l'Ukraine, voyant en elle un État fondé sur des institutions démocratiques qui fonctionnent. Nous comprenons le choix européen de nos voisins. Nous sommes convaincus que tous les problèmes entre nos deux pays peuvent être résolus de manière pacifique.

En déclenchant la guerre, la Russie s'est condamnée à l'isolement sur la scène internationale et à un destin de pays paria. Cela signifie que nous, les chercheurs, ne pourrons désormais plus faire nos recherches normalement, tant il est vrai que l'avancement des recherches scientifiques est impensable sans coopération approfondie avec les collègues des autres pays.

L'isolement de la Russie dans le monde va aggraver encore plus la dégradation culturelle et technologique de notre pays, tout en fermant toutes les portes de sortie. La guerre avec l'Ukraine, c'est un pas dans le néant.

C'est avec douleur que nous voyons notre pays, dont le rôle pour abattre le nazisme a été décisif, allumer en ce moment même une nouvelle guerre sur le continent européen. Nous exigeons l'arrêt immédiat de tous les actes de guerre dirigés contre l'Ukraine. Nous exigeons le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'État ukrainien. Nous exigeons la paix pour nos pays.

La traduction et la publication de cette lettre sont à l'initiative de chercheurs français travaillant sur la Russie, l'Ukraine et l'espace post-soviétique.

Premiers signataires : Aleksandr Anikin, linguiste, membre de l'Académie des sciences de Russie ; Jurij Apresjan, linguiste, membre de l'Académie des sciences de Russie ; Aleksandr Bondar, membre de l'Académie des sciences de Russie ; Viktor Vasil'ev, mathématicien, membre de l'Académie des sciences de Russie ; Mikhaïl Danilov, physicien, membre de l'Académie des sciences de Russie ; Jurij Kostitsyn, membre de l'Académie des sciences de Russie, docteur en géologie ; Aleksandr Moldovan, membre de l'Académie des sciences de Russie, philologue ; Serguej Nikolaev, académicien de l'Académie des sciences de Russie, philologue ; Konstantin Novoselov, physicien, lauréat du prix Nobel ; Valerij Rubakov, membre de l'Académie des sciences de Russie, physicien ; Roal'd Sagdeev, membre de l'Académie des sciences de Russie, physicien.





2 commentaires:

Anonyme a dit…

L'ESSENTIEL
Menacés par un navire russe, des gardes-frontières russes avaient dit aux marins "d'aller se faire fout***".

"Les 13 hommes avaient été déclarés morts par erreur par les autorités ukrainiennes.
Ils sont en fait bien en vie, mais aux mains de leurs ennemis.
L'un d'eux avait pris son téléphone et filmé une partie séquence. Images et sons à l'appui, les militaires qui se trouvaient sur l'île des Serpents (l'île de Zmiinyi en ukrainien) dans la mer Noire avaient dit aux assaillants via la voix de l'un d'entre eux: "Navire russe, allez vous faire fou***".

Les occupants du bateau militaire approchant venaient de demander aux soldats ukrainiens de "baisser les armes" et de se rendre. La sommation est faite ainsi :"Navire Russe. Je répète : ici un navire russe. Je propose que vous déposiez vos armes immédiatement pour éviter un carnage et des morts injustifiées sinon vous serez bombardés. Je répète : ici navire militaire russe. Je vous propose de déposer les armes sinon vous serez tués. Confirmez". Plutôt que de confirmer, les soldats ukrainiens ont envoyé balader les attaquants.

Depuis, les 13 militaires étaient donnés pour morts. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait d'ailleurs confirmé leur décès lors d’une conférence de presse le 25 février dernier en déclarant : "Tous les gardes-côtes sont morts comme des héros, mais ils n’ont pas abandonné. Ils recevront le titre de héros de l’Ukraine à titre posthume".

Ce lundi 28, on apprend qu'en réalité les 13 soldats ukrainiens sont en vie. Ils ont été faits prisonniers par l'armée russe. Sur sa page Facebook, l'État-Major des armées d'Ukraine poste le message suivant : "Nous sommes très heureux d'apprendre que nos frères sont en vie et en bonne santé". "
(...)


https://www.tf1info.fr/international/guerre-en-ukraine-declares-morts-les-13-soldats-de-l-ile-des-serpents-sont-en-realite-aux-mains-des-russes-2212148.html

Anonyme a dit…

L’exemple du Donbass : une catastrophe environnementale

"Pour mieux prendre la mesure du désastre environnemental qui se profile à l’horizon, un pas de côté, vers le Donbass, n’est pas inutile. Ce territoire où s’affrontent l’armée ukrainienne et les séparatistes prorusses est en guerre depuis huit ans ; il donne une idée de ce que pourrait devenir l’Ukraine, si jamais le conflit s’enlisait.

Le Donbass est désormais l’une des régions les plus polluées d’Europe. La destruction des infrastructures minières causée par la guerre en 2014, les sabotages des gazoducs et des canalisations, la contamination des sols et l’assèchement des cours d’eau ont conduit à transformer le Donbass en une nouvelle zone rouge, dévastée et sacrifiée, à l’image de la zone d’exclusion de Tchernobyl ou de Verdun.

L’inondation des mines endommagées au cours du conflit a empoisonné tout le réseau hydrographique de la région avec des produits chimiques et des métaux lourds. Depuis le début de la guerre en 2014, 105 mines auraient été abandonnées ou détruites, d’après une étude menée par le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles en Ukraine.

Des prélèvements de sédiments réalisés dans des lacs artificiels de la région ont également permis de déceler une pollution significative au strontium et au baryum non radioactifs. Ces substances entrent dans la composition de nombreuses munitions et peuvent, une fois ingérées, produire de graves problèmes de santé. Entre 2014 et 2017, 500 incidents sur des infrastructures industrielles ont été recensés « comportant des dangers pour la population et l’environnement ». Au total, au moins 530 000 hectares — dont dix-huit réserves naturelles — ont été « affectés, endommagés ou détruits » par le conflit au Donbass, selon l’Organisation des Nations unies (ONU).

« La région est au bord d’une catastrophe écologique », constatait dès 2018 la docteur Leila Urekenova, analyste du programme des Nations unies pour l’environnement. À l’époque, elle affirmait qu’il était urgent de mettre en place « une surveillance écologique afin d’évaluer et de minimiser les risques environnementaux découlant du conflit armé ». Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) s’était d’ailleurs engagé dès 2012 à présenter, devant l’Assemblée générale de l’ONU, un rapport annuel sur l’impact environnemental des conflits armés. On l’attend toujours.

«Indéniablement, cette guerre en Ukraine aura des répercussions sur le long terme, juge Ben Cramer. La dévastation de l’environnement est une bombe à retardement.»


https://reporterre.net/Guerre-en-Ukraine-La-devastation-de-l-environnement-est-une-bombe-a-retardement