samedi 27 mars 2021

GendNotes : entre flicage inavoué et mauvaise foi



GendNotes : entre flicage inavoué et mauvaise foi

Il y a plus d'un an, le gouvernement autorisait par décret la gendarmerie à utiliser une application de prise de notes sur téléphone mobile intitulée GendNotes. Nous avions déposé un recours contre ce décret devant le Conseil d'État l'année dernière et venons tout juste de recevoir la défense du ministère de l'intérieur. Mais, alors que celle-ci aurait mérité plus de temps pour y répondre, la plus haute juridiction administrative accélère le pas et a d'ores et déjà prévu une audience lundi prochain, 29 mars, lors de laquelle le rapporteur public conclura au rejet partiel de notre recours.

Comme nous le dénoncions au moment de la publication du décret, l'application GendNotes fait l'impasse sur les garanties les plus élémentaires (lire notre premier mémoire). Alors que la CNIL pointait du doigt le fait que la rédaction du décret permet un transfert des données de GendNotes vers un nombre illimité d'autres fichiers de police, elle fut parfaitement ignorée. Nous alertions alors contre le fait que GendNotes est un cheval de Troie de la reconnaissance faciale puisqu'il permet une alimentation du fichier TAJ, lequel autorise de tels dispositifs de reconnaissance faciale.

La stratégie de défense du gouvernement consiste à affirmer que l'application GendNotes ne permettrait pas d'alimenter le TAJ. Le rapporteur public semble vouloir donner tort au gouvernement sur ce point puisqu'il prononcera lundi des conclusions qui vont dans le sens d'une annulation partielle du décret, précisément sur la question du transfert de données vers d'autres fichiers (dont le TAJ) ultérieurement à leur collecte dans GendNotesEnviron deux jours ouvrés avant l'audience, le sens des conclusions du rapporteur public est communiqué aux parties. Sans connaître le raisonnement tenu, nous connaissons déjà le résultat. Il faut cependant garder en tête que les conclusions du rapporteur public ne lient pas la formation de jugement et que le Conseil d'État, dans son arrêt final, peut très bien contredire les conclusions de son rapporteur public..

En revanche, le rapporteur public semble faire l'impasse sur la proportionnalité de ce traitement de données et les garanties apportées. Alors que GendNotes vise aussi à collecter des données sensibles (même si celles-ci ne peuvent être transférées dans d'autres fichiers de police) dans le seul objectif de faciliter la vie des gendarmes, nous dénoncions un gadget aux graves conséquences sur les droits et libertés. Le rapporteur public semble sur le point de valider un système dans lequel la police décide seule des informations collectées, sans que ne soit prévu un quelconque contrôle sur la pertinence des données ainsi collectées. Il semble également vouloir faire fi du principe de « nécessité absolue » pourtant requis par le droit et, nous le pensons, totalement absent dans ce dispositif gadget de prises de notes.

Dès 2017, un rapport de l'Assemblée nationale indiquait déjà l'existence et l'utilisation de l'application GendNotes. Celle-ci n'est toutefois qu'un élément parmi d'autres d'une désormais très longue liste de dispositifs de police utilisés en toute illégalité puis autorisés a posteriori. On pourrait citer le cas de la loi renseignement de 2015 qui légalisait les pratiques préexistantes des services de renseignement. On pourrait aussi citer l'exemple des drones, utilisés depuis de nombreuses années pour surveiller les manifestations avant que nous les fassions interdire par le Conseil d'État, et que la proposition de loi Sécurité Globale veut maintenant légaliser. Et que dire de la reconnaissance faciale du TAJ qui existait des années avant la création formelle du fichier de police et que la loi Sécurité Globale vise à étendre ?

Nous avons malgré tout, dans l'urgence, répondu au gouvernement. La décision finale qui suivra l'audience de lundi devrait arriver dans les prochaines semaines. Pour continuer ce combat sur des fronts de plus en plus nombreux, nous avons, plus que jamais, besoin de votre aide grace à vos dons

2 commentaires:

Anonyme a dit…

CES FLICS QUI BOSSENT DIRECTEMENT POUR LE CAC 40
Le Média


https://youtu.be/45VlEVe4jjM


Quand on pense à l’Etat menant la guerre aux travailleurs, on pense d’abord à la répression par la police des manifestations ou des grèves. Mais ce n'est en fait que la partie la plus spectaculaire et la plus visible, car il y a une autre manière de mener cette guerre, plus quotidienne, beaucoup plus discrète, voire clandestine : le recours à la “tricoche” dans la lutte des classes.

Récemment Le Média a sorti une enquête sur l’affaire Ikea dont le procès se déroule en ce moment. Ikea France est accusé d’avoir enquêté illégalement, dans les années 2000, sur des salariés et des candidats à l’embauche, et d’avoir espionné des employés, en particulier des syndicalistes.

Jean-François Paris, directeur de la gestion du risque d’Ikea France faisait appel aux services de Jean-Pierre Fourès, patron d’une officine d’investigations privées, pour lui fournir des renseignements sur des employés ou des candidats jugés suspects par Ikea. Jean-Pierre Fourès, ancien inspecteur divisionnaire aux RG (renseignements généraux) puis à la DST (direction de la surveillance du territoire) a quitté la police en 1980. Mais y a conservé des amis sur lesquels il s'appuyait pour obtenir les fiches Stic de personnes dont Ikea voulait savoir s'ils avaient par exemple des antécédents de vol ou un passé de syndicaliste.

Consulter le Stic (Système de traitement des infractions constatées), une large base de données du ministère de l’Intérieur, permet non seulement de savoir si une personne a déjà commis une infraction, mais aussi si elle a été placée en garde à vue, ou même simplement victime d’une infraction.

Voilà donc un ancien policier reconverti dans le privé qui conserve son réseau de collègues et en joue pour obtenir illégalement des renseignements gentiment stockés par l’Etat dans des fichiers informatisés et centralisés. C’est cela qu’on appelle une tricoche : sortir crapuleusement notes d’information, PV de police ou données confidentielles sur une instruction en cours.

L’affaire Ikea n’est pas une affaire isolée. Ce même Jean-Pierre Fourès a aussi été en contrat avec Quick. Et entre 1997 et 2004, c’est Eurodisney recourait au même procédé, avec la complicité de gendarmes véreux reconvertis dans le renseignement privé après leur départ à la retraite. On pourrait aussi évoquer l’affaire Taser-Besancenot. Dans celle-ci, le recours à la tricoche ne vise pas des syndicalistes en interne, mais une figure politique qui menace limage de l’entreprise.

Article complet à retrouver sur notre site internet : https://www.lemediatv.fr/emissions/20...

Anonyme a dit…

https://www.europe1.fr/medias-tele/elise-lucet-les-volontes-dintrusion-des-ministeres-dans-nos-reportages-sont-de-plus-en-plus-frequentes-4009227