Faillite de Lehman Brothers, dix ans déjà…
Il y a dix ans la banque Lehman Brothers faisait faillite. L'occasion de revenir sur la crise. Et de constater qu'on mène toujours le même type de politique monétaire depuis.
Par Vladimir Vodarevski.
Lehman Brothers, 10 ans déjà… Un groupe d'anciens de la banque a déclenché un scandale en décidant de se réunir pour cet anniversaire. Mais tout le monde le fête. La faillite de la banque Lehman Brothers est un symbole de la crise, l'anniversaire de sa faillite l'occasion d'en reparler.
La faillite de Lehman Brothers
La crise n'a pas débuté avec la faillite de Lehman Brothers en 2008. Dès 2007, des fonds de placement ont fermé, et les banques centrales sont intervenues pour injecter des liquidités dans l'économie. Mais il semble que cette faillite soit devenue le symbole de la crise. Dans les livres d'histoire, elle en deviendra le point de départ.
La faillite de Lehman Brothers a été un cataclysme. Le système financier et monétaire mondial est basé sur l'endettement. Les banques centrales favorisent la création monétaire. Les banques voient leurs activités encadrées dans un carcan très strict. Ce sont les critères prudentiels, imposés par le Comité de Bâle. En échange de cet encadrement très strict, les banques centrales assurent le rôle de prêteur en dernier ressort. Quand une banque ne peut pas trouver suffisamment d'argent sur les marchés financiers, il y a toujours la banque centrale.
La faillite de Lehman Brothers a créé une panique car on pensait que les autorités ne laisseraient pas un établissement de cette taille faire faillite. Cette faillite a ouvert une période d'incertitude. La confiance dans le système financier a disparu. Plus personne ne prêtait à personne. Le système financier, et le financement de l'économie, était bloqué.
L'après Lehman
Les autorités ont fait évoluer la réglementation. Les exigences de fonds propres pour les banques ont été relevées. Les établissements bancaires doivent avoir un plan de liquidation ordonnée en cas de faillite. Par ailleurs, des stress tests sont organisés régulièrement pour vérifier la solidité des plus grosses banques.
Les nouvelles normes prudentielles ont entraîné un débat en Europe. Elles seraient plus favorables aux établissements américains. En effet, en France, les encours de crédits des banques sont plus importants qu'au USA. Là bas, les entreprises se financent davantage sur le marché financier que par le crédit. Et les banques titrisent les crédits. Ce qui fait que les exigences de fonds propres sont plus importantes pour les banques US.
Alors même que les banques françaises sont plus exigeantes en matière de solvabilité, selon la Fédération Bancaire Française. Les banques françaises accordent un crédit en fonction de de la capacité de remboursement de l'emprunteur. Aux USA, c'est en fonction du bien mis en gage ou hypothéqué.
Le problème de la bulle
La crise financière a été provoquée par l'éclatement de la bulle immobilière aux USA. Les pays qui avaient favorisé une bulle immobilière ont aussi été les plus touchés, comme l'Espagne, l'Irlande, le Royaume-Uni. Cette bulle a été provoquée par la baisse des taux d'intérêt par les banques centrales, et notamment la Federal Reserve US. Elle était même souhaitée. Et on s'en félicitait à l'époque. On parlait d'un effet richesse. Les gens voyaient leur patrimoine augmenter. Sur la base de cet augmentation, ils voyaient leur capacité d'emprunt s'accroître. Ils empruntaient, ce qui soutenait l'économie. On y voyait un effet vertueux. Jusqu'à l'éclatement. (Pour une description des mécanismes qui ont mené à la crise, voir ici.)
Le problème de la bulle existe toujours. Ainsi, pour sortir de la crise, les banques centrales ont non seulement baissé les taux d'intérêt, mais aussi racheté des actifs bancaires. C'était la politique de quantitative easing. Ce qui a provoqué une bulle des matières premières, qui a depuis éclaté.
Aujourd'hui alors que les taux d'intérêt US remontent, ce sont les monnaies des pays émergents qui sont sous pression. L'argent injecté par la Federal Reserve s'était orienté vers ces monnaies. Il rentre à la maison, les affaiblissant. La monnaie argentine est en difficulté, comme la monnaie turque, les difficultés de cette dernière étant aggravées par la politique économique du pays et le bras de fer avec les USA.
La théorie des cycles économiques
L'école autrichienne d'économie enseigne que les relances par la création monétaire entraînent des crises économiques. C'est la théorie autrichienne des cycles économiques, TAC en abréviation, ou ABCT pour austrian business cycle theory. La crise a remis sur le devant de la scène cette théorie. La crise de 1929 a également été provoquée par la création monétaire.
Cependant, le système monétaire reste basé sur le crédit. Ce qui n'est même pas un débat aujourd'hui. Il faut donc s'attendre à de nouvelles crises, les bulles finissant toujours par éclater, et les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets.
3 commentaires:
Solidaires-Finances a corrigé le tir. Ce ne sont plus 60 à 80 Milliards qui échappent au fisc mais bel et bien 100 Milliards...
Baisse des effectifs, contrôles plus aléatoires, le cocktail est au point pour que l'évasion fiscale soit une activité lucrative...
Évasion et optimisation sont sur le même bateau, celui qui ruine les finances publiques et nous promettent des cures d'austérité.
http://www.lepoint.fr/economie/la-fraude-fiscale-s-eleve-a-100-milliards-d-euros-13-09-2018-2250982_28.php
Incorrigible capitalisme.
.../...
«Si ce capitalisme paraît incorrigible, c’est sans doute qu’il flatte une facette de l’âme humaine. Une culture du risque d’autant plus jouissive qu’elle s’exerce aux dépens des autres. Une nouvelle crise est donc hautement probable. Les leçons tirées du désastre de 2008, que les peuples continuent de payer en politiques d’austérité, n’auront été finalement que relatives et éphémères. Les rémunérations des traders de Wall Street n’ont-elles pas retrouvé cette année leur niveau orgiaque d’avant la crise ?
Pour autant, la crise financière explique-t-elle à elle seule les mutations que l’on constate un peu partout dans le champ politique ? Non, bien sûr. Les causes sont d’abord politiques. Il faut toujours le rappeler. Ce sont les décisions de déréglementations prises à l’orée des années 1980 par Reagan et Thatcher qui ont inauguré ce moment extrême du capitalisme que nous vivons. Et il n’était écrit nulle part qu’une mécanique inexorable nous conduirait là où nous sommes aujourd’hui. Il a fallu sans aucun doute auparavant le choc pétrolier de 1974 et l’effondrement de l’URSS.»
Extrait éditorial de Denis SIEFFERT dans Politis du 20 au 26 septembre.
«La puissance du néolibéralisme [...] ne s'explique que par le pouvoir à la fois matériel et symbolique des États nationaux et des méta-États [...] tous coalisés par et pour la cause d'une "mondialisation" qui diminue précisément les moyens d'action des États nationaux(1).»
(1) Foucault, Bourdieu et la question néolibérale
Par Christian Laval, La Découverte, 262p, 21euros.
Et c'est la devanture de HSBC qui est visée... No comment!
https://fr.euronews.com/2018/09/16/attac-fete-l-anniversaire-de-la-crise-financiere-a-sa-maniere
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