Souvent perçu à gauche comme "moins pire" que ses concurrents, JUPPÉ n'en incarne pas moins une droite ultralibérale et profondément réactionnaire.
"Favori des sondages pour la primaire de la droite, Alain JUPPÉ, 71 ans, se présente en vieux sage bardé d'expérience. En quarante ans de vie politique, il a collectionné les mandats électoraux -adjoint au maire de Paris, maire de Bordeaux, député européen, député- et occupé plusieurs postes ministériels, dont le premier d'entre eux. Au cours de cette "vie professionnelle", il a tout connu ou presque, la gloire et l'impopularité, les honneurs et l'humiliation. "La logique de ce parcours, confiait-il la semaine dernière dans Le Un, c'est de franchir la dernière marche qui manque."[...] C'est avec l'accession de Nicolas SARKOZY à la présidence de l'UMP fin 2014 et la perspective d'un second tour opposant le candidat de la droite à Marine Le Pen en 2017 que l'attrait d'Alain JUPPÉ sur une partie de l'électorat de François HOLLANDE à commencé à prendre corps. Non que ces électeurs soient subitement devenus " juppéistes", mais l'homme le plus détesté de France en 1995, porté par un habile storytelling, leur a semblé plus modéré que les autres représentants de sa famille politique. En moins pire.[...] Alain JUPPÉ incarne mieux que Nicolas SARKOZY l'héritage du chiraquisme, pour lequel les Français manifestent depuis quelques temps une nostalgie indexée sur les bulletins de santé de l'ancien président. Son rôle central auprès de Jacques CHIRAC, au coeur du dispositif de conquête du pouvoir de la chiraquie, qui carburait à la corruption, au clientélisme et au détournement d'argent public, lui a valu d'être poursuivi dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris (dont à bénéficié son fils). Condamné en appel le 1er décembre 2004 à quatorze mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité, il s'expatrie un an au Québec. Depuis son retour en 2006, le candidat qu'est aujourd'hui Alain JUPPÉ minimise cette condamnation "déjà ancienne". C'est faire abstraction d'un passage du jugement particulièrement sévère qui pointait sa duplicité et son obstination à mentir à la justice: "Il est regrettable qu'au moment où le législateur prenait conscience de la nécessité de mettre fin à des pratiques délictueuses qui existaient à l'occasion du financement des partis politiques, M. Juppé n'ait pas appliqué à son propre parti les règles qu'il avait voté au Parlement. Il est également regrettable que M. Juppé, dont les qualités intellectuelles sont unanimement reconnues, n'ait pas cru devoir assumer devant la justice l'ensemble de ses responsabilités pénales et ait maintenu la négation de faits avérés." C'est peu dire qu'Alain JUPPÉ, alors président de l'UMP et programmé pour succéder à Jacques CHIRAC à l'Élysée, a vécu sa condamnation comme une blessure. Mais "pas un instant [il] ne s'est dit que c'était sa faute" écrit la journaliste Anna CABANA dans 'Juppé, l'orgueil et la revanche' (Flammarion, 2011). Au contraire, "il n'a eu de cesse de se considérer comme la victime d'une conjuration de médiocres et de jaloux". C'est en 2006 à la faveur d'une municipale partielle provoquée pour le "relégitimer" qu'il va se forger une image nationale et préparer sa revanche. Le technocrate cassant se mue en maire bâtisseur, multiplie les chantiers, embellit la ville avec le tramway, la rénovation des quais, une politique du patrimoine... Il y applique aussi ses préceptes libéraux : refus de placer l'eau en régie, recours à un partenariat public-privé pour la construction d'un nouveau stade, etc. Mais l'Elysée reste son obsession."
Lire la suite de ses "modérations" dans le POLITIS du 20 au 26 octobre 2016 par Michel SOUBAIS.
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Alain JUPPÉ, un modéré? Un mythe.
Souvent perçu à gauche comme "moins pire" que ses concurrents, JUPPÉ n'en incarne pas moins une droite ultralibérale et profondément réactionnaire.
"Favori des sondages pour la primaire de la droite, Alain JUPPÉ, 71 ans, se présente en vieux sage bardé d'expérience.
En quarante ans de vie politique, il a collectionné les mandats électoraux -adjoint au maire de Paris, maire de Bordeaux, député européen, député- et occupé plusieurs postes ministériels, dont le premier d'entre eux.
Au cours de cette "vie professionnelle", il a tout connu ou presque, la gloire et l'impopularité, les honneurs et l'humiliation.
"La logique de ce parcours, confiait-il la semaine dernière dans Le Un, c'est de franchir la dernière marche qui manque."[...]
C'est avec l'accession de Nicolas SARKOZY à la présidence de l'UMP fin 2014 et la perspective d'un second tour opposant le candidat de la droite à Marine Le Pen en 2017 que l'attrait d'Alain JUPPÉ sur une partie de l'électorat de François HOLLANDE à commencé à prendre corps. Non que ces électeurs soient subitement devenus " juppéistes", mais l'homme le plus détesté de France en 1995, porté par un habile storytelling, leur a semblé plus modéré que les autres représentants de sa famille politique. En moins pire.[...]
Alain JUPPÉ incarne mieux que Nicolas SARKOZY l'héritage du chiraquisme, pour lequel les Français manifestent depuis quelques temps une nostalgie indexée sur les bulletins de santé de l'ancien président.
Son rôle central auprès de Jacques CHIRAC, au coeur du dispositif de conquête du pouvoir de la chiraquie, qui carburait à la corruption, au clientélisme et au détournement d'argent public, lui a valu d'être poursuivi dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris (dont à bénéficié son fils). Condamné en appel le 1er décembre 2004 à quatorze mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité, il s'expatrie un an au Québec.
Depuis son retour en 2006, le candidat qu'est aujourd'hui Alain JUPPÉ minimise cette condamnation "déjà ancienne". C'est faire abstraction d'un passage du jugement particulièrement sévère qui pointait sa duplicité et son obstination à mentir à la justice: "Il est regrettable qu'au moment où le législateur prenait conscience de la nécessité de mettre fin à des pratiques délictueuses qui existaient à l'occasion du financement des partis politiques, M. Juppé n'ait pas appliqué à son propre parti les règles qu'il avait voté au Parlement. Il est également regrettable que M. Juppé, dont les qualités intellectuelles sont unanimement reconnues, n'ait pas cru devoir assumer devant la justice l'ensemble de ses responsabilités pénales et ait maintenu la négation de faits avérés."
C'est peu dire qu'Alain JUPPÉ, alors président de l'UMP et programmé pour succéder à Jacques CHIRAC à l'Élysée, a vécu sa condamnation comme une blessure. Mais "pas un instant [il] ne s'est dit que c'était sa faute" écrit la journaliste Anna CABANA dans 'Juppé, l'orgueil et la revanche' (Flammarion, 2011).
Au contraire, "il n'a eu de cesse de se considérer comme la victime d'une conjuration de médiocres et de jaloux".
C'est en 2006 à la faveur d'une municipale partielle provoquée pour le "relégitimer" qu'il va se forger une image nationale et préparer sa revanche. Le technocrate cassant se mue en maire bâtisseur, multiplie les chantiers, embellit la ville avec le tramway, la rénovation des quais, une politique du patrimoine... Il y applique aussi ses préceptes libéraux : refus de placer l'eau en régie, recours à un partenariat public-privé pour la construction d'un nouveau stade, etc. Mais l'Elysée reste son obsession."
Lire la suite de ses "modérations" dans le POLITIS du 20 au 26 octobre 2016 par Michel SOUBAIS.
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