lundi 10 octobre 2011

Qui sont les indignés ?

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Le vents des évènements a tracé la bissectrice qui sépare les indignés des indignes. D’un côté des nantis, des privilégiés, des notables en charge d’une mission sociale et bénéficiant à ce titre d’un rang, d’avantages et de la confiance a priori de leur concitoyens.

Ces missions sont diverses dans leur expression, mais toutes concordent au fonctionnement de la société. C’est tantôt un industriel qui fabrique des médicaments pour garantir ou améliorer la santé publique. En contrepartie, la société l’enrichit. C’est parfois un banquier qui draine l’épargne et doit la redistribuer sous forme de prêts. Au passage, ses clients acceptent qu’il prenne une commission pour rémunérer ses services. C’est également un homme (ou plus rarement une femme) politique qui décide de représenter ses homologues et d’investir son temps et son énergie pour le bien de la communauté. Celle-ci en retour lui accorde un statut privilégié.

C’est comme cela que le monde fonctionne depuis la nuit des temps et qu’il continuera à le faire. Mais alors qu’est-ce qui coince actuellement ?

Deux dérives majeures grippent la belle mécanique sociale.

D’une part, les dirigeants n’apportent qu’une faible valeur ajoutée au groupe. Au contraire, par une série calamiteuse de mauvaises décisions ils ont tissé la trame de la crise profonde et létale qui menace notre monde au plan financier certes, mais aussi économique, mais encore social et surtout écologique. Ils nous ont précipité dans le gouffre. Et ils sont incapables, pour l’instant, de nous en sortir. Cette situation déjà très préoccupante est aggravée par l’effet de cliquet mis en place par les élites gouvernantes.

En effet et d’autre part, ces élites ont créé une société parallèle constituée de clubs, d’amicales, de fraternités qui doublent la société civile et paralyse ses institutions et ses procédures de contrôle et de régulation. A quoi sert la législation sur l’achat public si les opérateurs sensés être anonymes, se retrouvent le soir à dîner au club des anciens élèves d’une grande école, pour discuter des contrats? A quoi servent les organes de régulation si les régulateurs sont rémunérés par les entreprises qu’ils sont censés réguler ? A quoi sert la diversité politique si les opposants à la tribune se retrouvent bras dessus bras dessous en vacances dans la villa ou sur le yacht de tel milliardaire levantin.

Cette dérive des mœurs a été favorisée et amplifiée par l’abandon des valeurs sociales au profit du libertinage ploutocratique. Depuis plusieurs dizaines d’années au sein des plus grandes universités mondiales et des grandes écoles, la recherche pure et simple du lucre est devenu le paradigme de nos élites. Le progrès de l’humanité se mesure aux indices boursiers et à l’évolution du PIB. Toute analyse se concentre sur le quantitatif. Nul ne considère plus le bien-être des populations et le bonheur vécu des peuples. De nos jours, FLEMING passe pour un crétin pour avoir refusé de breveter la pénicilline et nous assistons à l’apothéose de Steve Jobbs, canonisé par acclamation. La contamination culturelle au reste de la société a été progressive et constante. Avec l’effondrement du bloc soviétique, est arrivé le règne de la pensée unique : « il n’y a pas d’autre choix ! ». Cette phrase est l’argument ultime des politiques et des institutions qui prônent le tout libéral, le démantèlement de l’état, la dérégulation à outrance, et qui rangent le service public au musée des accessoires démodés.

Le résultat c’est le médecin qui empoisonne, le banquier qui vole, l’élu qui ment et détourne la loi à son profit, le fort qui terrasse le faible.

L’indignité dont sont frappées les élites actuelles réside moins dans leurs erreurs que dans leurs mensonges, moins dans leur incompétence que dans l’acharnement déployé pour s’incruster au pouvoir.

La bissectrice, c’est la conscience qui suscite l’indignation devant l’indignité.

Signe encourageant pour l’avenir, la révolte des indignés nous suggère que le bon sens ne s’est pas trop dilué dans la soupe audiovisuelle et que la conscience civique est toujours présente. Ce mouvement, fort de sa spontanéité et de sa généralité, démontre que des alternatives sont possibles, souhaitables et désirées.

Si le contribuable est le garant en dernier recours des dettes souveraines, le citoyen demeure le maître en dernier recours de la vie politique. Même dans les pires tyrannies orientales le courage des opposants nous le rappelle. Contribuable et citoyen sont les deux faces d’une même pièce. Lorsque tous deux s’exprimeront d’une même voix, le changement sera en œuvre.

Dégageons les élites indignes et réservons nos impôts à des emplois utiles à la société.

Le combat se déroule ici et maintenant. C’est notre honneur de citoyen et notre devoir de contribuable. Nous devons rester indignés devant l’asservissement de l’appareil d’Etat à l’intérêt particulier des potentats locaux. Nous devons nous révolter devant la dérive clientéliste de certains élus plus sensibles aux indemnités électives promises qu’à leur devoir d’élu. Le citoyen n’existe que s’il agit. La passivité encourage l’état de fait et le perpétue.

Agir c’est faire société ; agir c’est voter ; agir c’est se mobiliser ; agir c’est militer ; agir c’est manifester.

Ensemble, agissons !

NEMO

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Belle analyse à laquelle j'adhère pleinement.
Et les citoyens agissant sont nombreux ici.
2C2A VIVRA (entre autres combats plus nationaux voire internationaux)

Anonyme a dit…

Bien vu.
La France est à genou mais les français qui sont des bourriques se relèvent.
Main dans la main il s'agit de la refonder,ce sera dur mais mieux vaut s'y coller maintenant tous ensemble.
2C2A vivra et notre France avec.

Anonyme a dit…

La situation est parfaitement décrite, mais maintenant qu'est-ce qu'on fait ?
Je propose qu'on arrête de pédaler et qu'on relève le nez. Peut-être avons-nous encore pas mal à perdre, ce qui nous donne une certaine frilosité, mais nous avons certainement plus rien à gagner à maintenir cette mascarade que certains osent encore appeler démocratie.
Arrêter de pédaler, c'est arrêter de consommer des produits inutiles qui nous rendent esclaves, arrêter de cautionner l'agro-industrie qui tue les sols, arrêter de jouer le jeu de la compétition, de marcher sur le plus faible pour se hisser, stopper les prédations et reprendre le pouvoir sur ce qui est vital : la terre, l'air, l'eau, les énergies.
Geste numéro un : débrancher sa télévision.
Si on ne se bouge pas on risque de voir venir au pouvoir une vague brune (même si elle esaie de se maquiller en "bleu marine")…

Anonyme a dit…

Faut pas débrancher sa télé, il faut choisir ses émissions... et toujours multiplier ses sources.
L'objectivité n'est nulle part, à chacun de faire des synthèses et d'échanger avec les autres personnes, ça aide.

Anonyme a dit…

Attends un peu,regardes autour de toi,oui,là en bas, à coté de toi,c'est ici que tu peux agir,que nous pouvons faire,tous. Mais ne nous berçons pas d'illusions. Peu agiront et beaucoup resteront passifs,en espérant récolter les fruits du changement sans pour autant mettre les mains dans le cambouis. Pire encore,les plus courageux d'entre nous seront sans doute mis au banc de la société qu'ils auront eu le courage de remettre en question,et finiront au pilori car trop libre et seront jugés par ceux-là même qui les poussaient jadis en avant. A toi de voir,moi c'est tout vu, et après tout ce n'est pas bien grave, il ne faut pas se leurrer tout simplement,nous ne sommes que de pauvres être humains. Mais nous ne devons plus rester les bras croisé à attendre que D.PUJADAS nous annonce qu'on rase gratis. Alors comme dit l'autre qui a raison,:" agissons local,pensons global."

Anonyme a dit…

Je maintiens : il faut débrancher sa télé (voire la casser, c'est plus fort symboliquement ;) )
Que de temps alors gagné, et à partager avec les autres !
La télé est un instrument de division et d'isolement. Moins de télé = plus de lien !

Anonyme a dit…

Tout dépend de ce que tu en fais de la télé.
On ne peut pas rester comme 4 neuneus, à parler de nous, entre nous, rien que pour nous.
C'est réducteur, il faut au contraire ouvrir grand les oreilles et les yeux. Etre conscients de la réalité du monde pour se situer quelque part dans l'humanité.
Il ne s'agit pas de sacrifier à la mondialisation qui voudrait que nous soyons tous asservis au Dieu Fric. Il s'agit de choisir, de s'informer, de trier, d'être solidaires d'une humanité qui souffre.
Si tu restes dans ton coin tu ne pourras pas agir pour un monde meilleur.
Là ou tu as raison c'est que ce n'est pas avec Pernaud, Poujadas,... que tu vas progresser.
Donc la télévision en gardant l'esprit critique oui, mais aussi les livres, .... sinon tu n'auras rien à partager avec les autres.