dimanche 4 septembre 2011

Mémoire de déserts

C’est aujourd’hui que se tient sous les châtaigniers du Mas Soubeyran à Mialet en Cévennes la centième Assemblée du Désert, grand rassemblement annuel des protestants.

Par Marianne Prigent *

Cent ans déjà que le Musée du Désert prend place dans l’ancienne demeure de Rolland, un des chefs camisards. Et depuis ce 24 septembre 1911, chaque premier dimanche de septembre, des milliers de protestants se retrouvent sur ce lieu chargé d’histoire.
Le Désert, cette période s’étendant de la révocation de l’Edit de Nantes (1685) à la Révolution française (1789) où les protestants furent privés de liberté de culte et obligés de vivre leur foi dans la clandestinité.
Certes l’Histoire nous enseigne que maintes périodes de déserts se sont succédé au cours des siècles. Et rares sont les existences qui s’écoulent sans aucun désert à traverser.
Alors pourquoi ce désir de maintenir dans les mémoires le souvenir d’une époque empreinte de barbarie ? A vouloir trop se souvenir, n’y a-t-il pas le risque de raviver des blessures ou d’exacerber des phénomènes de repli identitaire ?
Mais c’est oublier que faire mémoire ne signifie pas simplement se souvenir. On « fait » mémoire. Faire mémoire est un travail. Cela demande une participation, un engagement de la part de l’homme. Ne serait-ce que pour éviter que de telles traversées du désert ne se reproduisent.
Il est vrai que le désert est le lieu où se confronter à ses propres limites, le temps où éprouver ses convictions et son courage d’être. Et pour le croyant le désert est le lieu par excellence de la rencontre avec Dieu, le temps où expérimenter la confiance et l’espérance.

Plutôt mourir que d’abjurer sa foi

Dans ce sens le Musée du Désert nous rappelle que des hommes et des femmes ont préféré mourir plutôt que d’abjurer leur foi. Attitude admirable mais incompréhensible pour la société d’aujourd’hui, pour laquelle mourir pour des convictions relèverait plutôt du fanatisme ou de l’intégrisme.
Telle cette question d’un jeune garçon lors d’une visite au Musée, face à l’interminable liste des protestants envoyés aux galères : « Mais pourquoi ils n’ont pas fait semblant de se convertir ? »
Oui, nous sommes loin du temps des galères et heureusement ! Et pourtant… d’autres déserts sont à nos portes.

Serait-il possible alors que des lieux de mémoire comme le Musée du Désert puisse nous indiquer un chemin de tolérance et de respect des convictions de l’autre différent ?

C’est en tout cas mon souhait en ce centième anniversaire.
M. P.

(*) Dans cette rubrique dominicale, une équipe de chrétiens, catholiques et protestants, invite à réfléchir à un événement ou à un thème d’actualité.

http://www.dna.fr/fr/monde/info/5637577-Chronique-Regard-chretien-Memoire-de-deserts




8 commentaires:

Anonyme a dit…

Il n'empêche que pour certains, aujourd'hui, affirmer sa foi c'est avoir une démarche active d'intégristes fanatiques. Comment résolvez-vous ce problème ?

Anonyme a dit…

Allons donc ! Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il y a des intégristes de toute idéologie ! Le fanatisme est dans la nature de l'homme ! Qu'il ait la foi ou non ! Pour le résoudre ? A part changer les hommes dès l'enfance, je ne vois pas ?

Anonyme a dit…

Bien répondu... Que c'est bien pensant de crier "haro" sur l’"intégrisme" religieux, mais les fanatiques et intégristes de toutes les causes fleurissent sur tous les sujets de nos jours : Grand Ales, supporter de foot, et j'en passe et des meilleurs.

Anonyme a dit…

@20:42
CQFD, c'est toi même qui fait le rapprochement entre les "religieux" et les supporter de foot qui ne sont pas tous des hooligans. N'empêche qu'il y en a. Je repose la question : que font les églises (toutes) contre ce danger ?

Anonyme a dit…

@09:48, si tu les écoutais tu saurais ce qu'elles font ! Moi je ne suis pas pasteur, c'est à eux que tu devrais poser ta question.

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…

@12:18
C'est bien à eux que je pose la question !
Je n'ai jamais entendu un religieux dénoncer clairement, sans ambiguïté, ou exclure de sa communauté, des extrémistes de sa propre religion. Et ça m'étonnerait bien qu'on entende ce discours dans une église-temple-synagogue-mosquée.
PS : Je ne m'adresse pas qu'aux pasteurs, mais aux autorités religieuses de toutes sortes.

Anonyme a dit…

@07:30 alors si c'est vraiment à eux que tu poses la question ? Je doute fort que ce blog puisse être leur moyen d'expression ? Quand à exclure ? Faut vraiment pas connaître les religions pour imaginer qu'elles en auraient les moyens comme peut l'avoir une entreprise ? Et puis est-ce vraiment utile de poser une question en étant persuadé par avance de connaître la (ta) réponse ?