GRAU-DU-ROI Quand les pêcheurs font la fête
Hier, la Fête de la mer était l'occasion pour les pêcheurs graulens de recevoir à leur bord.
Hier, s'achevait la Fête de la Saint-Pierre ou Fête de la mer qui a battu son plein durant trois jours.
La journée a commencé par une messe en hommage aux marins disparus en mer, puis les bateaux de toutes tailles ont embarqué le public pour une promenade en mer. Une fois la balade terminée, l'heure était à la fête, entre proches.
Arlésiennes et DJ
En famille ou entre amis, les marins avaient organisé des fêtes à bord de leurs bateaux ou sur les quais. L'occasion de belles rencontres. Sur le Marie-Jérémy, on a fait les choses en grand. Sur le quai, une longue table avec des boissons recouverte d'un buffet et de boissons fraîches. Frédéric Bas, patron du chalutier, accueille les nouveaux arrivants avec un grand sourire.
Dans deux ans, il passera la main à son fils Jeremy qui travaille déjà avec lui et, cette année, ils ont décidé de faire une grande fête. Frédéric a invité des Arlésiennes parce que la tradition c'est important. Stéphanie et Céline sont aux anges. Céline explique : "nous sommes là parce qu'on a eu la chance d'être invitées. On a fait la sortie en mer, c'était vraiment bien. Le rôle des Arlésiennes c'est de porter le costume pour les événements importants."
En futur patron, Frédéric Bas a pris en charge l'organisation de la fête. À jeune génération, moyens modernes. DJ et platines à la poupe et en avant la musique ! Tony est tout sourire, s'il n'est pas le premier, en tout cas peu de DJ peuvent se vanter d'avoir mis l'ambiance depuis un gros bateau de pêche… Toutes générations confondues, la Fête de la Saint-Pierre, c'est d'abord un hommage aux disparus.
"Aujourd'hui, il y en a moins qu'avant mais cet hommage est important pour nous", affirme Frédéric très sérieusement. Puis le ton redevient plus léger et il poursuit : " Et puis quand c'est fini, c'est l'heure de l'apéro…" Comme tous les marins pêcheurs, Frédéric et son équipage prennent la mer tous les jours où le temps le permet à bord du chalutier de 21 mètres. "Dans deux ans, je rachète le bateau et je continue le métier comme mon père et mon grand-père avant lui. C'est une passion. Si on n'est pas passionné dans ce métier, on ne tient pas deux jours. Pour se lever à 2 heures du matin par tous les temps, il faut avoir l'envie", conclut le futur patron des étoiles dans les yeux.
Les petits métiers
Sur le quai deux bateaux à couple (l'un amarré à l'autre), au premier plan le Jean-Michel Louis. Apéro, pizza et bonne humeur. Thomas Roche, le patron de pêche est heureux, il passe une bonne journée avec ses amis et sa famille. Il ira finir la l'après-midi sur le Marie-Jérémy, le bateau de son pote, Frédéric. Pour lui la fête de la mer c'est "l'occasion de rendre hommage aux disparus en mer et de réunir la profession le temps d'un week-end. Entre marins pêcheurs, l'ambiance est plutôt bonne. Au Grau-du-Roi on est solidaires."
Les petits métiers se distinguent des chalutiers par la taille de leur bateau. Thomas pêche des escargots de mer et des poissons plats (raies, soles, turbots sur le fond avec un filet appelé trémaille) et vend son poisson directement au quai tous les matins. Marin depuis 17 ans, il commande le Jean-Michel Louis (prénom de ses deux grands pères) depuis 6 ans. "Il y a des moments durs, raconte le jeune homme avant de poursuivre, "puis ça va mieux, alors on reprend le moral. Depuis 6 ans il y a des années avec et d'autres sans. On ne peut rien prévoir. Tous les jours sont différents." Le jeune patron de pêche projette de passer au chalutier bientôt. "C'est une vocation. Aujourd'hui, j'ai de plus en plus de jeunes qui achètent mon poisson. On revient à l'idée du bon… Et c'est tant mieux parce que notre métier a besoin d'une meilleure image", conclut-il.
Que la fête soit belle !
Une grande bâche entre deux bateaux, des tables, des bancs, la fête se prépare. Tom clame très fier, "avec mes amis, on va mettre l'ambiance et ça va être super". Bien à l'abri des coups de mer, de bateaux en bateaux, l'heure est au partage. Celui d'une passion.
Véronique Palomar