Affaire Benalla : le couple de la Contrescarpe n'a pas menti à la police
D'après des éléments dont « Le Monde » a pris connaissance, les deux trentenaires sont vierges d'antécédents judiciaires, n'ont pas cherché à dissimuler leur identité et n'ont pas provoqué de violences « graves » et « répétées » contre les CRS le 1er mai.
Le jeune couple connu pour avoir été molesté par Alexandre Benalla sur la place de la Contrescarpe, dans le 5e arrondissement de Paris, le 1er mai, est vierge d'antécédents judiciaires, n'a pas cherché à dissimuler son identité et n'a pas provoquéde violences « graves » et « répétées » contre les CRS massés sur les lieux. C'est du moins ce qu'ont indiqué deux services de police au procureur de la République de Paris, François Molins, dans des courriers dont Le Monde a pris connaissance.
Le 1er mai, peu avant 20 heures, un jeune homme de nationalité grecque, travaillant à Paris comme cuisinier, et une jeune graphiste française, vivant ensemble dans la banlieue sud de Paris, se trouvent sur cette place touristique du Quartier latin, où quelques dizaines de manifestants se sont donné rendez-vous. Un petit groupe de CRS charge en direction de la fontaine, au centre de la place, sans viser directement le jeune couple. Tous deux lancent alors des objets sur les forces de l'ordre, y ajoutant un bras d'honneur et un index menaçant.
GARD Numérique : le secrétaire d'État en visite dans le département
Les visites ministérielles se succèdent dans le Gard. Après la ministre de la santé, c'est cette fois au secrétaire d'État chargé du numérique, Mounir Mahjoubi, de venir prendre langue avec les Gardois. Cette mini-tournée d'été passera par Anduze et Alès...
Vendredi 10 août, à 11h30, le secrétaire d'État auprès du Premier ministre chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi, sera Gardois pour la journée.
Il débutera sa visite à la Maison de service au public d'Anduze où il y découvrira le point numérique du lieu. Ces points numériques participent grandement à la stratégie nationale pour un numérique inclusif, le ministre pourra ainsi échanger avec le personnel en charge de la structure en compagnie des élus, associations et représentants de la Région.
La visite sera clôturée à Alès à l'heure de la pause méridienne à la résidence du sous-préfet d'Alès, en présence des élus et acteurs locaux autour d'un déjeuner sur le thème des zones blanches, véritable enjeux d'avenir pour l'inclusion numérique.
Après avoir traîné ma plume et ma carcasse un peu partout dans les rédactions des quotidiens régionaux de l'Hexagone, j'ai posé mes valises à Objectif Gard en mars
2016. Couteau suisse de la rédaction, j'interviens dans plusieurs rubriques avec une inclination plus marquée pour le sport, les portraits et les sujets de société...
Macron appelle les médias «à en finir avec la recherche incessante du scandale»
Devant les députés et les sénateurs, Emmanuel Macron a appelé les médias «à en finir avec le viol permanent de la présomption d'innocence».
Ce lundi, durant son discours devant le Parlement à Versailles, Emmanuel Macron s'est livré à une critique des médias à mots couverts. Sans jamais utiliser les mots «médias», «presse» ou «journaliste» et sans citer nommément un seul de ses ministres concernés, le président de la République a appelé devant le Parlement «à en finir avec la recherche incessante du scandale». «J'en appelle à la retenue, j'appelle à en finir (…) le viol permanent de la présomption d'innocence», a encore déclaré le chef de l'État.
Depuis leurs débuts il y a à peine deux mois, les ministres d'Emmanuel Macron n'ont pas été épargnés par les affaires. La dernière polémique en date concerne la ministre du Travail Muriel Pénicaud, la justice enquêtant sur une soirée organisée en 2016 à Las Vegas par Business France, organisme dont Pénicaud était à l'époque présidente. La semaine dernière, le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner s'est adressé aux journalistes pour leur demander «de ne pas chercher à affaiblir» la ministre.
Avant elle, il y a d'abord eu le cas Richard Ferrand qui, à peine nommé ministre de la Cohésion des territoires, s'est retrouvé empêtré dans l'affaire des Mutuelles de Bretagne. Il a finalement renoncé à son poste de ministre pour devenir le président du groupe la République en marche à l'Assemblée nationale.
Macron veut la fin de «la chasse à l'homme»
Le président a ensuite vu trois autres ministres quitter le gouvernement. Sans qu'ils ne soient non plus mis en examen, Sylvie Goulard, Marielle de Sarnez et François Bayrou ont tous démissionné en raison de l'affaire des assistants des parlementaires européens MoDem. Lors d'une conférence de presse, ce dernier s'était d'ailleurs montré très virulent à l'égard des médias. «La dénonciation du voisin qui vous gêne ou que l'on jalouse est entrée dans une nouvelle époque, une nouvelle phase car la dénonciation fait désormais système avec les réseaux sociaux, avec la presse», avait-il dénoncé.
Le registre utilisé par Emmanuel Macron devant le Congrès est comparable. Le chef de l'Etat a ainsi demandé à mettre fin à «une chasse à l'homme où parfois les réputations sont détruites, et où la reconnaissance de l'innocence, des mois, des années plus tard, ne fait pas le dixième du bruit qu'avait fait la mise en accusation initiale». «Cette frénésie est indigne de nous et des principes de la République», a-t-il insisté.
Appelant de ses voeux une «société de la confiance», Emmanuel Macron a souhaité que chacun change son «comportement de tous les jours». Tout en promettant une lutte accrue contre «l'impunité de quelques puissants», notamment grâce à la loi de confiance dans la vie démocratique. Une loi portée par le ministre de la Justice François Bayrou avant sa démission.
La chute du roi macron anticipera t'elle une contre révolution bourgeoise ?
Dans un article intitulé "Macron : pairs, pairs, pourquoi m'avez-vous abandonné ?", Régis de Castelnau pointe ce qui pourrait bien expliquer tout le Macrongate actuel : le lâchage brutal d'un gamin immature par ceux qui l'ont fait élire.
N'oublions pas que la charge contre le président en perdition n'est pas venue de l'opposition politique de gauche ou d'extrême-droite, ni de réseaux sociaux enflammés, mais du Monde, le quotidien du milliardaire Matthieu Pigasse. Et c'est encore le journal d'un milliardaire, Patrick Drahi, Libération, qui vient de porter une estocade cinglante avec une nouvelle vidéo confondante, au moment même ou le roitelet en passe d'être déchu envoyait son gorille s'abimer dans des justifications foireuses sur TF1. Dans l'intervalle, les Huffington Post et autres Parisien ne se privèrent pas d'envoyer quelques missiles dévastateurs contre leur ancien protégé.
Que s'est-il donc passé pour que ces médias de l'oligarchie se retournent aussi brutalement contre celui qu'ils avaient fait élire avec tapage après avoir achevé sans pitié leurs anciens représentants politiques discrédités : Fillon, Juppé, Sarkozy, Valls…
L'erreur de l'oligarchie
Sans doute, explique en substance Régis de Castelnau, parce que cette oligarchie en question vient de comprendre que sa créature était devenue foldingue, ne faisait pas le poids et était en train d'échapper à ses créateurs au risque d'incendier leurs propres châteaux. N'est-ce pas le macroniste refroidi Alain Minc qui employait récemment, toujours dans Libération, le qualificatif d'« insurrection » à propos de la situation politique actuelle ?
Régis de Castelnau pointe du doigt quelques insupportables déraillements du bouffon devenu monarque :
« La gay pride pornographique dans la cour de l'Élysée, l'exhibitionnisme gênant de la célébration de la victoire en Coupe du Monde de football, le retour au galop d'un sociétalisme que les bourgeois de province exècrent… »
L'oligarchie fit une erreur fatale lors de la dernière présidentielle : si c'est bien elle qui choisit son champion de substitution pour occuper l'Élysée, c'est le champion lui-même qui se chargea de choisir sa cour de partisans parlementaires pour occuper les travées du Palais Bourbon. Et quel cour ! À peine digne d'une mauvaise cour de récré, avec des petites frappes aussi ridicules que précieuses : ah de Rugy sur son perchoir, ah Yaël Braun-Pivet, la présidente hystérique de la commission d'enquête parlementaire sur le Benallagate !
L'opposition dépassée
L'oligarchie a sans doute bien compris que si elle laissait cette bande de bras cassés continuer ses ravages plus longtemps, c'est à coup sûr la famille Le Pen ou Mélenchon qui avaient toutes les chances de remporter la mise en 2022. D'autant que le trou du cul qu'elle fit introniser président a réussi l'exploit par ses frasques de gamin gâté de se mettre à dos en moins d'une année une autre partie essentielle de l'équilibre politique du pays : la haute administration. On mesure l'état d'exacerbation de cette dernière dans les témoignages plutôt perfides des fonctionnaires de police appelés à comparaître devant la cour d'enquête.
En lâchant son jouet détraqué (ou en l'humiliant suffisamment pour qu'il rentre dans le rang), l'oligarchie a beau être aux abois, elle n'en perd pas de vue pour autant ses intérêts et tente probablement un coup de force désespéré pour tenter de sauver ce qui peut encore l'être dans ce naufrage. L'entreprise est très risquée, car qui mettre aux commandes des rouages de l'État quand tous vos pions sont grillés ?
Elle bénéficie cependant de la faiblesse de l'opposition, tant de droite que de gauche. En se perdant dans la défense vaine d'une motion de censure à l'ancienne qui n'a aucune chance d'aboutir, ceux-là laissent l'initiative de la sécession à une oligarchie qui s'efforce de prendre les devants d'une réaction populaire qu'elle pressent de plus en plus imminente.
Affaire Benalla : Macron et ses proches «ont géré la crise en clan»
Le pouvoir a attendu cinq jours avant de communiquer sur l'affaire Benalla. Cinq longues journées durant lesquelles de nombreux marcheurs se sont sentis bien seuls au front face à l'avalanche de révélations.
Myriam Encaoua
06 août 2018, 6h31
Cinq Jours. Le pouvoir a semblé inerte pendant cinq jours. Autant dire une éternité en politique. Le silence du chef, de qui et par qui tout procède en Macronie, fut si long qu'il a révélé de façon criante les faiblesses du dispositif par temps de crise. Il n'y a qu'à tendre l'oreille, encore aujourd'hui, au sein de la majorité pour se rendre compte de l'effroi qui l'a traversée au plus fort de la tempête Benalla.
« Le haut de la pyramide ne semblait plus opérationnel, c'était comme si tout l'édifice s'écroulait » se souvient un élu LREM. Comme si cette affaire leur avait montré, à leurs dépens, les limites de la verticalité de ce pouvoir. « Il va falloir que le président élargisse son cercle de confiance, je ne revivrai pas ça ! » lâche un macroniste, encore choqué de s'être senti si seul au front face à l'avalanche de révélations sur l'ex-chargé de mission d'Emmanuel Macron.
Des troupes désemparées face à la pression médiatique et politique
Le chef de l'Etat a laissé ses troupes désemparées face à la pression médiatique et politique. Certaines scènes resteront gravées dans les mémoires. Comme au premier jour de la crise lorsque la ministre de la Justice apprend dans l'hémicycle, où elle défend la réforme constitutionnelle, que le parquet ouvre une enquête.
« J'ai vu le doute dans ses yeux, raconte une élue présente à l'Assemblée. Nicole Belloubet représente l'institution judiciaire et elle apprend que la justice est saisie dans une affaire qui peut atteindre l'Elysée. Elle semblait perdue. » L'intervention de Bruno Roger Petit, le porte-parole de la présidence, pour expliquer que des sanctions ont été prises, est un flop retentissant.
« L'odeur du sang »
Au Palais Bourbon, les opposants s'engouffrent dans la brèche dans une alliance de circonstances inédite, de LR à la France insoumise en passant par les élus de Marine Le Pen. « Ils avaient senti l'odeur du sang. Pendant quatre jours, j'ai eu l'impression d'occuper la tranchée et de servir de chair à canon », se souvient un autre élu LREM.
Dans les couloirs, les ministres rasent les murs. « On ne peut pas reprocher à tel ou tel de ne pas s'être assez mouillé, l'Elysée avait donné la consigne de ne surtout pas s'exprimer », explique le député de Paris Pierre Person. Quant au Premier ministre ? « Il a bien riposté mais beaucoup trop tard », juge a posteriori un marcheur de la première heure.
« S'ils veulent que nous soyons une famille politique, il va falloir qu'ils changent »
Une communication calamiteuse alors que l'incendie de l'Affaire Benalla se propage partout. « Ils n'ont pas pris la mesure de la déflagration », glisse un conseiller dans l'entourage d'Edouard Philippe. Les éléments de langage finiront par circuler de façon organisée mais seulement au 4e jour de crise.
Aujourd'hui, certains pointent « le bunker de l'Elysée » auquel seul un petit nombre de députés ont accès. « Ils fonctionnent en clan et ont géré la crise en clan, juge a posteriori un parlementaire marcheur. S'ils veulent que nous soyons une famille politique, il va falloir qu'ils changent. »
Emmanuel Macron a gagné la présidentielle en mode commando grâce à un petit cercle fermé de fidèles rompu au culte du secret. Avant l'affaire Benalla, les arbitrages à l'Elysée étaient pris de plus en plus tard, quitte parfois à mettre les ministres devant le fait accompli. « Macron fait partie de ces hommes qui incarnent et assument leurs décisions, oui, il y a un chef », se félicite la porte-parole LREM Olivia Grégoire. Certes, mais le président va peut-être devoir faire évoluer sa pratique du pouvoir.
30 millions de tonnes de béton pour implanter 20 000 éoliennes
Par Jean-Louis Butré1.
À l'horizon 2025, 30 millions de tonnes de béton armé vont être coulées dans le sol français pour y implanter 20.000 éoliennes programmées par Nicolas Hulot.
Comment accepter un tel double langage d'un ministre de l'Environnement qui a déclaré solennellement vouloir protéger la biodiversité de la France et lutter contre l'artificialisation des sols à grands effets d'annonces médiatiques et de shows écologiques ?
20.000 éoliennes terrestres sont programmées par la transition énergétique ;
8.000 éoliennes couvrent déjà la France. Pour implanter les 20.000 éoliennes terrestres prévues à l'horizon 2025 par la loi sur la Transition Énergétique, Nicolas Hulot a autorisé que 30 millions de tonnes de béton, qui ne seront jamais enlevées, soient déversées dans le sol français, par 1,2 million de camions-toupies.
Mis à la file, ces camions couvriraient un tiers de la circonférence terrestre.
En effet, l'implantation d'un socle d'éolienne terrestre nécessite de couler dans le sol 1 500 tonnes de béton sur une armature composée d'un treillis de ferraille placé dans une cavité creusée par des bulldozers et des pelleteuses. Une telle quantité de béton armé est nécessaire pour la fixer car elle peut maintenant culminer en bout de pales à 235 mètres de hauteur et supporter une nacelle de plus de 70 tonnes.
Saccage et danger
Des accidents spectaculaires se multiplient dans toutes les régions du monde sur les premières machines arrivant en fin de vie : lorsqu'elles explosent elles projettent à plus de 500 m de distance des morceaux de pales ou de nacelles pesant dans certains cas plusieurs centaines de kilogrammes.
Le socle d'une éolienne a un diamètre d'environ 10 mètres et une épaisseur d'environ un mètre. Les 1 500 tonnes de béton armé qui le composent sont enterrées à plus de un mètre de profondeur. Pour implanter 20.000 éoliennes, c'est un train de 12.000 km de camions-toupies qui vont déverser 30 millions de tonnes de béton dans le sol de la France. Pour une seule éolienne, 60 camions-toupies de 25 tonnes de béton chacun sont nécessaires pour la réalisation de ce socle.
Dans la grande majorité des cas, les routes n'existant pas, il faut aussi les construire et pour cela détruire des chemins traditionnels, raser les haies, couper des arbres. On peut affirmer que les socles d'éoliennes sont l'équivalent de véritables blockhaus plantés dans les champs n'importe où et plus particulièrement dans les zones vierges en où la nature était intacte.
Au bout de 15 années, soit la durée de vie d'une éolienne, seul le démontage est prévu, et pour un montant largement sous-évalué (le septième de la somme en réalité nécessaire). Là aussi, ce sont les propriétaires de terrains, les agriculteurs et les communes qui seront grugés2 alors qu'il avait cru faire une bonne affaire. Même si l'éolienne est démantelée, le béton, lui, ne sera jamais enlevé.
En France, il n'existe en effet aucune obligation légale d'extraction de ce socle de béton, ce qui est écologiquement absolument scandaleux, et démontre encore une fois que l'éolien est une affaire d'argent, et depuis 2001 un domaine totalement abandonné par les divers gouvernements aux lobbies des promoteurs du vent qui se fichent de la biodiversité, et dont le seul objectif et de faire le maximum de profits sans souci des problèmes futurs.
C'est pour cette raison que la Fédération Environnement Durable (FED) demande un moratoire éolien. Un ministre ne peut prôner la protection de l'environnement et passer son temps à le bafouer.
Président de la Fédération Environnement Durable.
Le coût du démantèlement pour une éolienne s'élève à 350.000 €. Le promoteur est tenu d'épargner 50.000 €. Si un agriculteur a gagné 150.000 € sur 15 ans de loyer pour avoir accepté de louer son terrain, il risque en réalité d'être grugé s'il doit en financer le démantèlement. La perte pourrait s'élever pour lui à 150 000 €.
Interview | On entend rarement Marc Grynberg parler de son entreprise. Mais lorsque l'on évoque la pression de la concurrence, le CEO d'Umicore sait montrer ce qu'il a sous le capot. Et quand on aborde la composition de ses batteries de voiture, il se fait chantre d'un recyclage citoyen.
LES PHRASES CLÉS
"D'ici 2035, nous devrons traiter de 10 à 15 millions de batteries usagées de voitures électriques."
"Avec tout le respect que j'ai pour eux, nous nous développons plus vite que nos concurrents."
"Nous racheter? C'est beaucoup d'argent."
Marc Grynberg (53 ans) sourit à notre arrivée dans son bureau. Nous le taquinons en lui racontant que nous sommes venus à vélo. Cela s'inscrit dans la ligne d'une interview avec le patron d'une entreprise très impliquée dans la protection de l'environnement. Grynberg est lui-même cycliste passionné. Après l'Investor Day d'Umicore qui s'est tenu à Séoul en juin, il a pris une semaine pour parcourir la Corée du Sud sur deux roues. Il partira bientôt avec sa femme et ses deux fils pour une semaine aux Açores. "Je m'entraîne", explique-t-il en faisant un mouvement de vague de la main. "C'est bien nécessaire. Le pays est montagneux et ils roulent vite."
Grynberg est plutôt avare de paroles. À première vue, il a l'air réservé. Mais ce n'est qu'une apparence… surtout lorsqu'il parle de la concurrence. "Nous sommes bien plus avancés", répète-t-il laconiquement. Cette semaine, Umicore a annoncé de magnifiques résultats, qui s'expliquent surtout par la croissance de la division qui produit des alliages NMC (nickel, manganèse, cobalt) pour les batteries rechargeables des voitures électriques. Cette "division batteries" – autrefois petit poucet du groupe – a doublé ses profits et génère aujourd'hui 40% des bénéfices et du chiffre d'affaires.
À l'horizon 2021, Umicore compte investir 660 millions d'euros dans de nouvelles capacités de production, en plus des 460 millions investis ces dernières années. Le groupe compte construire deux nouvelles usines, en Chine et en Pologne. La Belgique a espéré un moment attirer cette dernière usine, mais le big boss souhaitait qu'elle soit installée à proximité de ses clients – les producteurs de batteries. Et ceux-ci sont présents en Europe de l'Est.
"Un tiers du cobalt utilisé aujourd'hui est perdu. Si nous pouvions en recycler ne fût-ce que la moitié…"
Marc Grynberg va, encore, devoir trancher pour sa division recyclage. L'entreprise dispose à Hoboken de la plus grande usine de recyclage de métaux précieux au monde. Une "mine à ciel ouvert", comme l'a un jour décrite The New York Times. Elle raffine 17 types de métaux provenant de déchets industriels et électroniques: smartphones, les ordinateurs, les tablettes, etc. Sans parler des batteries usagées de voitures électriques. Umicore souhaite également jouer un rôle de premier plan dans ce domaine. "Nous voulons être prêts pour recycler le premier flux important. Cette année, 2 millions de voitures électriques seront vendues, soit 60% de plus que l'an dernier. Bientôt, ce chiffre passera à 3 millions, ensuite à 5 millions, etc. La durée de vie d'une batterie est de dix à douze ans."
La rumeur parle d'une grande usine pour le recyclage de batteries de voitures électriques. À Hoboken?
Il est trop tôt pour se prononcer. Nous ne commencerons à examiner les diverses possibilités qu'au début de la prochaine décennie. Mais le flux le plus important de batteries de voitures usagées se situera principalement en Europe et en Chine, car ce sont les plus gros débouchés pour les voitures électriques. Nous devons être proches de nos marchés. On ne transporte pas facilement de grosses batteries d'un continent à l'autre. La mobilité joue un rôle très important, car nous devrons d'ici 2035 traiter de 10 à 15 millions de batteries par an. C'est gigantesque.
Des analystes avancent le chiffre de 280 millions d'euros pour vos projets d'investissement dans le recyclage…
(Surpris) Je n'ai jamais entendu ce chiffre. Nous avons cependant déjà des contrats avec des constructeurs, dont Tesla.
Certains spécialistes estiment aussi que d'ici 2028, le marché du recyclage des batteries automobiles se montera à 22 milliards de dollars. Mais tout le monde s'y prépare: Renault, Veolia, BYD…
Pour l'instant, ces concurrents ne sont pas actifs dans le recyclage. Ils ne font que montrer de l'intérêt. Nous disposons déjà d'une usine à Hoboken où nous pouvons recycler chaque année 7.000 tonnes de petites et grandes batteries rechargeables. Ce n'est pas rien. Mais il ne suffit pas d'avoir de l'ambition. Il faut aussi disposer des compétences. La technologie est un des éléments clés de la rentabilité, et nous la maîtrisons.
Idem pour les matériaux des batteries. Comment pouvez-vous être certain de conserver votre leadership? BASF compte construire une usine, les Chinois investissent massivement…
Il est important d'avoir une certaine taille, car cela vous permet de réaliser des économies d'échelle. Mais nous nous concentrons surtout sur la croissance rentable. Nous nous développons plus vite que tous nos concurrents. Avec tout le respect que j'ai pour eux, BASF et la société chinoise Shanshan ont annoncé l'an dernier qu'elles allaient beaucoup investir dans des usines. Jusqu'à présent, elles en sont restées à des annonces.
Nous ne sommes pas les seuls à augmenter nos capacités, mais nous sommes plus rapides que nos concurrents. Nous n'en sommes encore qu'au début en matière de matériaux pour batteries. Deux millions de voitures électriques, cela ne représente qu'environ 2% de la production automobile totale. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant d'arriver à 50%.
Dans ce cas, qui sont vos concurrents?
Les acteurs actuels dans le secteur des technologies des matériaux comme Sumitomo, LG Chem et Nichia.
Le Britannique Johnson Matthey a annoncé une solution pauvre en cobalt qui pourrait concurrencer votre alliage NMC.
J'ai beaucoup de respect pour Johnson Matthey, qui est un concurrent sérieux dans le segment des catalyseurs. Mais leur produit n'a rien de particulier. Umicore, Sumitomo et LG Chem disposent également d'alliages pauvres en cobalt. Mais ils ne sont pas nécessairement optimaux pour la plupart des modèles de voitures. Résultat: la demande est limitée. Plus la quantité de cobalt dans les batteries est réduite, moins elles sont stables, et plus leur durée de vie est courte. Les batteries pauvres en cobalt ne sont intéressantes que pour les grosses voitures, qui disposent d'une grande autonomie et qui ne doivent être chargées qu'une fois par semaine.
Mais ne faut-il pas essayer de développer des batteries avec moins de cobalt? Le cobalt est très cher. Il est probable que nous ferons bientôt face à une pénurie. Par ailleurs, on ne l'extrait qu'au Congo, souvent dans des conditions inhumaines.
Nickel, lithium, cobalt. Toutes ces matières premières proviennent généralement de pays non membres de l'OCDE et de nombreuses questions se posent sur le plan géopolitique. 80% du platine provient d'Afrique du Sud, et 60% du palladium vient de Russie. Nous avons l'expérience pour traiter ce genre de problématique.
Pouvez-vous garantir que l'extraction de votre cobalt se fait durablement?
C'est difficile, mais possible. Cela demande des efforts. Notre approvisionnement est plus cher que pour de nombreux concurrents. Cela fait déjà plus de dix ans que nous appliquons une politique éthique en matière d'approvisionnement et la conformité de notre approvisionnement par rapport à nos normes éthiques et de durabilité est certifiée par un organisme indépendant. Ce problème d'approvisionnement est le même pour la plupart des matières premières. C'est pourquoi il est important que nous recyclions au maximum ces matériaux.
Vous prêchez pour votre chapelle…
Oui, mais le problème est en train de prendre de telles proportions que nous ne devrions plus le tolérer au niveau sociétal. Je trouve scandaleux qu'aucune mesure ne soit prise. Au niveau mondial, la population détient l'équivalent de 10 à 15 milliards d'euros de métaux dans ses tiroirs. Des smartphones cassés, des tablettes, des appareils photo qui contiennent toutes sortes de matériaux rares comme le cobalt, le lithium, le platine, le palladium, le rhodium, etc. Seuls 5% de ces métaux sont recyclés. Un tiers du cobalt utilisé aujourd'hui est perdu. Si nous pouvions en recycler ne fût-ce que la moitié…
Que est votre plan?
Les pouvoirs publics devraient encourager les citoyens à rapporter ce qui ne fonctionne plus. Les problèmes logistiques peuvent facilement être résolus. Pourquoi ne pas instaurer une consigne de 15 euros par smartphone? Nous allons tous rapporter notre bac de bière au supermarché, non? La consigne n'est qu'une idée. Il existe certainement d'autres manières créatives de récupérer ces matériaux de valeur.
Avez-vous des projets d'augmentation de capital, et pourquoi pas, via la Bourse?
Pas cette année. En février, nous avons levé 900 millions via une augmentation de capital sans droit préférentiel parce que nous devions aller vite. Seuls les investisseurs institutionnels ont donc pu souscrire, mais les petits actionnaires en ont finalement aussi profité car l'action s'est très bien comportée.
Avec une capitalisation de 12 milliards, Umicore est aussi grand que Solvay, mais ce dernier bénéficie d'un ancrage familial. Êtes-vous plus vulnérable?
GBL (qui possède 15% du capital, NDLR) nous a soutenus de manière extraordinaire au moment de l'augmentation de capital et soutient de manière générale notre stratégie à long terme. Il y a dix ans, nous étions déjà vulnérables et nous sommes toujours là. Vous me direz avec raison que le contexte a changé. Nous sommes une autre société. Mais pour nous racheter, un candidat devrait payer une prime, ce qui porterait l'opération à un montant de 15 à 20 milliards d'euros. C'est beaucoup d'argent…
Pour une grande entreprise européenne ou chinoise, ce n'est pas beaucoup…
De plus, il faut être capable de créer de la valeur, ce qui est moins évident. Mais nous n'avons pas l'intention de mettre en place un dispositif de protection. Nous continuons à nous concentrer sur notre stratégie. Notre valorisation et notre croissance sont notre meilleure garantie.
CV express
Marc Grynberg est un "pur produit" de la maison Umicore. Il a rejoint le groupe en 1996 en qualité de contrôleur de gestion.
Il est titulaire d'un diplôme d'ingénieur commercial de l'Université de Bruxelles (Solvay). Il a travaillé pour DuPont de Nemours à Bruxelles et à Genève avant de rejoindre Umicore.
Il fut un des artisans de la reconversion de l'entreprise, aux côtés de Thomas Leysen. Il a été désigné CEO d'Umicore en novembre 2008. Il était auparavant responsable pour la business unit Automotive Catalysts entre 2006 et 2008 et chief financial officer d'Umicore entre 2000 et 2006.
Gard : le feu de Lézan sous contrôle, onze hectares partent en fumée
Midi libre
Dix engins anti-incendie du Sdis 30 ont été dépêchés sur place pour tenter de maîtriser l'incendie. La départementale 982, qui relie Lézan à Anduze, a un temps été fermée à la circulation.
Un incendie s'est déclaré ce samedi 4 août sur la commune de Lézan, dans le Gard. A 19 h 20, sept hectares avaient déjà été brûlés. Le sinistre serait parti d'un feu de broussailles, à proximité du camping du Mas des chênes. Il a rapidement pris de l'ampleur, malgré l'intervention rapide de deux Tracker - des avions bombardiers d'eau des sapeurs-pompiers du Gard - qui effectuaient une surveillance aérienne du secteur.
Route fermée, gros moyens engagés
Dix engins anti-incendie du Sdis 30 ont été dépêchés sur place pour tenter de maîtriser l'incendie. Si a 19 h 20, les flammes n'avaient pas encore été "fixées", le risque immédiat pour les habitations était écarté. La départementale 982, qui relie Lézan à Anduze, a été fermée à la circulation.
Route bloquée au pont de Lézan, et D982, incendie en cours à Lézan.
— Midi Libre Alès (@MidiLibreAles)
Au total, 70 sapeurs-pompiers ont été mobilisés et huit largages ont été nécessaires pour fixer le feu. A 20 h 30, la RD 982 a été rouverte à la circulation. Les pompiers procédaient alors au "noyage" du site. Ils devaient rester sur zone jusqu'à tard dans la soirée pour éviter tout nouveau départ de feu.
L'information est semble-t-il passée complètement sous les radars la semaine dernière. La dépêche de l'AFP annonçant que « l'État pourrait récupérer jusqu'à 24 milliards EUR d'excédents de la Sécu en 2022 » n'a été republiée que sur un site et sans aucun commentaire ni aucune mise en perspective.
Pourtant, il y aurait beaucoup à dire car voici qu'après nous avoir asséné durant des années le fameux « trou de la Sécu » pour justifier toutes les mesures de déremboursements, les reculs de la protection sociale et notamment la branche retraite on nous annonce désormais, selon une autre dépêche de l'AFP du 5 juin dernier, une « Sécu "quasiment à l'équilibre" avant les grandes réformes ». « Presque sortie du rouge et à moitié dans le vert, la Sécu reprend des couleurs. Après un déficit de 5,1 milliards d'euros en 2017, son solde sera "en nette amélioration" à moins de 300 millions en 2018, selon le dernier rapport de la Commission des Comptes de la Sécurité sociale ».
Au lendemain de cette annonce, une autre dépêche venait doucher les éventuelles espoirs ou revendications d'une amélioration de la couverture sociale grâce à ce retour à « bonne fortune » : l'AFP titrait alors : « le gouvernement a nié mercredi l'existence d'une "cagnotte" liée à la forte réduction du déficit de la Sécurité sociale, qui devrait dégager des excédents à partir de 2019, excluant de "redistribuer" l'argent économisé sur le champ de la "Sécu" ».
Chemin faisant, nous en arrivons à cette dernière dépêche du 27 juin lorsque sort le rapport de la Cour des Comptes qui annonce que « les excédents dégagés par les administrations de Sécurité Sociale seront "plafonnés" à partir de 2019, le surplus devant servir à réduire le déficit de l'État pour un montant qui pourrait atteindre 24 milliards d'euros en 2022, selon la Cour des Comptes ».
Tiens donc ? On nous annonce ainsi un véritable hold-up sur nos cotisations à la Sécurité Sociale. On nous estime même le montant du préjudice... Et puis fermez le ban... Rappelons au passage que ce forfait à venir a été inscrit dans la loi de programmation des finances publiques (LPFP), adoptée en décembre avec le budget 2018 qui a prévu que ces excédents servent « à la réduction du déficit de l'État ». En clair, Macron va faire payer les milliards de cadeaux aux plus riches, les primes aux premiers de cordée, l'abandon de l'ISF en piquant l'argent de la protection sociale.
C'est un « pognon de dingue » sur lequel va faire main basse le gouvernement. Le pire de ce hold-up auquel il fallait s'attendre depuis que Bercy et Matignon ont la haute main sur la Sécu, est que le retour à l'équilibre s'explique par l'augmentation globale de la masse salariale (qui accroît automatiquement les rentrées de cotisations sociales). Mais aussi et peut-être surtout par les économies drastiques au détriment de l'accès aux soins et de leur qualité. « Peut-on se satisfaire d'un résultat comptable alors que l'actualité fait état de dysfonctionnements majeurs liés au manque de moyens ? « a interrogé la CGT lors de la publication des comptes de la Sécu début juin.
Qu'on se réjouisse de ces excédents mais que l'on s'offusque des déficits des hôpitaux publics a quelque chose d'indécent. Que l'on renonce à satisfaire des besoins de protection sociale nouveaux ou non couverts, pour ristourner cet argent aux entreprises et aux plus fortunés relève d'une spoliation. Et l'on voit bien de quel ruissellement on nous rebat les oreilles.