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LE MAIRE DESEMBOURBÉ
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Le Maire d'une petite commune
Vit son projet embourbé. Le pauvre homme était loin
De tout humain secours. C'était à la campagne
Près d'un certain lieu de la basse Cévenne,
Appelé autour d’Anduze.
On sait assez que le Destin dans sa ruse
Adresse là les gens quand il veut qu'on enrage :
Dieu les préserve du voyage !
Pour venir au Maire embourbé dans ces lieux,
Le voilà qui déteste et jure de son mieux,
Pestant, en sa fureur extrême,
Tantôt contre les élus, puis contre les gauchos,
Contre son sort, contre lui-même.
Il invoque à la fin le Dieu dont les travaux
Sont si célèbres à la ronde :
Préfet, lui dit-il, aide-moi ; si ton lot
Est de réformer le monde,
Ton bras peut me tirer d'ici !
Sa prière étant faite, il entend dans la nue
Une voix qui lui parle ainsi :
Le Préfet veut qu'on se remue,
Puis il aide les gens. Regarde d'où provient
L'achoppement qui te retient.
Ôte d'autour de chaque annonce
Cette pauvre rancœur, cette maudite ronce,
Qui jusqu'à l’épuisement te poursuit.
Prends ta plume, et me romps cette idée qui te nuit.
Oublie-moi le Grand-Alès. As-tu fait ? Oui, dit l'homme.
Or bien je vais t'aider, dit la voix : publie ton regret.
Je l'ai fait. Qu'est ceci ? Ma commune marche à souhait.
Le Préfet en soit loué. Lors la voix : Tu vois comme
Les autres maires aisément se sont tirés de là.
Aide-toi, le Ciel t'aidera.
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D’après Jean de La Fontaine
(Le charretier embourbé)
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Envoyé par Emile