CARTE. Limitation à 80 km/h : les routes les plus meurtrières, département par département
Selon la Ligue contre la violence routière, les routes sur lesquelles la vitesse est actuellement limitée à 90 km/h ne sont pas dangereuses pour des raisons impliquant l'infrastructure mais du fait du nombre de véhicules qui les utilisent.
En voiture, la majorité des accidents mortels se produisent sur les mêmes routes : seules 15% des routes non autoroutières françaises regroupent 50% des tués. Ce constat, indiscutable selon la Ligue contre la violence routière, repose sur les données publiées par l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR). Sur ces routes, à double sens, sans séparateur central et qui représentent 55% de la mortalité routière totale (soit 1 911 personnes tuées en 2016), la vitesse maximale autorisée passera de 90 à 80 km/h à compter du 1er juillet.
Pour répondre aux opposants à ce décret, la Ligue contre la violence routière a décidé de recenser les voies où l'on trouve le plus grand nombre de tués dans chaque département. Un groupe de travail a réalisé une analyse des accidents dans les départements français afin d'établir une relation entre les routes concernées par l'abaissement à 80 km/h et la mortalité observée sur dix ans. Paris et les départements de la petite couronne n'ont pas été pris en compte car il n'y a pas de route hors agglomération dans ces départements.
Dans le Lot, dix routes concentrent 50% des tués
L'objectif de cette étude est de déterminer quelles sont les voies les plus accidentogènes, de les représenter sur une carte et de calculer le pourcentage qu'elles représentent par rapport au total de kilomètres concernés dans le département. Le groupe de travail a produit une synthèse pour chaque département, composée d'une carte des routes qui représentent la moitié des tués, d'une analyse spécifique au département ainsi que d'un graphique montrant le pourcentage de tués en fonction du pourcentage de longueur de voies. Dans le Lot, par exemple, les dix voies les plus accidentogènes, qui ne représentent que 12% de la longueur totale des routes sans séparateur médian, concentrent 50% des tués.
Cliquez sur votre département ou sélectionnez-le dans la liste ci-dessous pour découvrir les routes où l'on trouve le plus grand nombre de tués sur la période observée (fichier PDF).
Le campus parisien parrainé par Xavier Niel lance ce lundi « Chain Accelerator ». Une majorité de projets français ont été sélectionnés, dont Talao.
C'était devenu une évidence, surtout pour Station F . Après plusieurs mois de tractations et de négociations, le célèbre campus parisien dédié aux start-up a décidé de se lancer dans la blockchain avec un incubateur dédié aux jeunes pousses du secteur.
Cette nouvelle structure baptisée « Chain Accelerator » est une première en Europe. Le but affiché est de fournir aux entreprises de la blockchain l'environnement le plus favorable. « L'aura et les moyens de Station F sont un atout énorme pour les start-up », confirme Nicolas Cantu, cofondateur de Chain Accelerator.
Ledger et Havas partenaires
Le projet d'incubateur est né fin 2017 au moment de l'explosion des cryptomonnaies. A l'époque, les « crypto » connaissent une croissance fulgurante. En décembre, le bitcoin frôle les 20.000 dollars et des centaines de start-up, notamment en France, s'intéressent à la blockchain, la technologie sous-jacente des cryptomonnaies.
Le problème c'est que beaucoup de start-up ont vite rencontré des soucis juridiques, financiers et même techniques pour développer leur activité. « Il y a une demande énorme de start-up qui ont des projets réfléchis et aboutis, mais qui rencontrent des obstacles pour aller au bout », explique Nicolas Cantu, qui fait partie de l'un d'eux.
L'idée de Chain Accelerator est justement de fournir les outils nécessaires pour se développer. Déjà, 14 jeunes pousses ont été sélectionnées par le panel de « mentors » de l'incubateur et ont rejoint l'aventure, qui compte parmi ses partenaires des entreprises comme Ledger, Havas Communication ou Le Pôle Leonard de Vinci.
Objectif 100 millions d'euros à fin 2018
Parmi les premiers projets à avoir été sélectionnés, on retrouve une majorité d'initiatives françaises, comme Talao, une plateforme dédiée à l'écosystème des free-lances pour entreprises. Au total, deux tiers des sociétés de l'incubateur sont tricolores. Les autres viennent du Mali, de Hong Kong ou de Malte.
Même si l'activité a à peine démarré, Chain Accelerator s'est déjà fixé quelques objectifs d'ici la fin de l'année, notamment en matière d'emploi et de levées de fonds. « On table sur près de 100 millions d'euros de levées de fonds d'ici décembre », explique Nicolas Cantu, avec du capital investissement et des levées de fonds en cryptomonnaies. Jusqu'ici les 14 start-up de l'incubateur n'ont levé que 5 millions d'euros. Mais cela pourrait vite changer.
Les 35 heures, pour eux, c'est fini. Après plusieurs semaines de négociations, la direction et trois syndicats majoritaires de l'usine du groupe automobile PSA de Vesoul (Haute-Saône) ont signé un accord augmentant le temps de travail hebdomadaire de près de 8%, le portant à 37h45. Les 3.000 salaires seront augmentés de seulement 3,1%. Des changements qui entreront en vigueur au mois de septembre.
Les salariés auront alors à choisir entre accepter ou refuser cette augmentation du temps de travail. Mais s'ils refusent, ils se verront proposer une mutation sur un autre site PSA, indiquent les syndicats. Pour les autres, une "prime de performance" de 100 euros en fin d'année prochaine et la rémunération de leurs éventuelles heures supplémentaires, au-delà de 37h45, seront majorées de 40% jusqu'à 43 heures et de 50% ensuite, ont fait savoir les syndicats.
"Un message donné à l'ensemble des salariés"
La CGT a refusé de signer cet accord, considérant que la "compensation salariale" n'est pas à la hauteur et que cela induit un "travail gratuit". Mais les syndicats signataires (FO, CFTC et CFE/CGC), qui représentent 80% des salariés, affichent malgré tout leur satisfaction, citant notamment les différentes promesses obtenues de la part de PSA. D'abord celle d'embaucher 80 personnes d'ici à 2020, dont 30 avant la fin de l'année, justifiée par le rapatriement de l'activité du site d'Opel France de Gonesse, en région parisienne, vers Vesoul. La direction s'est également engagée à investir 20 millions d'euros dans la modernisation du site.
Ces dernières semaines, Jean-Pierre Mercier, représentant de la CGT, disait redouter la multiplication d'accords de ce type. "Cette remise en cause des 35 heures par un des plus grands groupes industriels est un message donné à l'ensemble des salariés de toutes les entreprises du pays", a-t-il déclaré sur Franceinfo le 17 mai. Des craintes que la direction n'a pas commentées.
Ce genre d'accord est permis par les ordonnances Macron ayant réformé le code du travail, mises en place en septembre 2017. La signature d'un accord collectif par les syndicats "représentatifs majoritaires" rend depuis lors possible un contournement de la durée légale du travail et ce, sans solliciter la Direction du travail (Direccte). En cas d'échec des négociations, l'employeur peut solliciter ses salariés via un référendum organisé au sein de l'entreprise. Si l'accord est approuvé par la majorité des suffrages exprimés, celui-ci peut être appliqué.
La banque d'affaires Goldman Sachs a eu recours à une IA pour analyser un million de combinaisons possibles pour la Coupe du monde de football. Et elle connaît déjà le nom du pays vainqueur ainsi que le parcours de la France.
Le coup d'envoi de la Coupe du monde de football vient d'être donné en Russie, les paris vont bon train sur les chances des équipes et les grands favoris. Chacun y va de son pronostic, forcément pas très objectif. Et si une intelligence artificielle mettait tout le monde d'accord ? La banque d'affaires américaine Goldman Sachs a tenté l'expérience en confiant à un algorithme d'apprentissage automatique la tâche de déterminer l'issue de la compétition.
Avant de dévoiler les résultats, voici comment le programme a travaillé. Alimenté par des données sur les équipes et les statistiques individuelles de chaque joueur, il a exécuté 200.000 modèles et simulé un million de variations du tournoi pour calculer la probabilité d'avancement pour chaque équipe.
L'IA de Goldman Sachs est loin d'être infaillible
Résultat : l'IA de Goldman Sachs prédit que l'Arabie saoudite créera la surprise en sortant de la phase de groupes, contrairement à la Russie qui ne franchira pas ce cap. L'Espagne et l'Argentine, en petite forme, ne passeraient pas le stade des quarts de finale. L'Angleterre ira aussi en quart mais sera éliminée par l'Allemagne. Quant à la France, elle est censée affronter le Brésil en demi-finale et perdre la rencontre.
La finale se jouera entre l'Allemagne et le Brésil. Et c'est la Seleçao qui l'emportera, offrant au Brésil son sixième titre mondial. Mais que les passionnés de ballon rond effarés par ces prédictions se rassurent, l'algorithme n'a pas pris en compte de nombreux facteurs décisifs qui peuvent changer radicalement l'issue de la compétition : l'état de forme des joueurs, les aléas de l'arbitrage, la cohésion de l'équipe... Rappelons aussi qu'en 2002, Goldman Sachs avait retenu la France, l'Italie, l'Espagne et l'Argentine comme favoris pour le titre. Il fut finalement remporté par le Brésil face à l'Allemagne...
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Coupe du monde 2018 : le ballon officiel a fait un séjour dans l'espaceCette vidéo diffusée par Roscosmos montre les Russes Anton Chkaplerov et Oleg Artemiev, deux cosmonautes, jouer avec un ballon de foot. Rapporté sur Terre, ce dernier pourrait être utilisé lors de la Coupe du monde 2018, en Russie. Une occasion de voir un jeu de balle en impesanteur.
Est-ce le baroud d'honneur des sénateurs républicains avant la réforme constitutionnelle ? Ce nouveau coup de corne dans la loi Notre a en tout cas peu de chances d'être voté en l'état à l'Assemblée nationale, tant il va à l'encontre de l'action gouvernementale.
Tout en affirmant « ne pas vouloir de chamboulement territorial », les sénateurs LR, auteurs d'une proposition de loi relative à l'équilibre territorial et à la vitalité de la démocratie locale, adoptée hier par 178 voix contre 124, se proposent tout simplement de détricoter l'essentiel de la loi Notre et d'enfoncer un coin sur le dossier fantomatique de l'Agence des territoires (lire encadré).
Car même si pour Mathieu Darnaud, rapporteur de la commission des lois, le but est simplement de « traiter avec pragmatisme les problématiques identifiées sur le terrain » et « de supprimer les entraves et les culs-de-sac juridiques pour rendre aux élus la liberté d'administrer leurs collectivités », il s'agit en réalité de remettre en avant le couple commune-département, principale victime de la loi Notre.
Défaire les intercos XXL
La mesure phare du texte consiste à permettre de casser les fameuses « intercos XXL »
Ce qui se cache derrière l'accord entre Donald Trump et Kim Jong-Un
Par Dominique Philos.
Nous avons tous assisté à la rencontre, à Singapour, entre le dictateur de l'un des pays les plus fermés du monde, et le représentant de la première puissance mondiale.
Au-delà de la mise en scène évidente, on nous présente la signature d'un document comme un accord historique …
Examinons la situation.
D'un côté, nous avons M Kim qui dirige d'une main de fer un tout petit pays de 25 millions d'habitants mis au banc des nations où l'on sait à peine ce qui s'y passe et qui, à force d'efforts engagés déjà du temps de son père (M Kim) et de privations pour son peuple, a réussi le double objectif d'une part d'obtenir l'arme nucléaire et d'autre part des missiles intercontinentaux qui lui permettraient de porter le feu nucléaire sur le territoire des USA.
De ce fait, la Corée du Nord est entrée dans le club très fermé des puissances nucléaires et a provoqué, si ce n'est la sympathie, au moins un respect craintif dû aux méchants.
La démarche de M Kim ne s'est pas faite par hasard et résulte du fait qu'il a tiré les conséquences de ce qui est arrivé à Saddam Hussein et Kadhafi. Il a voulu sécuriser son régime, sa personne et son pouvoir et il sait qu'il n'y a qu'une seule chose qui le lui permette : l'arme nucléaire.
Il faut reconnaître qu'il y est parfaitement arrivé !
Et M Trump vient d'accorder à la Corée du nord ce qu'il vient de refuser à l'Iran … alors qu'il ns'est pas établi que ce dernier soit en mesure de posséder l'arme nucléaire, et alors même qu'il était prêt à toutes les concessions et tous les contrôles de sécurité.
Est-ce bien raisonnable ou même simplement cohérent ?
Une partie d'échecs
Cet étrange arrangement est en fait une partie d'échecs dans laquelle il y a surtout beaucoup d'arrières pensées.
– M Kim acquiert à l'occasion une stature internationale en se hissant à la hauteur des USA et sécurise son régime… sans rien céder,
– M Trump, qui vient d'infliger un véritable camouflet à ses partenaires du G7, essentiellement Européens et Canadiens, veut entrer dans l'Histoire comme celui qui aura obtenu un accord historique et fait rentrer dans le rang un régime voyou.
Tout cela n'est en fait au mieux que de la gesticulation médiatique et au pire un marché de dupes.
En effet, M Kim ne concède rien et ne concèdera rien… ni maintenant ni demain ni plus tard, car les moyens militaires et logistiques dont il dispose sont son assurance sur la vie pour les 50 prochaines années.
M Trump n'a rien obtenu mais il fait comme à son habitude : il fanfaronne et crie victoire après avoir menacé (il appelait M Kim rocketman), puis négocié, puis à nouveau vitupéré à l'encontre de M Kim. En fait, ces gesticulations sont essentiellement à usage électoraliste et à destination de son électorat car des élections de mi-mandat se tiennent à la fin de l'année aux USA. Le but est avant tout de faire croire à son électorat qu'il agit et qu'il est efficace.
Or, concernant M Kim, rien ne nous dit qu'il possède réellement les vecteurs stratégiques de nature à lui permettre de frapper en n'importe quel endroit de la planète car une chose est d'avoir une bombe nucléaire et un missile et autre chose est de faire entrer la bombe dans le missile car il faut pouvoir la miniaturiser.
Un missile ne peut emporter qu'une charge de quelques centaines de kilos (300) alors que nous devons nous rappeler que les premières bombes nucléaires américaines lancées sur le Japon en 1945 pesaient plusieurs tonnes ! (Fat man 4.54 tonnes et Little Boy 4.40 tonnes).
Il n'y a pas de difficulté technique particulière à fabriquer une grosse bombe à partir du moment où vous disposez du combustible enrichi ; par contre il en existe une, et sérieuse, à en obtenir la miniaturisation pour qu'elle puisse ensuite être expédiée par un vecteur autonome de type missile.
La Corée gagne la première manche
M Kim a donc joué aux échecs et il a remporté la première manche car il a gagné une stature mondiale en négociant d'égal à égal avec la première puissance mondiale, tout en laissant Trump fanfaronner et crier victoire, sans que l'on sache exactement ce qu'il a entre les mains, ni si cela est utilisable dans le cadre d'un conflit.
Et on attendra longtemps pour savoir exactement ce qu'il en est… sauf trahison d'un membre de son entourage.
Question subsidiaire : pourquoi donner un tel statut à la Corée du nord et avoir refusé toute négociation avec l'Iran ?
La Corée du nord ne représente rien, elle n'a rien à vendre et ne possède pas de ressources cachées dans son sous sol. Elle est juste un avatar anachronique de la Guerre froide, une espèce de satellite indocile de la Chine ; laquelle préfère l'avoir à sa frontière plutôt que des bataillons US (il y a 28.000 soldats américains en Corée du sud). Elle a une attitude menaçante mais, en fait, elle ne menace personne ; elle veut juste se protéger.
– l'Iran est impliqué dans le conflit syrien et fournit des troupes et des armes à plusieurs pays de la région. Il tend donc à étendre son influence dans tout le Moyen-Orient et représente de ce fait une menace très importante pour Israël et pour l'Arabie saoudite ; notamment parce que ses dirigeants n'ont jamais fait mystère de leur souhait de la destruction de l'État hébreu et parce que, chiites, ils détestent tout autant la monarchie sunnite d'Arabie qu'ils voudraient aussi détruire.
– Or, Israël, qui peut compter sur l'aide indéfectible des USA, ne peut pas accepter que l'Iran possède la bombe atomique (bien qu'il la possède lui-même) au nom de la menace sous-jacente représentée par le régime des mollahs ; sans que l'on connaisse d'ailleurs exactement les buts poursuivis par l'Iran qui a toujours prétendu ne vouloir développer sa technologie nucléaire que dans un but exclusivement civil.
On peut évidemment en douter et on ne peut donc que donner raison à Israël car les contrôles effectués par l'AIEA (agence internationale de l'énergie atomique) peuvent fort bien ne pas détecter les sites de construction d'une arme nucléaire. Les Israéliens ont d'ailleurs une très bonne expérience en la matière puisqu'ils ont eux-mêmes réussi à berner tous les contrôleurs expédiés chez eux pour s'en assurer et ont donc réussi à fabriquer leur armement nucléaire avec l'aide des Français !
– la volonté des Européens de maintenir en vigueur le traité passé avec l'Iran peut d'ailleurs apparaître, dans une certaine mesure, comme relativement angélique pour les raisons exposées ci-dessus car c'est finalement prendre un grand risque que de parier sur la bonne foi et la bonne volonté des dirigeants iraniens de « jouer le jeu » et de faire preuve de transparence alors que les sites utilisés sont secrets, disséminés et enterrés.
Silence sur le problème économique
Toutefois, dans cette affaire, l'aspect économique est totalement passé sous silence alors qu'il est fondamental.
Les Européens avaient un intérêt économique évident à renouer des relations commerciales avec l'Iran pour acheter son gaz, son pétrole et lui vendre des biens de consommation et d'équipement.
On sait qu'il veut utiliser les rapports de force pour imposer sa volonté, n'ayons pas peur des mots, à la planète entière ! Il n'envisage d'ailleurs ses relations avec les autres pays qu'en termes de rapports de force.
Il a donc décidé d'imposer ses vues aux Chinois (mais là c'est assez difficile), aux Mexicains, aux Canadiens et aux Européens qu'il considère d'ailleurs avec mépris au mieux comme quantité négligeable et au pire comme des concurrents qu'il faut éliminer par… tous les moyens.
De ce fait, il n'hésite pas à exploiter la loi américaine qui présente une caractéristique unique au monde : son applicabilité en dehors du territoire des USA pour des motifs variables mais dont le principal est celui de l'utilisation du dollar dans les échanges internationaux.
En effet, les USA considèrent que tout dollar utilisé ou dépensé à quelque endroit de la planète sera compensé un jour ou l'autre aux USA ; c'est-à-dire qu'il reviendra aux USA. C'est ce qu'on appelle l'application extra –territoriale de la loi US ; laquelle stipule que l'utilisation de la monnaie américaine emporte de facto l'obligation implicite de se soumettre à la loi américaine.
Or, l'Iran faisait l'objet de sanctions internationales sur lesquelles le président Obama avait consenti à revenir parce que… lui aussi il voulait laisser sa place dans l'histoire.
La loi du plus fort
Dès lors, Trump n'a pas hésité à s'asseoir sur la signature de son pays (les USA avaient donné leur accord pour la fin des sanctions) au mépris du droit international pour n'appliquer que la loi du plus fort.
Évidemment, en raison du maintien ou plus exactement de la réactivation des sanctions américaines, aucune entreprise au monde ne peut, sans encourir d'énormes sanctions financières ainsi que la fermeture du marché US, se permettre de contrevenir à cet embargo décrété unilatéralement par les USA ; et ce risque n'est pas une vue de l'esprit car l'amende colossale de 11 Md$ appliquée à la BNP est encore dans toutes les mémoires (la BNP était intervenue dans des opérations commerciales avec l'Irak, l'Iran, le Soudan qui étaient sous embargo).
On en connaît le résultat immédiat : le pétrolier Total et le constructeur Peugeot vont cesser toutes activités avec l'Iran.
Trump a éliminé deux concurrents d'un coup sur une simple signature.
Mais ce n'est pas tout.
L'Allemagne, qui est un gros exportateur vers les USA et que Trump voudrait faire plier, se trouve aussi pénalisée, avec Total qui a beaucoup investi sur ce projet (1 Md€), parce qu'elle comptait mettre en service un gazoduc entre l'Iran et l'Europe de l'ouest, (dénommé South Pars), qui lui aurait permis d'échapper au monopole du gaz russe, et à un éventuel chantage russe.
En fait, cela entre parfaitement dans le cadre de la stratégie de Trump de casser les reins de ses concurrents et, pour cela, tous les coups sont permis puisque, du fait la décision unilatérale des USA, l'Iran, qui possède l'un des plus gros sites gaziers de la planète, ne peut plus exporter ni son gaz ni son pétrole ; et les Européens ne peuvent pas diversifier leur approvisionnement, ou alors avec… les producteurs américains de gaz de schiste.
Accessoirement, Trump escompte que la population iranienne va se lasser de ces sanctions et renverser ce régime des mollahs honni des Américains, notamment parce qu'ils ont été humiliés en 1979 (M Carter était alors président) lors de la prise d'otages de l'ambassade US de Téhéran.
Vous le voyez donc, les intérêts sont complexes, il convient de toujours rechercher les véritables motivations des actions des États.
Trump d'un côté veut se faire passer pour le sauveur de la planète avec ses gesticulations coréennes pendant qu'il use de tous les coups tordus pour éliminer des concurrents réels ou seulement potentiels en brandissant une hypothétique menace nucléaire alors que le but poursuivi est surtout de bloquer les concurrents européens sur le marché mondial du gaz et du pétrole.
On a beau nous parler de transition énergétique, la guerre du pétrole et de l'énergie a encore de beaux jours devant elle…
Nous assistons clairement à un changement, à la fois dans les relations entre États et règles du commerce international avec ce résultat pour l'instant peu satisfaisant qu'il n'y a désormais plus aucune règle hormis la volonté de domination absolue des USA par application de la loi du plus fort.
Il ne faut pas se faire d'illusions et nous devons apprendre à ne plus compter sur les Américains (du moins pour l'instant). Il nous appartient, Européens, de nous organiser aussi bien politiquement, économiquement que militairement pour faire bloc face à cette nouvelle adversité car individuellement nous ne représentons rien, et cela Trump le sait.
America is back mais il n'est pas certain que ce soit une bonne chose que cela se passe dans ces conditions.