Eva Joly, Merci.
Pour nous ce simple mot suffirait.
Saviez-vous, Madame, que vous êtes un amateur ?
Accordons à ceux que votre façon de faire de la politique désoriente, que vous n'êtes pas une professionnelle de la politique. Si l'on en juge par l'intensité de leur colère, on peut dire qu'ils ont peur. Ils ont peur que les Françaises et les Français ne trouvent en vous celle qui porte le refus de la politique politicienne.
Pour le Figaro, vous êtes une erreur de casting.
Vous ne jouez pas le jeu, en effet. Ça tombe bien, le jeu politique n'amuse plus les électeurs.
Ceux qui ne votaient plus choisiront celle qui dit : « stop ». Celle qui dit que la politique n'est pas une question de casting, ceux que la crise actuelle jette à la rue, perdent leur emploi, ne peuvent plus se soigner, sont victimes en première ligne des maladies professionnelles, celles et ceux dont les enfants subissent le plus durement les effets de la pollution de l'air ou de la dégradation de la qualité de l'alimentation.
Ceux qui ne votaient plus choisiront celle qui veut chasser Sarkozy, celle qui est prête sans aucune ambiguïté à apporter son soutien au PS pour y parvenir.
Mais celle qui dit en même temps que cela ne suffit pas. Celle qui dit que le soutien des écologistes n'est pas un chèque en blanc. Qu'il sera au contraire une garantie pour que l'alternance ne soit pas qu'un jeu politicien mais une vraie alternative.
Vous nous aidez à montrer par les faits, au Parti Socialiste et plus généralement à la Gauche, que nous pouvons nous accorder sur bien des points, en exigeant qu'ils soient respectés dans la durée, mais nous pouvons aussi dans un même temps revendiquer nos divergences sur d'autres points. C'est ce que nous vivons au quotidien lorsque nous sommes élus locaux ou élus départementaux participant à une majorité de gauche avec un esprit critique et des propositions concrètes pour changer les choses.
Mais, autre chose encore vous met au ban de l'oligarchie et des barons de la politique.
Vous êtes une amatrice, Madame, une erreur dans leur jeu parce que vous en refusez les règles, mais pourquoi subissez-vous leur mépris, leurs sarcasmes, leur haine parfois, en tout cas leur agressive condescendance.
C'est que vous êtes une femme.
Vous ne pouvez donner de leçons aux hommes.
On en est encore là, en France, on ne peut confier de choses sérieuses à une femme.
Mais votre cas pose problème à la classe politique masculine. Votre métier, la manière dont vous l'avez exercé, vos engagements, montrent ce que vous savez faire, ce que vous savez être.
Une femme qui tient tête, qui lutte et qui gagne, contre la corruption, contre les paradis fiscaux, contre l'asservissement de la politique aux affaires. Une autre façon de faire de la politique, menée par une femme. Les Françaises et les Français peuvent voter pour vous, pour « l'erreur de casting » que les écologistes sont fiers de soutenir.
Un exemple aujourd'hui : pendant que d'autres soi-disant responsables de l'économie et de l'emploi montrent une proximité inquiétante avec le lobby nucléaire, vous, nous rencontrons les travailleurs du nucléaire, ceux qui subissent les conditions de travail et les risques sanitaires de leur métier difficile, ceux qui risquent de perdre leur emploi dans des entreprises qui se vantent d'être des fleurons mais qui sont incapables de prévenir leur évolution.
Les écologistes, avec vous Madame, ne cèdent pas aux lobbies, mais sont aux côtés de ceux qui luttent, dans l'industrie nucléaire, pour leur emploi et leur santé.
Il faut sortir du nucléaire parce qu'il faut sortir de l'impasse.
Pendant votre campagne, vous rencontrerez aussi la beauté, la culture transmise, l'art du goût, la saveur de la vie. Tout ce que l'écologie politique veut défendre et promouvoir. La qualité de l’agriculture, la qualité de l'alimentation, produite par des paysans qui ont droit à la terre, droit à vivre de leur travail.
Bien sûr, cette façon de faire de la politique est plus complexe que la posture idéologique et la langue de bois, mais la vie est complexe et la politique doit en être le reflet au lieu de se considérer comme un microcosme.
Bien sûr cette façon de faire de la politique comporte plus de risques ; mais si l'on ne veut pas prendre de risque, mieux vaut ne pas faire de politique !
Continuons à faire de la politique autrement, au plus près des populations, même si cela pose un problème à la classe politique !
Pour le Groupe local des Cévennes « Vallées des Gardons d’Anduze »,
Geneviève Blanc, Conseillère Générale
Inspiré du discours d’accueil pour Eva Joly, de François Lotteau, Maire écologiste de Rully en Bourgogne.